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La situation en Ukraine est marquée par des tensions croissantes, exacerbées par des tirs de missiles balistiques russes et américains. Ces démonstrations de force suscitent des inquiétudes quant à une escalade du conflit et à l'utilisation potentielle d'armes nucléaires.

Missile Balistique Intercontinental RS-24 Yars

Selon l’agence de renseignement militaire ukrainienne GUR, la Russie prévoyait d’effectuer un tir d’essai de son missile balistique intercontinental (ICBM) RS-24 Yars. L’essai aurait dû avoir lieu lundi ou mardi. D’une portée supérieure à 10.000 km, le RS-24 Yars est un missile balistique intercontinental équipé de plusieurs têtes, dont certaines peuvent être nucléaires. Mis en service fin 2009, il est l’une des armes les plus puissantes de l’armée russe, régulièrement mis en avant lors des défilés militaires.

Si des tirs d’ICBM, sans charge nucléaire, sont régulièrement opérés depuis des sites d’essai russes, la particularité de celui-ci, s’il devait avoir lieu, est qu’il serait effectué depuis un site opérationnel, dans l’Oblast de Sverdlovsk. L'agence GUR estime que le but serait « d’intimider l’Ukraine, les États membres de l’Union européenne, et l’Otan ».

« Cela ferait vraiment démonstration de force » que de tirer depuis un site opérationnel, convient le spécialiste Etienne Marcuz, chercheur sur les systèmes stratégiques et la dissuasion nucléaire. « Même si, en réalité, cela n’apporterait pas grand-chose » ajoute-t-il. Le spécialiste se montre même très dubitatif sur le fait que ce tir puisse réellement avoir lieu dans ces conditions, ne voyant pas « quel intérêt » cela représenterait pour Moscou.

Le spécialiste va même plus loin, et ajoute qu’en réalité, Moscou aurait « tout à perdre » à effectuer une telle provocation. « La Russie n’est pas en difficulté à l’heure actuelle : Trump lui est plutôt favorable, et sur le terrain, elle avance petit à petit, elle ne fait pas face à des difficultés particulières. Le gros risque en faisant cela serait de se mettre à dos les Etats-Unis. »

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Tir d'essai américain du missile Minuteman III

Les Etats-Unis ont de leur côté effectué dans la nuit du 20 au 21 mai, comme annoncé, un tir d’essai du missile balistique intercontinental Minuteman III (dépourvu de charge nucléaire), depuis la base spatiale de Vandenberg (Californie). Le véhicule de rentrée de l’ICBM a parcouru environ 6.700 km jusqu’au point d’impact, situé dans les eaux du Pacifique, au niveau du site d’essais de défense antimissile balistique Ronald Reagan, situé sur l’atoll de Kwajalein.

« Ce tir d’essai s’inscrit dans le cadre d’activités de routine visant à démontrer que la dissuasion nucléaire des États-Unis demeure sûre, sécurisée, fiable et efficace pour dissuader les menaces et rassurer nos alliés », a indiqué la base militaire dans un communiqué. « Il s’inscrit dans le cadre de l’engagement continu des États-Unis à maintenir une dissuasion crédible et ne constitue pas une réponse aux événements mondiaux actuels », poursuit le communiqué.

« Ce sont des tirs habituels pour s’assurer du bon vieillissement des missiles, commente Etienne Marcuz. Chaque Etat pioche aléatoirement dans ses stocks, prend un missile dont il retire la tête nucléaire pour y placer une tête fictive, et le tire pour s’assurer que tout se passe bien. »

Le missile "Orechnik" : Une nouvelle arme russe

Le missile "Orechnik" est un nouvel armement balistique de portée intermédiaire développé par la Russie. Il a une portée estimée entre 2000 et 3000 kilomètres et représente une évolution du missile RS-26, un programme interrompu en raison de son coût. Cette nouvelle arme relance un type de missile précédemment interdit par le traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI) signé en 1987, entre l'URSS et les États-Unis, qui interdisait les missiles de portée intermédiaire. Le retrait des États-Unis du traité en 2019, suivi par la Russie, a permis la relance de ces programmes, explique Héloïse Fayet.

Contrairement aux missiles intercontinentaux russes, utilisés avec une charge nucléaire, le missile "Orechnik" peut emporter une charge conventionnelle. "L'objectif de la Russie est d'utiliser plusieurs de ces missiles simultanément pour atteindre des sites qui, jadis, ne l'étaient qu'avec des armes nucléaires et donc de frapper beaucoup plus facilement des sites européens en Ukraine, en Pologne, en Roumanie, dans les pays Baltes, sans franchir le tabou nucléaire", précise Héloïse Fayet.

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L'utilisation d'un tel type de missile est en grande partie motivée par des objectifs politiques. La frappe n’a que peu d'impact militaire aux yeux d'Héloïse Fayet, mais "elle envoie un message politique aux pays occidentaux pour qu'ils réduisent leur soutien à l'Ukraine". Le président russe, Vladimir Poutine, cherche également à rappeler à travers cette manœuvre qu'il dispose d'alternatives à la menace nucléaire.

"Il sait que l'arme nucléaire n'a pas été utilisée depuis 1945 et qu'aujourd'hui, la Russie n'est pas en position de faiblesse sur le territoire ukrainien. Puis il voit bien que l'arrivée prochaine de Donald Trump entraînera a priori un soutien moins poussé à l'Ukraine. Il n'a aussi pas réellement intérêt à se mettre au bord de la communauté internationale, encore plus qu'il ne l'est déjà, à contredire son partenaire chinois qui, lui, est toujours très précautionneux par rapport à l'usage de l'arme nucléaire", éclaire Héloïse Fayet.

Attaques et Réactions en Ukraine

Kiev a accusé jeudi la Russie d’avoir tiré un missile intercontinental (ICBM, pour Intercontinental Ballistic Missile), probablement de type RS-26 Rubezh, et visé la ville ukrainienne de Dnipro, dans le centre-est de l’Ukraine. Ce type de missile balistique intercontinental, qui n’avait jamais été utilisé en conflit mais que la Russie teste régulièrement sur son territoire, est conçu pour transporter des ogives nucléaires et frapper à des milliers de kilomètres de distance.

« Un missile balistique intercontinental a été lancé depuis la région russe d’Astrakhan », a affirmé dans la matinée de jeudi l’armée de l’Air ukrainienne dans un communiqué. Le tir de ce jeudi, s’il était confirmé, marquerait une nouvelle aggravation du conflit. Moscou avait dit préparer une réponse « appropriée » au recours par l’Ukraine à des missiles occidentaux en territoire russe, vu comme une ligne rouge.

Les attaques de missiles russes ont causé de nombreuses victimes civiles. Par exemple, un tir de missile russe dans la ville de Kryvyï Rih a fait au moins 18 morts et une soixantaine de blessés. Le chef de l'administration de la région de Dnipropetrovsk a confirmé ce bilan provisoire, précisant que neuf enfants faisaient partie des personnes tuées.

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« Chaque attaque de missile et de drone prouve que la Russie ne veut que la guerre », a réagi le président ukrainien.

Dans la nuit de samedi à dimanche, la Russie a mené sa plus vaste attaque de drones contre l’Ukraine depuis le début de la guerre en 2022, avec 273 engins lancés principalement sur Kiev et l’est du pays, selon l’armée ukrainienne. Une femme a été tuée et plusieurs personnes blessées.

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