Envie de participer ?
Bandeau

Un missile balistique est l'une des deux grandes familles de missiles, l'autre étant le missile de croisière. Le nom missile balistique renvoie à la notion de trajectoire balistique, celle décrite par un corps soumis à la seule gravité. À l’inverse du missile de croisière, qui est propulsé tout au long de son vol effectué à basse altitude.

Principes de Base d'un Missile Balistique

Lors de sa phase ascendante, il est propulsé à haute altitude, dépassant la limite de l’atmosphère pour rejoindre l’espace, où il n’est soumis à aucun frottement de l’air, mais seulement à la gravité. C’est à partir de ce moment-là que sa trajectoire - une ellipse - devient réellement balistique. Une fois atteint son apogée, il redescend sur terre et la force de gravitation lui confère une vitesse considérable.

C'est ainsi que les missiles balistiques, notamment intercontinentaux, peuvent dépasser les Mach 20. Nombre d’entre eux sont ainsi hypersoniques (convention fixée à Mach 5 soit cinq fois la vitesse du son) : la chose, en soi, est loin d’être nouvelle.

Les Défis et Évolutions des Missiles Balistiques

Mais la vulnérabilité des missiles balistiques traditionnels vient de leur trajectoire, qui est facilement prévisible. Les armées cherchent donc depuis des années à développer des trajectoires complexes et rendre ces missiles «manœuvrants» (notamment lors de la phase de rentrée dans l’atmosphère) afin d’échapper aux défenses anti-missiles adverses.

À cet égard, «les Iraniens ont potentiellement des missiles balistiques 'marvés', c’est-à-dire avec des ogives multiples et manoeuvrantes en phase finale qui sont plus difficiles à intercepter. Technologiquement, la difficulté est d’obtenir en même temps une vitesse élevée et une capacité manoeuvrante. C’est en la matière que l’Iran se targue d’exceller avec son nouveau «Fattah».

Lire aussi: Analyse des spécifications des missiles balistiques russes

Il pourrait non seulement manœuvrer lorsqu’il est dans l’atmosphère, mais également lors de sa phase dans l’espace, selon les déclarations de responsables iraniens cités par Reuters en 2023. Néanmoins, assure cette même source, «les Iraniens n’ont pas de missiles hypersoniques au sens d’hypervéloces. Hypervéloce, c’est une autre technologie.

De conception potentiellement simple, les missiles balistiques ont été privilégiés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale par des puissances comme l’Iran qui ne disposent pas d’une aviation suffisante pour frapper des cibles à longue distance - à l’image du succès planétaire du «Scud» soviétique. Mais ils sont aussi intimement liés à l’arme nucléaire, puisqu’ils en sont l’un des principaux vecteurs.

Exemple d'utilisation récente

L'Ukraine a affirmé avoir été frappée par la Russie à l'aide d'un missile balistique intercontinental (ICBM) sur la ville de Dnipro. L'armée ukrainienne a affirmé que l'armée russe avait tiré un missile balistique intercontinental dans le centre-est du pays, à Dnipro. Quelques jours après l'utilisation par l’Ukraine de missiles ATACMS , d’une portée de 300 km , contre une installation militaire en Russie, cette dernière a répondu.

Volodymyr Zelensky a estimé que ce tir était l'acte d'un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme "terrain d'essai" militaire. L'Ukraine a de nouveau été visée par de multiples frappes de missiles balistiques russes le jeudi 21 novembre. Entre 5 heures et 7 heures du matin, sept missiles de croisière Kh-101 ont visé la ville de Dnipro, dans le centre du pays, ainsi… qu'un missile balistique intercontinental. C'est la première fois que la Russie lance un tel missile contre l'Ukraine depuis le début de l'invasion, le 24 février 2022.

Le missile Oreshnik

« L'un des systèmes de missiles russes à moyenne portée les plus récents a été testé dans des conditions de combat, en l'occurrence avec un missile balistique équipé d'un équipement hypersonique non nucléaire. Nos spécialistes des fusées l'ont appelé Oreshnik. » Il pourrait atteindre la vitesse de Mach 10, soit 2,5 à 3 km/s, ce qui rendrait son interception très difficile, voire impossible.

Lire aussi: Missile chinois et Polynésie

Dans une vidéo prise au moment de l'attaque, on voit six points lumineux tomber à intervalles réguliers sur la ville. Les experts en missiles balistiques y voient l'entrée dans l'atmosphère de projectiles, laissant à penser que l'Oreshnik était « mirvé », pour désigner l'acronyme anglais MIRV (Multiple Independently targetable Reentry Vehicle). Pour faire simple, un missile peut être équipé de plusieurs ogives coniques, nucléaires ou non, qui vont se séparer une fois sorties de l'atmosphère terrestre. Chaque ogive est indépendante et peut frapper une cible différente.

Le missile iranien Fattah-1

Les Gardiens de la Révolution iraniens ont affirmé mercredi avoir tiré des missiles hypersoniques vers Israël, au cinquième jour de la guerre qui oppose les deux pays. L’armée iranienne a mené «la onzième vague de la fière opération Promesse Honnête 3 en utilisant des missiles Fattah-1», ont déclaré les Gardiens, armée idéologique de la République islamique, dans un communiqué diffusé par la télévision d’État, affirmant que Téhéran avait acquis «un contrôle total du ciel des territoires occupés». Présenté officiellement en 2023, le Fattah-1 («vainqueur» en persan), est l’arme la plus récente dans l’arsenal balistique iranien.

Missile M51 français

Missile de type Mer-Sol Balistique Stratégique (MSBS), le M51 est un lanceur à trois étages à propulsion solide, d’une masse totale de plus de cinquante tonnes pour douze mètres de haut. Lancé sous l’eau depuis un sous-marin en plongée, le M51 traverse l’atmosphère pour rejoindre l’espace à une altitude supérieure à 2 000 kilomètres, bien au-delà de l’orbite basse. Il rentre ensuite dans l’atmosphère à la vitesse de 20 000 km/h (Mach 20).

Le M51 constitue un concentré de technologie spatiale qui allie puissance, précision et fiabilité. Agissant pour le compte de la DGA, ArianeGroup est maître d’œuvre industriel du système missile M51. Les équipes d’ArianeGroup assurent la disponibilité permanente du système missile à bord des sous-marins de la Marine nationale et sur la base navale opérationnelle de l’Île Longue, dans la rade de Brest.

Mis en service en 2010, le M51 constitue la cinquième génération de missiles balistiques français. Le missile fait l’objet de développements incrémentaux qui lui permettent de répondre à l’évolution du contexte géostratégique et du besoin de la France. La version M51.2 est actuellement en service. Lui succédera la version M51.3 qui a effectué avec succès son tir de qualification sans charge nucléaire en novembre 2023, depuis la Base de Lancement Balistique (BLB) du site Landes de DGA Essais de missiles à Biscarrosse, dans le sud-ouest de la France.

Lire aussi: Enjeux du nouveau tir de missile nord-coréen

Au sein d’ArianeGroup, les programmes civils et de défense partagent des technologies, des métiers, des compétences, des méthodes de conduite de projet, des modes de production, et une vigilance constante tout au long de leur cycle de vie. Chez ArianeGroup, près de 3 000 employés travaillent au service de la défense et de la protection des citoyens. Le programme M51 repose sur leur expertise, combinée avec le savoir-faire et les compétences technologiques de près de 900 industriels français, dont 400 PME, implantés dans toutes les régions de France.

Développement et Amélioration des Systèmes de Guidage

Les calculs qui, après avoir tenu compte de l’effet des forces de gravitation et des conditions initiales, donneront la vitesse et la position du missile sont effectués par le calculateur de guidage. De bons rapports avec les Etats-Unis avaient permis à la société Sagem de prendre une licence de matériels de la société Kearfott adaptés à un projet d'engin balistique tactique de portée 100 kilomètres, mais qui se révélaient prometteurs pour des portées plus longues.

Après la décision présidentielle et la première expérimentation nucléaire de février 1960, les relations avec les Etats-Unis se détériorent assez rapidement et la France doit avancer seule. Le choix de Sagem est fait et au cours d’une visite de M. Le LRBA situé à Vernon (Eure) a été fondé en 1946 pour accueillir 150 spécialistes Allemands du missile balistique V2 de Peenemunde. Il est à l'origine des techniques et réalisations d'engins à propulsion liquide utilisées pour les études balistiques de base de la Sereb.

Outre les évaluations et essais conduits dans son « laboratoire inertiel », il a eu un rôle important d'assistance à maîtrise d'ouvrage pour les programmes balistiques et spatiaux de la DGA. En 1967, la Sereb procède au lancement réussi des deux derniers lanceurs Diamant commandés sur marchés de la DTEN et le succès des études de base de guidage, de pilotage et de rentrée est avéré. Les essais en vol de développement de la première génération de systèmes se poursuivent jusqu’en 1971 avec les engins expérimentaux S112, M112, S01, S02, M012 et M013 qui permettent la résolution des derniers problèmes de mise au point et de figer les caractéristiques des équipements.

Ce programme comprend la francisation de certains composants importés des Etats-Unis, des études de gyroscopes à palier à gaz, d’accéléromètres à gyroscope balourdé (accéléromètre de très grande précision) et des études de logiciels de vol embarqués nouveaux dont l’avènement de calculateurs performants et miniaturisés allaient permettre l’emploi. En 1970, les sociétés Sereb, Nord-Aviation et Sud-Aviation sont rassemblées pour former la SNIAS (Société nationale industrielle Aerospatiale) qui sera bientôt mieux connue sous le nom d’Aerospatiale.

Les études d’amélioration des composants inertiels se poursuivent ainsi qu’un très gros effort pour disposer d’une centrale de guidage améliorée du point de vue précision et fiabilité, avec, pour cet équipement, la prise en compte d’un coût total de possession très amélioré par rapport aux centrales de première génération.

Les travaux financés par les programmes balistiques contribuent grandement à faire progresser en France les techniques de miniaturisation électronique avec l’utilisation, tout d’abord, des circuits intégrés hybrides, puis des circuits intégrés à grande échelle (LSI). Il en résulte des équipements électroniques plus fiables, moins volumineux et consommant moins, ainsi que des calculateurs plus puissants et plus compacts qui vont faire progresser considérablement la précision et les possibilités des engins balistiques.

On peut citer notamment les études de gyroscopes secs à joint flexible (variante très proche des gyroscopes des centrales de navigation des avions, ce type d’appareil a vu le jour aux Etats-Unis dans les années 1970 ; il a été développé et industrialisé en France par la société Sagem sur la base d’une licence de la société américaine Kearfott). Peut être cité aussi le gyroscope laser, développé à la Sfena sur la base d’une étude DGA/DRME chez Quantel, qui met en œuvre un capteur à effet doppler dans une cavité excitée par un rayon laser, le capteur délivrant directement une information digitale gyrométrique. Le capteur Sfena sera utilisé ultérieurement sur le lanceur Ariane en remplacement de la centrale Ferranti initiale.

Le développement du M4 est achevé. Le M4 bénéficie dès sa mise en service de l’introduction d’une correction en vol des erreurs des systèmes de guidage (technique appelée également compensation des erreurs, traduction littérale du mot utilisé par les Américains, qui permet d’augmenter la fiabilité des équipements de guidage en prenant en compte la dimension « précision », élément fort important dans l’efficacité d’un système d’armes de missiles nucléaires).

L’augmentation de portée envisagée pour les systèmes MSBS post-M4 conduit, pour maintenir la précision requise, à rechercher une diminution des différents postes d’erreur du bilan de précision. C’est ainsi qu’au-delà des techniques de compensation des erreurs des composants inertiels sont lancées les études d’un accéléromètre de principe nouveau ; l’accéléromètre à poutre vibrante (accéléromètre dans lequel la fréquence propre de vibration est sensible à l’accélération et qui délivre également et directement une information digitale qui permet une intégration temporelle sans erreur ; il a fait l’objet d’une étude confiée à la Sagem) et sont relancées les études d’accéléromètre à gyroscope balourdé.

Les changements intervenus à l’Est font passer d’une logique privilégiant l’accroissement des performances à celle d’une diminution du coût à iso-performances. Le budget d’investissement consacré à la force de dissuasion est réduit.

tags: #tir #de #missile #balistique #fonctionnement

Post popolari: