Chaque jour à midi pile, un coup de canon est tiré depuis la colline du château et surprend tout Nice. Même si les Niçois y sont habitués, pour les touristes, ce n’est pas toujours le cas ! Cette tradition perdure depuis des années.
À l'origine, c'est un lord écossais qui a instauré cette coutume. En 1861, un gentilhomme anglais, Thomas Coventry, persuada la municipalité niçoise de tirer un coup de canon depuis la colline du Château pour marquer l’heure méridienne exacte. La réalité est bien différente.
En 1862, l’Ecossais Sir Thomas Coventry mangeait chez lui avec ses officiers. Comme sa femme était souvent en retard, il utilisait ce coup de canon comme signal pour qu’elle lui fasse à manger, explique-t-il. Quand il est rentré chez lui dans son château d’Edimbourg, il a laissé une somme d’argent à la mairie de Nice pour que ce rituel perdure.
Une fois rentrée à Édimbourg, Sir Coventry a laissé une somme d’argent à la mairie de Nice pour que ce rituel perdure. C’est ensuite Malaussena qui a fait voter un arrêté municipal pour que cette tradition perdure.
Thomas Coventry était passionné par les outils de mesure du temps. Il fit hisser un globe rouge à un mât sur le toit de l’hôtel Chauvain où il résidait, pour indiquer à l’artificier posté au château qu’il devait se préparer à tirer le canon de midi. Le 21 décembre 1863, le canon tonna ainsi pour la première fois.
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En 1867, Thomas Coventry donna son matériel à la Ville de Nice et, le 19 novembre 1875, un arrêté municipal institua « lou canoun de Miejour ». En 1881, les artificiers se calèrent sur l’horloge de la tour Saint-François, puis sur l’horloge parlante à la radio après-guerre.
La pièce d’artillerie fut remplacée à plusieurs reprises et le site de mise à feu transféré sous la plate-forme de l’esplanade. Depuis 1886, l’artificier déclenche une bombe de feu d’artifice, appelée « marron d’air ».
Aujourd'hui le coup de canon n'est plus aussi spectaculaire qu'à l'époque. C'est un marron d'air qui est tiré chaque midi depuis le cimetière.
« Souvent, les gens sont déçus, pointe l’artificier. Aujourd’hui, il n’y a plus de canon. » Mais une bombe de feu d’artifice, un marron d’air. Philippe Arnello met le feu à la mèche. La poudre noire propulse la bombe à 60 m de haut. Arrivée au sommet, elle explose sans faire de couleur. C’est ce bruit qui résonne dans toutes les rues de Nice.
Aujourd'hui le coup de canon perdure grâce à Philippe Arnello, artificier à la colline du château depuis plus de trente ans. Philippe Arnello est artificier pour la ville de Nice depuis 1992. Depuis plus de 30 ans, Philippe Arnello est chargé d’entretenir quotidiennement une tradition niçoise de presque deux siècles : tirer le coup de canon de midi.
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Philippe Arnello tire depuis la Colline du château le traditionnel coup de canon depuis plus de 30 ans. Artificier de profession, il a pris le flambeau en 1992, lorsqu’il est devenu nécessaire de posséder un diplôme pour pérenniser cette tradition niçoise. Un rôle qu’il porte avec fierté tous les midis.
Philippe Arnello active la détonation via une télécommande. Tiré par les forces de l’ordre jusqu’en 1992, ce sont les artificiers qui reprennent en charge cette mission avec l’accord de la préfecture et après deux mois d’arrêt.
Quand on a pris rendez-vous avec Philippe Arnello, il nous a prévenus : « Attention, je suis toujours à l’heure. » Si ce Niçois est si ponctuel, c’est qu’il tire le coup de canon qui résonne chaque midi dans les rues de Nice.
« Je fais en quelque sorte partie de l’histoire de Nice. J’en suis fier ! » Cette routine, c’est un plaisir avant tout. Quand Philippe installe son matériel, même après 30 ans, ça lui fait toujours quelque chose. « Ça me plait de faire ça, sinon je ne continuerai pas après tout ce temps ».
L’astuce de Philippe : faire appel à l’horloge parlante. Une valeur sûre pour une ponctualité indubitable, qui a su faire ses preuves au fil des années. « En 30 ans, je n’ai jamais été en retard. Jamais. C’est une nouvelle manière de vivre qui m’a aussi influencé au quotidien. Maintenant, je suis toujours à l’heure, n’importe où et n’importe quand ! »
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Si Philippe Arnello n’a « jamais tiré le coup de canon en retard », il a parfois été annulé. C’est désormais le cas tous les 14 juillet, en hommage aux victimes de l’attentat de Nice.
« A deux reprises, il a dû être annulé car j’étais bloqué. Par un accident sur la voie Mathis puis par une manifestation », se souvient-il.
Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, Philippe est toujours là pour le coup de midi. Enfin, à deux exceptions près : “Deux fois, je n’ai pas pu tirer. La première fois, c’était à cause d’un accident sur la route, et la deuxième fois à cause d’une manifestation. Tout était bloqué, impossible d’atteindre la colline du château”, raconte-t-il. “Je m’en suis voulu !”
Aussi, et dans le cadre de « Mon Eté à Nice 2021 » lancé par la Ville, chaque dimanche d’été, une reconstitution théâtralisée. L’occasion de comprendre d’où vient cette tradition et son histoire.
Reconstitution théâtralisée du tir du Canon de Midi, sur la Colline du Château, Terrasse Nietzsche.
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