Le stand de tir de Châlons-en-Champagne est un lieu riche en histoire, marqué par des événements sportifs et tragiques.
Le centre de tir de Tinqueux a été spécialement construit pour les Jeux de 1924, au parc de la Muire. C'est ici que se déroulait le tir à la carabine miniature à 50m.
Il a été inauguré un an plus tôt par le fameux Pierre de Coubertin, président du comité international olympique.
La façade est de style art déco et elle en impose. La vraie surprise est sa terrasse avec une vue imprenable sur la Cathédrale de Reims.
Construit pour les JO de 1924, le stand de tir est entouré d'un espace arboré d'une superficie de 12 hectares occupé notamment par le centre équestre de Reims.
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L'aile gauche du stand de tir accueille les bureaux et espaces de convivialité du Tennis Club de la Muire.
Avec la crise sanitaire et le durcissement des mesures visant à endiguer la propagation de la Covid-19, les coups de feu se font plus rares du côté du stand de tir de Tinqueux.
Une histoire et un site de 12 hectares à valoriser.
La ville de Tinqueux souhaite en effet racheter le stand de tir, son bâti et son vaste parc arboré, actuellement propriétés de la société de tir de Reims, qui abrite aussi les installations du Tennis Club de la Muire et du centre équestre de Reims.
« Nous souhaitons acquérir le stand de tir et le parc de la Muire qui l'entoure afin de valoriser ce patrimoine magnifique, indique Jean-Pierre Fortuné, maire de Tinqueux. L'idée est d'y créer un lieu culturel à la portée régionale, qui pourrait accueillir par exemple des séminaires ou encore des résidences d'artistes.
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Dès 1940, le siège de la Gestapo et le tribunal militaire allemand s'installent à Châlons-sur-Marne. Ce tribunal prononcera des peines qui ne seront pas systématiquement la mort, sauf à partir du 8 juin 1944, elles seront alors appliquées dans les 6 heures suivant le verdict.
Dans le département de la Marne, les lieux de fusillades ont été successivement la Caserne Tirlet et le Stand de tir de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne) de septembre 1941 à mai 1942, puis à partir du 5 août 1943 et jusqu’au 5 août 1944, le terrain de « La Folie » situé sur le territoire de la commune de L’Épine près de Châlons.
De septembre 1941 à janvier 1942, les 6 premières victimes ont été fusillées le long du mur de la caserne Tirlet. Puis en mai 1943, 5 exécutions ont lieu au stand de tir.
Après le départ de la FK 608 pour le front de l’Est fin mars 1942, les condamnations ont été prononcées par le tribunal militaire de la Feldkommandantur (FK 531) qui siégea d’abord dans l’Hôtel de la division rue Pasteur, puis dans la chapelle de la Maison des œuvres au numéro 25 de cette même rue, chapelle qui fut aménagée en salle d’audience afin de donner plus de solennité aux procès.
Après l’invasion de l’Union soviétique par la Wehrmacht en juin 1941, commencèrent les condamnations à mort et les fusillades par représailles. La situation s’est considérablement durcie.
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Le principal auxiliaire du tribunal militaire FK 531 était la Feldgendarmerie, bien davantage que la Gestapo qui, constate Maurice Pelthier, « faisait sa justice elle-même, une justice expéditive et toujours sans appel, déportait massivement », et avec laquelle finalement « le tribunal FK 531 travaillait très peu ».
Quant à la Police française soumise au contrôle des autorités d’occupation, elle interpelait, arrêtait, communiquait des procès-verbaux, et constituait ainsi une auxiliaire précieuse, même s’il est vrai aussi que des policiers français avertissaient des résistants menacés et trompaient les Allemands en leur fournissant de fausses informations.
Les condamnés étaient avertis la veille de leur exécution et étaient autorisés à écrire une dernière lettre à leur famille. Ils pouvaient aussi demander à recevoir la visite d’un aumônier militaire allemand.
Les premières exécutions ont eu lieu dans l’enceinte de la caserne Tirlet, caserne de cavalerie située 5 rue de la Charrière à Châlons. Leurs corps ont été inhumés sur place.
En avril-mai 1942, cinq patriotes ont été fusillés au Stand de tir de Châlons : Jacques DORÉ, René HORENS, Raymond VILLARD, Lucien VINCENT, Jean BELHARTZ.
À partir d’août 1943 et jusqu’en août 1944, les exécutions ont eu lieu sur un terrain militaire situé à quelques kilomètres de Châlons-sur-Marne, le terrain de La Folie à L’Épine. Les condamnés y ont été fusillés, adossés à des poteaux d’exécution plantés au pied d’une butte de terre.
Les 28, 29 et 30 août 1944, les Alliés libéraient la Marne de l'Occupant nazi.
Guidés par la Résistance locale, les hommes de la IIIe armée américaine, dirigée par le général George Patton, entrent dans Sézanne, Montmirail et Épernay. Dans la capitale du champagne, ils pénètrent "essentiellement depuis la route de Sézanne, pour aller vers le centre" de la commune.
De leur côté, les Allemands "essaient de procéder à des tirs d'artillerie ou de viser des colonnes Alliées en progression.
Mais les Allemands ne s'attaquent pas qu'aux hommes, ils ont aussi une autre stratégie : "Ils essaient de détruire un maximum de ponts, et le pont sur la Marne est détruit. Mais dans le même temps, il y a des unités très mobiles du génie américain qui sont en capacité, en l'espace de 24h voire quelquefois moins, de reconstruire une passerelle ou un pont provisoire pour faciliter les franchissements. Ce qui sera le cas à Épernay."
Les Alliés entrent ensuite dans Vitry-le-François et Châlons-en-Champagne dès le 29 août 1944. La Libération de la commune, alors appelée Châlons-sur-Marne, "a été préparée par un certain nombre de Résistants réunis dans le garage de la police dès le 27 août".
Ces accrochages ont lieu "le long du canal", "et la ville va être libérée avec l'arrivée des troupes américaines qui vont passer par la porte Sainte-Croix, redescendre la rue Carnot pour rejoindre le centre-ville, l'hôtel de ville et d'autres qui vont arriver par la rue Léon Bourgeois avec le même objectif."
La Libération de Châlons-en-Champagne, qui a fait une dizaine de victimes militaires, a été marquée par "la sévérité des Résistants à l'encontre de ceux qui étaient prêts à commettre des exactions, à régler des comptes".
Après Épernay et Châlons-en-Champagne, c'est le 30 août 1944 que l'heure de la Libération sonne pour Sainte-Menehould et Reims. Une opération là aussi "préparée véritablement dès la veille" dans la Cité des Sacres, car "les Américains veulent absolument essayer de préserver des ponts de manière à pouvoir faire passer leur matériel lourd".
Les Résistants rémois, qui n'ont "que 98 mitraillettes pour défendre toute la ville", "vont être en capacité tout de même d'avoir une action intéressante".
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