Le tir au canon est une forme de tir qui implique l'utilisation d'une bouche à feu, notamment dans le cadre d'un tir d'artillerie.
L’ingénieur militaire Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, a imaginé ce mode de tir et lui a donné avec modestie ce nom : « ... Il n’y a pas un tir à ricochet, mais des tirs à ricochets aux finalités différentes.
Vauban expérimente ce mode de tir au siège de Philippsbourg (à l’est de Landau) en 1688, lors de la guerre de la Ligue d’Augsbourg entre la France et le Saint-Empire romain germanique.
Lors d’un siège, le tir indirect à ricochet permet, en positionnant correctement les batteries, de prendre en enfilade les éléments surélevés (chemin couverts, courtine...) des ouvrages fortifiés.
Le glacis entourant certains ouvrages fortifiés masque les murailles, empêchant le tir en brèche qui permet de « fracasser les murailles ».
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L’efficacité de ce tir repose sur les rebonds successifs du boulet ou de la bombe. Pour ce faire, la charge de poudre réduite nécessaire pour ce genre de tir, doit être déterminée grâce à des tirs de réglage, qui ne peuvent se faire que de jour.
On diminue ou on augmente la charge en mesurant avec précision la quantité de poudre nécessaire, jusqu’au moment où l’on voit le boulet entrer dans l’ouvrage en effleurant le parapet.
Si au cours du siège il est nécessaire de changer de poudre, il faut recommencer les essais.
Il est ensuite recommandé de clouer des lambourdes le long des roues de l’affût, sur la plate-forme en bois de la pièce, afin d’éviter un pivotement de la pièce, et de faire une coche pour repérer la crosse de l’affût qui recule au moment du tir.
« Tirer une pièce de canon à ricochet, n’est autre chose que de la tirer, le canon étant chargé seulement d’une quantité de poudre suffisante pour faire aller le boulet le long des faces des pièces attaquées.
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Une des conséquences du tir à ricochet est la modification des affûts de place. Vauban connaissant les dégâts que peut faire ce genre de tir, sur les canons et leur affûts dotés de roues importantes, préconise des affûts de place plus solides et plus compacts.
Alors que depuis cinquante ans les canons tirent à ricochets, les artilleurs envisagent ce mode de tir fait par des mortiers. Une expérimentation est menée en 1723, au polygone de l’école d’artillerie de Strasbourg. Les pièces utilisées sont des mortiers de 8 pouces (environ 21,7 cm) montés sur affûts de canon.
Si durant le XIXème siècle ce mode de tir est toujours mis en uvre, sa finalité est différente : parfois l’artilleur n’avait pas d’autre choix que de tirer à ricochet, et ce pour palier une limitation technique.
Le canon de 4 Mle 1858 par exemple, destiné à l’artillerie de campagne, tire des obus oblongs équipés soit de la fusée percutante Demarest (première fusée percutante française), soit d’une fusée, destinée au tir fusant.
Cette dernière ne se règle que sur deux durées, correspondantes approximativement aux distances de 1500 et 3000 mètres. Pour tirer aux distances intermédiaires, l’artilleur doit tirer à ricochet.
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L’Artillerie qui veut continuer à innover dans les domaines techniques et tactiques, fait appel aux idées, aux connaissances et à l’expérience de ses officiers souvent polytechniciens.
Pour ce faire, le comité d’artillerie lance en 1824, un concours d’idées sur des thèmes particuliers, dont un sur le tir à ricochet.
Il s’agit de répondre aux questions suivantes : « Quels sont les différens cas de guerre dans lesquels le tir à ricochet doit être employé de préférence à celui de plein fouet ? Examiner spécialement l’état de l’instruction relativement au tir à ricochet, et indiquer les moyens les plus simples de l’améliorer... ».
Sept mémoires sur ce sujet sont présentés en 1825, et celui du lieutenant-colonel Lyautey, adjoint au commandant l’école d’artillerie de Strasbourg est trouvé remarquable, et obtient le premier prix d’un montant de 1500 francs.
Le maréchal Valée, inspecteur général du service de l’artillerie, trouve ce mémoire « excellent et d’une grande utilité pour l’instruction des officiers d’artillerie ».
Lyautey codifie le tir à ricochet pour l’artillerie de siège, en établissant des tables de tir pour le tir à des distances et pour des hauteurs de parapet variables.
L’école royale d’artillerie inclut en 1826, dans son cours de balistique, la théorie du ricochet : Relations entre les charges, les angles de départ, la nature du sol, les longueurs des premier, deuxième bonds, etc., et la portée totale.
Le tir à ricochet sera encore réglementaire, durant la 1ère guerre mondiale, pour l’artillerie à pied dans l’attaque de places .
La commission d’études pratiques du service d’artillerie dans l’attaque et la défense des places écrit, dans son instruction sur le tir de 1915 : « Dans le tir à ricochet on cherche à faire éclater au-dessus du sol, après ricochet, les obus explosifs amorcés avec retard.
Cette méthode de tir est étendue à la guerre de plaine, et le tir à ricochet utilisé par les batteries de campagne est alors terriblement meurtrier : la munition en ricochant jusqu’à hauteur d’homme augmente l’espace balayé, donc la zone létale.
Les artilleurs français ont longtemps pointé de deux façons : à la volée ( tube à 45°) et de but en blanc. Au delà de la distance de but en blanc, l’artilleur tirait à ricochet, sans règles bien précises. Il est vrai qu’il était difficile de déterminer avec exactitude la distance à laquelle se trouve l’objectif.
« La meilleure manière de diriger le ricochet, est de pointer ou tirer les pièces sous un angle de 6, 7, 8, 9 &10 degrés. Alors on multiplie les bonds du boulet, qui vont depuis 15 jusqu’à 20 & 25.
Dans son mémoire écrit en 1825, le lieutenant-colonel Lyautey aborde l’artillerie de siège, mais aussi l’emploi du tir à ricochet lors de la guerre de campagne.
Il écrit : « Ce tir est celui qui a le plus d’action sur les colonnes profondes...L’obus sera principalement alors d’une grande utilité, parce qu’ayant moins de vitesse initiale que le boulet, il parcourt le terrain par des bonds plus multipliés et plus rapprochés.
Le lieutenant-colonel Baquet adresse, en juillet 1905, une note au comité d’artillerie, dans laquelle il propose entre autres le tir à ricochet à charge pleine des obus explosifs du canon de 75 mm.
Pour le tir à ricochet par le canon de 75 mm, les obus explosifs sont équipés d’un retard de 0,05 sec.
Lorsque le projectile est tiré de façon à avoir un angle de chute inférieur à 15°, il effleure plus ou moins profondément le sol (selon sa nature) et ricoche.
Le léger retard permet de le faire éclater à l’air libre, à une hauteur moyenne de 2 à 4 mètres au dessus du sol, et à environ 15 mètres au delà de la souille.
L’artilleur doit pouvoir tirer lorsque l’objectif est sur un terrain en pente.
Pour l’obus de 75 mm Mle 1900, tiré avec la charge normale, les distances pratiques pour le tir à ricochet sont données par l’instruction sur le tir de 1917.
La méthode la plus simple pour un tir dit rasant ou par ricochets est de poser la fusée au sol, en direction de la cible ou de la zone. Cette méthode est incertaine, car si la fusée rencontre un obstacle, elle peut être déviée et partir dans une direction dangereuse pour les troupes amies.
Après les essais faits à La Fère en janvier 1834, le tir par ricochets et reconnu comme efficace. En 1853, la Commission d’artillerie admet que le tir à terre est incertain et irrégulier, et qu’il ne peut servir que pour une embuscade.
Afin d’avoir une portée légèrement plus importante, on peut utiliser une baguette (ou tringle) portant des encoches, pour recevoir la tête des fusées et les bloquer. Cela permet d’élever légèrement le tir, surtout si devant la zone de tir il y a une profonde dépression ou un ravin.
Par exemple, pour une fusée de calibre 5 cm, le premier point de chute est à environ 10 m pour une élévation de 5° et la portée est de 1000 mètres.
La baguette se casse souvent au premier rebond.
Type de terrain | Distance pratique (mètres) |
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Terrain dur | [Insérer la distance] |
Terrain meuble | [Insérer la distance] |
Terrain en pente | [Insérer la distance] |
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