Le tir au vol du Jarez est une tradition ancrée dans l'histoire locale, évoluant avec le temps tout en conservant son esprit festif et communautaire.
De 1941 à 1945, en raison des circonstances de la guerre, la vogue et, par conséquent, la Quintaine, furent suspendues. Après 1945, le rôle de narrateur des aventures des "dindons" (participants) fut souvent assumé par le "Léon". Le discours commençait par une critique amusante de la situation communale, abordant les élections, les projets et les réalisations, puis commentait les péripéties arrivées à certains Sampoutaires, le tout arrangé à la sauce locale pour amuser le public.
En 1957, le premier programme fut imprimé, comportant une chanson sur les jeunes de la classe, l'ordre des faits et une chanson d'actualité intitulée "Chanson de l'eau". Ces imprimés rencontrèrent la faveur du public, qui les achetait pour les conserver en souvenir. En 1960, les premiers dessins humoristiques représentant les faits ayant les honneurs du discours firent leur apparition. Ces premières esquisses exécutées au fusain furent exposées à "L'hôtel de Saint-Paul" et connurent un vif succès. De 1963 à 1971, les croquis furent faits à la gouache et présentés au café "La plaine de Chalons".
En 1964, des envoyés de la télévision régionale vinrent à Saint-Paul pour enregistrer le tir à la Quintaine. En 1966 et 1967, le comité et les vogueurs réalisèrent des chars humoristiques concernant les événements de l'année, ce qui fut un triomphe. Cependant, une année, le laïus fut consacré à une complainte sur les commerçants de Saint-Paul et la poudre remplacée par des confettis, ce qui fut un échec.
Quelques participants, habitués à être les vedettes du discours, s'empressent de venir raconter aux membres du comité les aventures qui leur arrivent au cours de l'année. Ensuite, ils vont chercher la Quintaine, une caisse en bois représentant une tour, décorée de dessins ayant un rapport avec les événements de l'année et contenant des paquets de poudre de toutes les couleurs. Arrivés sur les lieux, la Quintaine est déposée, les vogueurs s'asseyant autour pour la photo souvenir et pour écouter le discours. Puis, les vogueurs, se donnant la main, commencent une ronde effrénée autour de la Quintaine, aux sons d'une musique endiablée, pendant que les spectateurs s'écartent prudemment pour éviter les jets de poudre. Tout à coup, à grands coups de pieds, les vogueurs brisent la caisse et se précipitent sur les paquets de poudre, se les jetant les uns aux autres.
Si certains jeux se perpétuent, comme le jeu des berthes, la course en sac, la course à l'œuf ou encore la course en brouette, certains ne sont plus pratiqués comme la course aux chevaux (la dernière ayant eu lieu en 1941), le jeu de la poêle, de l'oie, de la moutarde et, pour la gente féminine, le jeu du plus gros mollet. En 1930, ce fut la seule année où, pour le jeu des berthes, les concurrents chevauchaient un âne. En 1966, les jeunes de la vogue modifièrent cet enterrement.
« Cela peut être un jeu certes, mais on peut aussi le pratiquer de manière assidue et avoir des résultats, commence Jean-Louis Play. Cela demande de l’entraînement, de la rigueur, et là, ça devient un sport. » À 62 ans et environ 700 concours à son actif, ce natif du Chambon-Feugerolles est un des baveux (surnom donné aux pratiquants, plus officiellement appelés « chevaliers ») les plus expérimentés dans la Loire. Lui a commencé le tir à la sarbacane à 30 ans, en 1988, au Réveil chambonnaire. Ce qui devait être d’abord un essai par curiosité s’est transformé en une passion. Pour l’anecdote, « mon premier tir, je l’ai fait sur une carte à jouer, je ne sais même pas où a atterri la flèche », rigole-t-il. « C’est un sport très convivial qu’on peut pratiquer entre amis ou en famille. Ça résume l’esprit de cette discipline. À l’époque, mon père, par curiosité, assistait à mes compétitions et s’est un jour décidé à essayer. Et ma sœur a trouvé son mari grâce à la sarbacane », aime-t-il...
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