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Des bruits de tirs ont de nouveau retenti à Nantes, après une semaine marquée par une série d’incidents similaires. Samedi, le premier quartier prioritaire de la ville à en avoir fait les frais est celui de Bellevue, coutumier de ce phénomène et des règlements de compte liés aux stupéfiants.

Incidents Récents et Enquêtes

Des tirs d’arme de guerre ont fait une victime, samedi 7 octobre, place Mendès-France, à Nantes. Un jeune homme qui aurait 18 ans a été touché en pleine tête vers 21 h. La police a figé un large périmètre afin de travailler sur la scène de crime.

Sur une vidéo transmise par un témoin, un scooter remonte la place Mendès-France, la place centrale du quartier Bellevue, à Nantes. Il est 21 h, ce samedi 7 octobre, lorsque les premières détonations claquent. Le passager du T-Max tire en rafale avec une arme longue de type kalachnikov. Il ne s’arrête qu’une fois arrivé au boulevard Winston-Churchill. Le scooter et ses occupants prennent la fuite sans s’arrêter.

Un homme, qui serait seulement âgé de 18 ans, a été atteint en pleine tête. Des projectiles l’ont fauché aux membres inférieurs. La victime s’est effondrée au pied d’une poubelle. Elle a été transportée sous escorte au CHU dans un état critique.

Lorsque la police investit le quartier et dresse un large périmètre pour pouvoir travailler et relever des indices sur la scène de crime, le calme est déjà revenu. Il ne reste que des traces de sang au sol et des témoins apeurés par l’épisode de tirs. Un habitant est descendu de son appartement dès les premières détonations pour s’enquérir de la situation.

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Un jeune homme se trouvait avec la victime quelques secondes avant les tirs. « On sortait à peine du magasin Carrefour City quand ça a tiré. Il est 23 h, la place est quasi déserte.

Samedi, deux individus ont été blessés par balle dans le quartier sensible de Bottière, pendant que des tirs résonnaient à Bellevue. Aux alentours de 18h, des coups de feu à blanc, tirés depuis un scooter, ont retenti selon les informations de Presse Océan, confirmées de source policière au Figaro.

Le même jour, en fin de soirée, deux personnes ont par ailleurs été blessées par balle dans le quartier sensible de Bottière. L’une a été touchée à l’abdomen et l’autre au bras comme rapporté par Ouest France. Âgées de 27 et 28 ans, « ce sont des victimes que l’on connaît », confie une source policière.

Mercredi, le Raid a été dépêché dans le quartier de Malakoff, où un homme s’était retranché après avoir tiré des coups de feu. Le suspect de 40 ans a finalement été interpellé, en état d’ébriété et sous empire de stupéfiants. Aucun blessé n’a été à déplorer.

Jeudi soir, alors que des coups de feu ont résonné dans les quartiers Pin-Sec, Bottière et Dervallières, au moins deux balles perdues se sont logées dans des immeubles. Cet événement a poussé le syndicat Alliance Police nationale à réclamer dans un communiqué une « arrivée rapide de renforts d'effectifs afin de pouvoir assurer la sécurité des personnes et des biens ».

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Le procureur de la République a communiqué des éléments supplémentaires après la mort d’un jeune homme samedi soir. L’hypothèse d’un règlement de compte sur fonds de trafic de stupéfiants est une piste, mais d’autres restent à l’étude.

L’homme tué par balles samedi soir à Nantes, dans le quartier prioritaire de Bellevue, est « vraisemblablement un jeune homme de 19 ans, de nationalité algérienne, en situation irrégulière sur le territoire national » a communiqué ce lundi en fin de journée le procureur de la République de Nantes Renaud Gaudeul, lors d’une conférence de presse. Cette identité reste toutefois « à confirmer », notamment avec la police scientifique et les autorités algériennes.

Une enquête a été ouverte du chef d'assassinat, d'association de malfaiteurs et de détention et transport d'armes de catégorie A, pour en savoir plus sur ce drame ce week-end.

Peu après 21h, les services police ont été alertés qu’un individu avait été blessé par balles non loin d’un Carrefour City. Après l’arrivée des secours et son transfert au centre hospitalier, le jeune homme a succombé à ses blessures rapidement.

« Des premières constatations ont déterminé qu’une vingtaine de tirs avaient été effectués », dans une zone étendue. Des impacts ont été retrouvés dans un périmètre de 110m. Après analyse des images, il en ressort que les auteurs étaient au moins deux : un conducteur et un passager tireur.

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« Je vous confirme que l’intéressé présentait plusieurs plaies, par balles, dont une à la tête en elle-même mortelle », a précisé le procureur.

Depuis le début de l’année, trois homicides volontaires ont été répertoriés à Nantes dont l’hypothèse privilégiée relève d’un « règlement de comptes sur fonds d’un trafic de stupéfiants ». L’enquête en cours déterminera si l’épisode de samedi soir rejoint cette liste, l’hypothèse étant travaillée. « On ne se ferme pas de piste.

35 épisodes de tirs ont déjà eu lieu depuis le début de l’année sur fonds probables de règlements de comptes, s’avérant parfois mortels, occasionnant parfois des blessés ou parfois aucun. Celui de ce week-end était donc le 36ème. C'est la dernière fusillade d'une trop longue série.

Contexte et Réactions

Lundi soir à Nantes (Loire-Atlantique), un jeune homme de 24 ans a été victime d'une attaque dans un bar à chicha de la rue Joffre, dans le centre-ville. Des hommes casqués, arrivés sur deux puissants scooters et à bord d'une berline, ont arrosé l'établissement à l'aide d'armes automatiques et d'armes de poing. Le serveur, « pas connu de manière significative » des services de police, selon le procureur de la République, est mort au CHU.

La veille, à minuit, place Mendès-France, dans le quartier Bellevue, quatre personnes avaient été blessées - dont deux grièvement - dans des circonstances similaires. Dimanche, des tirs ont également été entendus, quartier des Dervallières (un mineur de 16 ans blessé) et quartier du Breil. Et le 18 avril, un jeune homme de 20 ans avait été touché à l'épaule et la cuisse dans le quartier Bellevue.

Bilan : un mort, six blessés par balles. Du jamais-vu.

« On commence par un blessé léger et en fin de parcours, il y a un mort. C'est le cadencement qui marque les esprits », réagit Arnaud Bernard, du syndicat Alliance Police 44. Il n'est pourtant pas vraiment surpris. « L'année dernière, il y a eu 48 fusillades à Nantes, développe-t-il. Quasiment une par semaine. Il ne faut pas minimiser ce qui se passe. Ça fait quelques années que nous avons remarqué cette évolution et que nous alertons sur cette situation. Il y a une problématique à Nantes, une délinquance galopante en même temps que la population s'accroît ».

« Ils tirent pour tuer ».

Le syndicat demande 100 policiers supplémentaires pour endiguer ce phénomène. « Ce sont des faits qui existent depuis deux ou trois ans, renchérit Gilles Nicolas, adjoint chargé de la sécurité et de la tranquillité publique de la ville de Nantes. Ma préoccupation, ce sont les affaires de coups de feu qui touchent les personnes. Les habitants sont particulièrement inquiets après les faits de ces derniers jours.

Il regroupe la police judiciaire, le renseignement territorial et la ville de Nantes, sous l'autorité du procureur de la République. Il s'est réuni en urgence mercredi. Une quarantaine d'enquêteurs de la police judiciaire, dont dix venus en renfort de Rennes (Ille-et-Vilaine), sont mobilisés pour établir les liens éventuels entre les différents faits.

« On est sur tous les fronts, rage un policier qui arpente les quartiers au quotidien. On ne peut pas être le week-end sur les manifestations de Gilets jaunes, et en même temps dans les cités à s'occuper de la délinquance. » Depuis des années, il a assisté à l'escalade de la violence. « Des couteaux, on est passé aux petits calibres avec des délinquants qui se tiraient dans les jambes pour se punir. Et maintenant, ce sont des tirs en rafale d'armes de guerre. Ils tirent pour tuer », explique-t-il, en désignant - sans préjuger des enquêtes en cours - la violence autour du trafic de drogue.

Dans les quartiers, les habitants refusent de voir leur ville sombrer inexorablement dans une ultraviolence habituelle. « Aucune mère ne met au monde son enfant pour le voir victime d'un tir ou basculer dans la violence », souffle une habitante de Bellevue, où un renfort de CRS tente d'apaiser la situation. « Ce qui nous inquiète, c'est que ça devient des tirs à l'aveuglette, en plein jour, en plein espace public », ajoute-elle.

Initiative finalisée mercredi soir, une « marche de l'espoir », pour dire non à la guerre des quartiers, rassemblera dimanche à 15 heures, les quartiers Bellevue, Dervallières, Breil, Nantes nord, Bottière, Malakoff et Clos-Toreau. Tous convergeront vers la place Royale dans le centre-ville.

« Nantes n'est Marseille ou Paris, et on ne veut pas que ça le devienne. On doit essayer de faire quelque chose », assène Bouchra Akdim. La dirigeante du club de foot JSC Bellevue espère enrayer la violence. « On veut montrer la solidarité interquartiers, montrer l'exemple. C'est un cri du cœur pour dire qu'on veut que ça cesse.

Affaire "Gomorra" et Justice des Mineurs

Hasard du calendrier, ce même jeune avait écopé trois jours plus tôt, le 24 juin 2025, de sept ans de prison devant la cour d’assises des mineurs de Loire-Atlantique dans le procès dit « Gomorra » : en avril 2019, la ville de Nantes avait été le théâtre de règlements de comptes sanglants, sur fond de trafic de stupéfiants, auxquels il avait pris part.

Dans cette affaire, plusieurs hommes avaient été blessés lors d’épisodes de tirs à l’arme de guerre dans le quartier Bellevue, un quartier sensible de Nantes, sans qu’il n’y ait de mort pour autant.

Dans un premier temps, pendant dix jours, sept majeurs avaient comparu devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine pour ces faits : deux avaient été entièrement acquittés, et trois avaient écopé de peines allant de quinze à vingt ans de réclusion criminelle. Les deux derniers étaient eux ressortis libres. L’un des accusés de 32 ans, condamné à quinze ans de prison, a d’ailleurs fait appel de sa condamnation et sera prochainement rejugé.

Le volet « mineurs » s’était lui tenu à huis clos, du 17 au 24 juin 2025, à Nantes. Deux adolescents de 17 ans au moment des faits avaient alors été condamnés à sept et dix ans d’emprisonnement.

Mais celui condamné à la peine la plus basse avait alors déjà pratiquement purgé sa peine dans le cadre de sa détention provisoire. Concrètement, pour l’avocat, cette disposition était contraire au « principe fondamental de l’intérêt supérieur de l’enfant ».

De ce principe constitutionnel, découle notamment « la nécessité de rechercher le relèvement éducatif et moral des enfants délinquants » en prenant « des mesures adaptées à leur âge et à leur personnalité ».

« La durée maximale de la détention provisoire du mineur dans l’attente de sa comparution devant la cour d’assises des mineurs, qui peut atteindre deux ans, ne fait l’objet d’aucune adaptation par rapport à celle applicable aux majeurs mis en accusation devant une juridiction criminelle », lui donne donc raison le Conseil constitutionnel dans un arrêt en date du 27 juin 2025 qui vient d’être rendu public.

« En permettant pour une telle durée le maintien en détention provisoire du mineur sans prévoir de procédure appropriée, les dispositions contestées méconnaissent les exigences du principe fondamental reconnu par les lois de la République en matière de justice des mineurs », en déduisent les Sages, reconnaissant ainsi « l’inconstitutionnalité » de ce texte.

En revanche, les magistrats parisiens ont considéré qu’une « abrogation immédiate » de ces dispositions « conduirait à exclure toute possibilité de maintien en détention provisoire d’un accusé mineur dans l’attente de sa comparution devant la cour d’assises des mineurs ».

Au vu des « conséquences manifestement excessives » de leur décision, les Sages ont donc reporté au 1er juillet 2026 l’entrée en vigueur de cette abrogation.

Et pour faire « cesser l’inconstitutionnalité constatée », le Conseil constitutionnel a considéré qu’il y a « lieu de juger que jusqu’à l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi ou jusqu’à la date de l’abrogation de ces dispositions, le mineur accusé âgé d’au moins 16 ans mis en accusation devant la cour d’assises pour mineurs ne peut être maintenu en détention provisoire que sur décision de la juridiction d’instruction compétente ».

Trafic de Drogue et Règlements de Comptes

Le 18 juillet dernier, un homme était abattu de deux balles à Nantes Bellevue, dans le cadre d’un règlement de compte à la marseillaise, en plein après-midi. Le 21 juillet, des tirs éclataient rue de l’Héronnière, rue d’Ancin et sur le quai de la Fosse, quelques centaines de mètres à l’ouest du centre-ville nantais.

« Nantes est devenu un important centre de deal de drogue, qui alimente plusieurs villes du Grand Ouest », relève un policier proche du dossier. Cette réalité alimente directement la délinquance d’aujourd’hui, entre règlements de compte, sur-armement et représailles, comme la réalité du « milieu nantais » était liée directement à la délinquance des années 1970 et 1980, notamment - déjà !

Quai de la Fosse, une serveuse a été agressée il y a quelques mois pour les cinq euros qu’elle avait dans son porte-feuille. Les tirs, qui ont eu lieu aux abords immédiats d’un bar du quai, visaient un commerçant, qui a été victime de dégradations et de deux séries de tirs à une semaine d’intervalle.

« Plusieurs bars sur le quai, dans ce secteur, nous posent des problèmes récurrents », relève un policier nantais. « Nous savons qu’il y a du deal à leurs abords, et là où il y a du deal, il y a des dettes, des règlements de compte et des tensions ».

À Bellevue, guère mieux. La victime, père de famille de 34 ans, était connue de la justice. Et suspectée très fortement d’être un gros bonnet de la drogue sur Nantes. L’auteur, qui s’est livré, est un Africain lui aussi défavorablement connu, « un gros bébé - baraqué et tout - connu pour être assez timbré », relève un proche du dossier, qui remarque qu’il s’est « sans doute livré par peur de représailles ».

Certes, le procureur de la République, Pierre Sennès, a parlé d’un « antagonisme personnel, une animosité réciproque » entre la victime et son meurtrier. Ce dernier par deux fois aurait été attaqué au couteau par sa future victime.

« Si ce n’est la drogue et l’argent. Ou les deux », relève un policier nantais pour lequel « ça ne va pas aller en s’améliorant. Surtout que les pouvoirs publics - la municipalité, la préfecture (l’État) - regardent ostensiblement ailleurs et font comme si de rien n’était.

Témoignages et Peur

« Je ne me sens pas très à l’aise. C’est difficile. Il y a eu la mort d’un homme… Ça fait quatre ans que c’est là, toujours là. Tout le temps.

Lui que l’on a « menacé », depuis les faits, et qualifié de « balance. Un prétexte pour me faire du mal…

En octobre 2018, je passais à Bellevue, place Mendès-France, on m’a balancé un pavé derrière le crâne : dix points de suture. J’ai perdu mes clés de voiture sur place : on me l’a volée.

Le 18 juillet 2018, jour où Abdelkader Garcia, 34 ans, a été tué de deux balles dans le corps, à Saint-Herblain, Sylvain voulait « juste manger un sandwich avec un ami.

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