Le biathlon est un sport exigeant où la précision et la rapidité sont essentielles pour la victoire. Le biathlète, placé à cinquante mètres d’une cible aux dimensions d’un disque DVD, doit faire le vide, retenir sa respiration et ajuster la carabine.
« Il faut se l’imaginer. Arriver sur le pas de tir devant la foule, après deux ou trois kilomètres d’efforts. Le biathlète doit rester dans sa bulle. Il n’y a pas à tergiverser. Si le tir ne représente qu'environ 4% du temps de course total, les répercussions des erreurs peuvent être fatales. À chaque cible manquée, le biathlète doit tourner autour d’un anneau de pénalité. Du temps et de l’énergie perdus. Deux cibles ratées, c’est la victoire qui s’échappe. La concurrence est telle sur le circuit mondial qu’on ne peut pas se permettre de mettre des balles à côté », souffle l’entraîneur.
Il faut différencier les deux types de tirs. Sur chaque course, les biathlètes se présentent au moins une fois sur un tir dit ‘couché’ et une autre fois sur un ‘debout’. Sur le tir ‘couché’, le biathlète s’allonge, ventre à terre sur le tapis. « Il permet de faire moins d’erreurs car le biathlète est plus stable », décrypte Jean-Pierre Amat. Même si le diamètre de la cible est réduit, hommes comme femmes réussissent en moyenne à 88%, voire 89% sur certaines saisons, leurs tirs. Le ‘debout’ est plus complexe. Les biathlètes doivent créer leur stabilité, calant leur coude sur leurs côtes, avant d’ajuster la cible.
Si le ‘plein’ est nécessaire sur chaque course pour la victoire, en raison d’une forte concurrence, ce n’est pas le seul facteur. « Le chrono tourne pendant le tir, souffle Jean-Pierre Amat. Réduire le temps passé sur le tapis de tir est un objectif. Il y a vingt ans, on pensait qu’un tir rapide était de 35 ou 38 secondes. Aujourd’hui, dans des conditions parfaites, c’est le chrono de deux tirs. La rapidité est primordiale. Nous n’avons pas d’autre choix que de tirer vite et bien.
Les biathlètes passent donc une grande partie de l’intersaison à travailler des ‘gestes serveurs’, c’est-à-dire des schémas d’installation sur le pas de tir le plus rapide possible. « Il faut aussi être en face de la cible. Si on s’installe deux secondes plus vite que tout le monde mais qu’on passe deux secondes à chercher la première cible, on perd tout, pointe Jean-Pierre Amat. Lorsque le biathlète commence à viser, il faut que la carabine soit pile en face de la première cible pour gagner en rapidité et en qualité. »
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La France est en état de grâce cette saison en biathlon. Si les Bleues sont très performantes sur la Coupe du monde, la richesse du réservoir se lit également aux échelons inférieurs, à savoir sur l’IBU Cup et la Junior Cup. Jamais l’équipe féminine n’avait pu se vanter d’une telle émulation. La France est en tête du classement des nations en Coupe du monde, en IBU Cup et en Junior Cup.
L’objectif ? C’est le nombre de Françaises dans le top 10 du classement général après 10 courses individuelles : Lou Jeanmonnot (2), Julia Simon (4), Justine Braisaz-Bouchet (6), Jeanne Richard (7) et Océane Michelon (9). Il s’agit également du nombre de victoires françaises après 10 courses individuelles (Jeanmonnot x3, Braisaz-Bouchet et Botet x1).
Les Bleues ont terminé deux fois deuxièmes en deux relais. C’est le nombre hallucinant de podiums tricolores chez les femmes, en onze courses seulement. Soit 15 de plus que l’an passé après le même nombre de courses !
Et comme si cela ne suffisait pas, le classement du petit globe du sprint est cannibalisé par cinq Bleues aux cinq premières places, celui de la poursuite voyant lui cinq Françaises dans le top 8. Les Françaises ont remporté trois victoires lors des cinq premières courses. Une performance à mettre au crédit de Violette Bony et Anaëlle Bondoux (x2). Au total, elles sont 6 dans les 13 !
Biathlète | Pourcentage de Réussite |
---|---|
Dunja Zdouc | 92% |
Karoline Knotten | 91% |
Vanessa Voigt | 91% |
Lou Jeanmonnot | 89% |
Julia Simon | 89% |
Lisa Vittozzi | 89% |
Les championnats du monde de biathlon se poursuivent à Lenzerheide, en Suisse. La poursuite femmes a rendu son verdict avec la médaille de bronze de Justine Braisaz-Bouchet.
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Jeanmonnot "frustrée et énervée" après sa 4e place et son 18/20"4e sur une course des championnats du monde qui ne compte pas pour le classement de la coupe du monde, on peut dire que ça ne sert pas à grand chose (rire). Je suis frustrée et énervée parce qu'une fois de plus ça se joue à une balle. A froid ça ira mieux, et quand on regarde le podium avec Franziska (Preuss), Elvira (Oeberg) et Justine (Braisaz-Bouchet) c'est un super beau podium. J'ai presque envie de dire que je suis à ma place avec cette course-là. Je n'ai pas trop de regrets parce que j'ai quasiment fait le mieux que je pouvais faire. Donc c'est ma place pour cette course là."
"Ces mondiaux sont à l'image de mon début de saison", la frustration de Julia Simon après sa poursuite manquée"Une très mauvaise course, je ne sais pas s'il y a beaucoup d'explications mais je suis passée à côté de mon tir. C'était difficile mentalement. Je sens qu'il me manque cette détermination que je peux retrouver en relais. Ces mondiaux sont à l'image de mon début de saison je pense. C'est pas mauvais, mais c'est pas bon non plus et c'est loin de mes espérances. Cette course fait un peu mal à la tête aujourd'hui mais je vais essayer de prendre les choses positives et partir sur la deuxième semaine avec beaucoup d'envie. Je ne suis pas gênée par la suite de ma chute (mercredi sur le relais mixte), c'est vraiment moi il me manque vraiment de l'exigence derrière la carabine." Sur Franziska Preuss : "Il faut qu'elle profite ! Quand tout se déroule comme ça c'est génial, c'est une super récompense pour elle vu le début de saison qu'elle fait. C'est impressionnant et elle gère ses courses de manière très intelligente. Quand on est comme ça, dans une saison où tout déroule on ne se rend pas compte qu'on est dans le flow. Ca peut paraitre simple mais il faut vraiment profiter parce que c'est hyper dur à mettre en place. Ce qu'elle connait en ce moment je l'ai vécu il y a deux ans et c'est vraiment très agréable comme sentiment. Les deux Françaises terminent à la 12e et 13e place.
Öberg prend l'argent devant la Française Justine Braisaz-Bouchet. Lou Jeanmonnot termine au pied du podium avec la quatrième place.
Braisaz-Bouchet manque une balle et est contrainte de faire un tour de pénalité. Haecki-Gross ne se manque pas et ressort en tête avec 4" d'avance sur Preuss.
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