Situé rive gauche de la Seine, à trois kilomètres de la maison d’Arrêt de Rouen, le stand de tir du Madrillet se trouve sur la commune de Grand-Quevilly auprès de la route d’Elbeuf.
Le Havrais Léon Lioust sera le premier fusillé au stand du Madrillet, le 14 octobre 1941. Les suppliciés venaient de la prison de Bonne-Nouvelle ou de celle du Palais de Justice de Rouen et étaient transportés à bord de camions militaires.
On découvre par les dates des exécutions que la plupart de celles-ci concernent une personne à la fois mais qu’existent également des exécutions groupées. Les fusillés y furent enterrés aux débuts de l’Occupation dans des sépultures anonymes affectées d’un numéro.
Ces numéros permirent d’identifier les corps après la Libération et de les restituer aux familles concernées.
Le stand du Madrillet est devenu, dès la Libération, un lieu de Mémoire comportant 76 plaques individuelles portant chacune le nom du fusillé et sa date d’exécution. Ces plaques de marbre sont placées dans l’ordre chronologique de 1940 à 1944 et de gauche à droite.
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Au centre du mémorial, la statue d’un patriote aux mains liées, les poings serrés, fièrement adossé à son poteau d’exécution juste avant la salve.
Le carré situé derrière cette statue centrale renferme depuis le 4 août 1960, vingt dépouilles de fusillés dont les corps n’ont, pour des raisons diverses, pas été demandées par leur famille jusqu’en 1960.
On retrouve les quatre fusillés de la Maison Hantée auxquels s’ajoutent quinze fusillés exhumés du cimetière Saint Sever le jour du 4 août 1960. Ainsi, le stand du Madrillet, lieu de mémoire, n’a pris un caractère proprement funéraire que depuis les années soixante.
Au fond de ce carré situé derrière la statue sont alignées côte à côte vingt plaques indiquant le nom du fusillé, sa date d’exécution et la mention Mort pour la France. La vingtième plaque de fusillé est celle d’Auguste Jean qui a été fusillé au Mont-Valérien.
Le nom des fusillés dont les corps reposent au Stand du Madrillet sont suivis, ci-dessous, de la mention STM.
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Né le 16 avril 1896 à Bézancourt près de Gournay (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), René Longé fut fusillé le 30 janvier 1942 au champ de tir du Madrillet, Grand-Quevilly. Il était instituteur, militant communiste et syndicaliste de Seine-Inférieure (Seine-Maritime), et résistant du Front national pour la liberté.
Fils d’un couple de boulangers, René Longé, 1m70, cheveux, yeux gris, selon sa fiche matricule militaire, travaillait comme clerc d’huissier à Bézancourt, lorsqu’il fut ajourné par la commission militaire de réforme de Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) le 13 juin 1917.
Après avoir suivi les cours de l’École normale d’instituteurs de Rouen, il fut nommé instituteur adjoint à l’école Géricault, probablement en juillet 1924. Il eut notamment pour élèves des fils d’ouvriers qui lui manifestèrent une véritable affection. Il était pour tous « Papa Longé ».
Membre du Parti communiste, il rejoignit par conviction le Syndicat de l’enseignement laïque de Seine-Inférieure affilié à la CGTU, qui comptait 17 membres en 1925, et ne pesait guère face aux 600 adhérents du Syndicat national des instituteurs (CGT). Dès 1925, il prit en charge la trésorerie du bureau dont le secrétaire était Roger Poujol et le secrétaire adjoint Albert Costentin.
Le trio, réélu presque tous les ans, représentait 60 adhérents, qui rejoignirent les 2000 du SNI unifié en 1935. Reconnu par ses pairs pour son impartialité et ses qualités de gestionnaire, René longé siégea jusqu’en 1939 au conseil syndical de la section de Seine-Inférieure.
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Ami d’André Pican, de Roger Poujol et de Suzanne Costentin, enseignants comme lui, il participa à la reconstitution du PCF clandestin, et assura la responsabilité de la collecte des fonds pour le soutien des familles des emprisonnés.
Cette date d’arrestation indique que Longé père et fils furent touchés par la rafle des 21 et 22 octobre 1941 dans laquelle plus de 150 communistes « notoires » de Seine-Inférieure furent arrêtés et emprisonnés. Ce coup de filet, soigneusement organisé par la police française dans le département, était une riposte à l’entrée du Parti communiste dans la lutte armée et les sabotages… depuis août 1941.
L’instituteur René Longé fut arrêté, jugé et exécuté les mêmes jours que quatre militants de la vallée du Cailly (ND-de-Bondeville et Maromme) : Henri Billaux, Fernand Dubuc, Charles Tierce et Raymond Duflo.
Jugé le 20 janvier 1942, René Longé fit preuve d’un courage exemplaire, songeant surtout à sauver son fils.
René Longé s’était marié avec Andrée Ybert, le 11 septembre 1920 à Rouen où le couple habitait 29, rue Coignebert en 1923, puis 21, rue Saint Nicaise à partir de 1926.
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