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Le stand de tir des Charmettes, situé dans un quartier paisible et rural de Chambéry, est un lieu chargé d'histoire, marqué par la tragédie de la Seconde Guerre mondiale.

Un Lieu de Paix Transformé en Scène de Crime

Ce quartier paisible et rural n’est pas seulement le havre de paix dans lequel Rousseau dit avoir passé « les plus belles heures » de sa vie. Les soldats allemands montent régulièrement s’entraîner au stand de tir qu’ils ont réquisitionné. Ce jour-là, les fusils servent à tuer. Le 21 août 1944, 18 prisonniers, en majorité juifs, y sont exécutés par les forces allemandes.

Tôt le matin, les 18 prisonniers choisis, en majorité juifs, traversent la cour de la caserne encadrés par la Gestapo. Le plus jeune, Roland Gordon, a 15 ans. Il a été arrêté la semaine précédente à Aix-les-Bains où il croyait vivre à l’abri après avoir quitté Paris. Tous sont embarqués dans un camion bâché et prennent la direction de Challes-les-Eaux avant de faire demi-tour en direction des Charmettes.

Marié et père d’un garçon de 12 ans, Ernest Grangeat, cultivateur au Biollay, quartier limitrophe de Cognin, est soupçonné de dissimuler des armes dans les dépendances de sa ferme et d’approvisionner les maquis environnants. Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1944, la ferme d’Ernest Grangeat est cernée par la troupe et investie par les séides de la Gestapo. Sommé de livrer des noms et des adresses, l’homme demeure obstinément muet.

Les 18 hommes sont abattus sur place. Charles Whirtheimer sent son père tomber. Il est lui-même touché par cinq balles et tiré par les pieds près des cadavres.

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«Autour de moi, tout près, à mes côtés, râlent des moribonds et claquent les coups qui les achèvent… Un à un, les fusillés sont traînés par les pieds au-devant de la butte. » C’est le récit d’un miraculé. Charles Wirtheimer, jeune médecin juif belge, est le seul à pouvoir témoigner. Sauvé par le corps de son père mort sous les balles allemandes.

Puis le camion repart, les bourreaux ont oublié les pelles pour enterrer les corps. Le jeune médecin profite de leur absence pour s’enfuir malgré ses graves blessures. Il aura la vie sauve grâce à Andrée Faury. Elle n’a alors que 12 ans et garde les bêtes du troupeau familial quand elle entend les coups de feu puis comprend qu’il s’agit d’une exécution. Elle attendra 2008 avant de témoigner. « Un homme à terre a bougé la tête. Je me suis approchée et je l’ai aidé à se relever. Je lui ai donné mon mouchoir pour panser ses blessures et je l’ai accompagné vers des vignes pour qu’il se mette à l’abri. »

Dans la précipitation, les nazis n’ont pas vérifié si les 18 détenus choisis le matin même avaient tous succombé sous les balles.

Les Conséquences et la Libération

Le 22 août 44, la journée est terrible pour le Dr Buisson, médecin légiste, Jean Claraz, de l’Armée secrète et le photographe Henry, chargé de photographier chaque corps avant sa mise en bière. Les images sont accablantes. Comme autant de preuves d’un acte de barbarie précédant la débâcle.

Ce 21 août 1944, l’espoir est revenu à Chambéry. On se tient informé de l’avancée des alliés débarqués il y a six jours sur les plages de Provence. « Ici, les Allemands s’agitaient beaucoup. On sentait qu’ils préparaient leur départ », se souvient Louis Pétraz.

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Chambéry est libérée, la population soulagée, la liesse viendra plus tard.

Commémorations et Souvenir

Les cérémonies Il y a maintenant 70 ans Chambéry retrouvait sa liberté ! La Ville de Chambéry, en partenariat avec la Préfecture de Savoie et des associations locales a souhaité célébrer ce moment historique. Plusieurs temps forts ont ainsi rythmée cette journée anniversaire du 22 août 2014 : cérémonie à l’Hôtel de Ville de la Motte-Servolex, commémorations au Monument aux Morts du Clos Savoiroux, commémorations au Monument de la Résistance, commémorations au Monument du stand de tir des Charmettes.

Arrivée des troupes américaines à Chambéry Chambéry - vendredi 22 août 2014Place du Château, l’association des Amis du Vieux Chambéry et l’association La Manivelle (voitures de collection) ont proposé une évocation historique de l’arrivée des troupes américaines à Chambéry, avec un rassemblement de véhicules anciens (plusieurs Tractions des années 40, Jeep Us, Ford A de 1930…) et de figurants en costumes d’époque, à pieds ou à vélo.

Ironie du Sort

C’est le temps des héros et des salauds. Ironie de l’histoire, ce même quartier des Charmettes deviendra tristement célèbre avec Paul Touvier. À quelques centaines de mètres du stand de tir se trouve alors la maison familiale du chef de la milice lyonnaise (aujourd’hui disparue). Elle lui servira un temps de cache lors de sa longue traque après guerre.

Soixante ans plus tard, on peine à imaginer la tension qui régnait dans la capitale savoyarde. L’ancienne caserne Curial est devenue le quartier de la culture et des loisirs, entre la médiathèque, l’Espace Malraux, les boites de nuit et les bars fréquentés par les jeunes. Seule une plaque rappelle les heures sombres où les victimes de rafles et de dénonciations s’entassaient dans les cellules.

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Le récit et les témoignages de cette journée sont tirés de “Chambéry 1944”, de Jean-Olivier Viout (Éditions La fontaine de Siloé).

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