Les habitants de la zone pavillonnaire expriment une vive inquiétude concernant le projet d’implantation d’un centre de tir à environ 300 mètres de leurs habitations. Pascal Kerbellec-Turmel, propriétaire habitant la commune de Saint-Benoît-d’Hébertot (Calvados), a lancé une pétition pour faire entendre leurs préoccupations.
En cause, le devenir d’un terrain situé à Beuzeville (Eure), limitrophe de Saint-Benoît d’Hébertot. Pascal Kerbellec-Turmel a appris que ce terrain avait été acheté par « un centre de tir venant du Havre (Seine-Maritime) », le Centre de Tir Sportif de la Porte Océane (CTSPO).
La circulation sur l’autoroute A13 impose déjà un bruit de fond aux habitants du lieu-dit de La Gohaigne, à Saint-Benoît-d’Hébertot (Calvados). Mais il est régulier, rien à voir avec les tirs d’arme à feu que les riverains craignent d’entendre un jour.
L’inquiétude naît du fait que les maisons les plus proches se trouvent à environ 250 mètres du lieu. Pascal Kerbellec-Turmel, infirmier, souligne qu’il ne supporterait pas d‘entendre des tirs, surtout lorsqu’il effectue des gardes de nuit et dort la journée, avec la fenêtre ouverte quand il fait chaud. De plus, les riverains craignent une augmentation de la circulation et s'interrogent sur l'impact sur les animaux à proximité.
Plusieurs préoccupations majeures ont été soulevées :
Lire aussi: Stands de Tir : Guide Complet
Pascal Kerbellec-Turmel pointe l’absence de déclaration des travaux menés ou à venir. Le maire de Beuzeville confirme qu’aucun dossier n’a été déposé et que les travaux effectués étaient des travaux de débroussaillage autorisés. Il reconnaît que la création d’un stand de tir n’est pas exclue « si le PLUi change un jour, mais il vient d’être changé, donc je ne vois pas comment ».
Le CTSPO explique qu’il recherche un lieu et qu’en attendant, il a besoin d’un pied-à-terre. Ils affirment que le terrain agricole est nettoyé avec l’aide des adhérents, en attendant de voir ce qu’ils en feront.
Pour valider un pas de tir, « il faut des études de son et des études de sécurité, l’aval du référent FFTir de la préfecture et de la Fédération Française de tir ». La préfecture ajoute que cela nécessite l’accord du maire. Joël Colson a rassuré les habitants en écrivant à la préfecture qu’il émettrait un avis défavorable en l’absence d’éléments plus précis sur le projet.
Le CTSPO précise qu’il est aussi une association de tir à l’arc et que ses adhérents pratiquent aussi « le tir au plomb », soit avec des armes à air comprimé de catégorie C ou D. Or, en France, seul le tir avec une arme de catégorie B est vraiment interdit en dehors des installations agréées.
La question des dizaines d’arbres coupés sur le terrain demeure. Était-ce légal ? Pour le CTSPO, il peut faire ce qu’il veut sur son terrain, justifiant que « c’étaient des arbres couchés et morts ». L’Office français de la biodiversité est venu sur le site constater les travaux, accompagné par des gendarmes, et doit émettre un rapport sur ce point.
Lire aussi: Saveuse : Un lieu de mémoire
Le secrétaire adjoint du CTSPO invite les habitants ayant des questions à contacter le bureau de l’association. Il affirme que le terrain de Beuzeville est un « pied-à-terre » en attendant de trouver un endroit où s’installer.
Trouver un nouveau lieu d’entraînement ne va pas être une mince affaire. Rodolphe Grillon, secrétaire adjoint du club, affirme : « On a déjà une position délicate étant donné notre activité, souvent mal perçue, alors que c’est hyper structuré et contrôlé. » Il est devenu très difficile d’ouvrir de nouveaux stands de tir, notamment avec la réduction des terrains constructibles isolés.
Fondé en 1990, le centre de tir aurait été créé à l’origine pour les besoins des forces de l’ordre. En 2021, la mairie du Havre décide d’expulser le CTSPO dans le cadre de la réhabilitation et de la revalorisation du plateau de Dollemard. Le 21 octobre 2022, un jugement fixe à 21 360 euros le montant de l’indemnité de transfert d’activité.
Le CTSPO lance un appel : « On cherche un lieu d’accueil pour pouvoir effectuer notre loisir tranquillement et sereinement. Si quelqu’un est prêt à nous accueillir sur un terrain, dans un bâtiment ou un hangar, dans le Calvados ou l’Eure, nous aimerions en discuter. »
Depuis décembre, des riverains craignent l'installation d'un lieu de tir à 250 m de chez eux. Toujours sans autorisation, les travaux semblent achevés. En décembre 2024, les habitants du lieu-dit La Gohaigne, à Saint-Benoît-d’Hébertot (Calvados), assistaient à des coupes d’arbres sur un terrain à environ 300 mètres de leurs maisons, par le Centre de tir sportif de la Porte Océane (CTSPO). Des membres de l’association leur confirmaient sur place leur intention d’aménager un lieu de tir.
Lire aussi: Tout savoir sur le Tir à la Carabine
Décidant de ne pas rester impuissants, les riverains redoutant les nuisances alertaient les autorités sur ces travaux effectués sans déclaration préalable : la préfecture de l’Eure et la mairie de Beuzeville, commune sur laquelle se trouve le terrain en bordure de l’A13.
Or depuis, l’association de tir a réalisé d’impressionnantes modifications, en toute impunité. Même si, comme elle l’affirme, elle veut dédier le terrain au tir à l’arc, une autorisation aurait dû être demandée.
Pendant l'absence de Pascal Kerbellec-Turmel, ses voisins lui ont envoyé des nouvelles alarmantes : des fossés de plusieurs mètres ont été creusés, des ravins entiers, et des tonnes de terre ont été ramenées. « Nous avons simplement évacué des arbres morts et des souches », se défend le secrétaire de la CTSPO.
Sur les champs de tir en extérieur, les buttes font partie des éléments de sécurisation qui servent à stopper les projectiles. Si un champ de tir est achevé, « on risque d’être ennuyés. Cela va ramener de la circulation quand il y aura des compétitions. Nos petites routes ne sont pas faites pour ça, il y a des enfants, cela fera du bruit… »
Richard Grillon, le secrétaire du Centre de tir sportif de la Porte Océane, dénonce une « chasse aux sorcières » et explique : « Nous avons simplement évacué des arbres morts et leurs souches, puis fait des talus. Les arbres étaient morts, couchés et trop près les uns des autres. »
L’association prétendant vouloir faire du tir à l’arc, des buttes sont-elles aussi nécessaires pour cette discipline ? « Même pour du tir à l’arc il faut des talus de terre pour se protéger des flèches. Pas du tir à l’arc sur cible ronde, mais du tir à l’arc 3D. Et si demain, on veut faire du tir au plomb, on est obligés de faire des talus. Mais pour l’instant le talus est là car il n’y a rien de fait », se corrige finalement le secrétaire. « Pour évacuer les souches, il fallait creuser. »
Intervenu dans ce dossier, le sous-préfet Philippe Fournier-Montgieux accorde le bénéfice du doute à l’association « qui veut créer un terrain de tir à l’arc et à l’arbalète. Ils ont plaidé la bonne foi. »
Le maire de Beuzeville, Joël Colson, a menacé le CTSPO d’en publier un si les travaux ne cessaient pas. Pour ces travaux, le CTSPO n’a déposé aucune déclaration préalable en mairie.
D'après l'article R*421-23 du Code de l'urbanisme, doivent être précédés d'une déclaration préalable les travaux suivants :
Si une déclaration préalable est déposée, elle devra être examinée, notamment au regard de « la protection de l’environnement », et pourra être validée ou non. « Le point d’entrée est la mairie qui instruit et sollicite l’avis de la préfecture, de la Dréal et des autorisations particulières », éclaire le sous-préfet Philippe Fournier-Montgieux.
Face à l’abattage d’arbres massif, une étude d’impact sur la faune et la flore aurait sans doute été requise, mais une grande partie des arbres a disparu, emportée par des camions. L’Office Français de la Biodiversité (OFB), la police de l’environnement, est quand même venu sur place.
Le sous-préfet rappelle que le site est classé zone agricole au PLUi, et même « espace boisé classé » sur le nouveau PLUi actif depuis le 1er janvier 2025. Dans un cas comme dans l’autre, « tous les travaux de déboisement sont totalement interdits. Et ils ne peuvent pas être menés sans autorisation.
Le tout premier club de la région a été créé en septembre à Beuzeville dans l'Eure. Aussi appelé "pétanque du Nord", le javelot tir sur cible a été créé il y a 700 ans dans les Hauts-de-France, où sa pratique se cantonnait majoritairement jusqu'alors. En septembre, le premier club normand a été créé à Beuzeville dans l'Eure.
"Ce sport est apparu vers le XIIe siècle et s'est développé pendant la Guerre de Cent ans, raconte Kévin Cornet, triple champion de France de javelot tir sur cible, et fondateur du "Beuzeville Javelot Club". Pendant cette guerre contre les Anglais, les rois de France ont interdit tous les jeux sauf les guerriers, dont fait partie le javelot. À l'inverse, au début du XIXe siècle, il est le seul sport guerrier à ne pas avoir été interdit par Napoléon."
tags: #stand #de #tir #beuzeville #information