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L'Aisne, terre marquée par l'histoire, fut le théâtre de nombreux actes de résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Des groupes se sont formés, des actions ont été menées, et des vies ont été sacrifiées pour la liberté. Cet article explore quelques aspects de cette histoire, notamment à travers le récit du groupe "Liberté" et les événements tragiques qui se sont déroulés au stand de tir de Saint-Quentin.

La Mémoire des Fusillés du Groupe « Liberté »

À Neufchâtel-sur-Aisne, un monument en pierre grise honore la mémoire de seize membres du groupe « Liberté » du secteur de Neufchâtel-sur-Aisne, affilié à Ceux de la Résistance (CDLR) : huit fusillés, sept morts en déportation, et un mort en mission. Le monument fut érigé en 1947 grâce à une souscription publique à l’initiative du Comité du souvenir.

L’histoire de ce groupe nous est principalement connue par le récit qu’en fit son secrétaire, Guy Chatenet, recueilli par Pol Charpentier. Après l’exode, la famille Charpentier revint en août 1940 à Neufchâtel, situé sur la ligne de démarcation de la zone interdite.

Les Actions du Groupe "Liberté"

La récupération des armes et munitions commença, entreposées dans différents dépôts. En même temps, une aide fut apportée à ceux qui voulaient traverser la ligne, réfugiés et prisonniers de guerre, avec organisation d’un trafic de cartes d’identité. Maurice Mathieu et Henri Charpentier, cousins, furent particulièrement actifs.

En août 1943, le groupe fut reconnu et prit le nom de «Liberté». Paul Gillant, boulanger, en fut le chef, Maurice Mathieu son lieutenant. Les liaisons avec la résistance rémoise furent établies. Fin août, ordre fut donné au groupe d’interrompre le trafic sur le canal latéral à l’Aisne. Le canal fut à nouveau saboté dans la nuit du 4 au 5 novembre. Dans la nuit du 9 au 10 novembre, Maurice Mathieu fit éclater un obus de 75 qui ouvrit une cuve d’alcool de la distillerie de Guignicourt, dont le contenu devait partir en Allemagne. Le 13, il récidiva avec Henri Charpentier et Paul Gillant, endommageant les locomotives et le matériel ferroviaire du dépôt de Guignicourt. Dans la nuit du 23 au 24 novembre, le groupe aida des résistants de Reims dans un coup de main effectué à Neufchâtel, destiné à récupérer des titres d’alimentation et des bons de ravitaillement. Un peu plus tard, dans la nuit du 4 au 5 décembre, la ligne Reims-Laon fut coupée à la hauteur d’Aguilcourt. Le 21 décembre, deux obus de 155 montés sur un radeau furent amenés à la hauteur des deux siphons qui permettent à La Retourne de passer sous le canal.

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Le groupe se renforça progressivement. Au 15 novembre, il comptait vingt-sept membres immatriculés, répartis en trois groupes : une section active, une section de soutien, et une section de réserve. Il était approvisionné en matériel par Reims. En outre, un groupe adjoint avait été créé à Évergnicourt.

Arrestations, Déportations et Exécutions

Son chef, Paul Gillant, fut arrêté par la Sipo-SD le 19 février 1944 au matin, et conduit à Saint-Quentin. Le même jour, à 15 h. 45, Maurice Mathieu fut tué par l’éclatement d’un obus de 75 qui explosa accidentellement alors qu’il le manipulait, à quelques pas de son cousin Henri Charpentier. Le 24 février, une trentaine de soldats allemands et la Sipo-SP arrêtèrent les vingt-quatre membres du groupe présents dans le village. Vers onze heures, deux camions partirent vers Saint-Quentin. Le 30 mars, neuf hommes furent transférés au camp de Royalieu et furent déportés par la suite.

La majorité des déportés le furent par le convoi (I.206) parti de Compiègne dans la matinée du 27 avril 1944. Dirigé vers Auschwitz, il arriva le 30 avril au soir. Deux déportés sur les neuf revinrent : Albert Charpentier et André Mathieu.

Huit autres résistants furent condamnés à mort le 7 avril par le tribunal militaire allemand FK 602 de Saint-Quentin « pour actes de franc-tireur, attentats et sabotages de voies ferrées ». Tous furent fusillés le 8 avril dans le stand de tir de Saint-Quentin au lieu-dit La Sentinelle, à la sortie de la ville.

Au début du mois de mai, les familles furent autorisées à transférer les corps des exécutés dans leur commune d’origine. Les exhumations eurent lieu les 5 et 12 mai. Sur ordre des autorités allemandes, l’inhumation eut lieu de nuit, les gendarmes bloquant les rues.

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Le Stand de Tir de Saint-Quentin : Un Lieu Chargé d'Histoire

C’est en 1875 que la Ville de Saint-Quentin a fait construire un Stand Municipal de Tir à l’emplacement actuel du Stand Jean Debreux. Le 17 août 1876, la Municipalité de Saint-Quentin décide de fonder une société de tir et de préparation militaire qui prend le titre de “Société Saint-Quentin de Tir”, à qui elle confie son Stand Municipal. En 1924, le Tir de Saint-Quentin et la Municipalité de Saint-Quentin acceptent que le Stand Municipal de Tir soit transformé en Stand National de Tir. En 1931, la société prend le nom des Carabiniers Saint-Quentinois pour assurer la gestion du stand, elle est reconnue d’utilité publique depuis 1974. Ses buts statutaires sont le développement du tir sportif.

La Résistance dans le Soissonnais

Dans les semaines qui suivent, aux nombreuses armes qui parsèment le champ de bataille se mêlent les tombes des combattants morts. L’un des premiers groupes de résistants de Soissons est sans doute celui créé en septembre 1940 par Daniel Douay, transporteur à Soissons, qui sera reconnu comme faisant partie du réseau « La Vérité Française » à partir de juillet 1941.

Le Réseau « Vérité Française »

Dès la création du groupe de Soissons, Daniel Douay s’entoure d’hommes sûrs, comme le capitaine de gendarmerie Henri-Clotaire Descamps. Celui-ci, après avoir combattu en mai-juin 1940 au sein de l’armée française, avait été affecté au poste de commandant de la section de gendarmerie de Soissons et avait convaincu d’autres gendarmes de suivre la même voie, à l’image du maréchal des logis chef Gaston Baudry, commandant la brigade de gendarmerie de Braine, qui récupère de nombreuses armes de toutes natures sur l’ancien champ de bataille des combats de juin 1940 afin de constituer des dépôts clandestins en vue de la Libération.

Malheureusement, en août 1941, le réseau « Vérité française », qui est en lien avec le réseau du Musée de l’Homme, est infiltré par un agent belge de la Geheime Feldpolizei, Jacques Desoubrie. Le 25 novembre 1941 principalement, puis dans les mois qui suivront, tous les membres du réseau seront arrêtés par la Feldgendarmerie pour « aide à l’ennemi et espionnage », dont Henri-Clotaire Descamps, qui est blessé par balles alors qu’il tentait de s’échapper. Condamnés à mort le 30 mai 1942 par le tribunal militaire du Gross Paris, Daniel Douay, Emile Louys et Jean Vogel sont fusillés au stand de tir de Balard à Paris le 27 octobre 1942 aux côtés de trois autres membres parisiens du réseau.

Autres Formes de Résistance

Outre le réseau « Vérité française », d’autres groupes de résistance se développent également dans le Soissonnais, multipliant les actes de résistance. Cela passe par la pose d’affiches de propagande anti-allemande, des sabotages discrets ou des actions plus risquées, en groupe, ou isolées.

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Ainsi, Jeanne Jauquet, assistante sociale au dispensaire de Soissons, infirmière, fait modifier la malle-arrière de sa voiture pour permettre à des prisonniers de s'y cacher le temps de franchir la ligne interdite de l'Ailette. Dans le secteur de Vic-sur-Aisne, Gabriel Cochet et André Bataillard, constituent dès 1940 un petit groupe de résistants également, qui intègre l’Armée des Volontaires (A.V.) puis constitueront le secteur 138 de l’Organisation Civile et Militaire (O.C.M.).

La Résistance et les Juifs

Mais si les résistants sont les victimes de la répression allemande, les victimes de l’idéologie nazie sont aussi les juifs, Français ou d’origine étrangère. Face à la persécution de la communauté juive, des hommes et des femmes se mobilisent, comme Suzanne Richier, institutrice, résistante de Libé-Nord, qui organise avec d’autres enseignants, le placement d’enfants juifs dans des familles du Loiret, de Normandie et de la Marne.

Les Plans de Mobilisation et la Libération

Afin d’entraver au maximum le déploiement des réserves opérationnelles allemandes vers la Normandie où doit avoir lieu le débarquement, différents plans de mobilisation furent élaborés par le « Bloc Planning » du Bureau de Renseignement et d’Action de Londres. Le 5 juin 1944, dès que la décision de lancer le débarquement le lendemain aux premières heures du jour est prise, 210 messages codés sont transmis à la résistance française sur les ondes de la B.B.C.

Dans l’Aisne, dès l’annonce des messages de la B.B.C., les équipes de sabotages se mettent immédiatement à pied d’œuvre, neutralisant de nombreuses lignes téléphoniques et voies de chemin de fer selon les plans Vert et Violet. En application du plan Tortue, de nombreux crève-pneus sont aussi répandus en de nombreux points des principales routes du département. Tous les moyens sont bons pour ralentir l’acheminement des troupes allemandes vers la Normandie, mais tandis que beaucoup de résistants tentent de prendre le maquis, la répression allemande se durcit.

Le 151e Régiment d'Infanterie et le Stand de Tir de Verdun

Le 151e régiment d’infanterie fut créé par l’empereur Napoléon 1er le 2 janvier 1813. En 1916, il occupe le Mort-Homme et y gagne sa quatrième inscription « VERDUN 1916 » et sa devise : Verdun, on ne passe pas.

Après le traité de Versailles, l’occupant prussien quitte Verdun en septembre 1873. Le régiment d’infanterie territoriale de la ville crée en 1877 : « La société de tir et de préparation militaire de Verdun » destinée à former la jeunesse au tir. Le stand actuel est construit au début des années 1970 par des bénévoles sous la conduite d’un capitaine de gendarmerie, après l’achat du terrain par l’association. Il est situé au bout de la zone industrielle de Tavannes.

Tableau Récapitulatif des Membres du Groupe "Liberté"

Catégorie Nombre
Fusillés 8
Morts en Déportation 7
Mort en Mission 1
Total Membres Honorés 16

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