Bonjour à tous, voici notre premier dossier historique. Il n'y a pas longtemps, j'ai regardé un film génial nommé Stalingrad (Enemy at the Gates), réalisé par Jean-Jacques Annaud, qui a réveillé ma passion pour les tireurs d'élite et m'a donné envie de faire des petites recherches sur le sujet.
Stalingrad, septembre 1942. L'avancée allemande en Europe semble impossible à stopper. Pour le monde entier, Stalingrad représente l’ultime bastion à défendre. 1942 : les troupes soviétiques ont reçu pour mission de défendre la ville de Stalingrad.
Forte de ses récents succès sur quasiment tous les théâtres d’opération, l’Allemagne fait subitement volte-face contre l’Union Soviétique, transgressant le pacte germano-soviétique (traité de non-agression mutuel signé en 1939). L’ancienne alliée de circonstances est donc attaquée le 22 juin 1941. Quelques 3 millions et demi de soldats, dans le cadre de « l’Opération Barbarossa », partent à l’assaut des contrées d’Europe de l’Est. La conquête est aussi violente que foudroyante. Les soviétiques perdent des millions de soldats.
En cette fin d’année 1941, il faudrait un miracle pour sauver l’URSS… et celui-ci va effectivement se produire. L’État-major allemand est contraint de faire un choix stratégique pour briser durablement les défenses ennemies. Il envisage de concentrer toutes les forces disponibles pour attaquer la capitale économique et politique, Moscou. Pourtant le führer, comme à son habitude, vient contredire l’avis de ses généraux. Autoproclamé général en chef, il donne l’ordre de prendre la ville industrielle de Stalingrad sur la Volga … Son objectif : se frayer un chemin jusqu’aux champs pétrolifères du Caucase.
Stalingrad est alors la première ville industrielle de l'URSS. Elle compte 600 000 habitants, se trouve au centre d'un dense réseau de voies ferrées, et regroupe d'immenses usines. Le plan des allemands consiste à y enfermer les troupes soviétiques par une manœuvre d’encerclement. La VIème Armée est leur fer de lance lors de l’offensive sur la ville. Elle est commandée par le général Friedrich Paulus (un ancien officier d’état-major). Côté soviétique, la ville est défendue par la 62eme Armée du général Vassili Tchouikov, un officier intuitif. Rapidement, la ville est transformée en un amas de gravats.
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Durant le second conflit mondial, un type de soldat particulier fût exploité lors des batailles et opérations qui opposèrent l'Armée rouge et la Wehrmacht sur le Front de l'Est. En effet, ils pouvaient tuer plusieurs officiers et soldats sans se faire repérer. Ils influençaient également beaucoup sur le moral des troupes ennemies ainsi que des Alliés. Dans ce champ de ruines fumantes, les tireurs d'élite sont en première ligne.
L'armée soviétique comptait 2000 femmes tireurs d'élite comme Ludmila Mikhaïlovna Pavlitchenkova (1916-1974), certainement la plus célèbre d'entre-elles avec ses 309 victimes homologués. Enfin, comment ne pas parler du binôme féminin composé de Natalia Venediktovna Kovchova (1920-1942) et Maria Semionovna Polinovna (1922-1942) qui obtinrent à eux deux près de 300 victoires. Elles connurent une fin tragique le 12 août 1942, dans la région de Novgorod. Engagées dans un combat inégal contre des nazis, les deux jeunes femmes blessées furent prises en tenaille par l'ennemi.
Parmi les hommes, la liste est longue mais deux d'entre eux sortent du lot. Le premier est Vassili Grigorievitch Zaïtsev, le même Vassili interprété par Jude Law dans le film Stalingrad. Vassili Zaïtsev est né à Leleniskoï en 1915 dans une famille de paysans. Il a étudié dans une école de construction à Magnitogorsk puis intègre la marine soviétique en 1936 ou il se spécialise dans la gestion. Il fût affecté à la 284e division de fusilier de Sibérie puis devint sous-lieutenant de l'Armée rouge lorsqu'il traverse la Volga en 1942. Son commandant de régiment Metelev lui a offert son fusil, un Mosin-Nagant. Lors de la terrible bataille de Stalingrad, du 10 novembre au 17 décembre 1942, Vassili Zaïtsev abat 225 officiers et soldats allemands dont 11 tireurs d'élites. De retour sur le front, Zaïtsev finit la guerre sur le fleuve Dniestr au grade de capitaine. Puis, il rédige deux manuels sur sa spécialité qui est encore enseignée de nos jours. On estime à 28 le nombre de tireurs d'élite qu'il a entraînés. Zaïtsev est mort à l'âge de 76 ans à Kiev.
Le second est Simo Häyhä, surnommé Belaya Smert (Mort Blanche) par les Soviétiques. Il fût officiellement crédité de la mort de 505 soldats soviétiques, le chiffre non-officiel s'élève a 542 soldats tués sur le champ de bataille de Kollaa (7 décembre 1939 - 13 mars 1940). Son fusil était un M28, une variante finlandaise du Mosin-Nagant car l'arme convenait bien à son petit gabarit. Il mesurait 1 mètres 52. Ce tireur d'élite hors du commun n'était pas comme les autres. Il n'utilisait aucune lunette de tir pour différents choix tactiques. Cela pouvait agrandir sa silhouette et causer des problèmes avec la réflexion du soleil qui révélant évidemment sa position à l'ennemi. Étant donné que son terrain favori était la neige, Simo Häyhä avait quelques astuces comme compacter la neige devant lui afin que le tir n'agite pas la neige et révèle sa position. Les Russes tentèrent à plusieurs reprises différentes tactiques afin de le tuer, ou tout du moins le stopper (tireurs d'élite ou bombardement d'artillerie) mais sans jamais réussir à part déchirer sa veste grâce à un obus de fragmentation ! Le 6 mars 1940, Simo Häyhä pris une balle dans la mâchoire mais heureusement pour lui le projectile dévia à l'impact et quitta sa tête sans le tuer.
Une lutte à mort épouvantable s’engage pour le contrôle de la ville. Les lieux sont défendus âprement, presque désespérément par les soldats russes. On se bat rue par rue, pièce par pièce. Staline avait d’ailleurs lancé un avertissement aux civils et aux militaires en citant une vieille saillie de Lénine : « Ceux qui n’assistent pas l’Armée rouge par tous les moyens, et ne se conforment pas à son ordre et à sa discipline, sont des traitres et ils doivent être tués sans pitié». Ces mots ne resteront pas vains.
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Dans Stalingrad, des combats à mort sont menés pour récupérer les points stratégiques de la ville : l’Aérodrome, l’usine octobre rouge, l’usine de tracteurs, la gare centrale, la place rouge… Les soldats soviétiques font preuve d’une ténacité et d’une pugnacité incroyable. C’est la fameuse énergie du désespoir les anime. L'affrontement est acharné, les progressions se mesurent en mètres, chaque maison fait l'objet de corps à corps impitoyables.
Par ailleurs, après 5 mois de combats effroyables à Stalingrad, sur les 50 000 civils qui ne purent être évacués sur la rive orientale de la Volga, 10 000 d’entre eux sont encore vivants ; malgré la famine et la dureté des combats. En une semaine, le quartier de la gare change quinze fois de mains. La guérilla urbaine menée par les russes semble porter ses fruits. Ils tiennent bon.
L’Opération Uranus va définitivement faire pencher la balance en faveur des soviétiques. Le 19 novembre 1942, avec le concours notable de la 5eme Armée blindée, ils enclenchent un mouvement de tenaille, en attaquant sur les deux flancs de la Sixième Armée. Les deux pointes de l’attaque font la jonction à l’arrière de la ville, près de Kalach.
Le 10 janvier 1943: « L’Opération cercle » (ou « Koltso ») détruit définitivement tout espoir pour les forces de l’Axe. La bataille de Stalingrad annonce la mise à mort du 3eme Reich. Elle sonne le glas pour une armée qu’on croyait invincible. Les pertes humaines sont effroyables dans les deux camps. La victoire soviétique a un impact psychologique gigantesque.
Du côté des forces de l’Axe, le bilan n’est guère plus glorieux : ils laissent quelques 850.000 hommes (tués, ou blessés). D’autre part, 91.000 combattants sont faits prisonniers (dont 22 généraux et 1 maréchal)… seuls 5000 d’entre eux rentreront un jour en Allemagne.
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Une immense statue domine aujourd’hui les hauteurs de la ville, symbolisant cette victoire. C’est le monument de « l’appel de la mère patrie ». Une sculpture en béton de 52 mètres de haut. Un air de Verdun flotte sur cette colline qui fut un point hautement stratégique pour le contrôle de Stalingrad.
Voici un tableau récapitulatif des forces en présence et des pertes lors de la bataille de Stalingrad :
Forces | Effectifs initiaux | Pertes |
---|---|---|
Forces de l'Axe | Environ 1 million d'hommes | Environ 850 000 hommes (tués, blessés, prisonniers) |
Armée Rouge | Environ 1.1 million d'hommes | Plus d'un million d'hommes (tués, blessés, prisonniers) |
Civils | Environ 600 000 | Plus de 40 000 |
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