Le sujet du moment : les silencieux d’armes ! Un sujet qui fait souvent couler beaucoup d’encre.
Souvent appelés « silencieux » dans le langage courant, les modérateurs de son sont conçus pour réduire l’intensité du bruit au moment du tir. Loin d’offrir un silence absolu, ils atténuent la détonation et protègent ainsi l’audition du chasseur.
Dans ce guide, nous allons vous présenter les critères essentiels pour bien choisir votre modérateur de son. En tant que propriétaire d’armurerie depuis plus de 20 ans, je peux vous dire que c’est une question qui revient fréquemment.
Avant de parler de choix, il est crucial de comprendre le cadre légal. En France, la possession et l’utilisation d’armes sont strictement réglementées.
Les armes sont classées en différentes catégories : A, B, C et D. Chacune a ses propres règles. Par exemple, les armes de catégorie B nécessitent une autorisation préalable, tandis que celles de catégorie C sont soumises à déclaration. Le transport d’une arme avec son silencieux nécessite un motif légitime, comme la pratique sportive ou la chasse. L’ensemble doit être transporté dans un étui fermé et sécurisé.
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Avant toute chose, il est important de prendre connaissance du changement de législation qui a touché les réducteurs de son le 1er janvier 2018. Avant cette date, les modérateurs de son de son étaient classés car considérés comme des accessoires ou éléments d’arme soumis à autorisation ou enregistrement. Depuis, le législateur a modifié la loi pour les autoriser à la chasse dans un but de diminuer le risque sur la santé auditive des pratiquants.
L’achat d’un silencieux est maintenant soumis à présentation d’une pièce d’identité, d’une licence FFTir ou d’un permis de chasser.
Dans un second temps, il est nécessaire de tordre le cou aux idées reçues véhiculées principalement par le cinéma : un réducteur de son ne permet pas de tirer silencieusement.
Dans l’imaginaire collectif, un silencieux permet de faire feu en silence ou en ne percevant qu’un faible « Pew Pew ». Ce n’est pas le cas. Au départ d’un coup de feu, il y a en réalité plusieurs « bangs » de différentes intensités : celui de la percussion de l’amorce, de l’explosion de la poudre et des gaz et celui du projectile qui passe le mur du son en augmentant sa vitesse.
Pour réellement rendre un tir le plus silencieux possible, il serait nécessaire de n’utiliser que des munitions subsoniques (dont la vitesse initiale est inférieure à la vitesse du son de 350m/s) ce qui n’est quasiment jamais le cas en chasse ou au tir sportif.
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Ceci étant, la réduction du bruit n’est malgré tout pas négligeable car l’énergie acoustique et la perception de l’énergie acoustique ne suivent pas la même échelle. Par exemple, l’écart entre un son a 80dB et un à 85dB peut paraitre dérisoire à l’oreille alors qu’en réalité l’énergie acoustique a plus que doublée.
Celle-ci est exprimée en décibels. Le seuil de pénibilité pour l’oreille humaine sans protection est à 80 décibels et celui de la dangerosité à 120 décibels.
Le son perçu par le tireur d’un coup de feu sans atténuation est d’environ 130 à 160 décibels. Les réducteurs de son peuvent diminuer de 20 à 35 décibels environ le « bang ».
Donc dans le meilleur des cas, un réducteur de son diminue le bruit perçu pour le rendre moins dangereux (mais malgré tout pénible, un casque anti bruit est toujours optimale pur bien préserver l'audition) pour le tireur.
Ceci étant, ces mesures factuelles doivent être mises en perspective. Les tests effectués sont généralement réalisés à 1m de la bouche du canon en espace clos. L’utilisation réelle des modérateurs de son sera principalement en extérieur ou l’effet de blast (onde de choc) sera grandement diminuée.
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Afin d’atténuer le son, le réducteur de son « détourne » le flux des gaz d’explosion en le faisant passer par des chicanes internes. Pour qu’un maximum de gaz soient captés par ces chicanes, il ne faut pas qu’ils puissent fuirent par l’âme du réducteur (là où passe le projectile). Bien sur une étanchéité parfaite n’est pas possible mais si l’âme est au calibre du projectile, elle sera grandement optimisée.
Maintenant que nous avons couvert les bases légales, passons au choix proprement dit. La première étape est de s’assurer que le silencieux est compatible avec votre arme. Cela dépend du calibre, du filetage du canon et du type d’arme.
Ah, le choix d’un silencieux pour carabine ! Un sujet passionnant qui me tient particulièrement à cœur. En tant que spécialiste des armes, je vais vous guider à travers les méandres de cette décision cruciale. Croyez-moi, après des années passées derrière le comptoir de mon armurerie, j’ai vu défiler toutes sortes de chasseurs et de tireurs, chacun avec ses propres besoins.
Commençons par le b.a.-ba : le calibre de votre arme. C’est le critère numéro un pour choisir un silencieux. Chaque modèle est conçu pour un type de calibre spécifique. Imaginez-vous essayer de faire rentrer un carré dans un rond, ça ne marcherait pas, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est pareil ici. Un silencieux pour du .223 Remington ne conviendra pas à votre .308 Winchester.
Le premier critère est la correspondance entre le calibre nominal de votre canon et celui du modérateur. Il s’agit du diamètre intérieur maximal de l'âme du silencieux, exprimé en Pouces ou en Millimètre. Un modérateur conçu pour un calibre large (ex. .30, soit 7.62 mm) peut être utilisé sur des calibres plus petits (ex. 7x64), à condition que le filetage soit identique. Une légère perte de performance sera observée avec le calibre plus petit, car l’air dispose de plus d’espace pour s’échapper dans le silencieux.
En fonction du calibre, du profil du canon et de l’origine de l’arme, les pas de filetage des canons peuvent varier. Ce « pas de vis » présent au niveau de la bouche du canon doit être reproduit en négatif sur le réducteur de son afin de pouvoir se visser dessus.
Ensuite, parlons du filetage. C’est comme un mariage, il faut que ça matche ! Le pas de filetage de votre canon doit correspondre à celui du silencieux. On trouve généralement des filetages comme le M14x1, le M18x1 ou encore le 1/2-28 UNEF. Je me souviens d’un client qui avait acheté un superbe silencieux… mais impossible de le visser sur son arme. Quelle déception !
Certains modérateurs (par exemple, Hausken) utilisent un filetage standardisé (M18x1 ou M24x1), nécessitant parfois un adaptateur pour les filetages différents.
Pas de filetage fin (par exemple, M14x1) : Les filets sont plus serrés, ce qui signifie que le silencieux se visse plus lentement mais de manière plus stable.
Pas de filetage large (par exemple, 1/2x28) : Les fils sont plus espacés, ce qui permet de visser plus rapidement le silencieux, mais peut offrir un peu moins de précision en fonction de l'usage.
Utiliser un adaptateur : Si le filetage de votre arme n'est pas compatible avec celui du silencieux que vous souhaitez acheter, il existe des adaptateurs qui permettent de convertir un type de filetage en un autre.
Les silencieux varient en termes de performance et de matériaux utilisés.
Enfin, la capacité d’atténuation sonore. C’est là qu’on sépare le bon grain de l’ivraie. Elle s’exprime en décibels (dB) et indique l’efficacité du silencieux. En général, on cherche une réduction de 20 à 35 dB. Plus c’est élevé, mieux c’est. Mais attention, ne vous attendez pas à un tir complètement silencieux comme dans les films d’espionnage.
Les réducteurs de son sont soient en aluminium (ou alliage d’aluminium) ou en acier.
La grande différence entre ces 2 matières est le poids : un réducteur de son en aluminium pèse moins de 300g (voire beaucoup moins) là ou ceux en acier pèse plus de 300g (voir beaucoup plus).
La deuxième différence, qui impactera plus fortement les tireurs sportifs que les chasseurs, est la réaction de la matière à la chaleur. L’acier chauffe moins vite et moins fort que l’aluminium (toutes choses étant égales par ailleurs). Or, un réducteur de son qui chauffe est synonyme d’effet de mirage dans la lunette de tir.
Cet effet de mirage donne l’impression que la cible se « met à onduler » et amoindrie, de fait, la précision du tir. Cet effet apparait au bout de 3 coups tirés sur un réducteur de son en aluminium là où il faudra une salve de 10 coups environ pour un réducteur de son en acier.
Juste pour être complet, si l’acier met moins de temps à chauffer, il met aussi plus de temps à refroidir.
N’oubliez pas de prendre en compte la longueur et le poids du silencieux. Un silencieux trop long ou trop lourd peut affecter l’équilibre de votre arme.
Le poids du silencieux, c’est comme le poids de votre sac à dos en randonnée : plus c’est léger, mieux c’est pour la maniabilité. Mais attention, qui dit léger dit souvent moins efficace. C’est un équilibre à trouver. Les matériaux jouent un rôle crucial ici.
De la longueur et du diamètre du réducteur de son dépend le nombre de chicanes et la grosseur de celles-ci. Du nombre et de la taille de chicane dépend la réduction du bruit. Autrement dit, plus un frein de bouche est long et gros, plus il est efficace à atténuer le bruit. Mais plus il est long et gros et plus il est lourd. Le diamètre peut aussi impacter le système de visée.
Afin de conserver une certaine longueur tout en offrant un compromis sur le poids, certains réducteur de son sont manchonnables. Autrement dit, il recouvre également une partie du canon au niveau de la bouche. Rare sont les réducteurs de son qui utilisent cette partie supplémentaire pour l’atténuation du bruit (comme le ASE UTRA Radien par exemple).
Avantages : Permet de conserver les organes de visée et n'impose pas de contrainte particulière sur le diamètre du canon.
Avantages : Un meilleur équilibre en réduisant l’allongement global de l’arme (une partie du modérateur entoure le canon).
Inconvénients : Vous devez vérifier la compatibilité avec le diamètre du canon et reculer/retirer vos organes de visée.
Un frein de bouche n’a pas vocation à gérer le bruit du départ de coup mais il sert à diminuer le recul de l’arme à ce même moment. Pour cela, il utilise les gaz d’explosion en les projetant vers l’arrière ce qui propulse l’arme vers l’avant.
Les FdB comme les RdS utilisent les gaz d’explosion pour fonctionner. Il existe donc des modérateurs + frein de bouche comme l’A - TEC PRS mod. 3 qui offre à la fois la gestion du recul (diminution de 46%) et la modération du son (diminution de 28dB).
Il existe aussi des réducteurs de son qui se montent sur Frein de bouche comme le ASE UTRA SL7 BL. « BL » pour Bore lock qui est en fait le frein de bouche qui sera monté sur l’arme et prêt à recevoir le RdS « SL7 ».
Dans un tel cas, l’avantage est pour les personnes possédant une collection de plusieurs armes à silencer. Il ne sera nécessaire d’acheter qu’un bore lock par arme et un seul RdS qui sera monté indifféremment sur toutes les armes.
N’oubliez pas que le choix d’un silencieux dépend aussi de votre utilisation : chasse, tir sportif, tir de précision… Chaque discipline a ses spécificités.
Dans la traque, l’accent est mis sur la maniabilité et la rapidité de mise en joue. Les tirs se font à courte distance, en milieu encombré, et le chasseur doit pouvoir épauler son arme très rapidement sans être gêné par un modérateur de son trop long ou trop lourd. La priorité sera donc un modèle compact et relativement léger, sans nécessairement chercher l’atténuation sonore maximale.
Une fois que vous avez choisi votre silencieux, il est temps de passer à l’achat. L’achat doit se faire auprès d’un armurier agréé. La vente entre particuliers est encadrée et doit passer par un professionnel. Selon la catégorie de l’arme, vous devrez peut-être déclarer votre achat auprès des autorités. Votre armurier vous guidera dans cette démarche.
Depuis 2018, l’utilisation de silencieux est autorisée à la chasse en France. Une vraie révolution ! Mais attention, l’achat n’est pas aussi simple que d’aller chercher une baguette à la boulangerie. Vous devrez présenter une pièce d’identité, une licence de tir ou un permis de chasser.
Félicitations, vous avez choisi et acheté légalement votre silencieux ! Mais ce n’est pas fini. En premier lieu, n’oubliez jamais que même avec un silencieux, une arme reste dangereuse. Respectez toujours les règles de sécurité de base. Deuxièmement, sécurisez votre arme et ses accessoires à domicile. Pour l’entretien, nettoyez régulièrement votre silencieux selon les recommandations du fabricant. Un silencieux bien entretenu durera plus longtemps et restera efficace. N’oubliez pas que la législation peut évoluer. Restez informé des changements potentiels.
Un silencieux, c’est comme une voiture de collection : ça demande de l’amour et de l’attention. Un entretien régulier est nécessaire pour maintenir son efficacité et sa durabilité. N’hésitez pas à investir dans des accessoires comme des bagues de protection de filetage ou des housses de protection en néoprène.
Avec toutes ces informations, il ne vous reste plus qu’à faire votre choix concernant votre futur réducteur de son !
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