Lorsqu'un chasseur tire sur un gibier, il est impératif de contrôler le résultat de son tir, qu'il soit supposé blessé ou manqué. Ce contrôle est une action normale pour tout chasseur digne de ce nom, car il est la suite inévitable de l'action qui consiste à libérer un projectile destiné à tuer. Le chasseur de grand gibier qui prend ses responsabilités envers l'animal qu'il a blessé devrait être en mesure de juger les réactions ou indices trouvés et ainsi être à même de donner une suite logique et indispensable à son acte.
Le contrôle du résultat du tir s’effectue en trois étapes clés :
Il est très important d’observer la réaction du gibier lors du coup de feu où de la flèche, de repérer tout comportement anormal dans l’attitude de la bête : affaiblissement, plainte, ruade, dos voussé, saut en extension etc…, afin de déterminer le lieu de l’impact et éventuellement la gravité de la blessure. Toutefois, ce n’est pas parce que l’animal ne réagit pas qu’il n’a pas été blessé, en effet certains ne réagissent pas toujours au coup de feu (surtout le sanglier). Diverses réactions sont possibles : plainte, ruades, dos voûté, affaissement ou saut en extension, fuite anormalement rapide ou lente,… Plus généralement, tout comportement anormal au moment du tir ou immédiatement après celui-ci.
Après avoir pris soin de bien repérer cet emplacement, le tireur essaye d’y retrouver :
Attention: trouver trace de la balle ne veut pas forcément dire gibier manqué. Les indices de blessures sont tous les signes caractéristiques après le coup de feu vers le gibier, qui apporteront au conducteur la possibilité de juger la partie du corps atteinte, jugement de la plus haute importance pour la recherche. Ils nous renseignent sur la nature et la gravité de la blessure : une pincée de poils est souvent liée à une balle de ventre, des traces de purée verdâtre peuvent être rattachées à une perforation de la panse dont le contenu a subi l’effet de choc du projectile, des esquilles osseuses à une fracture de membre. La couleur du sang recueilli oriente également le diagnostic. Du sang brun rouge et grumeleux rappelle plutôt une balle de foie, s’il est clair et mousseux une balle de poumon. Il est parfois possible de relever des fragments d’organe, des traces laissées par la balle ou tout simplement des empreintes marquées anormalement.
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Attention ce ne sont pas les blessures les plus graves qui saignent le plus, au contraire généralement l’animal ne commence à saigner que quelques secondes plus tard.
Si le tracé de fuite est visible, il faut le suivre sur une centaine de mètres pour essayer de déceler un indice, le sang surtout. En l’absence de traces de fuite, décrire des cercles de plus en plus grands autour de la direction de fuite, recouper ainsi la trace à plusieurs reprises et trouver éventuellement l’indice recherché.
Comme nous l’avons vu précédemment, certaines blessures ne saignent qu’au bout de quelques mètres. Il est important de repérer ces premières gouttes de sang afin de mettre le limier sur la piste. On va suivre la piste sur une centaine de mètres pour marquer ces traces soit avec du papier soit avec des brisés. Pendant ce repérage, on fera attention de marcher à côté de la voie pour ne pas masquer les odeurs. On balisera ainsi l’emplacement du gibier lors du tir et la direction de sa fuite. De plus, on prendra soins de recouvrir ces premiers indices avec des feuilles ou de la mousse pour les conserver légèrement humides et ainsi avoir des émanations de bonne qualité.
Si ce travail de contrôle indique que le gibier a de fortes chances d’être blessé, le chasseur veillera impérativement à :
Il est impératif après le tir d’arrêter les chiens courants. En effet, un animal blessé non poursuivi se couche rapidement alors qu’une recherche trop rapide compromettrait la réussite, on risquerait de faire se relever l’animal avant qu’il ne soit engourdi par la blessure. Une fois tous ces indices recueillis, il faut avertir dans les plus brefs délais la fédération des conducteurs de chien de sang. Un couple chien/conducteur sera alors mis gratuitement à la disposition des chasseurs.
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Ici commence l'art de la conduite d'un chien de sang. C'est de manière minutieuse et intensive que le conducteur devra se familiariser avec la matière, car pour lui aussi compte de dicton « apprend la théorie sinon dans la pratique tu resteras un dilettante ta vie durant ».
Le jeune conducteur devra bien souvent se résigner que même d'après les indices qu'il a en main, son pronostic quant à l'atteinte ainsi qu'au déroulement de la recherche, ne s'avérera possible qu'un diagnostic, même sur des cas simples comme une blessure de patte, puisse être inexact ? Plus tard, par la pratique, l'expérience et la persévérance opiniâtre dans l'étude des détails, il verra avec joie, après quelques recherches fructueuses, que ses diagnostics s'avèrent justes.
Recherchez les indices à l'Anschuss, laissés par l'animal blessé : apprenez à les reconnaître afin de renseigner efficacement le conducteur de chien de sang, car le sang peut avoir séché ou la pluie être tombée avant son arrivée.
De façon générale, on peut ajouter ; il est très important, comme déjà indiqué par la réaction du gibier au coup de feu, de faire la différence entre des bêtes apeurées et blessées lors d'une battue et celles calmes et confiantes au pirsch ou à l'affût. Si le chasseur se comporte correctement, le gibier à l'affût ou au pirsch ne s'enfuit en général pas très loin. S'il n'est pas dérangé, il se couche rapidement. C'est valable pour tous les gibiers, excepté le sanglier, dans certains cas. Ceci est vrai pour toutes les blessures, balles de pattes comprises ! Les balles de mâchoires ou de museau semblent être des exceptions, car le gibier va généralement très loin avec de telles blessures.
La distance que parcourt le gibier blessé dépend de différents facteurs. Si le tir a lieu le matin par exemple, la prochaine remise adéquate servira de reposée, il ne quittera pas celle-ci dans le courant de la journée, sauf en cas de danger. Si le gibier a été blessé au milieu d'une bande ou d'une harde, il se sépare le plus souvent rapidement de celle-ci . Toutefois les faons suivent le plus loin possible la harde et leur mère. Le comportement des marcassins est identique.
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On peut constater également que des sangliers blessés se séparent rapidement de la bande, mais il n'est pas rare qu'ils rejoignent bientôt celle-ci pour se remettre avec elle, au même endroit. J'ai remarqué plusieurs fois que non seulement des marcassins, mais aussi des sangliers adultes, étaient retrouvés morts à l'endroit précis où la bande s'étaient baugée. L'opinion communément émise qu'une bête se déharde toujours ne doit pas inciter le conducteur d'un chien de sang à abandonner prématurément la recherche. De même, l'affirmation qu'un gibier blessé à mort fait toujours les premiers pas de fuite vers l'avant n'est pas exacte. C'est vrai dans la majorité des cas, mais un comportement contraire ne doit pas faire conclure à un raté.
Je voudrais encore insister ici sur certains comportements inhabituels du gibier blessé, comportements riche en renseignements pour le conducteur de chien de sang, particulièrement s'il ne trouve plus d'indices sur la piste. Par exemple, un gibier blessé à un membre empruntera de préférence et pour des raisons aisément compréhensibles, des chemins ou des coulées dégagés. Il est plus facile pour un gibier blessé à une patte avant de monter que de descendre.
Dans une montée, le membre antérieur blessé soutient difficilement le poids du corps, tandis que les membres postérieurs intacts poussent facilement le corps vers le haut. Toutefois, lorsqu'un gibier blessé est poursuivi et en danger, il fuit aussi vers le bas avec un membre antérieur blessé. Blessé à une patte, il suivra toujours une coulée horizontale par rapport à une pente abrupte de manière à ce que les membres sains se trouvent du côté opposé au vide. Savoir cela peut être important pour le postage éventuel des accompagnants lors d'une recherche.
Avec un membre pendant et brisé, le gibier évitera les fourrés trop denses, et quittera rapidement ceux-ci pour fuir dans le clair lorsqu'il est poursuivi par un chien de sang. Un gibier blessé cherche instinctivement à tromper et à se débarrasser d'un éventuel poursuivant en effectuant des contre-pieds et des angles. Les contre-pieds peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres. La fin d'un contre-pied se fait très souvent avec le vent. C'est toujours le cas lorsque l'animal veut se coucher en bout de contre-pieds De façon, il est prévenu à temps de l'arrivée de son poursuivant.
Si le conducteur d'un chien de sang, sur les traces d'un sanglier blessé, s'aperçoit que celui-ci donne des coups de boutoir dans le sol, c'est un signe que l'animal est très malade. Si ces signes sont suivis d'un contre-pied ou simplement d'un angle droit avec le vent dans le dos, il faut savoir qu'on se trouve certainement très près de la reposée de l'animal. Il est certain aussi que celui-ci vous a déjà sentis et il peut charger à tout moment dans votre direction ou vers le chien.
Des sangliers gravement blessés chargent fréquemment s'ils en ont la force. Ni l'âge ni le poids ne jouent un rôle chez ce valeureux gibier. Les marcassins chargent en cas de danger comme les gros mâles ou les laies. Les morsures de ses dernières peuvent occasionner de vilaines blessures au conducteur et au chien. Les sangliers ayant été atteints aux mâchoires ne chargent que très rarement et ne tiennent que difficilement le ferme. En général, on peut dire que les sujets âgés et forts tiennent plus rapidement le ferme même en cas de blessures légères, que des sujets jeunes et plus faibles.
Touché par une balle, et réagissant violemment à la frayeur et à la douleur, les traces laissées par le gibier blessé sont plus marquées que celles d'une animal sain. Au démarrage, les sabots s'incrustent dans le sol et arrachent des bouts d'herbes, des feuilles, des pierres, de la terre.
L'œil exercé d'un conducteur de chien de sang voit une nette différence entre la voie d'un gibier blessé et celle laissée par des gibiers sains. L'animal blessé laisse une trace plus profonde, plus irrégulière et une empreinte plus profonde.
Le comportement du gibier après le coup de feu, et aussi loin que le tireur peut l'observer, a déjà été décrit suivant les différents endroits de l'impact.
Si la balle touche un antérieur, l’animal se fléchira avant de s’enfuir. Le plus souvent le chevreuil disparaît brusquement en s’effondrant : c’est la mort instantanée, précédée parfois de quelques convulsions. Si le poste de tir est éloigné, il faut, depuis ce poste, bien prendre ses repères, arbuste, rocher, souche, touffe de fleurs ou de fougères, avant d’aller à la recherche.
Il faut également avoir à l’esprit l’éventualité d’une balle d’apophyse, l’animal étant k.o. Parfois le chevreuil ne réagit pas à l’impact de la balle et part au grand galop, touché au cœur en général, il s’écroule brutalement après avoir parcouru entre 50 et 100 mètres. Il n’y a pas de problème si on l’a bien suivi des yeux et si l’on voit l’endroit de sa chute. Sinon, il faut le pister au sang et suivre soigneusement pour le trouver généralement dans un couvert. D’autre fois, au coup de carabine, le chevreuil fait un bond en l’air : le coup a porté dans la région des gros vaisseaux de la base du cœur, ou même plus bas.
Le nombre de paramètres à prendre en compte pour un tir « propre » est énorme. Bien choisir sa munition pour la battue est important, et ce dans le but de stopper « net » l’animal.
Une balle de cœur n’arrêtera pas immédiatement le sanglier. Il se peut qu’il n’ait même aucune réaction et peut parfois accélérer. Un tir dans la panse du sanglier ne sera pas une balle mortelle instantanément. Un tir qui touche les lombaires de l’animal neutralisera ses membres postérieurs. Une balle tiré au groin du sanglier le fera culbuter vers l’avant. Le tir dans les membres postérieurs du sanglier n’arrête pas l’animal.
Il est important de noter que chaque espèce a un comportement différent devant la mort, ainsi le couple chien- conducteur doit s’adapter à l’espèce recherchée. La piste sera donc froide de 24 à 36 heures, d’où l’importance des entraînements et des épreuves en artificiel à 24 et 40 heures. Si la pluie tombe dans les deux heures qui suivent le coup de feu, il est urgent d’effectuer rapidement la recherche car la piste risque d’être lavée. Si elle tombe après deux heures, l’urgence est moindre, les sentiments auront eu le temps de se fixer.
Les risques encourus par le limier sont de trois ordres : ceux provenants du gibier, ceux dus à l’homme et ceux de l’environnement.
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