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Le dimanche 8 septembre 2024, un agent municipal de Grenoble (Isère) a été tué par balles, suscitant une vive émotion et une enquête approfondie.

Les faits : un acte de violence inqualifiable

Un agent municipal de la ville de Grenoble est décédé après avoir été victime de coups de feu dimanche matin à Grenoble (Isère), non loin de la mairie. Il avait reçu deux balles dans la poitrine de la part d'un automobiliste qui avait provoqué un accident de la route. L'agent tentait de l'empêcher de fuir.

Lilian Dejean, âgé de 49 ans, était agent municipal à la ville de Grenoble. L’homme a été tué de plusieurs balles dans le thorax alors qu’il tentait d’empêcher un conducteur qui voulait s’enfuir après un accident de la circulation. Le fonctionnaire était intervenu suite à un accident de la route entre deux véhicules boulevard Jean-Pain.

Selon le parquet, "il aurait cherché à empêcher" le conducteur d'une Audi de prendre la fuite alors que ce dernier venait de provoquer l'accident de la circulation, devant l'entrée du Stade des Alpes, en direction de Meylan. Selon les premiers éléments de l'enquête, c'est accidentel et non intentionnel.

Toujours est-il que l'agent municipal qui a assisté à la scène est intervenu, une discussion s'est engagée entre les deux hommes et elle s'est soldée par ces coups de feu et deux balles dans le thorax. La conductrice de la Peugeot, n'a pas été blessée dans l'accident, mais est sous le choc.

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Le tireur, qui a réussi à s'enfuir, est activement recherché. Il a utilisé une arme de poing. Le parquet de Grenoble a confié l'enquête au SLPJ, le service local de police judiciaire. Éric Vaillant, le procureur de la République, a indiqué que le véhicule du tireur, une Audi modèle RS3, est immatriculé en Pologne.

Réactions et conséquences immédiates

En réaction, la mairie ouvrira lundi une cellule de de veille psychologique. En début d'après-midi, la Ville de Grenoble a publié un communiqué en réaction au drame. Elle se dit "sous le choc devant cet acte inqualifiable, d'une violence extrême, qui a visé l'un de ses agents qui exerçait ses missions municipales ce dimanche matin", tout en condamnant les faits. Elle a aussi annoncé ouvrir "demain (lundi) une cellule de veille psychologique".

Les collègues de Lilian Dejean, rattachés au service de propreté de la ville, ont annoncé qu’ils reprendraient le travail ce jeudi, après avoir stoppé leur activité depuis le drame. D'après des agents de la ville de Grenoble rencontrés sur le lieu de l'accident, la victime est un des chefs du service de propreté de la municipalité qui travaillait dans secteur du parc Paul-Mistral dimanche matin.

Virgile, agent pour la ville depuis 20 ans, exprime son dépit au micro de France Bleu : "Il est arrivé au moment de l'accident pour aider les personnes et ça s'est mal passé. On est tous peinés, on ne trouve pas ça normal. On vient travailler et on se fait tirer dessus. Je pense qu'à un moment faut arrêter... On n'est plus en sécurité dans la ville, notre chef vient aider et il se fait tirer dessus comme un chien. C'est scandaleux."

L'enquête et le suspect : Abdoul D.

Quatre jours après la mort de Lilian Dejean, son meurtrier court toujours. Sa carte d’identité a été retrouvée dans l’Audi RS3 de location qu’il conduisait au moment où il a percuté une voiture devant la mairie de Grenoble. L’homme de 25 ans s’appelle d’Abdoul D.

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Le procureur de Grenoble, Éric Vaillant, a ouvert une information judiciaire pour « meurtre sur une personne chargée d’une mission de service public, blessure involontaire, délit de fuite et détention d’armes de catégorie B ». Cette procédure permettra à un juge d’instruction de donner des moyens spécifiques aux enquêteurs pour rechercher le suspect en fuite.

Selon Paris Match, il s’agirait d’Abdoul D., né en 1999 en Isère. Les empreintes retrouvées dans le véhicule ont permis de remonter jusqu’à ce jeune "déjà passé par la case prison pour trafic de stupéfiants", selon l’hebdomadaire. Immédiatement après la mort de l’agent municipal, le Raid a été mobilisé et plusieurs perquisitions auraient eu lieu notamment au domicile de se mère à Saint-Martin-d’Hères, au sud-est de Grenoble.

L’hebdomadaire retraçait aussi les quelques minutes qui ont conduit à ce drame avec un suspect qui aurait été "passablement alcoolisé, comme quelqu’un qui sort de discothèque". Après l’accident, alors que Lilian Dejean portait secours à la conductrice percutée, le conducteur de la puissante Audi AS3 bleue immatriculée en Pologne "se montrait hargneux et véhément". L’agent municipal aurait tenté "de le calmer, de le rassurer" avant de se faire tirer dessus.

Le passé judiciaire d'Abdoul D. et son implication dans une affaire de meurtre

Alors qu’on savait qu’il était déjà connu des services de police pour vol, violence et trafic de stupéfiants, on apprend aujourd’hui qu’il était aussi apparu dans une affaire de meurtre datant du 20 juin 2015. Ce jour-là, à Saint-Martin-d’Hères, dans la banlieue de Grenoble, Matéo Lopez-Tenjo (18 ans) avait tiré sur le jeune conducteur de scooter, Luc Pouvin, 19 ans, qui fut tué sur le coup.

Or, à côté du tireur se tenait son ami, Abdoul D., seulement 16 ans à l’époque. Même si le jour des faits il portait une arme, l’adolescent n’a pas tiré. Les deux jeunes s’étaient ensuite rendus à la police quelques jours plus tard. Matéo Lopez-Tenjo avait nié avoir voulu viser pour tuer, mais a été déclaré coupable du meurtre de Luc Pouvin et condamné en appel à 15 ans de réclusion, en 2019.

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Les avocats des différentes parties nous ont confirmé qu’Abdoul D. avait été entendu en tant que simple témoin lors des deux procès, en première instance et en appel. Mineur à ce moment, il avait en revanche été renvoyé devant le tribunal pour enfants pour port d’arme prohibée.

Réactions de la famille de Luc Pouvin

Jimmy, l’un des frères de Luc Pouvin, a voulu s’exprimer, révolté à l’idée que le nom d’Abdoul D. apparaisse de nouveau dans une affaire de meurtre. « Quand j’ai appris, neuf ans après, qu’Abdoul D. était recherché pour le meurtre de l’agent municipal de Grenoble, ça m’a révolté, confie-t-il, très affecté. Je sais qu’Abdoul D. a été condamné plusieurs fois, qu’il a été remis en liberté et qu’il a recommencé. Ce qu’il a fait au final est gravissime. On ne tire pas sur les gens gratuitement. On ne peut pas avoir autant de violence en soi, ce n’est pas normal. Oui, cet homme est quelqu’un de dangereux. »

Jimmy replonge avec peine dans ses souvenirs de 2015. « Abdoul D. était déjà présent lors de l’assassinat de mon frère. Il n’a pas fait feu mais il était aux côtés du tireur qui a tué mon frère, en possession d’une arme lui aussi.. » Jimmy rappelle qu’en juin 2015, son frère sortait de la mosquée avec des amis, pendant le Ramadan. Alors qu’il partait à scooter, on lui a tiré dans le dos. La balle lui a touché le cou et l’a tué sur le coup.

« Le tireur était sur un toit, avec à ses côtés Abdoul D. qui n’a rien fait pour l’empêcher de tirer, reprend Jimmy. Certes, il n’a pas été jugé complice. Aujourd’hui, il serait impliqué dans un nouveau meurtre… Ça fait beaucoup. Je suis abasourdi, triste, en colère. Pleins d’émotions se mélangent. »

Le frère de Luc confie penser beaucoup à la famille de Lilian. « J’ai parlé à son ex-femme, à sa fille. Je leur apporte tout mon soutien dans cette épreuve qui va être douloureuse pour eux. Et pour ma famille, aussi. Ça ravive de très mauvais moments. Ma mère sortait la tête de l’eau et là ça la replonge dans le deuil de mon frère. Il faut qu’Abdoul D. soit arrêté rapidement, qu’il rende des comptes. La famille de Lilian aura besoin de réponses. Quant à nous, on sera soulagé de le savoir enfermé en prison. »

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