Le monde du vin est vaste et complexe, chaque cépage offrant une palette unique de saveurs et d'arômes. Rares sont les cépages capables d’exprimer comme le riesling en Alsace la subtile diversité des terroirs de la région. Il sait prendre une infinité de nuances aromatiques, s’effaçant derrière l’expression de lieux emblématiques.
Ce cépage exigeant et hautement identitaire du vignoble alsacien ne souffre pas la médiocrité et peut vite tomber dans les travers de la lourdeur (excès de sucre) ou d’une expression trop variétale (lorsque il est vendangé en sous-maturité). La fenêtre de tir est étroite pour qu’il s’exprime à son meilleur : c’est le cas au avec l’exceptionnel Grand cru Kessler Élément Feu du domaine Dirler-Cadé, un vin très fin et distingué dont les sucres frais et digestes épousent les amers salivants apportés par ce terroir sablo-argileux-gréseux.
Dans d'autres régions, le gamay fait partie de ces rares cépages qui ont la capacité d’offrir des cuvées au profil spontané, mais aussi de produire des vins profonds et de longue garde. Les coteaux granitiques ou volcaniques trouvent avec lui un parfait relais d’expression. Le côte-de-brouilly Loïs du domaine Laurent Martray en constitue un magnifique exemple. D’une fine austérité, il offre en 2020 des arômes de guigne, de poivre noir et de mine de crayon. Le toucher délicat des tanins enveloppe une juste concentration, et une fraîcheur acidulée désaltérante.
À Bordeaux, on se rapproche des racines du cabernet franc, le Sud-Ouest. Bien souvent secondaire dans les assemblages, ce cépage joue pourtant un rôle de premier plan en termes de finesse et de fraîcheur, sans oublier ses ravissantes tonalités de framboise et d’épices, qui se révèlent par petites touches. Le pessac-léognan Bergey du château Haut-Bergey est l’un des rares 100 % cabernet franc de la région, néanmoins parfaitement ancré à Bordeaux.
Qui a eu la chance de déguster un pauillac de Lafite Rothschild a touché de près ce que le cabernet-sauvignon peut avoir de plus noble, de plus racé. Ce cépage traverse le temps et surtout, dans le contexte de réchauffement climatique que nous connaissons, ne bascule quasiment jamais dans la surmaturité. Il libère des senteurs de fruits rouges et noirs frais, de mine de crayon, d’épices, avec toujours une grande fraîcheur dans les tanins. Par le passé, il a pu exprimer des notes de poivron (lorsqu’il est vendangé en sous-maturité), mais ce n’est désormais plus le cas.
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Sa couleur sombre, ses notes de réglisse, de prune, les courbes de sa chair ondulant en bouche, sa finale savoureuse… Les qualités du merlot, le cépage le plus planté à Bordeaux, nous enchantent. Sur le plateau calcaire de Saint-Émilion, il affirme une race inégalable. L’une de ses plus brillantes interprétations ? Le saint-émilion Grand cru du Clos Fourtet, notamment en 2020 : 90 % de merlot complété d’une touche de cabernet-sauvignon et de cabernet franc.
Ce cépage d’appoint n’est que très rarement utilisé seul. Très tardif, il peine à mûrir et exprime souvent un caractère assez rustique, coloré et tannique. Le climat actuel, plus chaud, lui permet désormais de mûrir de façon satisfaisante et il y a fort à parier que sa proportion pourrait augmenter dans les assemblages au cours des prochaines années. 100 % petit verdot, le haut-médoc Petit Verdot By Belle-Vue du château Belle-Vue est travaillé avec une exceptionnelle délicatesse par cette propriété qui a la grande chance de disposer de vignes de plus de 80 ans. Très peu extrait, le jus est élevé en amphores afin de mettre en avant son joli caractère fruité.
On redécouvre actuellement le potentiel de ce cépage blanc typiquement bordelais à s’exprimer au travers de grands vins secs. Moins aromatique que le sauvignon, il a pour lui la rémanence structurelle, la capacité à refléter les nuances de terroir et la garde. Il demeure cependant le roi des grands vins liquoreux botrytisés, principal protagoniste des sauternes et consorts.
Le chardonnay trouve l’une de ses plus nobles expressions en Côte de Beaune. Ce cépage de première époque aux feuilles larges et fines peut être très productif si l’on ne contient pas son rendement. Il aime le calcaire ; ses terroirs de prédilections sont Meursault, Puligny-Montrachet, Saint-Aubin et Chassagne-Montrachet. Il peut donner des vins vifs ou gourmands, en fonction de l’année et de la maturité recherchée.
Le monde entier regarde vers la Bourgogne dès qu’il s’agit d’évoquer les plus grandes expressions du pinot noir, ce cépage qui demande aux vignerons une attention de tous les instants. Le chardonnay représente 31 % de l’encépagement du vignoble champenois. Issu d’une parcelle de vieilles vignes du Mesnil-sur-Oger, le brut Grand cru Les Chétillons de Pierre Péters exprime avec pureté et précision la dimension saline du chardonnay sur ce terroir où la craie est affleurante, notamment dans le grand millésime 2016. La bouche est étirée, tendue et d’une grande allonge. La bulle est gracieuse et dynamique.
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Les vieux ceps de meunier de Francis Égly restent un modèle à suivre dans l’expression de ce cépage en terre champenoise. Toujours très fin, l’extra-brut Premier cru Les Vignes de Vrigny d’Égly-Ouriet conserve la sapidité et le juteux du cépage, mais omet les notes farineuses ou automnales pour se parer d’arômes floraux et pâtissiers. 38 % du vignoble champenois est planté de pinot noir, ce qui en fait le cépage majoritaire dans la région. La profondeur du terroir d’Aÿ associée à la retenue d’un millésime tardif, 2013, nous offrent avec cet extra-brut Aÿ Vauzelle-Terme de Jacquesson un champagne d’un équilibre et d’une race remarquables.
Trente ares, exposés plein sud, sur le sol très crayeux du lieu-dit Vauzelle-Terme, ont enfanté ce pinot noir typé (notes de griottes et de baies acidulées), sa structure et sa puissance maîtrisée.
Nielluciu signifie “noir, sombre” ; appelé sangiovese en Italie, il fait la réputation de l’appellation Patrimonio. Rustique et vigoureux, il résiste bien à la sécheresse. Riche en tanins, il donne naissance à des vins colorés, charpentés, équilibrés, au grand potentiel de vieillissement. Le patrimonio Iniziu du domaine Alzipratu est issu d’une seule parcelle de nielluciu, plantée sur des sols limoneux profonds.
Étrange cépage que ce poulsard à la peau cuivrée, donnant des vins clairs, parfumés, capricieux, réducteurs (ils supportent mal le contact du soufre), mais parfois inspirés, capables de longues, d’étonnantes évolutions. Endémique jurassien doté d’une forte personnalité, le trousseau produit des vins souvent structurés et aptes à la garde, exprimant un fruit framboisé, chaleureux dans les millésimes solaires. Vinifié plus en légèreté, il est capable d’une finesse étonnante. En couple ou en trio avec poulsard et pinot noir, il sait se fondre dans de séduisants assemblages. Il a pour berceau le village de Montigny, au nord d’Arbois.
Vieux cépage à la nombreuse descendance (nous apprend la génétique), au caractère intense et fougueux, il est aujourd’hui synonyme de Jura. Son intensité, sa vivacité et son caractère font merveille dans des cuvées ouillées contemporaines, mais également en vin orange macéré. Il demeure le cépage par excellence des longs élevages sous voile levurien typiques du vignoble jurassien, et le seul cépage autorisé pour façonner le vin jaune, qui peut être produit sous les appellations Arbois, Côtes du Jura, L’Étoile et Château-Chalon.
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Quel plaisir floral et velouté que ce cinsault enfanté par le talentueux couple formé par Julien et Delphine Zernott ! Provenant du nord des Terrasses du Larzac et du secteur frais de Pégairolles-de-l’Escalette, l’IGP pays-d’hérault Ze Cinsault du domaine du Pas de l’Escalette nous offre tout ce qu’on est en droit d’attendre du cépage : un vin juteux, expressif et tendre, sans pour autant être dénué de complexité. Il combine sensualité, rondeur et énergie.
Composé très majoritairement de syrah, complété d’une pointe de grenache, et élevé en cuves béton, le pic-saint-loup du Clos des Reboussiers révèle une expression très pure du cépage sur les terroirs ventilés de Cazevieille. Un vin énergique, ouvert, avec une aromatique dominée par le poivre de Kampot, la mûre sauvage, une pointe florale et un joli graphite en bouche. Un vin expressif, avenant, au tactile tendre, sans pour autant être dénué de fond ni de structure.
C’est autour de l’équinoxe d’automne que ce cépage méditerranéen se fait remarquer, grâce au contour rouge de ses feuilles. En bouteille, le carignan dévoile sa profondeur avec ses notes poivrées et délicatement florales, d’un fruité intense, à condition que les vignes ne soient pas toutes jeunes. Sa signature ? Une structure tannique tout en longueur.
Tout droit venu du tuffeau de bord du fleuve, le saumur du Château Yvonne est en 2021 une excellente synthèse ce que le chenin peut révéler dans la Loire en sec : au nez, une fine aromatique d’agrumes, de fleurs, de fruits jaunes, de noisettes ; en bouche, une sensation fraîche entre acidité fine et amertume subtile, deux éléments originels du cépage bien enveloppés par un gras savoureux. Et cette finale : ciselée, crayeuse, extrêmement salivante, impulsée par le tuffeau, ce fameux calcaire… Rien de plus vivifiant !
Agrumes, fruits exotiques, litchi, feuille de tomate… Le bouquet du sauvignon blanc peut rapidement se montrer entêtant. Mais lorsqu’on sait dompter sa fougue aromatique, à l’instar du sancerre La Côte de l’Épée du domaine Denizot, la note de caillou jaillit, les nuances de zestes d’agrumes et la floralité s’exhalent. On quitte l’extravagance pour l’élégance. Et l’acidulé du sauvignon ? Il se transmute dans le 2022 en grain fin de la texture.
Pendant longtemps, mener le cabernet franc à pleine maturité était un défi dans la vallée de la Loire. On reprochait des notes de poivron, des matières acidulées et une dureté aux chinons, saumur-champigny, bourgueils, etc. Généreusement ensoleillées, les années récentes contribuent à façonner des vins plus aboutis. Le raisin que les Italiens appellent vermentino, les Corses vermentinu et les Provençaux rolle est un tardif qui ne mûrit que dans les zones chaudes. Depuis quelques années, ce cépage blanc a évolué vers davantage de subtilité. Autrefois trop extrait, élevé en bois neuf, il devient plus vif et désaltérant, très parfumé (agrumes, poire, fenouil, menthe) lorsqu’il est vinifié sans artifice.
Comme tout grand seigneur, celui du pourtour méditerranéen (appelé monastrel en Espagne) est exigeant : il lui faut de la chaleur et de l’eau, il doit voir la mer (ses embruns lui font du bien), mais il peut trouver de la fraîcheur ailleurs, en altitude. Dominant à Bandol, il donne des vins au toucher rude dans leur jeunesse, parfumés de fruits noirs et d’épices ; il révèle au vieillissement des trésors olfactifs, des épices au cuir en passant par le parchemin et le graphite.
Cépage noir à peau fine, le tibouren offre son particularisme à des rosés provençaux qui sortent du lot : robe foncée presque vermillon, reflets vieil or, odeur d’orange sanguine, d’agrumes et de fruits exotiques, arômes d’épices safranées et presque une pointe tannique. Fruit difficile, cépage capricieux, il a été délaissé trop longtemps sauf chez quelques irréductibles producteurs de rosés hors des codes de la région.
Cépage emblématique du Rhône nord, la syrah serait née ici du croisement de la mondeuse blanche (originaire de Savoie) et du dureza (originaire de l’Ardèche). Ses arômes typiques de lard fumé, de jus de viande et de poivre sont dus à la présence importante d’une molécule, la rotundone. Avec 5 000 hectares plantés entre l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie et l’Afrique du Sud, le viognier est un cépage mondialement reconnu. Son aromatique bien spécifique (abricot, pêche blanche, bergamote, glycine) en fait une variété recherchée pour amener de la complexité dans les assemblages. Il trouve ses plus belles expressions à la limite septentrionale de sa culture : le viognier aime les terroirs de granite, de gneiss et de schistes qui apportent de la tension, de beaux amers et la salinité nécessaire pour combler son manque d’acidité.
Le grenache peut être blanc, gris ou noir. D’origine espagnole, le grenache noir est à la vallée du Rhône ce que le pinot noir est à la Côte de Nuits. Ce cépage d’une grande élégance s’exprime à merveille dans la zone méridionale. Certes, il produit du sucre, donc de l’alcool, avec un penchant pour l’oxydation. Mais sur ses terroirs de prédilection, il donne dès qu’il prend de l’âge des vins gracieux et complexes.
Issu de majestueux ceps de 120 ans aux formes sculpturales, l’IGP côtes-catalanes Estaca du domaine Danjou-Banessy est un véritable récital et une ode au grenache en 2019. La matière est d’une délicatesse superlative, le vin semble aérien, sans pour autant perdre en dimension ni en race. Il s’exprime par vagues, nous offrant les pétales de roses séchées, la quinine, le menthol et les épices douces. Le toucher de bouche est extrêmement gracieux, avec un grain soyeux, la finale semble interminable.
Si le muscat d’Alexandrie donne de l’ampleur, de la puissance et des notes de fruits mûrs, le muscat à petits grains apporte l’exotisme, la fraîcheur et la finesse. Ce sont les seuls cépages autorisés pour l’élaboration du muscat-de-rivesaltes. À Baixas, la cave coopérative Dom Brial propose des VDN à maturité, comme le muscat-de-rivesaltes du château Les Pins. Le millésime 1993 nous dévoile une couleur ambrée, aux reflets verts. Le nez évoque les écorces d’agrumes infusées, la verveine et le clafoutis à l’ananas. Les 150 grammes de sucres sont bien intégrés, et l’on termine avec une impression de café blanc et de fines épices.
Cet endémique savoyard est indéniablement un cépage de caractère, voire capricieux... Bénéficiant d’une appellation pour lui tout seul, Roussette de Savoie, il ne révèle le meilleur de son potentiel qu’en certains lieux (coteaux de l’avant-pays savoyard, de Frangy en Haute-Savoie, de Montagnieu dans le Bugey) et surtout lorsqu’il est bien mûr. Il offre alors une gourmandise aigre-douce unique qu’accompagnent de riches parfums floraux et épicés. C’est le cépage le plus planté en Savoie. Souvent mésestimé par le passé, il connaît aujourd’hui un net regain d’intérêt. Bien dans l’air du temps, le caractère fluide et alerte des vins de jacquère n’est pas compromis par les millésimes plus solaires que connaît la région. De plus, on s’aperçoit que le cépage transcrit admirablement les nuances des terroirs savoyards.
Longtemps caricaturé comme un petit rouge râpeux et végétal, la mondeuse a bénéficié de deux phénomènes concomitants pour atteindre le statut de grand cépage qu’elle mérite : des millésimes plus solaires et l’avènement d’une nouvelle génération de vignerons ambitieux. Cela fait pourtant longtemps que la famille Trosset met en valeur, par une vinification et un élevage réduits à l’essentiel, le caractère aromatique à la fois terrien et floral, le fruit irrépressible de ce “rouge de montagne” qui, sur les pentes du cru Arbin comme sur quelques autres sites privilégiés, n’a pas f...
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