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Au-delà des divergences qui peuvent exister entre Joé Bédier et Patrice Selly, les deux élus de l’Est ont un point en commun : la gestion difficile de « la poudrière » qui se trouve sur leur territoire respectif, à savoir Fayard pour le premier et Bras-Fusil pour le second. Il leur faudra trouver des solutions au plus vite pour juguler la violence qui émane de ces quartiers.

Violence qui pourrait, si rien n’est fait, se cristalliser à l’échelle de la commune, voire même de l’île à long terme. La question que sont en droit de se poser aujourd’hui les deux élus est la suivante : comment « faire société » avec des individus, des groupuscules de personnes qui refusent de s’adapter au « vivre ensemble » réunionnais ?

Des personnes sans repères qui refusent de s’intégrer à la société réunionnaise et à ses valeurs et qui, par conséquent, entraînent malgré elle toute une communauté dans une situation pour le moins inconfortable aux yeux de l’opinion publique locale. Une communauté qui, par le jeu malsain de l’amalgame, est montrée du doigt par le plus grand nombre qui, injustement, n’hésite pas à lui jeter l’anathème.

Si jusqu’à présent, Joé Bédier et Patrice Selly étaient restés plutôt discrets, les deux élus n’hésitent plus à présent à briser ce silence. Patrice Selly l’a clairement dit, le 29 janvier dernier lors de la présentation de ses vœux : « Je rejoins Joé Bédier car il y a un vrai problème de fond qu’il faudra au plus vite mettre sur la table ».

Tout comme son homologue de Saint-André, le maire de Saint-Benoit met l’Etat à l’index. Joé Bédier quant à lui, quatre jours avant Patrice Selly, avait mis autour d’une table le sous-préfet de l’arrondissement Est, Michael Mathaux ainsi que le directeur territorial de la police nationale à la Réunion, Laurent Chavanne car, en tant que maire, il ne peut, a-t-il fait comprendre, porter seul le chapeau.

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Joé Bédier est même allé au-delà. Il a adressé, le 24 janvier, un long courrier au Premier ministre Gabriel Attal. Comme l’a souligné Joé Bédier dans son courrier à Gabriel Attal, « le problème originel repose sur le fait qu’il s’agit d’enfants issus de la migration qui sont totalement seuls.

C’est un drame où des milliers d’enfants sont sans moyens de subsistances, sans foyer et sans référents. Ces conditions dangereuses pour le développement de l’enfant entraînent des situations encore plus graves de violences. C’est bien en raison de l’absence de repères familiaux, sociaux et plus particulièrement à cause de la misère affective qu’aujourd’hui nous constatons des comportements violents de la part de groupuscules constitués de très jeunes enfants qu’on peut qualifier de jeunes délinquants.

Et le maire de Saint-André d’ajouter : « ce dossier a une dimension régionale et les conséquences sont nombreuses. C’est une communauté qui est visée aujourd’hui malheureusement. Ce constat, je le déplore car il contribue à agir sans discernement et à mettre mal tout un pan de la population qui fait aujourd’hui société. Ce désordre valorise aussi des postures extrêmes qui remettent en cause notre solidarité ou même notre modèle unique de vivre-ensemble.

Un avis que partage le maire de Saint-Benoit, confronté lui aussi à une situation similaire à Bras-Fusil. Il le dit sans se cacher derrière son petit doigt : « c’est une question de peuplement de Bras-Fusil; De surpopulation aussi de ce quartier ».

Il poursuit : « je comprends le désarroi, la colère des habitants face à ce qu’ils peuvent vivre au quotidien, mais la réponse ne pourra venir de la part du maire, seul. Les élus de la Réunion, pas uniquement Joé Bédier et Patrice Selly, se posent de plus en plus de questions relatives par exemple à l’attribution des logements sociaux et qui s’adressent directement aux bailleurs sociaux.

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« Comment se fait-il que dix personnes voire plus puissent se retrouver dans un F2 ? ». « Comment se fait-il que des familles peuvent se présenter aux autorités comme étant des tuteurs légaux sans disposer de documents officiels ? ».

Autre question : quid des jeunes et moins jeunes prisonniers venus de Mayotte purger leur peine à la Réunion ? Que deviennent-ils une fois qu’ils sont remis en liberté ? Retournent-ils à Mayotte ou restent-ils à la Réunion ? Des associations mahoraises nous ont attiré plus d’une fois l’attention des élus sur « la dangerosité » de ces individus.

J’ai eu l’occasion de poser la question au sous-préfet de Saint-Benoit lors de la conférence de presse du 24 janvier à Saint-André. Réponse de Michaël Mathaux : « l’Etat n’a, pour l’instant, pas été sollicité par les associations mahoraises dont vous parlez ».

Autrement dit : no problème ? Ce qui est sûr, c’est qu’il en faudra aux uns et aux autres du courage politique pour essayer d’endiguer ces violences récurrentes. Il faudrait aussi, peut-être, revoir certaines vieilles habitudes, comme la distribution des caissettes d’ailes ou de cuisses de poulet congelés, en période électorale ?

Comme vous pouvez le constater, le problème des violences récurrentes dans ces quartiers chauds - il n’ y a pas que Bras-Fusil et Fayard - est très complexe. Comme le dit Patrice Selly, « les solutions ne seront pas immédiates ».

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Il faudrait que tous les acteurs concernés (Etat, collectivités, bailleurs sociaux, CAF, services de justice et de police, gendarmerie…) se penchent sérieusement et rapidement sur ce problème qui gangrène de plus en plus la société réunionnaise. Tout devrait être mis en place le plus rapidement possible avant que les étincelles « Bras-Fusil » et « Fayard » n’embrasent toute la Réunion.

Pas plus tard que lundi dernier, un bus scolaire a été caillassé par des jeunes de Bras-Fusil devant le collège de ce quartier. Ce qui a eu pour effet d’accentuer le ras-le-bol des parents d’élèves qui se demandent « s’il faudra attendre un mort et une marche blanche ».

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