Le tir à l’arc et le tir avec armes à feu demandent, comme toute pratique, un apprentissage.
Ils supposent également un espace et celui-ci est intéressant à questionner du point de vue du genre et de la mise en mouvement des corps faisant du tir.
En effet, comme le montre l’extrait ci-dessus, la pratique du tir implique une manière de tenir et de mouvoir son corps, et d’incarner des « qualités » telles que l’agressivité et la fierté, qui sont associées socialement à la masculinité.
Dès la fin des années 1970, dans les pays anglo-saxons mais également dans les milieux francophones et germanophones, de plus en plus de travaux en sociologie du sport se sont intéressés aux trajectoires des femmes et à leur difficulté d’accéder à de nombreux sports, puis aux obstacles à atteindre les hauts niveaux de compétition ou la professionnalisation.
Ils ont également montré comment l’intégration progressive - en dents de scie - des femmes dans différents sports s’est accompagnée de la mise en place de règles et de conditions différentes de celles des hommes, de façon à ne pas pouvoir être comparées à ces derniers.
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Cela a permis et permet encore de maintenir des croyances associées aux corps des femmes et des hommes en rendant visibles des différences corporelles.
Le tir ne fait ici pas exception.
À cet égard, l’histoire du tir, et plus précisément du skeet, aux Jeux Olympiques est intéressante.
Introduite en 1968, la compétition devient mixte de 1972 jusqu’en 1992, année où une tireuse chinoise, Zhang Shan, bat le record du monde.
Dès l’édition suivante, la compétition est à nouveau réservée uniquement aux hommes et les femmes peuvent concourir entre elles dès 2000.
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Ainsi, le fait qu’une femme batte des concurrents hommes amène à la redéfinition des conditions de participation et de pratique en mixité.
En 2016, selon la fédération suisse de tir, les femmes sont 13 % à être licenciées au tir avec armes à feu.
Le tir est donc ambivalent : il ouvre à de nouvelles postures et techniques corporelles pour les femmes - et certains hommes -, leur donne en partie accès à des objets et des qualités plutôt associés à la masculinité mais reste tout de même un espace largement investi par les hommes, se basant sur une tradition du tir qui se faisait entre hommes et ayant de fortes connexions avec le domaine militaire en Suisse.
L’enjeu ici sera de montrer comment le tir à l’arc et le tir avec armes à feu travaillent la subjectivation des individus et permet de penser la formation de subjectivités spécifiques.
Dans cet article, je m’intéresse principalement aux objets du tir : les armes.
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Certaines recherches, notamment anthropologiques, ont montré comment les objets peuvent contribuer au quotidien à créer des sujets genrés en postulant que les objets sont déjà eux-mêmes genrés car « porteurs de connotations de féminité et produisant différentes techniques corporelles aptes à leur manipulation.
D’autres chercheuses, se positionnant dans le champ des sciences et des techniques, se sont penchées sur « la co-construction du genre et des technologies ainsi qu’aux dynamiques d’exclusion dans lesquelles sont imbriqués les corps et les technologies.
La phénoménologie féministe me semble être une piste intéressante pour approfondir la question.
Ahmed et Young s’inscrivent dans la lignée de Merleau-Ponty pour qui la formation du sujet passe par une façon d’« être-au-monde » corporellement, qui est tournée vers l’extérieur et donc à la matérialité environnante.
Notre relation au monde serait de l’ordre de la perception, de la sensation et ce lien serait « stable et continu.
Afin d’être plus explicite, je prends l’exemple du jeter de balle, explicité par Young.
L’auteure montre comment les filles ont appris à utiliser leur corps de manière différente et comment cela a développé un rapport à soi spécifique.
En effet, lorsqu’elles jettent une balle, elles ont tendance à utiliser seulement une partie de l’avant de leur bras, là où les garçons utilisent l’entièreté du membre et le haut de leur corps.
Cette différenciation dans le geste se répercute dans la propulsion de la balle et donc du résultat de la performance corporelle, jugée plus ou moins puissante et efficace.
Cette analyse a le mérite de montrer que les apprentissages de la préhension et de la manipulation des objets participent à maintenir un ordre de genre et à valider une différenciation des corps, et donc des résultats, des femmes et des hommes.
Des travaux ont montré que la balle est connotée comme masculine surtout lorsque celle-ci est lourde et projetée, puisqu’associée à la force.
Qu’en est-il donc des armes, objets associés à la virilité ?
Selon Paola Tabet, il existerait une division sexuelle des outils et des techniques dans nos sociétés occidentales et les armes ainsi que leur manipulation seraient assignées aux hommes.
Pour justifier cette observation, l’anthropologue prend l’exemple des premières formes de sociétés et déconstruit l’idée selon laquelle les hommes chassaient tandis que les femmes cueillaient.
Elle explique que les femmes aussi participaient à la chasse mais elles n’avaient pas accès aux outils pour tuer l’animal.
Ainsi, elles apprenaient à le piéger et à l’assommer.
Le lien entre virilité et armes est encore soutenu institutionnellement en Suisse, puisque le service militaire est obligatoire pour tout citoyen homme à sa majorité.
Certes, pas toutes les recrues se retrouvent dans des sections où il y a manipulation d’armes, mais il s’agit d’une minorité.
En outre, un grand nombre de productions culturelles mettent en scène plus facilement un homme dans la peau d’un individu qui porte des armes qu’une femme.
Mais cela doit être nuancé puisque des figures de femmes en armes apparaissent de plus en plus même si la plupart du temps, elles n’ont pas un contrôle sur l’arme mais les utilise pour se défendre, allant alors dans le sens d’une partielle inadéquation entre femmes et armes.
Dans le tir à l’arc, trois types d’arc sont principalement utilisés : le longbow, le recurve et l’arc à poulie.
Le longbow est un arc dit nu, c’est une branche en bois en une seule partie et sur laquelle il n’y a pas possibilité d’ajouter des accessoires.
Une corde est placée de bout en bout et contrairement aux autres types d’arc, il n’y a pas d’indication sur la corde du placement de la flèche et il faut tenir la flèche avec sa main lorsque l’on bande l’arc.
Le longbow est facilement associé à des figures tel que Robin des Bois, à la chasse et à « la manière la plus naturelle de faire du tir à l’arc » (Natacha, 45 ans).
Le recurve est un arc qui peut être « accessoirisé » jusqu’à devenir un arc olympique (avec stabilisateur et viseur).
Cet arc se présente en trois parties - deux branches et une poignée - qu’il faut monter à chaque entraînement.
Les archer·ère·s peuvent donc adapter l’arme à leur morphologie en choisissant une certaine puissance des branches et un type de poignée.
De plus, au fur et à mesure de l’apprentissage du tir, il est possible de changer les branches pour que l’arc gagne/perde en puissance.
Enfin, cet arc possède un repose-flèche...
Voici un glossaire des termes liés aux accessoires et aux types de sacs, qui peuvent être utiles pour comprendre les différents types de porte-armes de torse :
Terme | Définition |
---|---|
Ardillon | Longue pièce en métal formée d’une tige se terminant en pointe et qui s’articule sur une boucle. |
Anse(s) | Les anses vont souvent par paire et sont destinées à porter le sac de différentes manières. Soit, à l’épaule ou à la main. Généralement en cuir, elle peut être rigide ou souple. Elle se différencie de la bandoulière conçue pour un port croisé ou à l’épaule ainsi que de la poignée permettant de porter le sac à la main. |
Boucle, bouclerie | Partie métallique permettant la fermeture. Elle est ajourée de manière à insérer la pièce de cuir - courroie, ceinture, sangle, bandoulière - soit pour pouvoir ajuster la longueur souhaitée, soit pour servir de fermeture lorsqu’elle est munie d’un ardillon servant à bloquer la pièce de cuir. |
Bord franc | Il s’agit d’une pièce de peau n’ayant pas bénéficié d’ourlet de façon à voir la coupe ou l’arrête. |
Besace | Que l’on retrouve aussi sous le terme de sacoche s’approche de la gibecière par sa conception. |
Bandoulière | Longue sangle de cuir ajustable permettant le port d’un sac de façon croisée ou à l’épaule. |
Basane | Désigne une doublure faite de peau d’agneau ou de mouton. |
Courroie | Pièce de cuir ou de textile servant de bandoulière à un sac. |
Compagnon | Il s’agit d’un portefeuille, nommé également « tout-en-un » ou fourre-tout destiné aux femmes. Son grand format permet d’y insérer de nombreux effets tels que les cartes, la monnaie et les papiers. |
Dragonne | C’est une lanière de cuir servant à porter le sac ou la pochette au poignet. Elle est dotée d’un mousqueton d’un côté sur lequel accrocher des clés. |
Fermoir twist | Mécanisme métallique de fermeture par rotation après emboitement. |
Gibecière | La gibecière est un sac avec rabat avant, généralement portée en bandoulière. |
Holster | Le Holster, terme d’origine anglo-saxonne, trouve son inspiration dans l’équipement des forces de l’ordre qui l’utilisent pour le port d’arme. |
Passepoil | Le passepoil est une bordure de toile ou de cuir posée le long de l’arête d’une pièce afin de la protéger, mais aussi pour lui donner un effet plus esthétique. |
Sangle, sanglon | Le sanglon est la version courte de la sangle. Il est destiné à fermer un sac, mais est aussi utile pour un port à l’épaule ou en bandoulière. |
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