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Le Tokarev TT-33 (en russe Пистолет Тульский Токарева, модель 1933 года, Pistolet Toula-Tokarev modèle 1933) est un pistolet semi-automatique simple action développé pour l’Armée rouge au cours des années 20. Le Tokarev TT-33 fait partie de ces armes qui ont marqué l’histoire, comme le Colt M1911 de calibre .45 ACP et le Luger P.08 de 9×19.

Conception et Développement

C’est une version simplifiée du TT 30 qui fut conçue par Fedor Vasilevitch Tokarev en se basant sur le Colt M1911 (mécanisme) et le Mauser C96 (munition copiée et interchangeable avec le 7,63 mm Mauser). Les concepteurs proposent leurs modèles en 1929, S.A. Korovin et S.A. Prilutsky ayant adapté leurs travaux précédents à la 7,62×25 comme demandé. De son côté, F.V. Tokarev proposera…un pistolet rafaleur ! Dotée d’une lourde culasse non-calée, d’un sélecteur de tir, d’un canon démesurément long…l’arme ne répondait pas vraiment au critère de la compétition.

Il présenta donc en suivant, un pistolet semi-automatique à culasse calée de dimension plus raisonnable : ce prototype, après quelques modifications, allait devenir le TT30. Du 25 Juin au 13 Juillet 1930, les armes vont être testées et comparées à des productions étrangères…comme à l’accoutumé ! L’arme de Tokarev s’avéra être la plus compatible avec les exigences d’une arme de service. Son arme n’était pas la plus précise (c’était celle de Korovin), mais elle était la plus compact et la plus fiable. L’arme de Prilutsky se distingua par sa facilité de démontage.

Le 7 janvier 1931, un test de la nouvelle mouture est réalisé devant des officiers de haut rang. Concluant, le 12 Février 1931, une demande est formulée pour commander un premier lot d’arme et le 13 Février, 1000 armes sont commandées. L’arme sera officiellement désignée « 7,62mm Pistolet obr. 1930 » mais fut également dénommée « TT » pour « Tula Tokarev », du nom du concepteur et de la ville située à 200 km au sud de Moscou et accueillant l’usine de production de l’arme.

Caractéristiques Techniques et Conception

Le pistolet Tokarev se caractérise avant tout pour sa simplicité : pas de fioritures, un minimum de pièces et un minimum de fonctionnalités. L’arme qui est en simple action, dispose comme unique sûreté, d’un cran de demi-armé qui, en plus de neutraliser l’action du chien, immobilise la culasse. Le TT-33 compte 47 pièces (à un niveau industriel) constituant 35 éléments démontables à l’aide comme seul outillage, d’un marteau et chasse-goupille. Pas de vis.

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Au niveau mécanique, l’arme trouve bien évidemment des inspirations à l’étranger tout autant que des innovations indigènes : la chose sera récurrente avec les Soviétiques. Mais revenons à notre mouton, l’arme tir à culasse calée sur le principe du court recul du canon. Le verrouillage se réalise, à la façon du système inventé par John Mose Browning, par l’abaissement de la partie arrière du canon. Provoqué par une biellette liant la carcasse (via l’axe de l’arrêtoir de culasse) au canon, l’affaissement engendre la séparation du jeu tenon (canon) / mortaise (culasse), et donc le déverrouillage. Les tenons sont au nombre…de 3 !

Le système de mise à feu est un modèle de simplicité pour l’époque. Sur la platine elle-même : 8 pièces constitutives (9 à un niveau industriel), axe et ressort compris. En y ajoutant la détente et son ressort de rappel, on arrive à 10 (12 à un niveau industriel). Outre le fait que la platine soit amovible sans outil au démontage de l’arme, elle comporte la particularité d’avoir le ressort de chien habilement positionné…dans la crête du chien ! Ainsi, ce ressort ne pose aucun problème d’encombrement et la platine est d’une rare compacité.

Le séparateur, destiné à rompre la liaison entre la détente (par abaissement de celle-ci) et de la gâchette lors du mouvement arrière de la culasse, est mis à profit dans un deuxième rôle. Lorsque le chien est positionné sur son cran de demi-armé, une extension de la gâchette vient se loger sous l’extrémité inférieure du séparateur, empêchant son enfoncement. Ainsi, le disconnecteur verrouille la culasse.

L’arme est approvisionnée par un chargeur simple-pile de 8 cartouches. Dans le but de fiabiliser l’arme, l’alimentation est « contrôlée ». Ainsi, lorsqu’une munition quitte les lèvres du chargeur, elle est prise en compte un court moment par la partie avant du corps de la platine qui comporte une lèvre. Quittant cette dernière, alors que le nez de la munition est déjà dans le canon, le culot est pris en compte par le large extracteur dessiné à cet effet.

Munition : 7,62x25mm Tokarev

Parmi les différences entre le pistolet semi-automatique soviétique emblématique de la Grande Guerre Patriotique et les deux autres armes mentionnées dans l’introduction, on peut distinguer que celle-ci est bien plus tardive que les deux autres et qu’elle n’emploie pas une munition conçue localement, mais bien une munition d’origine étrangère : la 7,63 Mauser. Ainsi, lorsque la révolution d’Octobre éclata, parmi le grand nombre d’armes de poing d’origine étrangère qui côtoyaient le Nagant 1895, un nombre substantiel de C96 fut employé par tous les belligérants au cours de la guerre civile qui suivit pendant près de 6 ans. Au lendemain de la révolution, le 7,63 Mauser était ainsi familier de tous.

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Il n’est donc pas surprenant que préalablement à la création d’un pistolet pour la toute jeune armée Rouge, cette munition fut choisie et « soviétisée » à la fin des années 1920. Cette soviétisation consista surtout à adapter les côtes et les tolérances pour pouvoir uniformiser la fabrication des canons. Ainsi, les âmes des canons de 7,62×25 et 7,62×54 R seront identiques (tout comme celle du 7,62×39 à son adoption). Dès lors, les outillages de production et de contrôle sont les mêmes : une simplification productique des plus rationnelles.

Son appellation réglementaire sera la « 7,62-мм пистолетными патронами », soit la « cartouche de pistolet 7,62 ». En 1929, l'URSS décide d'améliorer et de standardiser sa munition, ce qui donne naissance au 7,62x25mm Tokarev. Très similaire à la cartouche allemande 7,63x25mm Mauser, elle génère cependant une pression plus élevée.

La puissance du TT-33 et de sa munition de 7.62TT ont fait sa réputation puisque, bien avant l’invention du Kevlar, il s’est avéré ultérieurement que notre TT-33 pouvait percer un gilet pare-balle de niveau II ! Elle peut même passer un III A (qui n’est pas un III mais un II amélioré). Mais il est effectivement plus pénétrant qu’un 9 para ou même un 45 ACP.

Comparaison des Calibres

Voici une comparaison visuelle des calibres, incluant le 7.62x25 Tokarev :

Comparaison Calibres

De gauche à droite : 22LR, 9MM parabellum, 7.62x25, .45 ACP et 7.62x39.

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Production et Diffusion

Adoptée en 1933 cette arme peu onéreuse à produire était à la fois précise, puissante et simple à entretenir (platine démontable) pour son époque. Le Tokarev TT 33 a été produit par un grand nombre de pays du Pacte de Varsovie, notamment la Hongrie (FEG 48/Tokagypt), la Pologne (FB TT), la Roumanie, ainsi que la Yougoslavie (Zastava M57) ou la Chine (Type 54) sous des formes plus ou moins proches de l’original. Il a été employé plus de 2 millions de TT 33 par la police et l’armée jusque dans les années 60 en URSS malgré l’apparition d’armes plus modernes après guerre. Il fut alors distribué massivement aux pays aidées militairement par Moscou ou Pékin.

Le TT-33 (et le TT30) ont été largement utilisés par les troupes soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale, mais n'ont pas complètement remplacé le Revolver Nagant utilisé depuis la fin du 19e siècle. Au sein de l’URSS la carrière du Tokarev a été relativement courte car il a été remplacé par le Makarov à partir de 1951.

Si on y ajoute ses variantes chinoise, polonaise, pakistanaise, roumaine, nord coréenne, yougoslave et vietnamienne, on atteint largement plus des 2 millions d’exemplaires. Il a été réglementaire dans à peu près la plupart des pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient.

Bientôt centenaire, le TT-33 reste encore réglementaire dans plusieurs pays encore aujourd’hui. 95 ans après son invention et près de 60 ans après la mort de son créateur.

Fiodor Vassilievitch Tokarev

Fiodor Vassilievitch Tokarev (en russe : Фёдор Васильевич Токарев) a, à son actif, quelques armes de légende comme notre TT33 de ce jour justement ou bien le SVT40 ou son frère automatique l’AVT 40. Issu d'une famille cosaque, il a été officier du 12e Régiment des Cosaques du Don. En 1915, il est nommé directeur adjoint de l'arsenal de Sestroretsk et en est élu directeur technique. Il rejoint ensuite l'arsenal de Toula où il conçoit des pistolets (Tokarev TT 33), des fusils (SVT-40) et des mitrailleuses.

Ce que l’on sait moins c’est qu’il est aussi l’inventeur d’un appareil photographique de grande qualité et célèbre en ex-Union soviétique et qui avait pour caractéristique essentielle d’être panoramique, le FT1 (FT pour « Fotoapparat Tokareva » - Appareil photo de Tokarev bien sûr).

Caractéristiques techniques

Voici une fiche technique récapitulative du Tokarev TT-33 :

  • Type : Semi-automatique S/A
  • Poids : 854 g
  • Longueur : 194 mm
  • Canon : 116 mm
  • Hauteur : 134 mm
  • Calibre : 7.62×25mm Tokarev
  • Vélocité à la bouche : 420 m/s
  • Portée effective : 50 m
  • Chargeur : 8 balles

Associé à tout jamais à l’URSS et à la Second Guerre mondiale, il constitue dans beaucoup de pays où l’acquisition d’armes de poing est possible, un achat sûr, l’arme étant fiable, « puissante », et souvent peu coûteuse.

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