Le sujet des armes soviétiques attire autant les passionnés d’histoire militaire que les collectionneurs. L’approche soviétique de la conception d’armement privilégiait la production de masse et la standardisation. Cette philosophie a permis la création d’un arsenal impressionnant qui continue d’influencer le développement militaire mondial.
Le pistolet Makarov PM représente parfaitement la philosophie soviétique : compact, simple et terriblement efficace. Adopté en 1951, il a équipé les forces armées et la police soviétique pendant des décennies. Ce qui intéresse dans ce pistolet, c’est qu’il incarne l’approche pragmatique russe - rien de superflu, juste l’essentiel parfaitement exécuté. Sa maniabilité et sa compacité en font encore aujourd’hui une arme recherchée.
Le Tokarev TT 33 (en russe Пистолет Тульский Токарева, модель 1933 года, Pistolet Toula-Tokarev modèle 1933) est un pistolet semi-automatique simple action développé pour l’Armée rouge au cours des années 20. C’est une version simplifiée du TT 30 qui fut conçue par Fedor Vasilevitch Tokarev en se basant sur le Colt M1911 (mécanisme) et le Mauser C96 (munition copiée et interchangeable avec le 7,63 mm Mauser). Adoptée en 1933 cette arme peu onéreuse à produire était à la fois précise, puissante et simple à entretenir (platine démontable) pour son époque. Il souffre toutefois d’une absence de dispositifs de sécurité (hormis un cran de demi-armé du chien extérieur) et d’une poignée particulièrement inconfortable.
Le Tokarev TT 33 a été produit par un grand nombre de pays du Pacte de Varsovie, notamment la Hongrie (FEG 48/Tokagypt), la Corée du Nord (Type 68), la Pologne (FB TT), la Roumanie, ainsi que la Yougoslavie (Zastava M57) ou la Chine (Type 54) sous des formes plus ou moins proches de l’original. Il a été employé plus de 2 millions de TT 33 par la police et l’armée jusque dans les années 60 en URSS malgré l’apparition d’armes plus modernes après guerre. Il fut alors distribué massivement aux pays aidées militairement par Moscou ou Pékin.
Bien que la chose puisse paraître dérisoire face au cours de l’Histoire, c’est ce que firent les Soviétiques pour leurs armes de poing et leurs calibre : repenser le concept pour un usage défensif. Le calibre de 9×18 mm « Makarov » fut finalisé vraisemblablement entre 1947 et 1948 par Boris Semin, un des pères de la 7,62×39 M43. La munition originelle comportait un projectile cylindro-sphérique à base plate doté d’un noyau en plomb chemisé acier plaqué tombac pour un poids de 6,2 grammes.
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Ce projectile sera rapidement remplacé par un projectile de même forme à noyau en fer doux (en forme de champignon) enrobé de plomb et chemisé acier plaqué tombac pour un poids de 5,75 grammes. Les étuis seront d’abord construits en laiton, puis en acier cuivré ou en acier laqué. Cette évolution consistant à généraliser l’emploi de l’acier, que l’on retrouve sur la majorité des munitions soviétiques, répond avant tout à la volonté d’économiser des matériaux coûteux et stratégiques : le plomb et le cuivre.
Concernant le projectile, la présence d’un noyau en fer doux accroît également les capacités de perforation dans certaines circonstances. Cela étant, un noyau en fer doux ne constitue pas un noyau “perforant”: il s’agit bien d’une balle ordinaire au regard de ses capacités de perforation. Pour ce dernier point, il s’agit d’une considération technique et non légale : dura lex, sed lex. Selon l’expression consacrée alors par les Soviétiques eux-mêmes (dixit D.N. Bolotin), la 9×18 “Makarov” devait remplacer la 7,62×25 tout en conservant « le pouvoir d’arrêt de leurs prédécesseurs en 7.62 mm) » (en Anglais dans le livre : « the striking power of their 7.62 mm predecessor », sachant qu’il s’agit ici d’une traduction du Russe).
En 1945, l’URSS lance une mise en compétition où Nikolay Fedorovich Makarov, concepteur au bureau d’étude de Tula (le KBP) et d’autres concepteurs de l’Union Soviétique (dont Tokarev, Simonov, Korovin, pour ne citer que les plus connus par les amateurs d’armes Soviétiques) sont appelés à concevoir le remplaçant du TT 33. En 1951, c’est l’arme de N.F. Makarov qui est adoptée en calibre 9×18 mm, bien que le concepteur ait proposé également une arme en 7,62×25. Son appellation officielle est “9mm Pistolet Makarova” (Пистоле́т Мака́рова), souvent abrégée en “PM”.
Souvent considéré à tort comme un clone pur et simple du Walther PP (qui date de 1929), le Makarov partage avec lui surtout une bonne partie de son ergonomie, mais finalement que peu de sa mécanique. On ne peut cependant pas nier que les Soviétiques furent influencés par l’arme allemande : ils la connaissaient bien !
D’un point de vue ergonomique, nous sommes en présence d’un pistolet semi-automatique équipé d’un système de mise à feu simple et double action et doté d’un levier de sûreté / désarmement positionné sur le côté gauche de la partie arrière de la culasse. Le chargeur simple pile est d’une capacité de 8 coups. Il possède de larges ouvertures sur les flancs, ce qui permet de visualiser aisément le nombre de munitions présentes et qui facilite son garnissage.
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Mécaniquement l’arme est finalement très différente du Walther PP et ne partage en réalité sur ce plan que son principe moteur, celui de la culasse non calée avec l’agencement du ressort récupérateur autour du canon, ce dernier étant fixe dans la carcasse. Au total, le Makarov compte 31 pièces constitutives dont 18 pièces mobiles lors des phases de mise en œuvre et de tir.
Le pistolet modernisé Makarov (PMM) est une version mise à jour du légendaire PM, créé à l'époque post-soviétique pour améliorer les capacités de combat du pistolet classique Makarov. Développé dans les années 1990, le PMM était une tentative d'adapter une arme éprouvée à de nouvelles réalités, en augmentant sa puissance de feu et la capacité de son chargeur tout en conservant la simplicité et la fiabilité de l'original. Ce pistolet, bien que moins répandu que son prédécesseur, occupe une place particulière dans l'histoire de la fabrication d'armes russes.
L’histoire du PMM commence à la fin des années 1980, alors que l’Union soviétique était déjà au bord du déclin. Le pistolet Makarov, adopté en service en 1951, était alors devenu fermement une arme standard de l'armée, de la police et des services spéciaux, mais ses capacités ont commencé à devenir obsolètes dans le contexte de l'émergence de modèles plus modernes. Le développement du PMM a été réalisé à l'usine mécanique d'Ijevsk, où le PM original était produit depuis les années 1950.
Les concepteurs, parmi lesquels se sont distingués les ingénieurs Boris Pleshchinsky et Vladimir Lobanov, ont pris comme base le pistolet classique Makarov, en conservant son automatisation et sa disposition générale, mais ont apporté un certain nombre de modifications importantes. Après l'effondrement de l'URSS en 1991, le projet a été poursuivi en Russie et, en 1994, le PMM a été officiellement accepté en service sous l'indice 56-A-125.
Le PMM a conservé le principe de fonctionnement du PM - l'automatisation basée sur le recul d'un verrou libre, ce qui garantissait simplicité et fiabilité. Cependant, son chargeur est devenu à double rangée, contenant 12 cartouches au lieu de 8, ce qui a nécessité d'élargir la poignée et de changer sa forme. La nouvelle cartouche 9×18 mm PMM présentait une vitesse initiale accrue (environ 420 m/s contre 315 m/s pour la cartouche PM 9×18 mm standard) et une énergie initiale accrue (environ 340 J contre 300 J), ce qui améliorait la pénétration, en particulier contre les gilets pare-balles légers.
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La conception du PMM est restée minimaliste, comme celle du PM, avec un nombre total de pièces d'environ 32, ce qui a simplifié l'assemblage et la maintenance. La longueur du pistolet a été augmentée à 169 mm en raison du chargeur allongé, la hauteur était de 130 mm et la largeur a été augmentée à 34 mm en raison de la conception à double rangée. Le poids du PMM sans cartouches est d'environ 760 grammes et avec un chargeur entièrement chargé, d'environ 880 grammes, ce qui le rend légèrement plus lourd que le PM, mais toujours confortable pour un transport quotidien.
Le PMM était destiné aux forces armées et aux forces de l'ordre russes. Il a été adopté par le ministère de l'Intérieur et certaines unités de l'armée en 1994, avec pour projet de remplacer certains des PM obsolètes. Cependant, le réarmement massif n’a pas eu lieu : la crise économique et le manque de financement ont limité la production de PMM. Dans la vraie vie, le PMM est loué pour sa fiabilité et sa facilité d'entretien, héritées du PM, ainsi que pour son chargeur étendu, qui lui conférait un avantage lors des échanges de tirs.
Le pistolet Makarov modernisé est un exemple de la manière dont une arme éprouvée peut être adaptée à de nouvelles exigences sans s'éloigner radicalement de l'original. Son histoire est liée à la période difficile des années 1990, lorsque la Russie cherchait des moyens de moderniser son arsenal face à des ressources limitée.
Du revolver Nagant au pistolet électromagnétique anti-drones, les concepteurs russes présentent les armes classiques comme les Tokarev, Korovine, Makarov et Stechkin aux actuels Serdyakov, Yarygin, Oudav, Lebedev, etc. Les nouveaux pistolets d'assaut comme les armes spéciales ne sont pas oubliés.
Modèle | Calibre | Caractéristiques |
---|---|---|
Makarov PM | 9x18 mm | Compact, simple, efficace |
Tokarev TT 33 | 7,62x25 mm | Simple action, puissant, simple à produire |
Makarov PMM | 9x18 mm | Version modernisée, chargeur augmenté |
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