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L'histoire des armes soviétiques et russes fascine autant les passionnés d’histoire militaire que les collectionneurs. L’approche soviétique de la conception d’armement privilégiait la production de masse et la standardisation. Cette philosophie a permis la création d’un arsenal impressionnant qui continue d’influencer le développement militaire mondial. Cet article explore les pistolets russes les plus puissants, de leurs origines à leurs versions modernisées.

L'Héritage Soviétique : Makarov et Tokarev

Deux pistolets emblématiques illustrent parfaitement cette philosophie : le Makarov PM et le Tokarev TT-33.

Le Tokarev TT-33

Le Tokarev TT-30, introduit en 1930 par l'Union soviétique, est un pistolet semi-automatique emblématique conçu par Fedor Tokarev. Chambré en 7,62x25 Tokarev, un calibre puissant et perforant, il fut l'arme de service standard de l'Armée rouge avant d'être remplacé par le TT-33. Compact, robuste et simple à entretenir, le TT-30 se distingue par son design inspiré du Colt 1911, avec un mécanisme à simple action et un chargeur de 8 coups.

Fiodor Vassilievitch Tokarev a, à son actif, quelques armes de légende comme notre TT33 de ce jour justement ou bien le SVT40 ou son frère automatique l’AVT 40. L’histoire du pistolet Tokarev est un peu compliquée car, en fait, elle part de sa cartouche, la fameuse 7,62×25 Tokarev. Après la guerre civile russe, le pays est totalement ravagé et encore un bon quart de sa population d’origine paysanne est analphabète. Les élites blanches scientifiques, techniques et administratives sont, en bonne partie, mortes ou émigrées. Plus une usine n’est fonctionnelle. Misère et famines régulières sont généralisées. L’URSS n’est d’ailleurs même pas reconnue internationalement.

Grâce à sa proscription subie et ces accords, l’Armée rouge pouvait donc faire ce qui était interdit aux autres. C’est à dire acheter des armes en Allemagne. Alors que même que Mauser devait cacher ses C96 à destination de la Chine dans des caisses portant la mention « Moulins à Café », les soviétiques achetèrent donc tout à fait officiellement des lots entiers de la version à canon plus court du célébrissime pistolet C96 Mauser, dit modèle Bolo, ainsi que ses munitions idoines de 7.63 x25 Mauser.

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Tokarev tenta donc d’adopter son projet de PM à l’autre grande cartouche vedette des russkofs, la 7,63 Mauser, la 7,65 browning étant hors course pour un PM. Car, dans le cours de ses recherches, pour obtenir de meilleurs résultats dans le cyclage d’un PM et une cartouche que l’on puisse chambrer indifféremment dans un pistolet et un PM, tout en restant compatible avec les C96 déjà disponibles, Tokarev en était venu à modifier très légèrement la 7.63 x 25 Mauser pour en faire la 7.62 x 25 Tokarev dite « TT » (le premier « T » c’est pour l’Arsenal de Tula où il bossait et le second « T » c’est pour lui-même, Tokarev).

La puissance du TT-33 et de sa munition de 7.62TT ont fait sa réputation puisque, bien avant l’invention du Kevlar, il s’est avéré ultérieurement que notre TT-33 pouvait percer un gilet pare-balle de niveau II ! Elle peut même passer un III A (qui n’est pas un III mais un II amélioré). Il est effectivement plus pénétrant qu’un 9 para ou même un 45 ACP. Autour de cette munition dynamique, Tokarev va donc dessiner un véritable pistolet de combat pour la jeune armée soviétique.

Il est clair qu’en dessinant son TT-33 Tokarev s’est ouvertement inspiré d’un autre chef-d’œuvre de l’ingénierie armurière : le Colt M1911 de John Browning. Il en retint surtout le système de culasse courte à biellette oscillante (le célèbre « Colt-Browning system »), reconnu pour sa fiabilité. Cependant, Tokarev ne fit pas qu’une simple copie. Le TT-33 utilise aussi un mécanisme marteau/gâchette beaucoup plus simple que celui du M1911. Cet ensemble est conçu comme un bloc qui peut en plus être retiré du pistolet comme une unité modulaire (comme sur un P210). Les chargeurs eux-mêmes peuvent être démontés pour le nettoyage, une autre mesure visant à prévenir les dysfonctionnements.

L’arme prouva sa valeur dans les gigantesques combats du Front de l’Est durant la seconde guerre mondiale. Outre 93.000 exemplaires du TT-30 ( une vraie rareté aujourd’hui), a minima 1.200.000 exemplaires ont été assemblés en URSS de 1933 jusque 1954. Si on y ajoute ses variantes chinoise, polonaise, pakistanaise, roumaine, nord coréenne, yougoslave et vietnamienne, on atteint largement plus des 2 millions d’exemplaires. Bientôt centenaire, le TT-33 reste encore réglementaire dans plusieurs pays encore aujourd’hui.

Caractéristiques principales :

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  • Modèle : TT 30
  • Calibre : 7,62 x 25 Tokarev
  • Canon : 11,6 cm
  • Longueur : 19,5 cm
  • Poids : 842 g
  • Simple action
  • Organes de visée : Hausse sur queue d'aronde et guidon fixe
  • Chargeur : 8 coups

Le Pistolet Makarov (PM)

Adopté en 1951, il a équipé les forces armées et la police soviétique pendant des décennies. Ce qui intéresse dans ce pistolet, c’est qu’il incarne l’approche pragmatique russe - rien de superflu, juste l’essentiel parfaitement exécuté.

En 1945, l’URSS lance une mise en compétition où Nikolay Fedorovich Makarov, concepteur au bureau d’étude de Tula (le KBP) et d’autres concepteurs de l’Union Soviétique (dont Tokarev, Simonov, Korovin, pour ne citer que les plus connus par les amateurs d’armes Soviétiques) sont appelés à concevoir le remplaçant du TT 33. En 1951, c’est l’arme de N.F. Makarov qui est adoptée en calibre 9×18 mm, bien que le concepteur ait proposé également une arme en 7,62×25. Son appellation officielle est “9mm Pistolet Makarova” (Пистоле́т Мака́рова), souvent abrégée en “PM”.

Souvent considéré à tort comme un clone pur et simple du Walther PP (qui date de 1929), le Makarov partage avec lui surtout une bonne partie de son ergonomie, mais finalement que peu de sa mécanique. On ne peut cependant pas nier que les Soviétiques furent influencés par l’arme allemande : ils la connaissaient bien !

D’un point de vue ergonomique, nous sommes en présence d’un pistolet semi-automatique équipé d’un système de mise à feu simple et double action et doté d’un levier de sûreté / désarmement positionné sur le côté gauche de la partie arrière de la culasse. Le chargeur simple pile est d’une capacité de 8 coups. Mécaniquement l’arme est finalement très différente du Walther PP et ne partage en réalité sur ce plan que son principe moteur, celui de la culasse non calée avec l’agencement du ressort récupérateur autour du canon, ce dernier étant fixe dans la carcasse. Au total, le Makarov compte 31 pièces constitutives dont 18 pièces mobiles lors des phases de mise en œuvre et de tir.

Le 9x18 Makarov : Une Munition Repensée pour la Défense

Bien que la chose puisse paraître dérisoire face au cours de l’Histoire, c’est ce que firent les Soviétiques pour leurs armes de poing et leurs calibre : repenser le concept pour un usage défensif. Le calibre de 9×18 mm « Makarov » fut finalisé vraisemblablement entre 1947 et 1948 par Boris Semin, un des pères de la 7,62×39 M43. Selon l’expression consacrée alors par les Soviétiques eux-mêmes (dixit D.N. Bolotin), la 9×18 “Makarov” devait remplacer la 7,62×25 tout en conservant « le pouvoir d’arrêt de leurs prédécesseurs en 7.62 mm) ».

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Le 9×18 Makarov sera mis en service à travers deux armes en URSS pendant la guerre froide: le pistolet Makarov et le pistolet rafaleur Stechkin. Plusieurs types de munitions seront produits, dont des munitions à déformation programmée (sans doute pour un usage « Police »), des munitions perforantes et même des munitions traceuses. Notons également ici l’apparition au début des années 1990 d’une munition « modernisée » dénommée dans la littérature consacrée « 9×18 PMM ».

Le Pistolet Makarov Modernisé (PMM)

Le pistolet modernisé Makarov (PMM) est une version mise à jour du légendaire PM, créé à l'époque post-soviétique pour améliorer les capacités de combat du pistolet classique Makarov. Développé dans les années 1990, le PMM était une tentative d'adapter une arme éprouvée à de nouvelles réalités, en augmentant sa puissance de feu et la capacité de son chargeur tout en conservant la simplicité et la fiabilité de l'original.

Le développement du PMM a été réalisé à l'usine mécanique d'Ijevsk, où le PM original était produit depuis les années 1950. Les concepteurs, parmi lesquels se sont distingués les ingénieurs Boris Pleshchinsky et Vladimir Lobanov, ont pris comme base le pistolet classique Makarov, en conservant son automatisation et sa disposition générale, mais ont apporté un certain nombre de modifications importantes. Après l'effondrement de l'URSS en 1991, le projet a été poursuivi en Russie et, en 1994, le PMM a été officiellement accepté en service sous l'indice 56-A-125.

Le PMM a conservé le principe de fonctionnement du PM - l'automatisation basée sur le recul d'un verrou libre, ce qui garantissait simplicité et fiabilité. Cependant, son chargeur est devenu à double rangée, contenant 12 cartouches au lieu de 8, ce qui a nécessité d'élargir la poignée et de changer sa forme. La conception du PMM est restée minimaliste, comme celle du PM, avec un nombre total de pièces d'environ 32, ce qui a simplifié l'assemblage et la maintenance.

Le PMM était destiné aux forces armées et aux forces de l'ordre russes. Il a été adopté par le ministère de l'Intérieur et certaines unités de l'armée en 1994, avec pour projet de remplacer certains des PM obsolètes. Cependant, le réarmement massif n’a pas eu lieu : la crise économique et le manque de financement ont limité la production de PMM.

Le pistolet Makarov modernisé est un exemple de la manière dont une arme éprouvée peut être adaptée à de nouvelles exigences sans s'éloigner radicalement de l'original. Son histoire est liée à la période difficile des années 1990, lorsque la Russie cherchait des moyens de moderniser son arsenal face à des ressources limitée.

Les Nouvelles Générations : Au-delà des Classiques

Les concepteurs russes présentent les armes classiques comme les Tokarev, Korovine, Makarov et Stechkin aux actuels Serdyakov, Yarygin, Oudav, Lebedev, etc. Les nouveaux pistolets d'assaut comme les armes spéciales ne sont pas oubliés. Parmi les développements récents, on trouve le PPK-20.

Le PPK-20

D’après l’armurier , le PPK-20 a été conçu sur la base du pistolet-mitrailleur Vityaz-SN, mis en service au sein des forces armées russes à partir de 2008. Et par rapport à ce dernier, il affiche des performances nettement supérieures, avec une portée de 360 mètres [contre 200 mètres].

En cas d’éjection au-dessus d’un territoire hostile, les pilotes et autres navigateurs disposent d’armes individuelles pour assurer leur autodéfense, avant l’arrivée d’une équipe CSAR. Et la tendance est actuellement de leur doter une puissance de feu accrue, qui va au-delà du seul pistolet. D’autres essais doivent encore être effectués avant d’envisager le lancement de la production… quand le ministère russe de la Défense se décidera à passer une commande.

Tableau Comparatif des Pistolets Russes

Modèle Calibre Chargeur Caractéristiques
Tokarev TT-33 7,62x25 Tokarev 8 coups Robuste, perforant, simple d'entretien
Makarov PM 9x18 Makarov 8 coups Compact, fiable, ergonomique
Makarov PMM 9x18 Makarov (modernisé) 12 coups Capacité accrue, modernisation du PM

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