L'histoire des armes soviétiques et russes fascine autant les passionnés d’histoire militaire que les collectionneurs. L’approche soviétique de la conception d’armement privilégiait la production de masse et la standardisation. Cette philosophie a permis la création d’un arsenal impressionnant qui continue d’influencer le développement militaire mondial. Deux pistolets emblématiques illustrent parfaitement cette philosophie : le Makarov PM et le Tokarev TT-33.
Le Tokarev TT 33 (en russe Пистолет Тульский Токарева, модель 1933 года, Pistolet Toula-Tokarev modèle 1933) est un pistolet semi-automatique simple action développé pour l’Armée rouge au cours des années 20. C’est une version simplifiée du TT 30 qui fut conçue par Fedor Vasilevitch Tokarev en se basant sur le Colt M1911 (mécanisme) et le Mauser C96 (munition copiée et interchangeable avec le 7,63 mm Mauser). Adoptée en 1933 cette arme peu onéreuse à produire était à la fois précise, puissante et simple à entretenir (platine démontable) pour son époque.
Fiodor Vassilievitch Tokarev a, à son actif, quelques armes de légende comme notre TT33 de ce jour justement ou bien le SVT40 ou son frère automatique l’AVT 40. Il est clair qu’en dessinant son TT-33 Tokarev s’est ouvertement inspiré d’un autre chef-d’œuvre de l’ingénierie armurière : le Colt M1911 de John Browning. Il en retint surtout le système de culasse courte à biellette oscillante (le célèbre « Colt-Browning system »), reconnu pour sa fiabilité.
Cependant, Tokarev ne fit pas qu’une simple copie. Le TT-33 utilise aussi un mécanisme marteau/gâchette beaucoup plus simple que celui du M1911. Cet ensemble est conçu comme un bloc qui peut en plus être retiré du pistolet comme une unité modulaire (comme sur un P210). Les chargeurs eux-mêmes peuvent être démontés pour le nettoyage, une autre mesure visant à prévenir les dysfonctionnements.
L’arme prouva sa valeur dans les gigantesques combats du Front de l’Est durant la seconde guerre mondiale. Outre 93.000 exemplaires du TT-30 ( une vraie rareté aujourd’hui), a minima 1.200.000 exemplaires ont été assemblés en URSS de 1933 jusque 1954. Si on y ajoute ses variantes chinoise, polonaise, pakistanaise, roumaine, nord coréenne, yougoslave et vietnamienne, on atteint largement plus des 2 millions d’exemplaires. Bientôt centenaire, le TT-33 reste encore réglementaire dans plusieurs pays encore aujourd’hui.
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Elle souffre toutefois d’une absence de dispositifs de sécurité (hormis un cran de demi-armé du chien extérieur) et d’une poignée particulièrement inconfortable.
Le Tokarev TT 33 a été produit par un grand nombre de pays du Pacte de Varsovie, notamment la Hongrie (FEG 48/Tokagypt), la Corée du Nord (Type 68), la Pologne (FB TT), la Roumanie, ainsi que la Yougoslavie (Zastava M57) ou la Chine (Type 54) sous des formes plus ou moins proches de l’original.
Il a été employé plus de 2 millions de TT 33 par la police et l’armée jusque dans les années 60 en URSS malgré l’apparition d’armes plus modernes après guerre. Il fut alors distribué massivement aux pays aidées militairement par Moscou ou Pékin.
Comme le Colt M1911 de calibre .45 ACP, le Luger P.08 de 9×19, le TT 33 fait partie de ces armes qui ont marqué l’histoire. Associé à tout jamais à l’URSS et à la Second Guerre mondiale, il constitue dans beaucoup de pays où l’acquisition d’armes de poing est possible, un achat sûr, l’arme étant fiable, « puissante », et souvent peu coûteuse.
Adopté en 1951, il a équipé les forces armées et la police soviétique pendant des décennies. Ce qui intéresse dans ce pistolet, c’est qu’il incarne l’approche pragmatique russe - rien de superflu, juste l’essentiel parfaitement exécuté.
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En 1945, l’URSS lance une mise en compétition où Nikolay Fedorovich Makarov, concepteur au bureau d’étude de Tula (le KBP) et d’autres concepteurs de l’Union Soviétique (dont Tokarev, Simonov, Korovin, pour ne citer que les plus connus par les amateurs d’armes Soviétiques) sont appelés à concevoir le remplaçant du TT 33. En 1951, c’est l’arme de N.F. Makarov qui est adoptée en calibre 9×18 mm, bien que le concepteur ait proposé également une arme en 7,62×25. Son appellation officielle est “9mm Pistolet Makarova” (Пистоле́т Мака́рова), souvent abrégée en “PM”.
Souvent considéré à tort comme un clone pur et simple du Walther PP (qui date de 1929), le Makarov partage avec lui surtout une bonne partie de son ergonomie, mais finalement que peu de sa mécanique. On ne peut cependant pas nier que les Soviétiques furent influencés par l’arme allemande : ils la connaissaient bien !
D’un point de vue ergonomique, nous sommes en présence d’un pistolet semi-automatique équipé d’un système de mise à feu simple et double action et doté d’un levier de sûreté / désarmement positionné sur le côté gauche de la partie arrière de la culasse. Le chargeur simple pile est d’une capacité de 8 coups.
Mécaniquement l’arme est finalement très différente du Walther PP et ne partage en réalité sur ce plan que son principe moteur, celui de la culasse non calée avec l’agencement du ressort récupérateur autour du canon, ce dernier étant fixe dans la carcasse. Au total, le Makarov compte 31 pièces constitutives dont 18 pièces mobiles lors des phases de mise en œuvre et de tir.
Bien que la chose puisse paraître dérisoire face au cours de l’Histoire, c’est ce que firent les Soviétiques pour leurs armes de poing et leurs calibre : repenser le concept pour un usage défensif. Le calibre de 9×18 mm « Makarov » fut finalisé vraisemblablement entre 1947 et 1948 par Boris Semin, un des pères de la 7,62×39 M43. Selon l’expression consacrée alors par les Soviétiques eux-mêmes (dixit D.N. Le 9×18 Makarov sera mis en service à travers deux armes en URSS pendant la guerre froide: le pistolet Makarov et le pistolet rafaleur Stechkin. Plusieurs types de munitions seront produits, dont des munitions à déformation programmée (sans doute pour un usage « Police »), des munitions perforantes et même des munitions traceuses.
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Notons également ici l’apparition au début des années 1990 d’une munition « modernisée » dénommée dans la littérature consacrée « 9×18 PMM ».
Le pistolet modernisé Makarov (PMM) est une version mise à jour du légendaire PM, créé à l'époque post-soviétique pour améliorer les capacités de combat du pistolet classique Makarov. Développé dans les années 1990, le PMM était une tentative d'adapter une arme éprouvée à de nouvelles réalités, en augmentant sa puissance de feu et la capacité de son chargeur tout en conservant la simplicité et la fiabilité de l'original.
Le développement du PMM a été réalisé à l'usine mécanique d'Ijevsk, où le PM original était produit depuis les années 1950. Les concepteurs, parmi lesquels se sont distingués les ingénieurs Boris Pleshchinsky et Vladimir Lobanov, ont pris comme base le pistolet classique Makarov, en conservant son automatisation et sa disposition générale, mais ont apporté un certain nombre de modifications importantes. Après l'effondrement de l'URSS en 1991, le projet a été poursuivi en Russie et, en 1994, le PMM a été officiellement accepté en service sous l'indice 56-A-125.
Le PMM a conservé le principe de fonctionnement du PM - l'automatisation basée sur le recul d'un verrou libre, ce qui garantissait simplicité et fiabilité. Cependant, son chargeur est devenu à double rangée, contenant 12 cartouches au lieu de 8, ce qui a nécessité d'élargir la poignée et de changer sa forme. La conception du PMM est restée minimaliste, comme celle du PM, avec un nombre total de pièces d'environ 32, ce qui a simplifié l'assemblage et la maintenance.
Le PMM était destiné aux forces armées et aux forces de l'ordre russes. Il a été adopté par le ministère de l'Intérieur et certaines unités de l'armée en 1994, avec pour projet de remplacer certains des PM obsolètes. Cependant, le réarmement massif n’a pas eu lieu : la crise économique et le manque de financement ont limité la production de PMM.
Le pistolet Makarov modernisé est un exemple de la manière dont une arme éprouvée peut être adaptée à de nouvelles exigences sans s'éloigner radicalement de l'original. Son histoire est liée à la période difficile des années 1990, lorsque la Russie cherchait des moyens de moderniser son arsenal face à des ressources limitée.
Les concepteurs russes présentent les armes classiques comme les Tokarev, Korovine, Makarov et Stechkin aux actuels Serdyakov, Yarygin, Oudav, Lebedev, etc. Les nouveaux pistolets d'assaut comme les armes spéciales ne sont pas oubliés. Parmi les développements récents, on trouve le PPK-20.
D’après l’armurier , le PPK-20 a été conçu sur la base du pistolet-mitrailleur Vityaz-SN, mis en service au sein des forces armées russes à partir de 2008. Et par rapport à ce dernier, il affiche des performances nettement supérieures, avec une portée de 360 mètres [contre 200 mètres].
En cas d’éjection au-dessus d’un territoire hostile, les pilotes et autres navigateurs disposent d’armes individuelles pour assurer leur autodéfense, avant l’arrivée d’une équipe CSAR. Et la tendance est actuellement de leur doter une puissance de feu accrue, qui va au-delà du seul pistolet.
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