Le début des pistolets-mitrailleurs français commence réellement après la Première Guerre mondiale. Le souvenir de la terrible efficacité de cette arme en combat rapproché resta bien présent dans l’esprit des rédacteurs du programme de 1921, qui définissait le futur armement français. Aussi les caractéristiques du futur PM de l’armée française furent elles fortement inspirées par celles du Bergmann MP18/I.
Ce document plein de pragmatisme, en date du 11 mai 1921, a été rédigé par des militaires encore proches des réalités du combat! L’arme aura la forme d’une carabine raccourcie. Son poids sera compris entre 3 et 4 kg, sa munition devra être la même que celle du pistolet qui sera choisi comme modèle de l’armée. En attendant que ce modèle ait été fixé, les armes à présenter devront tirer la cartouche de Parabellum 9 mm,l’arme tirera des chargeurs de 25 cartouches au moins,son mode de tir normal est le tir en mitrailleuse, un mécanisme permettant le tir coup par coup n’est pas demandé,la cadence de tir sera de 400 à 500 coups par minute,l’arme sera très rustique, très simple, bien protégée contre la boue,le principe d’une arme à culasse non verrouillée est recommandé en raison de sa simplicité,l’arme tirée sur appui à une distance de 100 mètres devra donner un rectangle inférieur à 70/70 (cm) dans le tir par rafales de 5 à 6 cartouches et inférieur à 100/100 (cm) dans le tir par chargeurs complets,la précision dans le tir à bras francs sera expérimentée et entrera en compte dans l’appréciation de l’arme,la hausse comportera que les crans de 100 et 200 mètres,pour faciliter le tir sur appui, l’arme devra être munie d’un bipied.
Au cours des années suivant la publication du programme, des armes d’origines diverses, en calibre 9mm Parabellum vont être proposées à l’armée, soit par des établissements d’état, soit par des fabricants étrangers. Le programme de 1921 avait stipulé que les armes proposées devraient être établies en calibre 9 mm Parabellum «en attendant que le calibre du futur pistolet de l’armée française ait été choisi ». Ainsi que nous l’avons mentionné précédemment, dans l’attente du choix définitif de cette munition, il avait été décidé que les prototypes de PM seraient chambrés en 9 mm Parabellum. De très importantes quantités de cartouches de ce type capturées sur les troupes allemandes étaient en effet disponibles dans nos arsenaux.
Il n’y avait par contre aucune raison particulière pour que la France choisisse d’adopter définitivement la 9 mm Parabellum, qui n’était à cette époque fabriquée qu’en Allemagne, plutôt que telle ou telle autre cartouche. Les services techniques de l’armée avaient expérimenté la cartouche de .30 Pedersen en 1922, en étudiant une carabine semi-automatique, dans ce calibre, que John M. 50 000 Cartouches de .30 Pedersen furent commandées aux USA pour effectuer les premiers essais. Cette cartouche peu connue avait été conçue pour alimenter un dispositif permettant de transformer le fusil réglementaire américain Springfield 1903 en arme automatique.
En effet, les armes légères souffrent souvent d’un manque d’information en français ce qui est d’autant plus regrettable que la France est le berceau de l’armement moderne (fusil semi-automatique, poudre sans fumée, balle Minié, etc.). Mon objectif est de mettre en avant la riche histoire de ces inventions et l’ingéniosité des hommes qui les ont conçus. Je travaille en collaboration avec différents acteurs dont des musées, collectionneurs privés et entreprises de l’armement qui me permettent d’avoir accès à ces armes pour les étudier et quelques fois les essayer.
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Les ingénieurs français vont concevoir de nombreux prototypes dans le cadre d’un nouveau programme d’armement censé moderniser l’équipement français. Malheureusement, aucune arme ne sera adoptée avant la fin des années trente. En 1938, on décide enfin d’adopter le dernier prototype de pistolet-mitrailleur conçu par la Manufacture d’Armes de St-Etienne, le SE MAS 1935 qui devient alors le MAS modèle 1938.
C’est dans cette logique que le MAS 38 est conçu du côté de Saint-Etienne et de sa manufacture d’armes. Il est d’abord utilisé lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment par les Corps francs, la Milice française et les FFI. Le MAS 38 est un pistolet mitrailleur compact, facilement contrôlable. Il jouit d’un mode automatique impressionnant. Cependant, les troupes de l’armée française se plaignent rapidement de sa faible puissance, mais également de sa courte portée de tir. De plus, la production de MAS 38 est ralentie à cause de son prix. Son utilisation au sein des troupes de l’armée française n’est finalement que très faible. C’est davantage du côté de la gendarmerie, de la police nationale ainsi que de l’Armée de l’air que le MAS 38 est utilisé.
Seulement deux mille exemplaires vont être fabriqués avant l’armistice, mais la production se poursuivra sous l’occupation. Les Allemands désigneront alors ces armes MP722 (f). A la Libération, la production à grande échelle peut enfin reprendre et on estime que plus de 200 000 MAS 38 ont été fabriqués. Ce petit pistolet mitrailleur était une bonne arme car il était compact et facilement contrôlable en mode automatique cependant il souffrait de deux défauts majeurs. Le premier est sa cartouche de 7,65 Long avec une trop faible puissance d’arrêt et le deuxième est son prix. Ces deux problèmes expliquent donc son remplacement par le célèbre MAT 49 de conception plus simple et aménagé pour le 9mm parabellum.
En 1939-1940, la France doit combler ses lacunes tactiques, mises à nu lors des escarmouches durant la drôle de guerre. La société SACM a proposé à l’état-major l’une de ses inventions créée en 1935 par son ingénieur PETTER, le créateur du pistolet 1935 A déjà adopté par l’armée. Il s’agit d’un pistolet-mitrailleur dont la particularité est d’être en tôle emboutie, beaucoup plus économique à construire que l’usinage du Mas 1938. La culasse avait son ressort récupérateur au-dessus du canon, permettant de gagner en compacité. Grâce à sa munition 7.65 longue, les ingénieurs pouvaient créer des pistolets-mitrailleurs légers et compacts, tout en conservant une forte pénétration pour une munition d’arme de poing. Un avantage que ni le 9mm Parabellum ni le .45 ACP ne pouvaient prétendre à l’époque. Il fonctionnait à culasse non calée.
L’état-major français, après des essais enthousiastes, a décidé officiellement d’adopter en complément des pistolets-mitrailleurs Mas 1938 en le nommant modèle 1939. Peu seront construits avant la fin des hostilités ; le pistolet-mitrailleur modèle 1939 est arrivé trop tard pour être construit en masse.
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En 1933, les critères de choix contenus dans le programme d’armement de 1921 furent complétés par deux nouvelles exigences : les PM devraient désormais être dotés d’une crosse repliable et d’un chargeur rabattable. L’ETVS mit rapidement au point un nouveau PM doté d’une crosse et d’un chargeur repliables. Deux prototypes de cette arme furent construits au sein de l’établissement. Ils furent testés en 1937 le premier par l’ETVS lui-même, le second par la Commission d’Études de l’Infanterie (CEI) en compagnie du PM Petter et du PM MAS modèle 1935 SE. Long de 67 cm une fois la crosse dépliée et de 42 cm crosse repliée, le PM ETVS était doté d’une culasse ingénieuse, à l’intérieur de laquelle était intégré un ralentisseur de recul actionné par un volant à inertie.
Cette conception permit de créer une arme courte et légère. Grâce à la faible puissance de la munition de 7,65mm Long et à l’efficacité du ralentisseur de recul qui maintenait la cadence de tir autour de 600 coups par minute, les concepteurs de l’ETVS avaient pu se dispenser de doter l’arme d’une culasse lourde et volumineuse et limiter la course de cette culasse pendant son recul. En revenant en position de fermeture, la culasse actionnait un levier de percussion, qui déclenchait la percussion de la cartouche présente dans la chambre. Avec son levier de percussion commandé par la fermeture de la culasse et sa partie avant cylindrique, la culasse de l’ETVS n’est pas dépourvue d’analogies avec celle du PM Thompson, dont l’établissement technique de Versailles (ETVS) avait testé plusieurs exemplaires entre 1921 et 1927.
La Manufacture Nationale d’Armes de Châtellerault (MAC), se vit confier par l’ETVS, la charge d’en réaliser dix exemplaires de présérie du PM ETVS. Devant le résultat prometteur des essais, le 14 Mars 1937, la Direction des Études et Fabrications d’Armement (DEFA) ordonna à la MAC de fabriquer quarante PM ETVS supplémentaires. Cette commande ne fut finalement achevée qu’en 1939. Par décision ministérielle du 30 juin 1938, la MAS fut chargée de réaliser 600 chargeurs et 58 canons de PM ETVS.
L’adoption du PM Petter en 1939 et le choix de mettre en fabrication en urgence une version améliorée du PM modèle 1935 (qui donna naissance au PM MAS 38) de la MAS mettront fin à la carrière de l’ETVS, qui était pourtant une arme fort intéressante et bien conçue. Étrangement, l’une des fiches d’identification des matériels étrangers (Kennblätter Fremdengeräts) éditées par la Wehrmacht, présente le PM ETVS sous la désignation de «Maschinenpistole 721(f)». Compte tenu du faible nombre de PM ETVS fabriqués, du nombre réduit de chargeurs disponibles et de la spécificité de sa munition, il est fort peu probable que l’armée allemande ait remis l’ETVS en service.
Les volte-face survenues dans les programmes d’étude et le manque de volonté de faire aboutir rapidement un projet de pistolet-mitrailleur dans une armée encore persuadée que seuls le fusil et le fusil-mitrailleur étaient des armes « sérieuses », ont conduit en 1939, à adopter des solutions d’urgence pour fournir des PM à nos soldats : mise en fabrication accélérée de la version industrielle du PM MAS SE-1935 (le MAS 38), commande de pistolets-mitrailleurs Thompson modèle 1921 aux États-Unis (qui arrivèrent en France top tard pour participer aux combats de 1940), mise en service de PM Erma-Vollmer saisis sur les troupes de la République espagnole lors qu’elles se réfugièrent en France en 1939.
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Le choix de la munition de 7,65 mm Long, a souvent été critiqué dans les publications contemporaines. « Ce choix était justifié par des performances à peu près identiques à la 9 mm Parabellum sur le plan de la précision et de la perforation jusqu’à 600 mètres pour un poids plus faible de la 7,65 mm Long (9,3 g contre 12,2 g pour la cartouche de 9 mm Parabellum). Le choix de cette cartouche s’expliquait aussi par une modification apportée aux caractéristiques initialement prévues pour le futur pistolet de l’armée française par le programme de 1921.
En 1927, ce cahier de caractéristiques militaires fut modifié au profit d’un pistolet plus léger et moins encombrant. La réduction de calibre, permettant d’utiliser une cartouche plus légère était cohérente avec cette tendance. Une évolution analogue se dessina pour le PM. Les rédacteurs du programme de 1921 avaient initialement défini une arme d’assaut, comme l’était le MP-18 : un pistolet-mitrailleur More rustique, destiné à prendre d’assaut les positions ennemies en noyant leurs défenseurs sous un déluge de feu ou à défendre nos propres positions, par le même procédé.
Entre les deux guerres, les penseurs militaires français voyaient plutôt dans le PM, une arme de défense, destinées à armer les cadres et les spécialistes qui n’avaient pas à combattre avec un fusil. Par ailleurs, la modernisation de l’armée française, entreprise au milieu des années 1920, devait déboucher sur une motorisation accrue de l’infanterie, jointe au développement des unités blindées et aéroportées.
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