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Sorti en Italie le 23 décembre 1966, Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone est un film qui a marqué l'histoire du cinéma. Il faudra attendre plus d'un an pour le découvrir en France ! Hors de question de patienter jusque là. Ce western spaghetti, troisième volet de la trilogie de l'Homme sans nom, met en scène trois personnages emblématiques lancés dans une quête impitoyable pour un trésor caché.

L'histoire et le titre

Dans Le Bon, la Brute et le Truand, on retrouve donc l'Homme sans nom pour la troisième fois après Pour une poignée de dollars tourné en 1964 et Et pour quelques dollars de plus réalisé en 1965. Mais pourquoi ne porte-t-il pas son mythique poncho ? Parce l'histoire se situe en amont des deux précédents films. Et c'est à la fin de celui-ci qu'il récupère le fameux "sarape", un poncho mexicain, modèle unique trouvé par Sergio Leone en Espagne !

Le titre original du film était Les Deux Magnifiques Bons-à-rien mais il est changé dès le début du tournage. Luciano Vincenzoni, le scénariste propose Le Bon, la Brute et le Truand (Il buono, il brutto, il cattivo), qui plaît aussitôt à Leone.

Tout au long du film, le réalisateur tend à démonter ce triptyque : De tout temps j'ai pensé que le bon, le mauvais et le violent ne pouvaient pas exister dans un sens absolu et total. "J'ai une vieille chanson romaine gravée en mémoire", raconte-t-il, "une chanson qui me semble pleine de bon sens : Un cardinal est mort. Il a fait le bien et le mal. Il a bien fait le mal et il a mal fait le bien. Voilà en gros la morale que je souhaitais glisser dans le film."

Les trois personnages principaux (Tuco, Blondin et Sentenza) ont tous quelque chose en eux de Sergio Leone...

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Les personnages principaux

Le Bon : Blondin (Clint Eastwood)

Clint Eastwood interprète Le Bon. Son personnage est désigné par le surnom Blondin. A aucun moment son vrai nom n'est prononcé. En revanche, dans le scénario, il apparaît sous le nom de Joe. Sergio Leone : Considérant le côté méthodique et prudent de ma personnalité, je ressemble aussi à Blondin.

Au moment ou le réalisateur lui propose de reprendre le rôle de Blondin, Clint Eastwood hésite. Pourtant, il n'a aucun engagement en vue. Rawhide, la série télé américaine dans laquelle il jouait l'un des rôles permanents vient de s'achever après huit saisons et les deux précédents films de Léone dans lesquels il joue ne sont pas encore sortis aux Etats-Unis.

Après avoir lu le scénario, il trouve que le rôle de Tuco est plus important que le sien : Dans le premier film j'étais seul, dans le deuxième nous étions deux, ici nous sommes trois. Dans le prochain, je me retrouverai au milieu d'un détachement de cavalerie. Leone fait alors le déplacement jusqu'en Californie. Après deux jours de dures négociations, l'acteur accepte de tourner le film pour un salaire de 250 000 $, plus 10 % des profits du box-office sur tout le territoire occidental.

La Brute : Sentenza (Lee Van Cleef)

Lee Van Cleef interprète le rôle de La Brute, un mercenaire insensible et sans pitié qui s'appelle dans les versions italienne et française Sentenza, nom devenu dans la version américaine Angel Eyes ("Œil d'ange") Sergio Leone : Sentenza n'a pas d'âme, il est un professionnel dans le sens le plus banal du terme. Comme un robot.

À l'origine, Leone voulait que Charles Bronson interprète Sentenza, mais celui-ci tournait Les Douze Salopards de Robert Aldrich. Lee Van Cleef souffrait d'une peur étrange des chevaux. Lorsque l'on tourne un western, ça peut vite devenir problématique. Sergio Donati (qui a travaillé lui aussi sur le scénario du Bon, la Brute et le Truand, même s'il n'est pas crédité au générique) raconte : "On lui trouva un cheval docile et amadoué comme une bête de cirque, mais pour pouvoir y monter, il lui fallait une chaise et il fallait que quelqu'un tienne l'animal. La même histoire se répétait évidemment lorsqu'il s'agissait de redescendre".

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Le Truand : Tuco (Eli Wallach)

Eli Wallach interprète le rôle de Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez. Sergio Leone : Ma plus profonde sympathie sera toujours pour Tuco… Il sait être touchant avec toute cette tendresse et cette humanité blessée. Mais Tuco est aussi une créature toute instinctive, un bâtard, un vagabond."

Leone pense dans un premier temps à Gian Maria Volonte pour le rôle de Tuco. S'il choisit finalement Eli Wallach, c'est qu'il sent en lui une dimension chaplinesque. L'acteur hésite. Et Leone fait à nouveau le voyage jusqu'à Los Angeles avec sous le bras une bobine de Et pour quelques dollars de plus. La séquence d'ouverture du film suffira à convaincre Wallach. Les deux hommes vont particulièrement bien s'entendre. Ils partagent notamment ce même sens de l'humour un peu étrange.

Leone permet à Wallach d'effectuer des modifications à son personnage, dans la mise en scène et dans sa façon de bouger. Les vêtements de Tuco sont choisis par Wallach lui-même. C'est également lui qui propose le signe de croix compulsif du personnage.

La musique d'Ennio Morricone

Elle est (évidemment) signée Ennio Morricone. (Les deux hommes se connaissent depuis l'enfance.) Pour ce film, le maestro compose la musique avant le début de tournage, ce qui permet au réalisateur de la faire jouer sur le plateau. Cela crée l'atmosphère de la scène et influence clairement les interprètes. Cette méthode plait beaucoup à Clint Eastwood. Le thème musical principal est célébrissime, pour ne pas dire mythique !

Dès le début du film, ce thème est exécuté d’une façon originale : deux voix masculines vocalisent en duo, l'une criant "Ah !" et l'autre "Eh !". Les "Aaah !" et les "Eeeh !" mêlés évoquent, selon Morricone, la férocité animale de l'Ouest sauvage. Ce thème est ensuite utilisé dans le film pour représenter les trois personnages principaux avec un son différent pour chacun : une flûte pour Blondin, un ocarina pour Sentenza et une voix humaine pour Tuco. Cette mélodie se répète tout au long du film comme un leitmotiv appuyant l'entrée en scène ou la sortie d'un personnage.

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Le duel final au cimetière de Sad Hill

Ou devrais-je dire le "truel", puisqu'ils sont trois à s'affronter, au milieu du cimetière de Sad Hill, dans la scène (quasi) finale du film. Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses.

Sergio Leone veut un cimetière qui ressemble à une arène. Et comme ce lieu n'existe pas, il le fait créer. Carlo Simi, le chef décorateur trouve le lieu idéal dans la région de Castille-et-León au nord de l'Espagne, près de Burgos. L'armée franquiste met 250 hommes à sa disposition et il leur fait construire en deux jours le cimetière dont Leone avait rêvé, avec 10 000 tombes.

Dans l'un des plans de la scène du cimetière, on voit un squelette. Après s'être adressé sans succès aux services médicaux et aux autorités locales, Carlo Simi apprend qu'à Madrid, une femme loue le squelette de sa mère, actrice de son vivant qui a choisi de l'offrir, afin de "pouvoir continuer sa carrière même après sa mort". Simi se rend donc à Madrid en voiture, pour récupérer le squelette parfaitement conservé, exactement tel qu'on le voit dans la scène.

La séquence du duel a fait école. Pendant près de cinq minutes, Leone alterne les plans fixes sur ses comédiens. D'abord panoramiques, puis de plus en plus serrés et rapides. Le moindre rictus, mouvement d’œil ou de doigts est scruté. Le tout souligné par la musique d'Ennio Morricone : Leone voulait que le spectateur ait l'impression d'assister à un ballet [...] La musique doit donner du lyrisme à toutes ces images réalistes pour que cela devienne une chorégraphie, autant qu'un suspense.

Le cimetière fut ensuite "démonté", mais le lieu existe toujours, entre Santo Domingo de Silos et Contreras. C'est là que ce sont retrouvés quelques fans pour le 45e anniversaire du film.

Répliques cultes

Le Bon, la Brute et le Truand, troisième et dernier volet de cette oeuvre fondatrice d'un nouveau genre de western, est une véritable mine d'or en la matière. On aurait notamment pu citer "Je finis toujours le travail pour lequel on me paie" de Sentenza, "C’est pas une farce, c’est une corde" de Blondin" et bien sûr "Quand on tire on raconte pas sa vie" de Tuco.

Mais attardons-nous plutôt sur une réplique décochée par Clint Eastwood à la fin du long métrage, et qui reste toujours aussi mythique, même 58 ans après. "Tu vois ? Le monde se divise en deux catégories...""Tu vois ? Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses", lance-t-il nonchalamment à un Tuco dépité, qui se voit dans l'obligation de reprendre sa pelle pour exhumer le magot.

Simple, efficace, sans fioritures ni artifices, cette petite phrase d'une efficacité redoutable met parfaitement en valeur le charisme de son personnage et de son interprète.

Anecdotes

  • Le film durait à l'origine près de trois heures dans sa version italienne mais fut coupé de plus de 15 minutes lors de sa sortie à l'international.
  • Lors de la réédition DVD en 2003, les scènes coupées furent doublées et réintégrées.
  • Luciano Vincenzoni écrira le scénario d'une suite au Bon, la Brute et le Truand mais Sergio Leone s'opposera toujours à ce que le projet voit le jour même avec un autre réalisateur.

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