Rouler ses propres bouillettes présente de nombreux avantages, notamment dans le contexte économique actuel. Avec un peu de bonne volonté et avec un peu d’huile de coude, il est possible de fabriquer de très bons appâts à un coût relativement réduit. Rouler ses propres bouillettes est un moyen de disposer d’une grosse quantité d’appât qui permettra de répondre à vos besoins (amorçage, pré-amorçage, eschage…) durant toute une saison.
Pour rouler des bouillettes, il faut un minimum de matériel, ça va sans dire. Avant d’acquérir du matériel, il convient de prendre en compte plusieurs éléments fondamentaux. L’idée de base étant de tout faire soi-même, en autonomie. Il faut donc un peu de matériel pour chacune des étapes. Ce dernier devra bien entendu être adapté à la quantité du mix souhaité et du temps qu’on peut allouer au projet. Bien souvent, une bonne organisation et un peu de pragmatisme valent mieux qu’une chaîne high-tech, tout automatisée. Comme à l’usine, mais pour la bonne cause !
Élaborer sa propre recette doit être le point de départ du projet roulage. Une bouillette est composée de différentes farines, le mix. Il convient d’élaborer une base composée de maïs blé soja ou maïs blé noix tigrées. La base joue un rôle essentiel dans la mécanique du mix et permet d’avoir le gros du volume de la bouillette. La base peut être bonifiée par des farines lourdes et collantes comme la farine de riz ou des farines riches comme l’arachide ou la levure de bière.
À cette base, il est nécessaire de rajouter des farines plus protéinées. C’est là qu’interviennent les farines de poissons, appelées fishmeal (thon, saumon, poisson blanc, sardine, anchois…), les farines de pellets, les farines de krill, de calamars, de poulet, de sang séché, de lait en poudre, etc. À noter tout de même que les farines animales sont plus onéreuses que les végétales et qu’un débat éthique demeure sur l’utilisation de celle-ci (utiliser des poissons morts pour en capturer d’autres en no-kill). Un dosage entre 10 et 20% semble être approprié, à la fois pour ne pas déstructurer la mécanique du mix et à la fois pour marquer correctement la bouillette.
Il est également intéressant d’incorporer entre 5 et 10% d’épices. Les épices jouent un rôle fondamental dans l’attractivité de la bouillette. Les propriétés de ces dernières sont très intéressantes, notamment en termes d’instantanéité et en termes de coloration naturelle de la bouillette.
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L’ajout de liquides dans la recette d’une bouillette est primordial. Ces derniers viennent directement bonifier, agrémenter et compléter l’action des farines. Parmi les liquides il est primordial de commencer par l’arôme, c’est lui qui impactera le plus l’odeur de la bouillette. Du coup, à titre personnel, j’aime bien sous-doser l’arôme dans ma recette, un dosage de 3 ml par kilo me convient très bien. Les préconisations normales de dosage étant situées entre 5 et 10 %.
Enfin dans la catégorie des liquides, il est impossible de ne pas parler des huiles. Les lipides jouent un rôle fondamental dans l’alimentation de nos chers carpes. J’ai parfois le sentiment que plus une bouillette est grasse plus elle fonctionne, particulièrement l’hiver lorsque l’eau est froide. Force est de constater que l’incorporation d’huile aide à la mécanique et au roulage. Parmi les huiles utilisables nous pouvons citer les célèbres huiles végétales, colza, tournesol, olive, chènevis (…), les huiles de poissons (sardines, saumon, anchois) ainsi que les différentes huiles à base d’insectes.
Parmi les huiles, impossible de ne pas aborder le sujet des huiles essentielles. Les huiles essentielles sont caractérisées par une très forte concentration de molécules odorantes. Quelques gouttes suffisent à marquer durablement la bouillette. Les huiles essentielles les plus connues étant le poivre noir, ail, citron, fenouil… Les huiles étant moins denses que l’eau elles ont tendance à flotter et donc à mieux travailler dans les couches d’eau supérieures.
Préparer et mélanger son mix n’est pas une étape à prendre à la légère. La masse (volume/poids) est vite très importante entre la base (maïs, blé, soja/tigger…), les farines de poissons, les additifs et les compléments. Un bon mix doit être parfaitement homogène, c’est-à-dire qu’il doit être très bien mélangé. Il existe plusieurs méthodes. Dans un 1er temps, je dépose les différentes farines dans une poubelle noire, sèche et propre, en respectant bien les proportions, je prépare ma recette. Pour ça, utilisez une balance précise (au gramme près) et jouez de la calculette pour passer du pourcentage au grammage par kilo.
Une fois l’ensemble des ingrédients bien préparés dans la bassine, je mets le tout dans une bétonnière électrique, bien propre. À noter que certaines farines sont très volatiles. Une fois la bétomix bien préparée, je laisse tourner le tout 5 bonnes minutes. Je conditionne ensuite mon mix en fût si la session de roulage n’est pas imminente ou, à défaut, dans des sacs plastiques solides, étanches et résistants. Le sel est à la fois un très bon conservateur et à la fois un très bon additif, il est bon de l’intégrer directement au mix lors de la préparation…
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L’autre méthode, pour bien mélanger le mix est de déposer toutes les farines (en respectant scrupuleusement la recette) sur une grande bâche. Ensuite, pour mélanger le tout, utilisez une pelle et de l’huile de coude jusqu’à ce que le mélange soit parfaitement homogène. Cette méthode permet d’éviter les éventuels reliquats/ chutes de farine. Une fois le mix parfaitement homogène, stockez-le en fûts ou en sacs plastiques étanches.
Les doigts dans les pâtes, ça commence à sentir bon (ou pas) la bouillette. L’étape du pétrissage n’est rien d’autre que la préparation de la pâte avant de la mettre dans le pistolet. C’est le moment où l’on vient humidifier puis malaxer le mix. À ce stade, il y a 2 grandes écoles, l’utilisation d’œufs frais (soumis à certaines normes pour les sociétés) ou l‘utilisation de la poudre d’œuf. Les 2 approches présentent des avantages et des inconvénients. La poudre d’œufs semble bien plus facile d’utilisation et moins contraignante : date limite de conservation longue, pas de contraintes liées aux coquilles et d’usure prématurée du matériel.
L’outil ultime pour faire un bon pétrissage dans les règles de l’art, c’est le pétrin électrique. En ce qui me concerne, je n’ai pas encore investi dans un pétrin, sûrement à tort, là aussi. Voici donc la méthode que j’utilisais jusqu’alors : tout d’abord, je prépare mes boules avec 5 kg de mix, c’est tout simplement le plus gros volume qu’accepte mon pistolet à bouillette. Je casse en 1er lieu mes œufs avec les coquilles dans un grand seau, soit environ 35 œufs, selon les mix et selon le volume d’additifs liquides. J’ajoute ensuite mes liquides avec des seringues et des verres doseurs. Puis, avec un malaxeur à plâtre, je viens battre les œufs et broyer finement les coquilles. J’ajoute enfin mes 5 kg de mix et mélange le tout au malaxeur avec insistance jusqu’à ce qu’une boule compacte se forme dans le seau. Je finis le pétrissage à la main sur une table solide.
Avant de pouvoir rouler les bouillettes à proprement parler, il faut commencer par « tirer des boudins » avec un pistolet. Cette étape demande pas mal d’énergie et de « puissance », la pâte étant lourde et collante. Il existe de nombreux modèles de pistolet à bouillette, petits manuels portatifs, petits pneumatiques portatifs, gros pneumatiques fixes ou encore les imposantes extrudeuses. La pâte est poussée soit grâce à un piston soit grâce à une vis sans fin. Certaines machines peuvent être dangereuses, restez toujours prudent et vigilant. Charger ou recharger un pistolet, ça peut prendre du temps.
Plus la contenance d’un pistolet est petite et plus il faut le recharger fréquemment. Attention donc aux pertes de temps, un pistolet de gros diamètre avec une grande contenance permet de considérablement gagner du temps. Comme à chacune des étapes du roulage, le matériel doit être adapté à la quantité et au volume souhaités.
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Bien souvent dans une chaîne de roulages moderne et automatisée, le pistolet est synchronisé avec la machine à bouillette. Les boudins sont directement découpés avec une « guillotine » à la bonne longueur et ils tombent directement dans les rouleaux de la machine à rouler. Il n’y a donc aucune manipulation à faire entre ces 2 étapes. Tous les rouleurs amateurs ne possèdent pas ce genre de « machine à rouler ». J’utilise encore régulièrement la bonne vieille table à rouler manuelle. Cette dernière, une fois montée sur un pan incliné à hauteur d’Homme, directement à la sortie du pistolet, permet d’obtenir un rendement et une cadence honorable.
L’avantage de ce dispositif est bien entendu financier (une table à bouillette ne coûte qu’une quarantaine d’euros). Par ailleurs et compte tenu du faible coût qu’une table à rouler représente, il est facile de se composer une petite collection de celle-ci, avec tous les diamètres usuels (14,16,18,20,24, et 30 mm). Personnellement, dans 80% des cas, je ne roule qu’en 20 ou en 24 mm.
Force est de reconnaître que rouler des petits diamètres, inférieurs à 14 mm, demande beaucoup de temps, de patience, et un mix spécifiquement adapté (granulométrie très fine et mécanique parfaite). Si j’ai besoin de petites particules, je trouve bien plus facile de couper en quatre 10 kg de bouillettes de 20 mm que de rouler 10 kg de billes en 12 mm… Il est parfois opportun de rappeler qu’un des objectifs principaux du « homemade » est de réduire le coût de ses appâts et qu’investir plus de 5 K€ dans du matériel de roulage vient contrecarrer ce dernier. Les buses permettent de définir le diamètre du boudin. Elles doivent être adaptées à la table et au mix.
Après l’étape du roulage vient l’étape de la cuisson. La cuisson façonne la tenue et la bouillette, une bouillette mal cuite restera molle et friable. Elle tiendra très mal au cheveu. Pour éviter de se retrouver à pêcher « à la goutte d’eau » le matin, il est indispensable de bien cuire ses bouillettes. Il y a de 2 catégories de rouleurs ceux qui cuisent dans l’eau bouillante et ceux qui cuisent à la vapeur, ceux qui ont tort et ceux qui ont raison ! Personnellement, j’ai très vite abandonné la cuisson à l’eau. Cette méthode est pourtant rapide et efficace. Il suffit de faire monter de l’eau à ébullition dans un grand récipient, d’y jeter les billes crues et de les sortir avec une écumoire dès qu’elles remontent à la surface. Le problème de cette technique c’est que les bouillettes se retrouvent très vite « lessivées ».
La cuisson vapeur permet de ne pas détériorer l’appât. La cuisson à la vapeur présente de nombreux avantages. Comme en cuisine, la cuisson à la vapeur permet de conserver tous les nutriments, les vitamines, les sels minéraux. Bref, vous l’aurez compris, la cuisson vapeur possède la faculté de moins altérer les propriétés, le goût et la texture des appâts. La chaleur est moins agressive et les appâts...
Diamètre de la bouillette | Temps de cuisson dans l'eau bouillante |
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15mm | 1 minute 40 secondes |
20mm | 2 minutes |
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