Cet article explore l'histoire et la signification du pistolet allemand de Marine P04, un véritable mythe pour les collectionneurs et les passionnés d'armes à feu.
Le Luger de Marine 1904 est un Graal avidement recherché par tous les collectionneurs de Luger dans le monde entier. Pourtant, il y en a beaucoup de bien plus rares et qui valent encore bien plus cher des Luger.
Mon Graal à moi, c’est le DWM du contrat russe de 1906 en 9 para (et pas en 7.65 comme les suisses) avec sa sécurité de poignée (comme les suisses cette fois). Peut-être un jour.
Et pourtant, s’il n’est pas aussi rare que ceux-là, le Marine 1904 allemand est bien un mythe. Car au delà de sa rareté relative quand même, c’est une arme de guerre. De guerre partout. Attachée à quelques unes des actions les plus héroïques de l’histoire militaire allemande.
Et dire qu’avec un tel pédigrée et une telle ligne, la Marine allemande a longtemps hésité. Hésité pour remplacer son vieux revolver 1889 à poudre noire, entre notre superbe Luger de Marine 1904 et une carabine courte à définir.
Lire aussi: Test et Avis : Pistolet à Eau Électrique M416
Le modèle P04 est mentionné comme arme adoptée dans un simple courrier de mai 1905 (et pas 1904). Le tout premier Luger de toute l’armée allemande jusque la seconde guerre mondiale sera en effet adopté en catimini. Sans ordre général ou décret de l’état major général de la Marine comme pour d’autres matériels.
Elle fait état du « Pistolet automatique Modèle 1904 » comme adopté et leur annonce leur livraison prochaine de P04 pour mars …1906. Alors que la première commande officielle est de décembre 1904.
La réalité est plus prosaïque: les essais furent « courts » - peut-être trop courts pour la suite industrielle - car la Marine était déjà convaincue par le résultat des essais du Luger par l’armée de terre allemande de 1902-1903 et par les tous premiers exemplaires des armes de test destinées au contrat de 1904 pour la Marine Chilienne.
Il y est écrit que les « capacités de combat du pistolet automatique 1904 sont déjà prouvées par les tests très étendus réalisés par l’Armée ». C’est la raison directe de la rapidité des tests par la Marine et de son adoption éclair.
La Marine, très soutenue par l’Empereur dans son obsession de rattraper la Navy britannique, était plus « riche » sur ces chapitres d’armement individuel que les piét0ns de l’armée de terre et ses commandes plus réduites en valeur car elle avait moins d’armes à acheter.
Lire aussi: Comprendre les balles de pistolet
La première commande est de décembre 1904 pour des armes à livrer printemps 1906. Elle portait sur 8.000 armes. Il y eu des retards. Et la Marine s’énerva pour que la commande puisse être honorée dès mars 1906 pour des raisons encore une fois de consommations budgétaires. DMW ne parvint à livrer à cette date que la moitié de la commande. C’est à dire un peu plus de 4.000 armes. Le reste fut livré début 1907.
La seconde commande porta sur 6.500 armes fin 1906 à livrer en 1907. Ces armes des deux premières commandes furent essentiellement affectées au service colonial en Chine et en Afrique.
En août 1914, circonstances obligent et espoirs d’une victoire rapide expliquent, une commande complémentaire - la troisième - de 2.000 armes fut ordonnée. Notez bien que ces commandes s’étiraient assez longuement dans le temps avant terminaison.
Le 29 août 1916, la Marine Impériale passa sa cinquième et dernière commande avec 8.000 nouvelles armes à livrer en 1916 et 1917. Les derniers de ces P04 arrivèrent à l’Arsenal maritime de Kiel, le grand port allemand de guerre avec Hambourg et Wilhelmshaffen, en mars 1918.
En dehors du ressort principal devenu hélicoïdal, les principales modifications de fonctionnement ont été, en fait, un inversement du sens de la sécurité vers le bas pour la rendre similaires à celle des P08 d’infanterie en 1912 et la suppression de la pédale de sécurité de poignée comme celle des Luger suisse en 1915.
Lire aussi: Pistolets de traitement du bois
31.000 aux termes des commandes. 32.000 peut être si l’on y ajoute une poignée d’armes d’achat privé par des officiers (un peu moins de 3.000 officiers de Marine seulement à l’annuaire de 1914 et très loin d’avoir tous acheté un P04 personnel!).
On y ajoutera, par bonne volonté, ceux qui ont été vus, en petit nombre, sur des hommes du Régiment de Pionniers de Réserve de la Garde vers 1917 et dont on se demande comment ils ont atterri là. Mettez y en plus un saupoudrage d’une poignée de prototypes divers et d’essais. Peut être un peu plus de 34.000 en tout au grand maximum. Une arme rare donc.
Ces 34, ou peut être 35.000 P04, c’est l’estimation la plus sérieuse à ce jour. Reprise dans la Somme théologique de Joachim Görtz et Goeffrey L.
Bref le Lulu de Marine est une arme rare en soi pour une simple question d’effectifs relatifs de la Marine par rapport à l’Armée. A noter néanmoins que, et cela en surprendra sans doute certains, que, son petit frère - qui est ici - Luger de la Marine allemande pour la seconde guerre mondiale et qui n’a rien de spectaculaire (puisque c’est le même en taille et apparence que le Luger de l’armée de terre avec des marquages très différents), est encore moins courant que le P04.
Pour donner une comparaison finale, il a été produit environ 190/195.000 exemplaires du déjà très recherché « Lange Pistol 1908 », Lulu 14 d’artillerie pour ses intimes, jusque 1918.
C’est donc un vrai pan de rêve que Maître Flingus est en mesure de vous proposez avec notre arme de ce jour.
La chambre est marquée « 1917 » (parfois « 1916 » pour les tous premiers). Leurs prédécesseurs n’étaient pas du tout marqués en chambre à la différence de leurs confrères de la biffe eux toujours datés en chambre.
Les numéro de série de cette dernière production sont compris entre le n° 1 et environ le n° 5000 en lettre suffixe « a » seulement. Les caractères sont ici de 2.4 mm pour le numéro de série complet (1.8mm pour tous leurs prédécesseurs des commandes et variantes précédentes) - Götz et Sturgess pages 364 et 365.
Sans doute printemps-mi 1917. Ces armes « à destination spéciale » étaient produites au compte goutte au milieu de dizaine de milliers d’autres plus ordinaires.
Cette toute dernière version a aussi pour particularité unique d’être aussi datée « 1917 » en petit en carcasse devant la portière de démontage et en tout petit sur le guidon. Détail immanquable quand on en a connaissance. Ce sont les seuls P04 ainsi marqués.
Vu de « dehors », les « Marine » de cette dernière fabrication sont marqués en canon, en carcasse, en barre de transfert, en axe de portière, en portière, en arrière de l’arme en hausse. C’est tout.
Tableau récapitulatif des commandes du Luger P04
Commande | Date | Quantité | Observations |
---|---|---|---|
Première | Décembre 1904 | 8 000 | Livraison à partir de mars 1906 |
Seconde | Fin 1906 | 6 500 | Livraison en 1907, affectation au service colonial |
Troisième | Août 1914 | 2 000 | Commande complémentaire |
Cinquième et dernière | 29 août 1916 | 8 000 | Livraison en 1916 et 1917 |
tags: #pistolet #allemand #5 #lettres