Le pistolet à silex est une arme emblématique utilisée du XVIIe au XIXe siècle. Son histoire est riche et son évolution fascinante, depuis ses origines médiévales jusqu'à son apogée sous le Premier Empire.
Initialement créées dans un but défensif au Moyen Âge, les armes à feu sont utilisées en France dès le début du XIVème siècle. Il s’agit principalement de canons. Avec le temps, les armes à feu deviennent portatives, à l’instar des arquebuses. D’abord assez lourdes, elles évoluent grâce à l’apparition des platines à rouet, mécanisme permettant le développement des pistolets.
L'invention de la première arme à feu est généralement attribuée à l'allemand Johann Gutenberg au XIVe siècle. Les premières armes à feu ont commencé à apparaître au XIVe siècle en Europe.
Dès 1150, des armées étrangères (Moyen-Orient) intègrent les systèmes à poudre noire dans leurs armements. Elles prennent la forme d’un canon à main, propulsant une flèche. Cette arme (le Madfaa) est l'ancêtre des armes portatives occidentales (arrivée vers la fin des années 1200). C’est d’ailleurs en France que le système d’arme à poudre noire connaîtra son baptême du feu en 1324 avec l’utilisation de la bombarde (prédécesseur du canon).
Au fur et à mesure du Moyen-Âge, les bombardes, les canons ont eu des déclinaisons de plus en plus petites jusqu'à devenir des armes portables individuelles. Cette nouvelle ère des armes débute avec l’arquebuse.
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La platine à silex apparaît dans l’atelier de Marin Bourgeois (1560-1634) vers 1605-1610. Son fonctionnement, plus simple et moins onéreux, lui permet d’être adopté dans toute l’Europe au début du XVIIIème siècle, notamment pour les armes de luxe.
Si initialement, les armes à feu s’enclenchent via une mèche, l’arrivée de la platine à silex enterrera cet ancien système de mise à feu. Ni plus ni moins qu’un système de briquet à silex, les fusils utilisant ce système possède de nombreux avantages : une arme plus légère (car moins d’éléments), un système plus compact et plus résistant à des conditions climatiques plus rudes (notamment les temps humides).
Sous le Premier Empire (1804-1815), période faste et tumultueuse dominée par Napoléon Bonaparte, les armes à silex sont à la fois des instruments militaires, des symboles de prestige et des œuvres d’art. En effet, depuis leur apparition au XVIIème siècle, elles transcendent un usage purement utilitaire et sont conçues avec une recherche constante d’innovation et un souci du détail extrême, ce qui permet le développement de caractéristiques décoratives poussées.
Les usages de ces armes à silex de luxe sont multiples : elles peuvent servir de cadeaux diplomatiques ou honorifiques, d’éléments d’apparat, d’armes de chasse ou encore d’armes destinées aux duels d’honneur.
Parmi les armuriers les plus renommés, Nicolas-Noël Boutet et Jean Lepage se distinguent par leur talent exceptionnel et leurs contributions majeures en termes d’innovation et d’ornement dans le domaine des armes à silex de luxe.
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Nicolas-Noël Boutet (1761-1833) représente l’apogée de ce goût pour l’armurerie de prestige sous le Premier Empire. Issu d’une famille d’armuriers de Versailles, Nicolas-Noël Boutet est nommé directeur-artiste de la Manufacture d’armes de Versailles par décret le 23 août 1792. Sous le Consulat (1799-1804), Nicolas-Noël Boutet est chargé de la fabrication des armes d’honneur qui deviennent sa spécialité.
Les créations de Nicolas-Noël Boutet se distinguent alors par leur esthétique développée et leur perfection technique. Ses pistolets à silex de luxe arborent souvent des incrustations d’or ou d’argent, des gravures détaillées représentant des scènes mythologiques ou allégoriques, ainsi que des crosses en bois précieux comme l’ébène. Ces crosses sont fréquemment rehaussées de nacre ou d’ivoire sculpté, témoignant du savoir-faire minutieux de son atelier et de la reconnaissance de cette production comme un travail d’art.
Sous le Premier Empire, Nicolas-Noël Boutet fabrique des armes offertes comme cadeaux diplomatiques ou à des personnalités de premier plan. Napoléon lui-même apprécie particulièrement ces pièces et les utilise pour honorer ses maréchaux ou sceller des alliances avec des monarques étrangers.
Jean Lepage (1779-1822), également issu d’une prestigieuse famille d’arquebusiers, se différencie de Nicolas-Noël Boutet par son approche centrée sur l’innovation technique. Contrairement à Nicolas-Noël Boutet, dont les efforts sont dirigés vers la beauté ornementale des armes de luxe, Jean Lepage se concentre sur l’ingénierie et le développement technique sans toutefois négliger l’aspect esthétique des armes.
Sa fonction d’arquebusier des chasses de l’Empereur influence ses travaux : la pratique de la chasse exige en effet des armes au tir rapide et précis. Parmi ses inventions marquantes figure le fusil à répétition à silex, permettant de tirer plusieurs coups sans rechargement immédiat. Ses pistolets, eux aussi richement ornés, contiennent des dispositifs mécaniques perfectionnés afin d’en augmenter la précision et la sûreté.
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Les armes à silex de luxe du Premier Empire, qu’elles soient signées Boutet ou Lepage, sont aujourd’hui des trésors historiques conservés dans des musées et des collections privées. Leur rareté et leur qualité exceptionnelle en font des pièces très recherchées par les collectionneurs.
Le prix d’un pistolet à silex de collection est compris dans une large fourchette. Un pistolet « standard » dans un état de conservation médiocre s’achète quelques centaines d’euros. Mais, les modèles rares et parfaitement conservés partent aux enchères pour plusieurs dizaines de milliers d’euros. N’hésitez pas à comparer les prix sur le marché et à consulter des catalogues de ventes aux enchères spécialisées.
Le pistolet à silex était généralement utilisé par les officiers. Le pistolet à silex est une arme emblématique utilisée du 17e au 19e siècle qui a joué un rôle majeur lors de la Révolution américaine (1775-1783).
Durant le XIXème siècle, un nouveau système de mise à feu a vu le jour : le système à percussion (marteau frappant l’arrière de la munition). Comblant les lacunes de la platine à silex, le système à percussion va également modifier les standards des armes à feu ; là où le système à silex fonctionnait avec des cartouches en papier, le nouveau mode de mise à feu fonctionne uniquement avec des cartouches en laiton.
Date | Événement |
---|---|
VIIIème siècle | Invention de la poudre noire par les chinois. |
Vers 1150 - 1200 | Utilisation de la poudre noire par les arabes. |
En Août 1324 | Apparait une des premières utilisations en France d’une bombarde pour l’attaque de la ville de la Réole (Gironde). |
Vers 1370 | l’hacquebute (primitive). |
Vers 1460 jusqu’à 1660 | l’arquebuse. |
Vers 1510-15 | la platine à « rouet ». |
Vers 1520 | Apparition d’une forme très réduite de l’arquebuse à rouet, le pistolet. |
Vers 1605-1610 | La platine à silex apparaît dans l’atelier de Marin Bourgeois. |
1777, puis an IX, et enfin le dernier modèle de fusil de guerre à platine à silex, le 1822 | ….qui sera modifié en platine à percussion vers 1830, puis son canon rayé vers 1848. |
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