Tel est le thème retenu pour le concours scolaire 1991 de la résistance et de la déportation par le jury national qui « considère qu’il est juste, qu’il est nécessaire que les jeunes Français sachent qu’une grande partie de l’Europe, sous la domination de l’Allemagne nazie, était réduite en esclavage.
Les résistants arrêtés par la Gestapo, et de très nombreux hommes, femmes et enfants persécutés au nom des théories raciales du national-socialisme (les juifs, les tziganes) ont été déportés dans des camps de concentration et, pour un grand nombre, y ont trouvé une mort immédiate (chambres à gaz), rapide ou lente à cause de la faim, du travail épuisant, des traitements inhumains.
Les rescapés peuvent apporter aux jeunes des témoignages concrets, émouvants ».
Notre camarade et ami, Serge Foiret, déporté à Dora, matricule 41640, victime, donc témoin, évoque pour nous ce que fut l’univers concentrationnaire hitlérien, qu’il vécut et dont il endura les abominables traitements.
« Tout commence, rappelle-t-il, dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir, pouvoir transmis par le vieux maréchal Hindenburg, en 1933.
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Mais quelque dix ans auparavant, Hitler avait déjà organisé la répression.
N’avait-il pas tout précisé dans Mein Kampf publié en 1924 et que le monde encore « libre » ignora… Un an plus tard, Hitler crée la SA (Sturm Abteilung) autrement dit les « sections d’assaut », chargées de la sécurité, donc de l’ordre du parti national-socialiste…
Donc dès 1933, lors de la prise du pouvoir par le Führer, la SA deviendra puissante, se livrant à des razzias dans toute l’Allemagne, neutralisant totalement toutes les oppositions politiques et confessionnelles.
Arrestations, pillages, actes de terrorisme allant jusqu’à l’assassinat d’opposants qu’ils fussent politiques, religieux, juifs, tziganes, gitans, arméniens, autant d’ennemis que les nazis mèneront inéluctablement vers la « solution finale », autrement dit la mort.
Pour y parvenir en particulier, l’épuisement par le travail forcé jusqu’à ce que mort s’ensuive.
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Parmi les premiers camps de concentration : Buchenwald, Dachau. Dans ces bagnes périront plus de 150 000 Allemands.
À notre arrivée, en janvier 1944, les quelques centaines de survivants avaient entre cinq et dix ans d’emprisonnement.
Ils étaient devenus les gestionnaires intérieurs de chaque camp, sous la férule barbare des SS, ces derniers groupant gardiens et tortionnaires.
Pour l’histoire, rappelons que Roehm, le complice et, à l’époque, premier lieutenant d’Hitler, fut, après la « nuit des longs couteaux » (30 juin 1934) et qui marqua la liquidation totale des SA par les SS - garde personnelle du Führer (la Schutzstaffel) -, Roehm donc, après avoir été arrêté à la pension Hanselbauer, près de Munich, fut transféré sur le champ à la prison de Stadelheim, cellule 474, pour y être abattu au revolver par deux SS.
Hitler, en effet, dans sa mégalomanie, ne pouvait plus supporter d’avoir un quelconque rival potentiel, au soin de la direction de l’Ordre nouveau du grand Reich, qu’il voulait millénaire.
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Sur l’ordre du Führer donc, la Gestapo, autrement dit la police secrète d’état, sera l’unique dépositaire de la confiance hitlérienne.
La « solution finale » dite raciale consiste à faire disparaître tout ce qui n’appartient pas à la race dite « supérieure », donc aryenne (blonds aux yeux bleus).
Pour concrétiser leur doctrine démoniaque, les nazis, la SS se livrent dès lors aux progroms, au génocide, faisant disparaître hommes, femmes, enfants de tous âges.
En série, mourront dès lors des millions de pauvres gens.
Ils seront enfermés dans des chambres à gaz, leurs cadavres seront passés aux crématoires, ne laissant ainsi aucune trace de cette abominable forfaiture.
Orianenburg, Buchenwald, Dachau et autres lieux Auschwitz-Birkenau, Ravensbruck, Dora, etc., pour les citer, étaient le lieu de leur martyr.
Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard) allaient devenir pour ces sélections le code d’extermination des nazis et ce vers la « solution finale ».
Goebbels, l’homme-lige d’Hitler, ministre de la propagande et de l’information, avait créé des haras humains… lieux de haut standing c’est-à-dire châteaux et manoirs « réquisitionnés », en quelque sorte, par le pouvoir nazi.
Il s’agissait, pour la grandeur du Reich hitlérien, d’inviter de belles Gretchen, blondes aux yeux bleus, aux hanches confortables pour la « reproduction » afin de perpétuer la race.
Pour ce faire, les Gretchen, reconnues aussi comme « aryennes » disposaient donc de beaux mâles, sélectionnés parmi les SS et contrôlés par le corps médical et reconnus « aryens », donc de parfaits étalons, blonds aux yeux bleus.
Les fruits de ces « saillies » furent récupérés et élevés par le parti nazi, car abandonnés par les mères après sevrage.
L’ironie du sort quant au résultat donna un fort pourcentage de sujets « bruns aux yeux noirs, résultat inattendu du fait de l’ignorance totale, à l’époque de la génétique.
Nous supposons que ces nouveaux-nés furent, eux aussi, supprimés dès leur naissance.
Quant aux géniteurs et génitrices, tels Adam et Eve, ils furent chassés de ces hauts lieux, car ne devaient-ils pas, en réalité, engendrer pour mille ans l’embryon de la race nationale-socialiste… ?
Je ne m’attarderai pas sur la solution finale dite raciale.
Je n’y étais pas ; par contre, je porterai témoignage sur l’évacuation d’Auschwitz en janvier 1945 vers Dora ; l’avance des troupes de l’URSS allait libérer cette région de la Pologne.
S’il m’arrive de vous exprimer mes péripéties, ce sera pour les partager avec mes frères de malheur qui en ont subi d’identiques.
Tous mes souvenirs affectifs sont les leurs.
Je savais ce que je risquais.
J’étais persuadé d’être passé par les armes à brève échéance, décision confirmée par ces messieurs du contre-espionnage allemand.
Transféré à la prison de Fresnes, j’allais y rester jusqu’au 12 janvier 1944 dans la 2e division.
Entre temps, en septembre 1943, je subis treize heures d’interrogatoire en trois jours, et ce, sans trop de casse.
Je m’étais totalement chargé sur ce qu’ils connaissaient déjà.
Je n’avais plus qu’à attendre le verdict.
Mon équipe, toujours dans la nature, était sauvée.
À l’aube de ce 12 janvier, la cellule s’ouvre.
Un militaire allemand apparaît, décline mon identité ainsi que les alias de ces deux dernières années.
« Laissez vos affaires », me dit-il en français.
J’ai compris.
J’embrasse mes trois camarades.
Recommandations.
Je garde le minimum sur moi.
Pas de chaussettes, pas de chemise, pas de tricot ; seul un pantalon, et une veste sur mon torse nu ; même si j’attrapais une pneumonie, ça ne durerait pas longtemps…
Me voilà seul dans la pénombre froide du matin, sur le carreau de la prison.
Deux SS mitraillette au poing, me gardent.
Pendant quelques minutes, en réalité une éternité, je revis toute ma jeunesse.
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