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Sorti en 1975, Le Vieux Fusil de Robert Enrico, avec Philippe Noiret et Romy Schneider, reste une œuvre marquante du cinéma français, explorant les thèmes de la vengeance, de la guerre et de la perte.

Synopsis

L'action se déroule à Montauban, juste après le débarquement des Alliés en Normandie, en juin 1944, lors des derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, au moment de la débâcle allemande. Afin de mettre celles-ci à l'abri jusqu'à la fin de la guerre, Julien Dandieu (Philippe Noiret), chirurgien, inquiet des menaces de la Milice, envoie son épouse Clara (Romy Schneider) et sa fille Florence (Catherine Delaporte) se réfugier dans le château familial de la Barberie, situé à proximité d'un petit village de campagne.

Or quand il veut les rejoindre, il découvre avec horreur qu’une division SS a massacré tous les habitants du village voisin. Le bon docteur retrouve les cadavres de sa femme et sa fille.

Ivre de douleur, sa souffrance se mue en colère froide. Il décide d'appliquer méthodiquement la loi du Talion et d'éliminer un à un les responsables de la tuerie. En l'occurrence les SS qui occupent encore la forteresse.

Un Film en Trois Parties

Le Vieux Fusil est nettement divisé en trois parties. Au début, le film de Robert Enrico nous entraîne à Montauban en 1944. Philippe Noiret incarne le docteur Dandieu, un médecin dont la profession est forcément bouleversée par la guerre et l’Occupation.

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En règle générale, c’est toute la vie à la ville qui est rendue extrêmement compliquée par l’Occupation. Au milieu de ce contexte difficile, la seule consolation de Dandieu, c’est sa petite famille, sa mère, sa fille, et surtout sa femme Clara.

Romy Schneider : Une Lumière dans l'Obscurité

Romy Schneider est exceptionnelle dans ce rôle. Lumineuse, radieuse, elle incarne plus qu’un personnage : une lumière. Même aux milieux des bruits de bombardements, elle conserve sa grâce. Cette lumière donne la vie autour d’elle. Cette image restera constamment, tout au long du film.

Si, en nombre de minutes, Romy Schneider est peu présente à l’écran, son personnage est pourtant le centre même du film. C’est son souvenir qui va guider le docteur dans son expédition vengeresse. A ce moment-là, le film aurait pu sombrer dans le plus grave des pathos. La scène du viol et du meurtre de Clara est à la limite de l’insoutenable. Mais l’irruption des flashbacks va redonner une vie, une lumière paradoxale à ce qui aurait pu être insupportablement sombre.

Flashbacks : Entre Bonheur et Douleur

Durant la vengeance du personnage principal, ce dernier va vivre des flashbacks. Ils vont l’amener à se remémorer des souvenirs principalement de joie, de bonheur (moments en famille) ; datant d’il y a quelque années, quelques mois.

Ils permettent surtout de comprendre sa relation avec sa femme, incarnée par Romy Schneider, toujours magnifique.

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Pendant qu’il prépare sa vengeance contre les soldats nazis, Dandieu va être assailli par les souvenirs de sa femme, sa rencontre avec elle, sa petite vie de famille de bon père bourgeois de province avant la guerre, etc.

De ces flashbacks va donc se dégager une impression paradoxale, mélange de bonté, de sérénité, de joie, et de douleur (car cette lumière s’est éteinte, car tout cela est irrémédiablement du passé désormais).

La Vengeance : Un Acte Désabusé

En fait, cette vengeance est désabusée, en tuant ces Allemands Julien Dandieu ne va pas vraiment en retirer quelque chose. Par la perte de ses proches, on comprend que ce personnage est profondément gentil.

Cela se voit avec le casting ; on a un Philippe Noiret au visage rond, au ventre légèrement bedonnant et aux lunettes rondes.

Les Conséquences Dramatiques de la Guerre

Meurtres, scènes de crimes, de viols, sur des enfants, des femmes, hommes sont au rendez-vous dans Le Vieux Fusil. Ce que l’on retient, ce sont les conséquences de ces actes qui sont terriblement dramatiques ; on les vit au travers des yeux du personnage principal.

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A travers cette histoire de massacre(s), Le Vieux Fusil nous montre comment l’horreur de la guerre se répand et contamine tout le monde. Au début, Dandieu est un homme qui essaie de faire son métier de son mieux (au vu des circonstances). Mais est-il possible de rester neutre en une telle période ?

Dandieu pensait sincèrement échapper à tout cela et protéger sa famille en l’envoyant à la campagne, dans le hameau de la Barberie. Et c’est vrai que les images bucoliques semblent être à l’opposé de la situation tendue et compliquée de la ville. Mais pourtant, la guerre ne préserve rien, tout est touché, souillé par sa folie destructrice.

La Barberie devient la Barbarie.

Photographie et Composition des Plans

Ce que je retiens du film Le Vieux Fusil, c’est aussi sa photographie poussée ; la composition des plans a un vrai sens et donne une dimension supplémentaire au film. La scène qui l’exprime le mieux est selon moi celle-ci ; attendant de tuer les soldats occupant son château, Julien Dandieu reste, dans le noir, seul et fatigué.

Inspiration Historique et Réflexion sur la Guerre

Si le film donne une vision peut être trop manichéenne de son histoire, il raconte très bien les massacres commis par les SS remontant vers le nord de la France, voyant la défaite arriver. Pour réaliser ce film, Robert Enrico s'est inspiré du triste évènement d'Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne qui eut lieu le 10 juin 1944 et qui fit 642 victimes.

C'est un film poignant devant lequel on ne peut rester insensible; certaines scènes sont vraiment insoutenables.

Un Film Marquant du Cinéma Français

C’est l’un des films marquants - et sans doute aussi controversés - du cinéma français des années 70 : Le Vieux fusil. Le Vieux Fusil est un grand film. Philippe Noiret est exceptionnel. Il est parfaitement secondé par un Jean Bouise qui a toujours été un des meilleurs seconds rôles du cinéma français. La présence de Romy Schneider évite au film, avec justesse, de sombrer dans le désespoir absolu en lui apportant la lumière et la grâce.

Récompenses et Succès

Même si la carrière de Robert Enrico reste riche, avec des films d’aventures à la française, des polars et même un grand film historique, c’est Le Vieux Fusil qui reste son œuvre la plus célèbre, récompensée par plusieurs Césars.

En 1975, Le Vieux fusil réunit 3 365 471 spectateurs. C’est le cinquième meilleur résultat de l’année au box-office France. Le film triomphera lors de la toute première cérémonie des César en remportant trois statuettes : meilleur film, acteur et musique (à titre posthume pour François de Roubaix, disparu peu avant). Le temps confirmera cet engouement. En 1985, Le Vieux fusil sera élu comme César… des César par la même profession.

Tableau Récapitulatif des Césars Remportés par Le Vieux Fusil

Catégorie Lauréat
Meilleur film Le Vieux Fusil
Meilleur acteur Philippe Noiret
Meilleure musique François de Roubaix (à titre posthume)

Ouverture et Clôture : Un Cycle Tragique

Le Vieux Fusil s’ouvre et se clôt sur la même image : un homme, une femme et une enfant se promenant en vélo sur un petit chemin de campagne, accompagnés d’un chien. Mais si la scène est identique, le sentiment éprouvé par le spectateur est très différent.

Anecdotes de Tournage

À la lecture du scénario, Noiret se sentit si éloigné du personnage qu’il ne finit par l’accepter que sur l’insistance de sa femme, la comédienne Monique Chaumette, certaine que le rôle était pour lui et que le film allait être un succès.

D'autre part, invité à dîner chez Robert Enrico pour faire connaissance avec Romy Schneider, Noiret s’y rendit en compagnie de sa femme. Les minutes et les heures passent, et Romy n’arrive pas ! Noiret se met en colère et, lorsque sur les coups de 23 heures, la jeune femme fait, enfin, son entrée, il se lève et lance un tonitruant : « Alors l’Autrichienne… On commençait à se languir de vous. Viens Monique on rentre. »

Ce n’est pas tout. Au matin du premier jour de tournage, alors que Noiret est prêt dès 8h pour la fameuse scène de la rencontre et du coup de foudre, Romy n’est pas là. Noiret, impatient, marche de long en large boulevard Montparnasse, éructant quelques grossièretés à l’endroit de celle qui, débarquant enfin aux alentours de 11h30, s’enferme dans sa loge, refusant d’en sortir. En désespoir de cause, on demande à Noiret d’aller lui parler. Dans la loge, bouleversé et sous le charme, il lui dit simplement : « Viens ma grande, ça va bien se passer ». Le tournage, en effet, se déroula sans encombre, les deux stars se retrouvant même, un an plus tard, à l’affiche d’Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre.

Réception Critique

Si le Vieux fusil fut un grand succès public, marquant même un tournant dans la carrière de Philippe Noiret, la presse ne fut pas exagérément chaleureuse.

Excepté Henry Rabine qui, dans la Croix, affirma : « C’est le meilleur film de ce début de saison et ce sera probablement l’un des meilleurs de la saison tout entière », le reste de la critique jugea assez « peu crédible » la vengeance de cet homme « seul et un peu lourd », venant à bout d’une colonne de SS, portraiturés tels les « méchants du Grand-Guignol », écrira Michel Pérez dans le Quotidien.

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