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L'expression « partir la fleur au fusil » est intimement liée à l'ambiance qui régnait au début de la Première Guerre mondiale. Bien que l’origine exacte de cette locution soit inconnue, l’histoire raconte que les femmes venues acclamer et encourager les soldats partant au front leur auraient offert de très nombreuses fleurs.

Origine de l'Expression

C'est en septembre 1914 qu'est apparue l'expression « partir la fleur au fusil », une période où peu imaginaient que la guerre serait longue.

Ces dernières terminent accrochées au fusil ou glissées dans l’extrémité du canon, symbolisant ainsi l’état d’esprit de l’époque : les fusils ne serviront pas car la guerre ne durera pas, la victoire est assurée, nul ne peut vaincre la France. Bien que d’autres affirment que ces fleurs aient été cueillies par les futurs poilus eux-mêmes dans l’insouciance du voyage vers le front, le sens de l’expression reste inchangé.

L'expression "la fleur au fusil", désormais passée dans la langue commune, qualifie un départ dans l'insouciance.

Le Contexte Historique

Nous sommes en septembre 1914, et peu sont ceux qui imaginent que la guerre sera longue. L’un des conflits les plus absurdes et les plus sanglants de l’histoire de l’humanité commençait.

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Dans son livre publié en 1928, justement intitulé "La fleur au fusil", l’écrivain Jean Galtier-Boissière avait popularisé cette formule en racontant avec entrain les premiers rassemblements des mobilisés: "Grisés par les acclamations, les soldats ne sentent pas le poids du barda; bombant le torse, cadençant le pas, ils marchent crânement; les cris de la foule bruyante, les drapeaux qui flottent à toutes les fenêtres, les fleurs bigarrées qui ornent les képis, les capotes et les fusils, donnent à ce départ un air de fête joyeuse".

L’auteur, engagé en 1911, caporal en 1914, y évoque notamment le départ de soldats loin d'imaginer le sort qui les attendait : "Dans leur riante insouciance, la plupart de mes camarades n’avaient jamais refléchi aux horreurs de la guerre.

En 1919, dans "Les Croix de bois", Roland Dorgelès décrit cette mobilisation héroïque: « Les fleurs, à cette époque de l'année, étaient déjà rares; pourtant on en avait trouvé pour décorer tous les fusils du renfort et la clique en tête, entre deux haies muettes de curieux, le bataillon, fleuri comme un grand cimetière, avait traversé la ville à la débandade ».

Mythes et Réalités

Cent ans après le début du conflit, cette vision d’un départ sous les vivats de la foule, est toujours bien ancrée dans notre imaginaire collectif.

Depuis 100 ans, le départ pour la guerre de 1914 est perçu comme une grande fête. Une expression est même restée dans notre vocabulaire pour désigner ce bel élan populaire: ils sont partis "la fleur au fusil". Un siècle plus tard, ce mythe est désormais écorné.

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Les récents travaux des historiens ont montré que la réalité est bien plus nuancée. « Les soldats partent à la guerre avec des canons fleuris. Cette image est restée comme l’expression de l’enthousiasme, mais il faut le modérer. C’est un fait historique établi à partir des photos et des films de l’époque, mais à partir des années 70 et la thèse de Jean-Jacques Becker ("1914, comment les Français sont entrés dans la guerre", soutenue en 1977, NDLR), on a révisé complètement ce départ enthousiaste », explique à France 24 Jean-Yves le Naour.

Lorsque la population voit pour la première fois les affiches, l’heure n’est pas à la fête: « Même dans les grandes villes comme Paris, cela a été le silence, comme si la foule avait été foudroyée. C’est la consternation. Les femmes pleurent. Les vieux se signent. Les jeunes sont graves. On a pu entendre dans certaines villes des "Vive la guerre" et "À bas l’Allemagne", mais c’était extrêmement rare ».

Les réservistes, après avoir consulté leur livret individuel de mobilisation, s’apprêtent à rejoindre leur régiment, si ce n’est déjà le cas. « Cette mobilisation dure 15 jours, tout le monde ne se rue pas dans les casernes. Une fois qu’on part, on a bu un petit coup. Les femmes vous embrassent, vous donnent des fleurs. On bombe le torse. On se dit qu’on va les battre et qu’on sera de retour dans quelques semaines, à l’automne au plus tard. C’est une fanfaronnade. Cette image de l’embarquement dans les gares, sous les yeux de la population, est restée, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de peur ou d’angoisse chez ces soldats qui chantent et que la nouvelle de la guerre n’a pas été reçue avec effroi », estime Jean-Yves Le Naour.

Nombre de ces hommes étaient imprégnés par l’idée de remplir leur devoir patriotique: « Aujourd’hui, on déteste tellement la guerre qu’on veut oublier des aspects de 1914. À l’époque, la guerre était encore vue comme une épopée et une aventure ».

Mais pour Jean-Yves Le Naour, ces témoignages doivent être étudiés avec détachement. Selon lui, ces écrivains ont mis "la fleur au fusil" en avant pour mieux montrer combien la population a été aveugle. « Gabriel Chevallier dit que quand il reçoit son uniforme, il parade dans les rues de Paris, sous le regard des femmes. Il se pense séduisant. Il est heureux d’être soldat. Après, il va se repentir en disant qu’il a trop vu de la guerre et qu’il a été bête d’avoir cru à une telle aventure, alors qu’en fait c’était l’enfer », précise l’historien.

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« Dorgelès en 1914, il était réformé car il avait une mauvaise vue, mais pour lui c’était la honte de rester à l’arrière, il a fait des pieds et des mains pour s’engager. Quelques mois plus tard, il va aussi se repentir d’avoir pensé cela. Quand il parle de fleur au fusil, ce ne sont que des regrets, des remords et la détestation de cette gloire ».

Cent ans après le début du conflit, cette vision d’un départ sous les vivats de la foule, est toujours bien ancrée dans notre imaginaire collectif. "C’est une image d’Épinal comme les taxis de la Marne. Ces images sont peut-être fausses, mais elles disent quelque chose. Dans la mémoire pacifiste qui domine aujourd’hui, on montre avec cette fleur au fusil que les Européens sont partis volontairement, presque heureux de se faire égorger. On ne comprend plus la Grande Guerre et cette haine entre Européens. Cette image d’un départ enthousiaste illustre complètement cette incompréhension et cette absurdité", résume Jean-Yves Le Naour: « On retrouvera toujours cette image de fleur au fusil. Les historiens n’ont pas de prise la dessus. Ce ne sont pas eux qui font la mémoire.

Dès les premiers jours de la mobilisation en août 1914 se construit une légende, celle d’ « un départ enthousiaste » des mobilisés à la guerre, donnant l’image d’une France nationaliste et revancharde. Il s’agit d’un pur mythe : la nouvelle de la guerre est massivement acceptée avec stupéfaction et résignation dans les campagnes, les bourgades et les petites villes, où vivent alors les trois quarts des Français.

La Propagande et la Réalité Choisie

En 1914, la propagande fonctionnait à plein régime. La haine de l'allemand s'exprimait sans retenue. A Paris on a changé le nom de la rue de Berlin en rue de Liège. On a monté en épingle les commerces vandalisés dont les propriétaires étaient d'origine allemande.

Les journaux ont fait croire que cette réaction patriotique était unanimement partagée. Cette réalité choisie est celle que la presse et le pouvoir ont bien voulu faire croire et répandre pour servir des intérêts chauvins, pour envoyer les troupes vers les lignes de front comme si elles s'y rendaient de leur plein gré, avec enthousiasme.

Cette réalité fut par la suite livrée aux artistes et aux écrivains pour être éternellement célébrée car il ne fallait pas révéler les horreurs de la guerre sous peine de passer pour un traître. Nos livres d'Histoire n'ont retenu que ces images d'Epinal au service de la propagande de l'époque.

Les "Poilus" et l'Évolution de la Perception

Une dernière remarque: on a commencé à parler de "poilus" quand la guerre s'est installée dans les tranchées et que les hommes se laissaient pousser la barbe. En 1914, il n'y avait pas de "poilus". Les soldats sont partis en uniforme de parade bleu à col rouge. Dans l’imaginaire collectif, les "poilus" sont alors partis fièrement, heureux d’en découdre avec l'ennemi.

L'Image de la Fleur au Fusil Aujourd'hui

L'image de la fleur au fusil a changée aujourd'hui, à mes yeux, elle symboliserai plus une image de Paix et de non-violence.

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