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Fun shoot ou fun tir sont des évènements trop peu rependus au sein de nos clubs FFTir. Pourtant ces activités mériteraient de venir rompre l’ennui dans nos stands. Le tir statique en poste sur un pas de tir 25 et 50 mètres a sa limite. Il permet certes d’intégrer les 4 règles de sécurité ACDC (ou ANGE), de forger les 5 principes fondamentaux du tir, et bien-entendu d’optimiser sa précision, mais cela peut rapidement ennuyer ceux qui pratiquent régulièrement des sessions de tir (toutes les semaines).

Les Limites du Tir Traditionnel

Les séances de tir sur un pas de 25 m c’est ennuyant à la longue, et cela ne permet pas vraiment de développer la responsabilité d’un propriétaire d’arme. Pour moi, détenir une arme est une responsabilité forte à laquelle nous ne sommes pas préparé par les standards fédéraux et législatifs. Etre informé et éclairé de manière théorique par la lecture n’est pas suffisant, et nécessite un conditionnement pratique.

Le TSV (Tir sportif de vitesse) pourrait être stimulant mais trop peu de clubs le proposent. Peu de clubs sont actifs et animent vraiment la vie et l’activité associative. A la FFTir il existe seulement des formations d’encadrants, mais pas de formations « Tireur ». Pas de pédagogie réelle en dehors des consignes ACDC (4 règles) et des 5 principes fondamentaux. Seul le mimétisme fait sont travail pédagogique. Le Tir loisir, ou récréatif n’existent pas vraiment, peu d’animation, pas de formation, pas de stage. C’est surprenant je trouve.

En gros à la FF Tir, soit on fait de la compétition, soit du tir « loisir » (la grande majorité des licenciés fait du tir loisir), et là pour ce que je connais, hormis le QCM de capacité*, que l’on bûche dans son coin, je retiens uniquement l’ACDC. C’est très léger soyons honnête. Dans un récent article Les armes à feu et le survivalisme, j’évoquai mes attentes en matière d’expérience au tir.

Origines et Principes de la NTTC

La NTTC (Nouvelle Technique de Tir de Combat) a pour origine les recherches d’un officier de l’US Army, Chuck Taylor, vétéran du Vietnam. Son expérience l’a mené à la réflexion suivante : l’instruction militaire classique, qui privilégie le tir à la cible et le tir de combat dans un environnement artificiel, engendre des réflexes souvent suivis de conséquences fatales au combat. Or les réflexes conditionnés jouent un rôle déterminant sous stress.

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Aussi la technique du drill devient un levier de progression idéal quand il s’agit d’appliquer sous stress des fondamentaux acquis à l’instruction et qui auront fait l’objet de mécanisations. L’enjeu de cette nouvelle méthode est donc d’enseigner dès le début de la formation des manipulations exactes, simples et cohérentes qui permettront non seulement d’engager son arme en cas de besoin, mais également de vivre pendant des jours, voire des mois, en toute sécurité.

Selon lui, chacune de ses blessures aurait pu être évitée par une meilleure connaissance de son armement, et surtout par une meilleure maîtrise de son utilisation en condition de combat. Ce constat personnel l'amena à remettre en cause l'instruction militaire, d'autant plus qu'il avait également remarqué que 80 % des tués ou blessés au combat l'avaient été du fait d'un incident de tir, de l'oubli du cran de sûreté ou d'un manque de munitions ! De plus, ses recherches montrèrent que 5 % des soldats américains (soit 2.500) avaient perdu la vie par des erreurs de manipulation effectuées par des camarades… Chuck Taylor va alors rechercher les causes de cet échec dans la doctrine d'enseignement militaire et créer l'ASAA (American Small Arms Academy).

L'importance des Réflexes Conditionnés et du Drill

Il mettra ainsi en évidence que le tir à la cible et l’entraînement au tir de combat en environnement artificiel créent des réflexes conditionnés souvent inadaptés aux situations périlleuses réelles qui plongent les individus dans un état de stress intense.

Sur l'excellent site internet suisse consacré à la méthode NTTC, on trouve d'ailleurs "un exemple classique et tragique tiré de la réalité : celui d'un policier qui dut un jour, lors d'une confrontation, engager un malfaiteur à une distance de deux mètres environ. En tir instinctif à une main, il tira cinq coups avec son revolver de service (qui contenait six cartouches). Ayant manqué les cinq coups, il ouvrit son barillet et retira les douilles ainsi que la sixième cartouche non tirée. Il se figea ensuite sur place, en regardant vers le sol, cherchant visiblement quelque chose. Et c'est à ce moment-là que le malfaiteur l'abattit d'une balle en pleine tête.

Des témoins s'étonnèrent de la réaction pour le moins étrange de ce policier, et l'enquête démontra que pendant des années, il s'était entraîné à tirer réglementairement la piste de base du FBI, à savoir cinq coups en tir instinctif sur une cible fixe distante de 7 m, retirer les douilles et les mettre dans une petite boîte de conserve déposée sur le sol à cet effet par l'instructeur de tir qui voulait que son stand soit "propre et en ordre", recharger avec six cartouches et tirer à nouveau cinq coups… le tout en un nombre restreint de secondes. De fait, le policier n'arriva jamais au bout de son drill parce qu'il cherchait la boîte de conserve au lieu de tirer sa sixième cartouche qui elle, peut-être, aurait touché…"

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C'est précisément ce type de "drill" (ou réflexe conditionné) auquel s'est attaqué Chuck Taylor. Certains sont apparemment innocents, comme par exemple effectuer le changement de chargeur en extrayant et en réengageant le même magasin, annoncer "dérangement" en levant le bras quand son pistolet ne fonctionne plus, ou s'entraîner à dégainer sans manœuvrer la culasse de son pistolet que l'on porte cartouche non chambrée, etc. Mais devinez ce qui se passera sous stress au combat...

L'Adoption de la NTTC en Suisse

Dans les années 90, un officier suisse effectua un stage de moniteur puis d'instructeur à l'ASAA avec Chuck Taylor. Littéralement conquis par cette approche beaucoup plus réaliste des combats modernes, il entreprit de la faire découvrir dans son pays. C'est ainsi que le Lieutenant Baeriswyl va tenter de convaincre, avec 8 autres camarades qu'il a formés, tout un pays culturellement très attaché au tir à 300 m. Cette croisade débouchera en 1995 sur l'adoption officielle par la Suisse de la NTTC (Nouvelle Technique de Tir de Combat). Toutefois, son armée de l'air attendra jusqu'en 1997 pour s'y rallier.

Dispensée à plus de 200.000 hommes au terme d'une reconversion de 6 ans, la NTTC a ainsi démontré de manière pratique la supériorité de la méthode Taylor sur le système d'instruction militaire classique. En effet, avec beaucoup de pragmatisme, elle enseigne davantage à vivre avec une arme, et à l'utiliser avec rigueur et précision quand la mission l'exige.

L'Importance de l'Entraînement Régulier

Il est maintenant évident pour moi, qu’il faut effectuer des séances d’entrainements et de recyclages de ces techniques NTTC régulièrement. C’est la répétition qui permettra de conserver les acquis de cette première formation IBP/ICP (Pistolet). Le drill à sec, les munitions inertes, le système Mantis et la projection mentale devront permettre de maintenir un minimum d’automatisme entre chaque session d’entrainement (3 à 4 fois par an). C’est une expérience ultra-enrichissante en terme d’immersion, prenant en compte la compréhension d’une situation et votre réaction.

Sans être ou avoir été militaire ce « concept » de tir combat ou tir dynamique, et vous l’avez très bien abordé chacun de vous, devrait au moins sur les principes de bases, être instruit à chaque pratiquants, nouveau ou plus expérimentés, mais surtout être validé régulièrement afin que cela devienne un réflexe acquis. Puis enfin le drill à sec, régulier, à la maison aidera la mémoire musculaire...

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NTTC et le cadre légal

Je vous invite fortement à ne pas mélanger le droit, et le règlement FFTir. Les stands et installations FFTir agréées ont la possibilité d’accueillir par convention les forces de l’ordres, et de proposer ses stands pour des entrainements de Police nationale, municipale et pour la Gendarmerie Nationale avec une instruction semblable au NTTC. On peut donc considérer que l’homologation d’un stand est lié au type d’usage de l’installation, plus qu’aux prérogatives d’accès aux stands eux-mêmes.

Pour ma part, je trouve cette situation ambiguë. Je comprends surtout qu’un stand sportif réponds à des usages encadrés par son homologation, et donc des caractéristiques techniques spécifiques avec des dispositifs et protections dépendant entre autre aux calibres et aux distances de tir (pièges à balles, rideaux anti-ricochets …).

Le Tir de Combat : Une Nécessité pour les Forces Armées

Pour l’armée de Terre, l’ouverture du feu est l’acte « ultime » du soldat, qui doit, par conséquent, maîtriser parfaitement son armement individuel. D’où l’importance de l’Instruction sur le tir de combat [ISTC], instaurée en 2006 dans l’ensemble de ses régiments. Cette ISTC, est-il rappelé dans le dernier numéro de Terre Mag, a « redonné l’autonomie au combattant en lui inculquant le savoir-vivre armé et la maîtrise parfaite de son arme, pour sa protection ou celle de tiers ». En outre, elle leur a apporté une « confiance individuelle et collective », a souligné le général Renaud Sénétaire, qui, alors qu’il était le chef de corps du 1er Régiment de chasseurs parachutistes, commanda le bataillon « Raptor », en Afghanistan, entre 2010 et 2011.

Mais pour prendre le dessus sur un adversaire, encore faut-il maîtriser également le tir « en équipage » et de combiner les « feux » [engins blindés, armes individuelles, drones, etc.]. En clair, il s’agit de faire manœuvrer différentes unités de façon à maximiser les effets. D’où la nécessité d’une préparation opérationnelle collective, qui doit être la plus réaliste possible.

L'Expérimentation ESTOC

Or, comme l’a admis le colonel Merlin, du Commandement de l’entraînement et des écoles du combat interarmes [COM E2IA], des progrès sont à faire dans ce domaine. « Le réalisme des manœuvres à balles réelles dans nos centres est limité. Les tireurs sont contraints de s’aligner sur des positions prédéterminées face à des cibles, toujours aux mêmes emplacements. Le chef tactique tient un rôle restreint », a-t-il expliqué dans les pages de Terre Mag.

D’où l’élaboration d’un nouveau concept, appelé ESTOC, pour « Expérimentation sur l’entraînement au tir opérationnel de combat ». Trois campagnes ont d’ores et déjà été réalisées, à Mourmelon et à Canjuers. Les deux premières ont impliqué le 152e Régiment d’Infanterie [RI] et des VBCI [Véhicules blindés de combat d’infanterie] tandis que la troisième a mobilisé le 21e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa] ainsi que des éléments du 1er Régiment Étranger du Génie [REG] et le 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique.

Concrètement, rendue possible grâce à la géolocalisation et aux tirs décalés, ESTOC vise à faciliter la manœuvre à tirs réels tout en introduisant une part d’incertitude dans la mesure où les cibles sont désormais « imprévisibles », les directeurs d’exercice ayant la possibilité de les activer en fonction de la progression des unités participantes. Des superviseurs sont chargés de vérifier le « respect des écarts angulaires entre les tireurs » et des « marges de sécurité » afin d’empêcher tout incident.

Cette expérimentation doit permettre de « donner plus d’autonomie et de responsabilités au chef de la troupe, chargé de la progression tactique et de son unité », celui-ci pouvant adapter ses déplacements aux caractéristiques du terrain, des abris, en veillant à aligner en permanence les directions de tir de ses éléments », détaille Terre Mag. Les trois campagnes réalisées ont a priori donné satisfaction.

« Chacune des unités a appréhendé l’ESTOC de façon différente. Toutes sont unanimes sur la hausse du niveau rapide du commandement en situation de tir », a résumé un officier du COM E2IA. Une quatrième devrait être menée prochainement, avec un degré de difficulté supplémentaire puisqu’il s’agira de faire manœuvrer l’équivalent d’un sous-groupement tactique interarmes. L’armée de Terre prévoit de généraliser l’ESTOC à partir de 2025. Il lui restera ensuite à s’adapter à « l’évolution des armes, rapide sous la pression des conflits et par les progrès technologiques : munitions téléopérées, lutte anti-drones, frappe à longue distance ».

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