Pendant les JO 2024 de Paris cet été, le tireur olympique turc Yusuf Dikeç est devenu une véritable star malgré lui. Médaillé d'argent en tir lors des Jeux olympiques de Paris, le Turc Yusuf Dikec s'est affiché avec un look en opposition à tous ses adversaires. Ces derniers jours, les réseaux sociaux s'emballent pour plusieurs tireurs, habituellement méconnus et sous-médiatisés. La raison de cette soudaine notoriété : le style unique de ces athlètes, qui font le bonheur des réseaux sociaux.
Médaillé d'argent ce mercredi aux Jeux olympiques de Paris avec sa partenaire turque Sevval Ilayda Tarhan lors de l'épreuve par équipe en pistolet à air comprimé à 10 mètres, Yusuf Dikec (51 ans) n'avait pas la même apparence que ses adversaires. Là où ses rivaux avaient un casque sur les oreilles et des lunettes pour mieux cibler, Yusuf Dikec est apparu sans ces deux éléments. Le Turc avait seulement ses lunettes habituelles de vue et un bouchon d'oreille, tirant les mains dans les poches. Si son apparence semble incongrue à ce niveau de compétition, cela ne l'a pas empêché de réaliser une excellente performance. Cela ne l'a donc pas empêché d'évoluer à un très haut niveau puisqu'il était arrivé en tête des qualifications avant d'échouer avec sa partenaire face à la Serbie en finale.
En moins de dix minutes, il a fait sensation sur Internet, générant un nombre incalculable de memes pendant des jours et bénéficiant de nouvelles pages de fans à travers le monde. Vêtu d'un simple T-shirt adidas blanc frappé du drapeau de la Turquie, il a opté pour un look bien éloigné de celui de l’autre coqueluche de la discipline, Kim Yeji. Mais c’est de sa main glissée dans la poche dont on se souviendra longtemps, témoin de son calme et de son attitude totalement détendue, ce qui est plutôt inhabituel lorsqu'on participe à l'événement sportif le plus important de la planète. Yusuf Dikec a raflé la médaille d’or du style, toutes catégories confondues.
En même temps, il faut dire que Yusuf Dikeç, ne semblait pas particulièrement paré pour concourir à une épreuve de tir au pistolet à 10 m des Jeux olympiques de Paris 2024. Sans lentilles, cache œil, protection auditive ou tout autre équipement que ses lunettes de vue et des bouchons d’oreille, l’ancien sous-officier de la gendarmerie turque de 51 ans a empoché… La médaille d’argent, avec sa coéquipière Şevval İlayda Tarhan à Châteauroux. De quoi enflammer les réseaux sociaux pour cet ubuesque personnage. Sa pose nonchalante avait fait le buzz durant les Jeux olympiques.
Pourtant, malgré son style minimal, basique, ordinaire, normal, un détail nous a interpellés : la montre qu’il portait au poignet. Nous avons zoomé autant que possible, nous avons multiplié les recherches et fait appel à des journalistes montres chevronnés, sans succès... jusqu'à ce qu'Horoguides identifie la marque et le modèle de la montre de notre tireur favori. Il s'agit d'une montre de plongée Nacar couleur vert militaire, très probablement la Nacar 07-290699-BNS6, une montre à quartz de 46 mm et étanche à 200 mètres. Le dernier prix connu était de 1 386 ₺ (lires turques), ce qui équivaut à environ 37 euros.
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Et d'après nos déductions, il semble que ce soit la montre fétiche de Yusuf Dikeç depuis un certain temps. On a retrouvé un cliché datant de 2022 où on peut apercevoir cette montre à son poignet, mais aussi un autre de 2023. Un petit point historique s’impose : la marque Nacar a été créée spécifiquement pour le marché de Turquie et semble être une pièce souvent cédée en héritage dans les familles turques. La marque a été fondée par les frères arméniens turcs Nacaroglu, Ohannes et Kevork (plus d’information ici). Ils ont fondé la société Zila Watch en 1921 et lancé la marque Nacar, produisant leur première montre la même année. Ohannes, qui résidait à Bienne, en Suisse, et Kevork à Istanbul, ont choisi la Turquie, le Liban et la Syrie comme marchés cibles.
La Nacar a fait son apparition en Turquie en 1929 et sa popularité n’a jamais faibli. À tel point qu'il existe apparemment un dicton dont la traduction signifie : “Si vous achetez une montre, achetez une Nacar ; si vous vous mariez, épousez une Hongroise”. Mettre la main sur cette montre semble quasi-impossible mais nous avons trouvé quelques alternatives qui reprennent la forme, les couleurs et l'esprit de la pièce préférée de Yusuf Dikeç.
Pendant les JO 2024 de Paris, cet été, le tireur olympique turc Yusuf Dikeç est devenu célèbre avec sa posture lors des épreuves. Une pose qui a fait le tour du monde et dont l’athlète réclame la propriété intellectuelle pour protéger son utilisation commerciale. Les images le montrant effectuer ses tirs de manière presque nonchalante, main gauche dans la poche, sans lunettes de protection ni casque, ont fait le tour des télévisions et des plates-formes.
Face à ce succès, qui a pris une incroyable ampleur, Yusuf Dikeç a déposé une demande auprès de l’institut turc de la propriété intellectuelle pour protéger l’utilisation commerciale de la pose. « Après avoir été informés de nombreuses initiatives de dépôt de marque effectuées à l'insu de Yusuf Dikeç, nous avons soumis une demande il y a environ une semaine […]. D'autres demandes ont ainsi été rejetées », a affirmé lundi à l’AFP l’entraîneur de l’athlète turc, Erdinç Bilgili.
Au point d’inspirer les sportifs du monde entier. Après avoir amusé les internautes, sa posture est devenue une vraie référence mondiale. De nombreux athlètes ont copié sa pose après avoir remporté une médaille aux JO, comme la star suédoise de la perche Armand Duplantis. Et cette célébration a même été exportée des JO 2024. L'attaquant de Chelsea Nicolas Jackson l'a également imité dimanche en célébrant un but en championnat d'Angleterre.
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Concrètement, des t-shirts, des tasses ou des coques de téléphone portable, reprenant sa pose semblant mêler nonchalance et confiance en soi, ont été mis en vente, a rapporté la chaîne d'information publique turque TRT Haber.
« Certains ont pensé que ma main dans la poche était un signe d'arrogance. Je le fais uniquement pour tenir mon corps plus stable. Il ne faut pas chercher plus loin », avait expliqué le tireur. « Certains ont pensé que ma main dans la poche était un signe d’arrogance. Ceux-là ne connaissent rien sur moi, ni au tir sportif », raconte-t-il en riant. « Je le fais uniquement pour tenir mon corps plus stable, pour être en équilibre. Il ne faut pas chercher plus loin », ajoute-t-il.
Ancien officier de la gendarmerie à la retraite depuis un an, Yusuf Dikeç a également expliqué qu’il préférait tirer sans matériel de protection. « Comme je tire les deux yeux ouverts, je ne me sens pas à l’aise avec les lunettes de protection, les casques ou tout autre accessoire. C’est pour cela que je ne les utilise pas », explique-t-il.
Pour Yusuf Dikeç, plus que la confiance en soi, sa pose symbolise l’esprit olympique. « Le fair-play, le refus du dopage et la mise à l’épreuve du talent et de l’anatomie humaine à l’état naturel font partie de l’esprit olympique. Il y a quelque chose de beau, de naturel dans ce mouvement. Les gens l’ont apprécié, ce qui me fait plaisir », affirme-t-il.
C’est aussi le résultat de 24 ans de pratique intense de tir, un sport qu’il a commencé au sein de la gendarmerie, remportant, avant les JO, de nombreux championnats du monde et d’Europe. M. Dikeç regrette avoir loupé de peu la médaille d’or qu’il espère décrocher lors des jeux de 2028 à Los Angeles.
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Yusuf Dikec n'est pas le seul tireur à avoir conquis les cœurs des internautes. Yusuf Dikec n'est pas le seul tireur à avoir affolé les réseaux sociaux. Dimanche dernier, la Sud-Coréenne Yeji Kim a également décroché la médaille d'argent, sur l'épreuve de tir au pistolet à 10 mètres. Casquette à l'envers et habillée en noir, la femme de 31 ans semble tout droit sortie d'un film d'action. Le look de Yeji Kim avait déjà suscité de nombreuses réactions.
Un look unique de "femme fatale" pour certains qui lui a aussi permis de briller, puisqu'elle a remporté l'argent dans l'épreuve du pistolet à air comprimé 10 mètres, chez les femmes. Concernant Yeji Kim, c'est un extrait de son record du monde qui a refait surface, datant de mai dernier. Sa réaction avec ses regards caméra tout en ayant un air assez blasé, après avoir tiré ses balles, a impressionné les internautes.
Quinze jours peuvent changer une vie et se révéler bien lucratifs. Yusuf Dikec a été l'un des visages de Paris 2024 avec sa fameuse posture, main dans la poche au tir à 10 m, symbole de décontraction. Depuis, Dikec sait se faire rare et monnaye sa parole au prix fort. Pour espérer parler avec le médaillé, nous voilà dans les bureaux de son avocat, un certain Mehmet Ali Akgül, du cabinet MSE Law Firm. L'homme aux tempes grisonnantes annonce d'entrée le prix de son client. Il a le sourire. « Un million ! » D'euros ? Non, de livres turques. Yusuf Dikec est aujourd'hui très populaire.
Certes, la monnaie a beaucoup perdu en valeur depuis 2018 et le début de l'inflation en Turquie (de 44 % sur un an en décembre 2024), mais la somme reste importante : 27 300 euros. Élu sportif de l'année par GQ Turquie, Dikec disait cet été à l'AFP vouloir « rester le même », en promouvant le fair-play et les valeurs de l'olympisme. Sa parole est pourtant devenue très chère, loin de la simplicité et du détachement avec lesquels il a remporté sa médaille d'argent.