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Mauser est un fabricant d’armes allemand fondé au XIX siècle, réputé pour ses fusils à verrou et ses pistolets. L’entreprise, basée à Oberndorf am Neckar, a joué un rôle majeur en équipant l’armée allemande et de nombreuses armées étrangères durant les deux guerres mondiales. Après 1945, Mauser a connu une restructuration et a été intégrée à d’autres groupes industriels, tout en continuant à fabriquer des armes (notamment des canons automatiques et des fusils de précision destinés à la chasse).

Les débuts de Mauser : De l'arsenal royal à l'innovation

L’histoire de Mauser commence à l’arsenal royal d’Oberndorf, fondé le 31 juillet 1811 par le roi Frédéric Ier de Wurtemberg. C’est dans cet atelier que les frères Wilhelm et Paul Mauser travaillent au milieu du XIX siècle comme armuriers et mettent au point un nouveau fusil à répétition à culasse rotative dès 1867. Leur prototype s’inspire du fusil français Chassepot, qui avait montré sa supériorité lors de la guerre de 1870. Le Gewehr Modell 1871 (fusil Mauser 1871) est ainsi adopté par la nouvelle armée allemande unifiée, supplantant la concurrence et marquant le début du succès pour Mauser.

Le succès international et l'expansion de Mauser

Fort de ce premier contrat national, Mauser se tourne aussi rapidement vers l’exportation. Les premières commandes étrangères arrivent dans les années 1880-1890 avec, par exemple, le fusil Mauser 1889 pour la Belgique, le Mauser 1890 pour l’Empire ottoman et le Mauser 1891 pour l’Argentine. Le Mauser modèle 1893, adopté par l’Espagne (calibre 7×57 mm), rencontre un succès international en étant également choisi par de nombreux pays d’Amérique latine. Lors de la guerre hispano-américaine de 1898, les troupes espagnoles équipées de fusils Mauser 1893 infligent de lourdes pertes aux forces américaines, notamment à la bataille de San Juan où 750 soldats espagnols tinrent tête à 15 000 Américains pendant plus de 12 heures.

Cet événement incite les États-Unis à adopter à leur tour le système de culasse Mauser pour leur fusil Springfield M1903, moyennant le paiement de royalties à l’entreprise allemande. À la fin du XIX siècle, Mauser devient l’un des plus grands noms de l’armement : la Turquie, le Brésil, le Mexique, le Chili, l’Uruguay, la Chine, l’Iran, la Serbie ou encore la Suède figurent parmi les nombreux pays ayant adopté des variantes du fusil Mauser à cette époque.

Mauser pendant les guerres mondiales

Paul Mauser, l’ingénieur en chef et cofondateur, décède en mai 1914 peu avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le conflit entraîne une explosion de la demande pour les fusils Mauser : le Gewehr 98 équipe massivement les troupes allemandes, tandis que des versions carabines plus courtes sont également distribuées (Karabiner 98AZ, etc.) pour les unités de cavalerie et les Sturmtruppen (troupes d’assaut). Les usines Mauser, soutenues par d’autres arsenaux allemands, produisent des centaines de milliers de fusils pour l’effort de guerre.

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Après la défaite de 1918, le traité de Versailles impose de fortes restrictions à l’industrie allemande de l’armement. Mauser n’a plus le droit de produire des armes militaires en grande quantité. Durant les années 1920, l’entreprise survit en se consacrant partiellement à la fabrication de produits civils et d’outillage de précision (par exemple des instruments de mesure comme des micromètres). Néanmoins, Mauser continue à concevoir des armes et à honorer certains contrats étrangers en contournant les limitations du traité via des filiales ou des partenariats à l’étranger.

Avec la montée en puissance du régime nazi et le réarmement de l’Allemagne dans les années 1930, Mauser retrouve une place centrale. Le fusil Karabiner 98k, version raccourcie du Gewehr 98, est adopté en 1935 comme arme de base de la Wehrmacht. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, l’usine d’Oberndorf tourne à plein régime pour équiper les forces allemandes. Mauser produit non seulement des millions de fusils 98k, mais également d’autres armes : le pistolet semi-automatique Mauser HSc en calibre 7,65 mm (destiné aux officiers et à la police), des fusils mitrailleurs et des canons automatiques pour l’aviation (par exemple le canon de 20 mm MG 151/20).

L’importance stratégique de Mauser pour l’effort de guerre allemand est telle qu’Adolf Hitler en personne exige une production massive : il ordonne que la ville d’Oberndorf fournisse 70 000 fusils Mauser par mois, objectif atteint en ayant recours à environ 5 000 travailleurs forcés venus de toute l’Europe. L’usine Mauser devient ainsi un pilier de la machine de guerre nazie, au point d’être une cible pour les Alliés.

Mauser après la Seconde Guerre mondiale : Restructuration et renaissance

Après la capitulation allemande de 1945, la ville d’Oberndorf se retrouve en zone d’occupation française. Les installations de Mauser sont en partie démantelées sur ordre des autorités françaises : une grande partie des machines-outils est saisie au titre des réparations de guerre et les archives de l’entreprise sont détruites. Dans ce contexte, trois anciens ingénieurs de Mauser - Edmund Heckler, Theodor Koch et Alex Seidel - récupèrent clandestinement certains équipements restants et fondent dès 1949 une nouvelle société d’armement : Heckler & Koch.

Quant à Mauser, l’entreprise elle-même renaît après-guerre sous une forme réduite. Dans les années 1950, Mauser se concentre sur la fabrication de fusils de chasse et de carabines de tir sportif, le marché militaire lui étant fermé par les Alliés au début. La société est officiellement reconstituée dans les années 1950 et présente de nouveaux fusils de chasse dans les décennies suivantes (par ex. le modèle Mauser 66 en 1965, un fusil à verrou à armement linéaire innovant).

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Restructurations à la fin du XXe siècle

À la fin du XX siècle, Mauser subit d’importantes restructurations. En 1994-1995, la division armement de Mauser est rachetée par le groupe allemand Rheinmetall AG, connu pour ses canons automatiques et munitions. L’entité est rebaptisée Mauser-Werke Oberndorf Waffensysteme GmbH et intègre le giron de Rheinmetall. Parallèlement, en 1999, la branche produisant des fusils civils (chasse et tir) est séparée du reste et devient Mauser Jagdwaffen GmbH. Cette dernière est cédée au groupe Lüke & Ortmeier (maison-mère de SIG Sauer, Blaser, etc.), et continue de fabriquer des armes de chasse sous la marque Mauser.

Armes emblématiques produites par Mauser

Au cours de son histoire, Mauser a conçu et produit de nombreuses armes devenues légendaires. Les plus notables sont ses fusils à verrou de la famille Mauser 98 - qui ont défini le standard du fusil militaire au XXe siècle - ainsi que certains pistolets révolutionnaires pour leur époque.

Karabiner 98k

Karabiner 98k, principal fusil d’infanterie allemand pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce fusil à répétition à verrou de calibre 7,92 mm dérive directement du Gewehr 98 adopté par l’armée impériale en 1898. Le Gewehr 98 original mesurait 1,25 m avec un canon long, tandis que le Karabiner 98k est une version plus courte (barreled 600 mm) adoptée en 1935 comme standard par la Wehrmacht. Alimenté par un chargeur interne de 5 cartouches, il était robuste, précis et fiable. Environ 14,6 millions de Karabiner 98k ont été produits de 1934 à 1945, faisant de lui l’un des fusils militaires les plus fabriqués de l’histoire. Bien que la Wehrmacht ait introduit en fin de guerre quelques fusils semi-automatiques, le 98k est resté l’arme individuelle principale du soldat allemand jusqu’en 1945.

Des millions de Mauser 98k capturés ont ensuite été redistribués après-guerre - par exemple par l’URSS à des mouvements alliés - si bien qu’on retrouva ce fusil dans de nombreux conflits de la seconde moitié du XX siècle.

Mauser C96

Mauser C96, exemplaire d’époque du célèbre pistolet « Broomhandle ». Le Mauser C96 est un pistolet semi-automatique introduit en 1896, à une époque où les armes de poing étaient encore majoritairement des revolvers. Conçu par les frères Feederle au sein de Mauser, ce pistolet présente une silhouette unique : chargeur interne de 10 coups placé en avant du pontet, canon long (environ 15 cm sur les versions standard) et une crosse en bois détachable pouvant servir d’étui holster. Sa poignée profilée lui a valu le surnom de « Broomhandle » (« manche à balai ») dans les pays anglo-saxons. Chambré à l’origine pour la munition 7,63×25 mm Mauser, particulièrement puissante, il offrait une portée et une pénétration supérieures à la plupart des pistolets contemporains.

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Le C96 a connu un grand succès tant militaire que civil : utilisé par certains officiers allemands durant la Grande Guerre, il a surtout été exporté massivement - par Mauser ou via des copies sous licence - vers des pays comme la Chine (où il fut surnommé « boîte à canon » en raison de sa forme et l’Empire ottoman. Des variantes select-fire à rafale (M712 « Schnellfeuer ») ont même existé dans les années 1930. Au total, Mauser a produit environ 1 million de pistolets C96, sans compter les copies espagnoles et chinoises.

Autres armes notables

Outre le fusil 98 et le C96, Mauser a développé d’autres armes marquantes. Le Tankgewehr M1918 a déjà été mentionné comme le premier fusil antichar de l’Histoire, capable de tirer une munition de 13 mm perforante pour tenter d’arrêter les chars alliés en 1918. Dans les années 1930-40, Mauser a produit des canons automatiques, dont le MG 151/20 (un canon de 20 mm) qui a armé de nombreux avions de la Luftwaffe durant la Seconde Guerre mondiale. Côté armes de poing, le Mauser HSc est un pistolet compact en calibre 7,65 mm, introduit en 1940 et utilisé par la Kriegsmarine et la police allemande. Bien qu’il soit moins connu que le Luger P08 (fabriqué à la même époque par Mauser pour le compte de DWM), le HSc illustre la capacité de Mauser à produire des armes modernes jusqu’à la fin du conflit.

Sites de production et exportations

Historiquement, l’essentiel de la production Mauser s’est déroulé à l’usine d’Oberndorf am Neckar en Allemagne. Durant la Première et la Seconde Guerre mondiale, cette ville-usine vivait quasiment au rythme de Mauser, mobilisant jusqu’à 11 000 ouvriers au plus fort de l’activité industrielle. Mauser n’avait pas d’usines à l’étranger lui appartenant en propre, mais l’entreprise a souvent construit des chaînes de production sous licence dans d’autres pays. Par exemple, avant 1914, Mauser a aidé à établir des manufactures d’armes en Suède et dans l’Empire ottoman pour produire localement des fusils Mauser commandés par ces États.

Dès la fin du XIXsiècle, Mauser a fortement misé sur l’exportation d’armes militaires. Les fusils à verrou Mauser, grâce à leur fiabilité et leurs performances, ont été adoptés par des dizaines de pays sur tous les continents, soit par des ventes directes, soit via des licences de fabrication. On retrouvait des fusils Mauser dans les armées d’Europe (Allemagne, bien sûr, mais aussi Belgique, Espagne, Suède, Turquie, Serbie, etc.), d’Asie (Chine, Empire ottoman, Iran…), d’Afrique (l’Afrique du Sud des Boers en fit usage lors des guerres anglo-boers) et d’Amérique latine (Mexique, Chili, Argentine, Brésil, etc.).

Cette diffusion a fait de Mauser un standard international : par exemple, le 7×57 mm Mauser, parfois appelé « 7 mm espagnol », est devenu une munition militaire courante dans de nombreux pays non alignés sur les puissances anglo-saxonnes. Après la Seconde Guerre mondiale, les exportations directes d’armes Mauser depuis l’Allemagne de l’Ouest ont cessé (du fait de l’interdiction d’armement jusqu’en 1950, puis de la concurrence de H&K pour les armes militaires). Néanmoins, les armes Mauser existantes ont continué à circuler dans le monde : beaucoup de pays en développement ont utilisé des surplus de Kar98k ou de dérivés locaux jusque dans les années 1960-1970. Sur le marché civil, Mauser a exporté ses carabines de chasse (telles que les modèles 66, 77, puis M03, M12…) auprès des chasseurs du monde entier.

Rôle dans les conflits et l'industrie de guerre

Mauser a été un atout stratégique pour l’Allemagne lors des deux guerres mondiales, fournissant l’armement individuel standard du soldat. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’usine Mauser était intégrée dans le complexe militaro-industriel du Troisième Reich, avec une production sous contrainte (objectifs imposés par Hitler) et le recours au travail forcé. Cette implication totale dans l’effort de guerre a fait de Mauser une cible pour les Alliés, et sa destruction en 1945 symbolise l’écroulement de la puissance industrielle allemande. À l’inverse, la renaissance partielle de Mauser après-guerre, via H&K pour les armes légères et via l’intégration à Rheinmetall pour les canons, reflète la volonté de l’Allemagne de l’Ouest de reconstituer une industrie de défense sous contrôle démocratique.

Législations et contrôle des armements

L’histoire de Mauser a aussi été marquée par les régulations internationales de l’armement. Le traité de Versailles (1919) a quasiment mis fin, pendant une décennie, à la production d’armes militaires par Mauser - poussant la firme vers des activités civiles jusqu’à ce que ces restrictions soient abolies de facto par le réarmement clandestin nazi. De même, après 1945, l’interdiction de toute activité d’armement en Allemagne a duré jusqu’en 1950, forçant Mauser à se reconvertir temporairement. Par la suite, la RFA a mis en place un cadre légal strict (loi de contrôle des armes de guerre) pour encadrer la production et l’exportation d’armes. Aujourd’hui, l’Allemagne figure parmi les plus grands exportateurs d’armes au monde (3 rang en valeur en 2010), mais ses entreprises doivent respecter des réglementations drastiques.

Heckler & Koch, héritier de Mauser pour les armes légères, souligne par exemple que le respect absolu des directives d’exportation est indispensable à son activité (« pas de licence d’exportation, pas de contrat »). Des scandales éclatent parfois lorsque ces règles sont contournées (ventes illégales vers des zones interdites, etc.), ce qui montre que la diplomatie et l’éthique pèsent sur le commerce des armes. Du temps de Mauser, des enjeux diplomatiques existaient déjà : l’Empire allemand voyait d’un bon œil l’exportation de fusils Mauser vers des pays amis (Empire ottoman, Chine impériale), tandis qu’au contraire les brevets Mauser ont été au centre de frictions (exigeant des redevances, comme ce fut le cas avec les États-Unis pour le Springfield 1903).

Tableau des modèles Mauser et leurs pays d'adoption

Modèle MauserPays d'adoption
Mauser 1889Belgique
Mauser 1890Empire ottoman
Mauser 1891Argentine
Mauser 1893Espagne, divers pays d'Amérique latine
Mauser 1895Mexique, Chili, Uruguay, Chine, Iran, Serbie, Boers
Mauser 1896Suède, Luxembourg

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