Après avoir récemment passé en revue toute la saga James Bond, et dans l’attente du prochain épisode, Mourir peut attendre, encore reporté, il semblait intéressant de faire un bilan sur ces bientôt soixante années de films.
Après une sévère chute qualitative sur L’homme au pistolet d’or, Albert R. Broccoli, le producteur des James Bond, a compris que ce dixième opus était sa seule chance pour donner un nouveau cap à la franchise.
Le film démarre d’ailleurs bien, sur la base de ce qui fait l’une de ses grandes qualités : les décors.
En Thaïlande, James Bond recherche le tueur à gages le plus efficace et le plus cruel qui soit, l'impitoyable Francisco Scaramanga, l'homme au pistolet d'or.
Après les rites vaudou et les boîtes de nuit de Harlem de Vivre et laisser mourir, James Bond part pour l’Asie, sur les traces d’un mystérieux tueur, Francisco Scaramanga.
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Synopsis : Le film se déroule à l’époque du premier choc pétrolier (1973), thème dominant du scénario. À cette époque, le Royaume-Uni ne s’est pas encore remis de la crise.
Dans le film, Bond est envoyé à la recherche de l’Agitateur Sol-X, un engin capable de capter l’énergie solaire avec un rendement de 90 %.
Francisco Scaramanga est un homme issu de la foire, et c’est dans un manège fatal qu’il embarque d’entrée le spectateur.
Statues de cire, miroirs, le mystérieux tueur s’amuse à torturer psychologiquement sa victime avant de lui porter le coup de grâce.
C’est sur une note très intéressante que débute L’Homme au pistolet d’or, qui promet d’ores et déjà une confrontation mémorable avec James Bond, car la présence à l’affiche de Christopher Lee, spécialiste des rôles de méchants par excellence, est déjà un considérable atout pour ce neuvième film.
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Dans le rôle de Bond, Roger Moore continue de prendre ses marques, toujours avec ce côté plus détaché et chic que Sean Connery mais toujours avec une certaine virilité imposée par la production.
En effet, il est difficile de ne pas voir en Scaramanga un miroir de Bond, tant son attitude et son style se calquent sur ceux de l’agent britannique, lui offrant le pire adversaire possible : une autre version de lui-même.
Après un début assez intense et prenant, le rythme semble tomber à plat, et peine à décoller à nouveau.
Comme Vivre et laisser mourir, L’Homme au pistolet d’or ne manquait pas d’atouts.
C'est un film de décors, comme, par exemple, ceux précédant le « dîner » avec Hai Fat, et ses ennemis cachés parmi les statues, ou bien les bureaux biscornus dans l’épave du Queen Elizabeth et, bien sûr, le repaire de Scaramanga et ses décors également tordus, voire expressionnistes, ainsi que ses nombreux miroirs rappelant La Dame de Shanghaï d’Orson Welles.
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On relève de bonnes idées de mise en scène, des fulgurances qui animent le film, mais qui ne compensent pas son incapacité à créer des enjeux et à véritablement impliquer le spectateur.
Les lieux de tournage, souvent sélectionnés sur des critères esthétiques, ne correspondent pas toujours aux lieux des scénarios.
Dans L’homme au pistolet d’or, sorti en 1974, le repaire du tueur à gages Francisco Scaramanga est une île somptueuse.
Elle se situe soi-disant en mer de Chine du Sud.
En effet, la base secrète qui sera totalement détruite par 007 se veut être construite au sein d’un ancien cratère de météorite.
Un autre élément scénaristique récurrent est l’accès aux matières premières ou à l’énergie.
L’Homme au pistolet d’or est sorti en 1974, soit juste après le choc pétrolier de 1973 et les difficultés d’indépendance énergétique européenne, sujet toujours d’actualité…
Le scénario repose sur l’intrigue visant à retrouver une technologie nommée « agitateur Sol-X ».
Le duel final entre Bond et Scaramanga sur l'île isolée de Khao Phing Kan en Thaïlande est l'une des scènes les plus emblématiques du film.
La scène où Bond effectue un saut en spirale avec une voiture AMC Hornet est l'une des cascades les plus spectaculaires de la série.
Le pistolet d'or de Scaramanga est composé de quatre objets usuels : un stylo, un briquet, un étui à cigarettes et un bouton de manchette.
Le cinéaste, spécialiste des films d'action - il a aussi tourné L'ouragan vient de Navarone avec Harrison Ford - vient de nous quitter à l'âge de 93 ans. La mythologie bondienne lui doit beaucoup.
La production de L’Homme au pistolet d’or est rapidement lancée, afin de profiter de l’engouement pour cette nouvelle orientation dans la saga.
Plus sobre, moins faste, mais tout aussi luxueuse et respectant davantage la forme du thriller, la saga James Bond est devenue un peu plus simple à préparer.
La sortie est donc programmée pour décembre 1974, soit une année seulement après la sortie de Vivre et laisser mourir. Ce passage à la vitesse supérieure sera-t-il payant ?
Saltzman commence à se lasser de la franchise, mais surtout, il est de plus en plus acculé par les dettes.
Avec son budget arrêté à 13 millions de dollars, le tournage de L’Homme au pistolet d’or débute le 18 avril 1974 et se termine le 23 août de la même année.
Christopher Lee doit jouer le méchant en titre, Francisco Scaramanga, le fameux homme au pistolet d’or.
Les conditions sur l’île de Scaramanga sont spartiates, bien loin du luxe fleurissant à l’écran : les acteurs doivent se contenter du minimum syndical et d’une nourriture fort simple.
Un tournage luxueux, de Hong Kong à la Thaïlande, et qui se clôt comme à son habitude dans les studios de Pinewood, malgré quelques tensions, alors que Broccoli et Saltzman s’apprêtent à se séparer.
Si L'Homme au pistolet d'or a fait date dans la saga, c'est avant toute chose pour le relatif essoufflement de la formule bondienne que le film donne à ressentir.
Car fort heureusement, le film sait distiller son lot de séquences originales, visuellement impressionnantes et procéder à de purs moments de mystère.
Mystérieux est par ailleurs bien le mot qui convient à cette neuvième mission de 007 au cinéma, de par son allure favorisant de beaux paysages exotiques inattendus et une poignée de séquences installant un climax d'attente et de tension.
A l'inverse, L'Homme au pistolet d'or laisse de côté l'enchainement kilométrique de l'action pour resserrer son ambiance autour de beaux décors luxueux et d'un très bon scénario mettant 007 dans une position étonnante et singulière, tout en axant une partie du film sur les arts martiaux.
Menacé de mort par un tueur professionnel ne travaillant que pour son propre compte, James Bond doit tout faire pour retrouver sa trace et remonter jusqu'à son repaire secret, situé dans la baie de Phang Nga, dans la mer d'Andaman (au sud de la Thaïlande).
Le scénario de Tom Mankiewicz est cependant jugé peu fiable et surtout pas assez bondien. Richard Maibaum ajoutera donc une teneur d'espionnage très prégnante, quoique futile dans un récit qui s'en serait fort bien passé.
Il inscrit de fait une nouvelle fois James Bond dans l'actualité, le mettant à la poursuite de l'agitateur Sol-X, sorte de MacGuffin rappelant ceux utilisés par Alfred Hitchcock dans certains de ses films, et convoquant la crise pétrolière de 1973.
Incarné par l'illustre Christopher Lee, Scaramanga est l'envers de Bond, une version diabolique et sadique du personnage.
Ce méchant bondien n'est pas mu par la réussite d'un projet de mort à échelle planétaire, c'est un joueur, purement et simplement.
Il semble donc que Scaramanga ait un profond respect pour 007, il le juge d'ailleurs le seul digne de lui tenir tête. Il eut pourtant pu l'éliminer facilement, d'une fenêtre à Hong-Kong (comme on peut l'observer dans le film), mais préfère lui offrir sa totale présence et un tête-à-tête mortel plus séduisant à son goût.
Comme il l'indique lui-même, il ne sait pas comment son immense installation fonctionne, ni comment tout ceci concentre ensuite de l'énergie.
Face à lui, et sans doute pour l'une des rares fois sous l'ère Roger Moore, James Bond est assez énervé.
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