Les tirs au but sont une épreuve décisive dans le football, souvent source de tension et de débats. Cet article explore en détail les règles qui les régissent, les stratégies employées et les modifications récentes apportées par l'International Football Association Board (IFAB).
En cas d’égalité lors d’un match de coupe, des prolongations sont jouées (2 mi-temps supplémentaires de 15 min chacune) et suivies, si nécessaire, d’une série de 5 tirs au but (ou penaltys) par équipe. Chaque équipe choisit 5 tireurs qui vont devoir marquer dans un face-à-face avec le gardien depuis le point de penalty.
Plusieurs études, toutes critiquées, laissent apparaître qu’il y a un léger avantage. Avant cette Coupe du Monde, 59% des équipes qui tirent en premier finissent par remporter la séance. Cependant, aujourd’hui, seul le Maroc, parmi les 8 dernières séances de tirs au but en Coupe du Monde, a réussi à se qualifier en tirant en premier.
En général, les entraîneurs placent leurs meilleurs tireurs en tout début de séance, et en fin de séance. Le premier tireur est là pour donner le ton. S’il réussit son tir au but, il va donner confiance aux quatre autres. Si le dernier tir peut être décisif (pour égaliser ou offrir la victoire), il faut que ce soit un joueur sûr de lui.
Contrairement à une idée reçue, les tireurs peuvent décider de changer leur ordre de passage au dernier moment.
En cas de blessure constatée par l’arbitre, il peut alors dispenser le joueur touché de frapper. L’arbitre demandera alors à l’équipe adverse d’éliminer un joueur, pour que les deux équipes se présentent dans la séance à armes égales (10 contre 10). Si le joueur blessé est sorti du terrain, avant la séance, il ne peut pas participer, même s’il n’a pas été remplacé. Il est considéré comme ne faisant plus partie du jeu.
Tous recommencent à tirer, chacun leur tour (et pas dans une série). On ne fait pas appel aux remplaçants, mais aux joueurs qui ont déjà tiré. L’ordre n’importe pas.
La séance de tirs au but est « hors match ». En revanche, un joueur peut être averti deux fois au cours de la séance et être expulsé.
L'Argentine serait-elle sur le toit du monde avec les nouvelles règles édictées par l'International Football Association Board ? Vendredi, l'instance a dévoilé ses modifications concernant les lois du jeu à partir de la saison 2023-2024. La loi 14 notamment, celle qui concerne les penalties et tirs au but, a subi un changement plutôt drastique.
Voici la nouvelle mouture:"Le gardien de but doit rester sur sa ligne de but, face au tireur, et entre les poteaux et ne toucher ni les poteaux ni la barre transversale ni les filets de but avant que le tir soit effectué. Le gardien ne peut distraire abusivement le tireur, par exemple en retardant l’exécution du penalty ou en touchant les poteaux, la barre transversale ou les filets".
A peu près tout ce que n'a pas fait Emiliano Martinez lors de la finale du dernier Mondial. Ballon volontairement envoyé loin pour qu'Aurélien Tchouameni sorte de sa routine avant de frapper, mots envers Randal Kolo Muani ou Kylian Mbappé : le portier argentin a volontairement voulu faire dérailler les tireurs français. Avec succès.
Une attitude qui a fait parler mais qui fait, malgré tout, l'unanimité parmi la confrérie des portiers.
Charles Itandje, ancien portier du RC Lens et consultant RMC Sport, affirme : "Ce qu'il a fait derrière, les célébrations et provocations, je ne suis pas du tout en accord mais sur les tirs au but j'ai été très emballé par sa personnalité. Au moment de la séance finale, dès que je l'ai vu, j'ai dit 'il va au moins en arrêter un'. Techniquement, ce n'est pas le plus propre, OK. Mais il a de l'envergure et il a montré qu'il avait du caractère, c'est tout ce qu'il faut à ce moment-là."
Martinez a tout compris. Christophe Revel, ancien entraîneur des gardiens de Rennes, de l'OL et désormais à Brest, détaille : "Un penalty, et encore plus une série de tirs au but, c'est un duel technique mais aussi psychologique. Je sensibilise mes gardiens sur ça. Il y a la technique de plongeon, la tactique d'analyse du tireur mais surtout la psychologie de l'approche. Regarder le joueur, le sentir, mettre un grain de sable dans sa préparation. Encore plus dans une série de tirs au but avec la fatigue, le stress, l'émotion".
Cette nouvelle règle tombe apparaît comme une contrainte supplémentaire imposée au gardien, poste sacrifié sur l'autel du spectacle et des buts à tout va. "Je commence à m'inquiéter pour le futur de notre poste, pour le futur du gardien de but, avoue Itandje. On avait déjà modifié la règle des penalties pour obliger les gardiens à avoir un pied sur la ligne. Maintenant, on nous impose de ne plus distraire le tireur alors que c'était un des derniers moyens pour les gardiens d'inverser le rapport de force. J'ai l'impression que ce sont des règles établies par des personnes qui n'ont jamais été gardien".
Revel, amer, lâche : "Que des gardiens approuvent vraiment ça… Je suis triste pour eux". Revel, également président de l'Association française des Entraîneurs de Gardiens de But, rembobine : "L'exercice commençait à devenir intéressant. Les gardiens étaient de plus en plus acteurs en réalité. Avec un débat de fond aussi sur les stratégies mises en place, notamment lors des séances de tirs au but. En réalité, ça commençait à équilibrer une balance qui est déjà largement favorable aux tireurs. A chaque penalty, on se disait de plus en plus 'ah, potentiellement, celui-là, il peut être arrêté'. Donc cette règle, c'est un peu une tape sur la tête, comme à un enfant qui veut toucher la plaque chaude. On lui dit 'hop, hop, hop', c'est pas pour toi ça'."
Il décrypte encore : "L'objectif, c'est quoi ? C'est marquer des buts, tout simplement. Il y a une forme d'aseptisation de ce sport, à enlever tous les contacts, à enlever toutes les initiatives personnelles qui sont dans les lois du jeu, qui tend à ce que les joueurs malins disparaissent. L'idée, c'est qu'on rentre dans un football très catégorisé, structuré, droit, propre. Moi, je trouve ça dommage…"
Itandje renchérit : "Est-ce qu'il va rester du spectacle dans notre sport ? Demain, on va nous empêcher de mettre les mains pour arrêter un penalty ? On va nous dire de nous mettre dos au tireur ? On va nous positionner sur la ligne selon les souhaits du tireur ? J'extrapole peut-être mais on va vers quelque chose qui me fait vraiment peur. C'est bien de vouloir mettre en avant le spectacle mais il ne faut pas oublier l'équité. On avantage beaucoup trop les tireurs…".
Il se souvient : "Les gardiens ont souvent l'habitude de partir vaincu avant le tir, je ne voulais pas ça. Ce moment où tu fixes ton adversaire dans les yeux, ou tu essayes de deviner ce qu'il va faire, c'est un moment super important. L'idée, c'est quand même d'intimider le tireur quelque part, en montrant un côté, en touchant les filets, le poteau etc. C'est capital et je trouve ça dégueulasse de nous enlever ça".
Selon l'IFAB, Mike Maignan aurait-il pu être sanctionné pour son arrêt face aux Pays-Bas (4-0) ? Dans la réalité… Revel demande : "Concrètement, que vont faire les arbitres ? Mettre un carton jaune aux gardiens qui se tapent les crampons sur les poteaux ?".
Itandje, entraîneur des gardiens à Versailles, avoue : "On va quand même essayer de trouver des choses pour que les gardiens se sentent à l'aise dans cet exercice. On va tout faire pour jouer avec ces règles-là, les contourner. Cet aspect de guerre psychologique, je vais l'entretenir avec mes gardiens car il est essentiel".
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