L'apparition des armes fabriquées par impression 3D représente un défi croissant pour les forces de l'ordre et les législateurs à travers le monde. Ces armes, souvent appelées "armes fantômes" ou "ghost guns", posent des questions complexes en matière de sécurité et de traçabilité.
Les armes 3D ont émergé dans les années 2010 aux États-Unis et se sont rapidement répandues à l'échelle mondiale. Elles ont déjà été impliquées dans diverses affaires criminelles, comme à Marseille en juin 2023.
Les armes fabriquées avec une imprimante 3D sont généralement constituées de plastique ABS ou PLA, des polymères. Le processus implique la fabrication individuelle de plus d'une dizaine de pièces, qui sont ensuite assemblées manuellement. Avec des instructions disponibles en ligne et une bobine de plastique, la fabrication peut prendre quelques heures.
Cependant, il est important de noter que "produire une arme complète en 3D reste un défi comparé aux armes conventionnelles en terme de qualité", selon Europol.
Les armes 3D présentent deux inconvénients majeurs :
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Face à la prolifération de ces armes artisanales, des mesures sont prises pour en limiter la fabrication et l'utilisation.
Le fabricant français Dagoma a sécurisé ses imprimantes 3D avec un logiciel pare-feu. Si un utilisateur tente d'importer un fichier d'arme, l'imprimante affiche le message : "Désolé, ça ne respecte pas les conditions générales d'utilisation de nos produits" et refuse d'importer le fichier.
De plus, Dagoma a diffusé des plans erronés, rendant impossible le montage d'une arme. Cette initiative a été rendue open-source, permettant à d'autres fabricants de se joindre à la cause.
En France, la législation sur les armes à feu s'applique également aux armes 3D. Cependant, l'absence de numéro de série rend ces armes quasiment intraçables, compliquant considérablement le travail de la police.
La première arme fabriquée en 3D est l'œuvre de Cody Wilson, un libertarien américain. En 2013, il conçoit le "Liberator", un pistolet à un coup entièrement en plastique, à l'exception du percuteur et des balles.
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Bien que Wilson ait rendu les plans accessibles en ligne, l'arme s'est avérée défaillante et dangereuse.
En 2020, un collectif underground européen a mis au point le FGC9, un pistolet semi-automatique tirant en rafales des balles de 9 mm. Cette arme est composée à 80% de plastique et à 20% de métal, ce qui la rend plus résistante. Le coût de production est estimé à environ 1000 euros, incluant l'imprimante 3D et le matériel nécessaire.
Sans numéro de série, ces armes à feu sont quasiment intraçables et rendent le travail de la police très difficile pour remonter jusqu'aux auteurs de tirs. Tout le travail d'investigation est beaucoup plus compliqué également avec ces armes, sans marquage.
"Ça laisse des traces sur les scènes de crimes, mais ce sont des polymères", des avancées sont en cours pour permettre le traçage des imprimantes utilisées à partir de ces "déchets de plastiques", indique Nicolas Florquin.
En Europe, le phénomène reste "marginal en termes de saisies", note Nicolas Florquin. Cependant, les groupes criminels fabriquent de plus en plus ce type d'armes "intraçables" pour ne pas avoir recours au trafic international ou transfrontalier.
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Ce qui inquiète le plus, c'est que le système de contrôle des armes n'est pas adapté "et doit être repensé" pour lutter contre ces armes, qui restent quasi intraçables.
Arme | Créateur | Année de Création | Matériaux Principaux | Caractéristiques |
---|---|---|---|---|
Liberator | Cody Wilson | 2013 | Plastique (sauf percuteur et balles) | Pistolet à un coup, défaillant et dangereux |
FGC9 | Collectif Underground Européen | 2020 | 80% Plastique, 20% Métal | Pistolet semi-automatique, tir en rafales |
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