Présenté à Cannes 2024, en clôture lors de la Quinzaine des réalisateurs, le nouveau film de Jean-Christophe Meurisse (Les Chiens de Navarre) aborde de manière décalée l’affaire Dupont de Ligonnès. S’inspirer d’une affaire qui, pour des raisons qui mériteraient d’être étudiées par un symposium de sociologues et de psychologues, passionne un certain nombre de français depuis 13 ans pour en faire un film déjanté, à la fois comique et horrifique, voilà ce qu’a entrepris Jean-Christophe Meurisse avec l’aide de son épouse Amélie Philippe. Cette affaire, on la connaît sous le nom de « Affaire Dupont de Ligonnès ».
A vu « Les pistolets en plastique » de Jean-Christophe Meurisse (fondateur de la compagnie « Les chiens de Navarre) présenté au Festival de Cannes dans la sélection «La Quinzaine des Cinéastes ». Petite pépite qui passe presque inaperçue, ce film décapant et extrêmement drôle, impertinent est un modèle d’écriture et de casting parfait. Les Pistolets en Plastique // De Jean-Christophe Meurisse.
Les Pistolets en Plastique de Jean-Christophe Meurisse est une œuvre inclassable, une comédie noire qui ose s’aventurer là où peu de réalisateurs osent aller. Le film s’inspire de l'affaire Dupont de Ligonnès, tristement célèbre en France, mais la traite avec une légèreté insolente, transformant le macabre en un terrain de jeu absurde. Cette approche peut déstabiliser, mais elle reflète une certaine fascination pour ces faits divers, ces mystères irrésolus qui nourrissent l'imaginaire collectif. Ici, l’assassin devient une légende moderne, et Meurisse exploite cette obsession pour construire une œuvre qui surprend à chaque instant. Dès les premières minutes, le ton est donné : un mélange d’humour grinçant et de situations décalées qui fait mouche. La scène d’ouverture, avec une autopsie sur fond d'une chanson de Véronique Sanson, prépare le spectateur à l'inattendu.
Léa et Christine sont obsédées par l'affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d’avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Léa et Christine sont obsédées par l'affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d’avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement.
Jean-Christophe Meurisse a voulu faire une comédie noire, mélangeant humour et horreur. Le réalisateur explique : "C’est ce que j’aime : le mélange. Ce que je n’aime pas : rester dans un registre unique. Je veux que tout soit tendu, aussi bien dans la narration que dans la forme. On ne sait pas sur quel pied danser.
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Les Pistolets en plastique reprend également cette forme hybride empruntant à la tradition du film à sketches - terme que l’auteur récuse - puisque des saynètes faisant intervenir des personnages éphémères, dans des décors extérieurs, s’agrègent à la ligne narrative principale. Ces segments quasi autonomes s’avèrent aussi bien commodes pour accueillir une foule de caméos disposant ainsi d’un espace où mettre en valeur leur présence autant que leur personnage (Jonathan Cohen, Vincent Dedienne, Aymeric Lompret voire Romane Bohringer peuvent témoigner).
Sinuant de moments d’une noirceur désopilante (mention ici pour la concierge raciste décomplexée) à des passages plus laborieux, l’univers de Jean-Christophe Meurisse s’inscrit quelque part entre le cinéma de Roy Andersson, le cinéma grolandais et la prolifique production de Quentin Dupieux.
Les Pistolets en plastique, réalisé par Jean-Christophe Meurisse, est une œuvre qui divise et interpelle. La construction éclatée en longues séquences dialoguées manque de rythme. Si l’on avait observé un authentique saut qualitatif entre Apnée (2016) et Oranges sanguines (2021), ce troisième long métrage réalisé par le patron de la compagnie des Chiens de Navarre déçoit en partie parce qu’il n’offre pas le même renouvellement, voire se complaît [attention spoiler] à revisiter la séquence gore de torture-mutilation ayant valu sa sulfureuse renommée aux Oranges… précités.
Présenté au Festival de Cannes dans la sélection «La Quinzaine des Cinéastes», Les Pistolets en plastique est un film décapant et extrêmement drôle, impertinent et un modèle d’écriture et de casting parfait. Certains spectateurs peuvent ne pas adhérer à l'histoire, mais il y a de vraies bonnes idées et des séquences très réussies à la manière du film de Les Nuls. Pour certains, c’est le premier fou rire qu’ils prennent au cinéma, et qui leur a duré jusqu’à la sortie de la salle, voire même après.
Certains pourraient reprocher au film son manque de cohérence, ses digressions ou l’étirement de certaines scènes. Mais c’est aussi ce qui fait la force du film : cette capacité à surprendre à chaque instant, à déstabiliser le spectateur. Meurisse ne cherche pas à faire un film policé, mais une œuvre libre, sans entraves. Et cela se ressent à chaque plan, dans chaque réplique ciselée et insolente.
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Si Les Pistolets en Plastique s'inscrit dans une veine comique, il n'en reste pas moins une satire acerbe de la société. La manière dont Meurisse aborde le fait divers et la fascination qu'il suscite est révélatrice d'une société en quête perpétuelle de sensationnel. Le réalisateur tourne en dérision cette obsession du public pour les affaires criminelles, et en particulier pour l'affaire Dupont de Ligonnès, qui depuis plus de dix ans fascine la France. Il interroge, en creux, cette propension à glorifier les criminels ou à chercher des réponses là où il n’y en a pas.
Le film met en scène une galerie de personnages interprétés par :
En conclusion, Les Pistolets en Plastique est un OVNI cinématographique, une comédie grinçante qui bouscule les conventions. Porté par une distribution impeccable et une mise en scène audacieuse, il s’affirme comme une œuvre dérangeante et hilarante à la fois.
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