Jean-Christophe Meurisse, réalisateur de Les Pistolets en plastique, se rêve comme le sale gosse du cinéma hexagonal.
Avec Les Pistolets en plastique, le cinéaste persiste et signe en s’inspirant cette fois-ci de l’affaire Dupont de Ligonnès, qu’il déplie en plusieurs trames narratives.
La première suit deux enquêtrices amatrices lancées à la recherche du tueur de Nantes, une autre l’arrestation d’un faux coupable et la dernière se focalise sur l’exil de de Ligonnès en Argentine.
Si le point de départ saugrenu intriguait, il ne sert finalement que de prétexte pour resservir le même programme qu’Oranges Sanguines : une succession de séquences étirées qui confondent comédie et hystérie, en mêlant regard ricanant sur la France périphérique, explosion gratuite de violence, sketches d’humoristes en vogue arbitrairement intégrés à l’ensemble (Vincent Dedienne, Nora Hamzawi, Aymeric Lompret, Jonathan Cohen succèdent à Blanche Gardin - on a tout de même vu plus punk que de débaucher la moitié des chroniqueurs de France Inter), le tout fondu dans une esthétique boursouflée rythmée par de la variété française (Dalida remplace Barbara).
Ce bric-à-brac pourrait être simplement pénible s’il ne se révélait pas par endroits détestable.
Lire aussi: Tout savoir sur les pistolets
Au-delà du grotesque, Jean-Christophe Meurisse vise aussi à installer une forme de malaise qui pose davantage question.
En témoigne une séquence particulièrement longue, où les deux détectives en herbe rencontrent une voisine de de Ligonnès qui se met à débiter un interminable monologue d’injures racistes et homophobes.
À la fois convenu et paresseux, le « gag » invite à se moquer de la France moyenne (il récidive par la suite, avec un voisin au visage déformé à la Elephant Man).
Il est difficile de ne pas voir dans l’étirement de cette tirade une forme d’autosatisfaction un peu crasse à l’idée de choquer le spectateur.
Cette tendance à la provocation facile et puérile atteint son acmé avec la reconstitution aberrante de la tuerie, qui tombe comme un cheveu sur la soupe vers la fin du film.
Lire aussi: Décryptage de "Les Mots Sont Des Pistolets Chargés"
Jean-Christophe Meurisse développe au cinéma ce qui fait son succès au théâtre depuis 15 ans, avec la compagnie "Les chiens de Navarre" : un humour sans filtre, trash, potache et politique.
Dans Les Pistolets en plastique, c'est au Danemark qu'un brave type est arrêté, car il ressemblerait à l'assassin Paul Bernardin, qui lui, se la coule douce en Argentine.
Interrogatoire kafkaïen chez les très scrupuleux Danois, flics français nullissimes, duo d'enquêtrices amatrices en roue libre, Jean-Christophe Meurisse se régale de la fascination morbide pour le fait divers, de ce qu'on projette consciemment ou pas dans la fuite réussie de l'assassin et offre à ses interprètes un formidable terrain de jeu, à coups de duos très efficaces et d'improvisations maîtrisées.
Dans ce jeu de massacre qui ne nous épargne pas le gore, saluons les prestations de Jonathan Cohen, Laurent Stocker, Vincent Dedienne, Aymeric Lompret, Nora Hamzawi, Romane Bohringer, Philippe Rebbot et des fidèles venus du théâtre: Delphine Baril, Charlotte Laemmel, Anne-Lise Heimburger, Gaëtan Peau, Fred Tousch et Anthony Paliotti.
Lire aussi: "Les Pistolets en plastique": un film à voir?
tags: #les #pistolets #en #plastique #le #masque