Le maître des Chiens de Navarre est de retour au cinéma avec une farce cruelle sur l’obsession des faits divers. Pour celles et ceux qui ne les connaîtraient pas encore, la troupe des Chiens de Navarre décape depuis maintenant des années le théâtre contemporain à coups de pièces drôles et choc qui ne respectent rien, ni personne. Un mélange d’humour potache et de provocation joyeuse, des portraits de l’époque mélancoliques et iconoclastes, sur fond de constat social terrible, emballé dans des spectacles en forme de crises de nerfs, de colère ou de rire épiques. Et depuis deux films déjà (APNÉE, ORANGES SANGUINES), le patron des Chiens, Jean-Christophe Meurisse, emmène sa troupe sur grand écran avec la même envie d’en découdre. Du cinéma électrique, quelque part entre la comédie et le film d’horreur social, qui secoue les spectateurs dans tous les sens.
Jean-Christophe Meurisse développe au cinéma ce qui fait son succès au théâtre depuis 15 ans, avec la compagnie "Les chiens de Navarre" : un humour sans filtre, trash, potache et politique. Comme ORANGES SANGUINES regardait la violence de la France de Macron, LES PISTOLETS EN PLASTIQUE attrape un pan de l’époque pour nous le renvoyer dans la gueule. Ici l’affaire Dupont de Ligonnès et notre obsession pour les faits divers.
Dans Les Pistolets en plastique, c'est au Danemark qu'un brave type est arrêté, car il ressemblerait à l'assassin Paul Bernardin, qui lui, se la coule douce en Argentine. Interrogatoire kafkaïen chez les très scrupuleux Danois, flics français nullissimes, duo d'enquêtrices amatrices en roue libre, Jean-Christophe Meurisse se régale de la fascination morbide pour le fait divers, de ce qu'on projette consciemment ou pas dans la fuite réussie de l'assassin et offre à ses interprètes un formidable terrain de jeu, à coups de duos très efficaces et d'improvisations maîtrisées.
Léa et Christine sont obsédées par l'affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d’avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Obsédées par cet homme qui a décimé toute sa famille pour disparaître ensuite, elles mènent une enquête minable pour combler le vide de leur vie. Léa et Christine, deux enquêtrices amatrices, ne rêvent que d’une chose : résoudre l’affaire Paul Bernadin. Après avoir tué toute sa famille, l’homme s’est volatilisé et est devenu un véritable mystère national. Le duo décide de passer quelques jours près de chez lui, à Dijon, pour trouver des indices.
En parallèle, un indicateur pense avoir enfin retrouvé sa trace : le tueur serait dans un avion, direction le Danemark. En parallèle, un homme est arrêté à sa descente d’avion au Danemark, soupçonné d’être Paul Bernardin.
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Tout démarre plutôt bien avec une scène d’intro improbable qui rappelle tout de suite où on est. Une logorrhée délirante, une situation scabreuse traitée à froid, un sens du contrepoint drôle et dérangeant : pas de doute on est chez les Chiens de Navarre. Pendant quelque temps, on est même ravis d’y être.
Jean-Christophe Meurisse a voulu faire une comédie noire, mélangeant humour et horreur. Le réalisateur explique : "C’est ce que j’aime : le mélange. Ce que je n’aime pas : rester dans un registre unique. Je veux que tout soit tendu, aussi bien dans la narration que dans la forme. On ne sait pas sur quel pied danser.
On est à la fois dans la parodie du film policier, dans la comédie sociale, la romance superficielle, avant de virer vers le film d’horreur, gore et implacable. Si APNÉE avait quelque chose de burlesque, de flottant, traçant la veine poético-absurde des premiers spectacles des Chiens, ORANGES SANGUINES et maintenant LES PISTOLETS EN PLASTIQUE s’inscrivent dans le virage brutal et radical des dernières créations de la troupe. Des spectacles, des films qui tapent fort, très fort.
Librement inspirée de l’affaire Dupont de Ligonnès, l’oeuvre dépeint une société obnubilée par les faits divers. Un territoire idéal pour explorer nos névroses et s’amuser de notre fascination pour le sensationnalisme. Le sujet n’est pas nouveau : il y a plus d’une vingtaine d’années, le faux documentaire belge C’est arrivé près de chez vous dressait déjà le terrifiant portrait d’une société voyeuriste et désensibilisée à la violence. Avec Les Pistolets en plastique, le réalisateur et metteur en scène Jean-Christophe Meurisse s’amuse à son tour de notre fascination morbide pour les faits divers.
Le cinéma de Jean-Christophe Meurisse est avant tout cathartique : plutôt que de pleurer sur le sort de notre société en saturation, il vaut mieux rire de notre monstruosité. Entre les enquêtrices du dimanche, les policiers incapables, le suspect à deux doigts de devenir dingue, le tueur en vacances, la voisine à l’interminable monologue raciste, Les Pistolets en plastique ne manque jamais de surprendre et de décaler notre regard sur ce qui nous entoure : la paranoïa, la violence, les certitudes, l’état de notre santé mentale, etc.
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Dans la pure continuité du décapant Oranges Sanguines, le film joue avec le feu, pousse les limites du politiquement correct, sur fond de comédie noire. Un portrait féroce, cynique, froid, sans concessions, qui prolonge d’une certaine manière le comi-tragique Oranges Sanguines, film acide sur la politique française.
Comme toujours, avec les Chiens, les interprètes sont phénoménaux. Delphine Baril et Charlotte Laemmel offrent à ces deux femmes une humanité aussi tordante que flippante. Les quatre acteurs principaux, Delphine Baril, Charlotte Laemmel, Laurent Stocker et Gaëtan Peau ont longuement répété avec Jean-Christophe Meurisse.
Dans ce jeu de massacre qui ne nous épargne pas le gore, saluons les prestations de Jonathan Cohen, Laurent Stocker, Vincent Dedienne, Aymeric Lompret, Norah Hamzawi, Romane Bohringer, Philippe Rebbot et des fidèles venus du théâtre: Delphine Baril, Charlotte Laemmel, Anne-Lise Heimburger, Gaëtan Peau, Fred Tousch et Anthony Paliotti. Anthony Paliotti est formidable en profiler bien particulier. Gaëtan Peau est excellent en homme pris à tort pour le tueur. Delphine Baril et Charlotte Laemmel forment un duo, qui marche parfaitement, d’enquêtrices prêtes à tout pour arriver à leurs fins. Laurent Stocker est impeccable en tueur vivant sa vie tranquillement.
Ce dernier raconte : "J’aime bien faire venir des gens connus pour une journée de tournage, aussi, comme Jonathan Cohen, Vincent Dedienne ou François Rollin et Romane Bohringer.
A vu « Les pistolets en plastique » de Jean-Christophe Meurisse (fondateur de la compagnie « Les chiens de Navarre) présenté au Festival de Cannes dans la sélection «La Quinzaine des Cinéastes ». Petite pépite qui passe presque inaperçue, ce film décapant et extrêmement drôle, impertinent est un modèle d’écriture et de casting parfait. Inspiré de l’affaire Dupont de Ligonnès (ce père de famille à Nantes qui a massacré sa ...
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Alors attention, je peux comprendre que certains n’adhèrent pas du tout car l'histoire tient sur un fil mais il y a de vraies bonnes idées et des séquences très réussies à la manière du film de Les Nuls. Je crois que c’est le premier fou rire que je prends au cinéma, et qui m’a duré jusqu’à la sortie de la salle, voire même après. S’inspirer d’une affaire qui, pour des raisons qui mériteraient d’être étudiées par un symposium de sociologues et de psychologues, passionne un certain nombre de français depuis 13 ans pour en faire un film déjanté, à la fois comique et horrifique, voilà ce qu’a entrepris Jean-Christophe Meurisse avec l’aide de son épouse Amélie Philippe.
Les Pistolets en plastique est un très bon film grinçant qui utilise à merveille une histoire tragique continuant de fasciner les Français pour offrir une vision décalée d’un meurtrier similaire. Aussi, si vous avez aimé l’œuvre précédente de Jean-Christophe Meurisse, vous pouvez aller découvrir sa nouvelle sans aucune hésitation.
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