Devenue l'un des plus grands dossiers criminels français non résolus, l'affaire Dupont de Ligonnès a nourri nombre de livres et documentaires, alimentant des théories diverses sur le devenir de XDDL. Disparu depuis 2011 pour le quintuple homicide de sa famille, l'homme le plus recherché de France ressurgit en fiction dans Les Pistolets en plastique, en salles le 26 juin.
L'affaire Dupont de Ligonnès est l'un des plus grands dossiers criminels français non résolus. Des rumeurs, des livres et des documentaires entretiennent la curiosité sur sa disparition.
Les Pistolets en plastique est une comédie grinçante sur Xavier Dupont de Ligonnès, réalisée par Jean-Christophe Meurisse. Au cinéma, son premier long métrage, Oranges sanguines, lorgnait la comédie noire dans un récit d’où émergeait un ministre de l’Économie ayant des comptes secrets à l’étranger. Toute ressemblance avec la réalité n’étant pas fortuite.
L'homme le plus recherché de France devient un personnage de fiction dans Les Pistolets en plastique, une comédie de Jean-Christophe Meurisse sortie en juin 2024. On a enfin retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès. Il s’appelle Paul Bernardin. Il est l’un des personnages des Pistolets en plastique.
Bien sûr, un carton liminaire prévient que cette fiction n’a rien à voir avec des faits réels. Mais Bernardin, comme Ligonnès, est soupçonné d’avoir tué toute sa famille. Il a disparu sans laisser de traces. Meurisse fait entrer l’accusé dans son univers déjanté.
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Le film raconte l'histoire de deux femmes obsédées par Paul Bernardin, soupçonné d'avoir tué l'ensemble de sa famille avant de disparaître mystérieusement. Plus que le mystère autour de ce fait divers retentissant, survenu en 2011, c’est la fascination qu’il exerce et les comportements irrationnels qu’il suscite qui intéressent le cinéaste. Elles décident de retourner sur les lieux du crime.
Leur visite de la maison relève moins de l’investigation que d’un examen attentif de la décoration intérieure. L’intrigue se tisse à partir de trois fils parallèles qui vont, peu à peu, se rejoindre. Deux femmes, « enquêtrices web » fraîchement récompensées par un diplôme FB, se lancent sur les traces de Paul Bernardin, qui a tué toute sa famille avant de disparaître. Un homme - Michel Uzès - , identifié par un indic comme étant l’assassin, est arrêté à son arrivée à l’aéroport de Copenhague par la police danoise. Pendant ce temps, le vrai Paul Bernardin, nouvellement marié, coule des jours heureux en Argentine.
L'humour est trash et empli de second degré, et de grands noms de l'humour sont au générique, la plupart dans des apparitions hilarantes mais brèves, comme Jonathan Cohen, Vincent Dedienne, Aymeric Lompret et Nora Hamzawi.
La réalité est parfois plus absurde que la fiction, et l'idée du film est d'ailleurs née de l'arrestation cauchemardesque et ultra-médiatisée d'un retraité français, Guy Joao, par la police écossaise à Glasgow en 2019, décédé en 2021.
Comme le loufoque Quentin Dupieux, Meurisse attire les stars, tentées par le mauvais goût et le mauvais esprit. Mais lui leur donne de petits rôles. Meurisse réserve les autres premiers rôles aux acteurs de sa compagnie de théâtre, Les Chiens de Navarre, une troupe habituée à mettre en charpie la bêtise, la bien-pensance et le bon goût avec un humour mordant.
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Jean-Christophe Meurisse, le chef de file des Chiens de Navarre, poursuit sa satire au vitriol de notre société. Après Oranges sanguines, il nous la peint ici friande de faits divers, de préférence sanglants, à travers l’histoire de Paul Bernardin, double à peine déguisé de Xavier Dupont de Ligonnès.
Au théâtre, Jean-Christophe Meurisse est la tête de pont des Chiens de Navarre, une compagnie dont les spectacles subversifs, provocateurs et souvent très drôles dynamitent le bon goût avec des personnages singuliers, des situations rocambolesques d’où parfois pointent des interstices lumineux. "J’aime bien présenter la violence, les méchants, les monstres, parce que nous, ça nous permet de réfléchir à notre monstre intime." "Il faut rire de tout ! Le rire est noble, c'est notre puissance sauvage, notre intelligence", déclare le réalisateur à l'AFP.
Selon Jean-Christophe Meurisse, il y a, avec la figure de Xavier Dupont de Ligonnès, mais qui était aussi palpable déjà dans Oranges sanguines et puis dans Les Chiens de Navarre, toujours cette fascination pour le sang, le tueur en série. Pour le réalisateur, les monstres sont importants, car les montrer permet de réfléchir à notre propre monstre intime. Il croit à la mission du spectacle et du cinéma de montrer le mal pour qu'il y en ait moins dehors.
Meurisse se dit fan de cinéma fantastique et d'horreur, mais il ne glorifie pas la violence. Il mélange les genres, comme le font les Coréens, car la vie elle-même est un mélange d'émotions. Le cinéma doit être un échantillon de ça.
Quand il explore la violence, c'est pour servir une certaine narration, et non de manière gratuite. Il s'inspire de réalisateurs de films d'horreur et apprécie le mélange des genres que l'on retrouve chez les frères Coen.
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Les pistolets en plastique pose la question des raisons de l’attraction qu’exerce le crime sur beaucoup d’entre nous mais aussi celle du vrai et du faux, de la violence et de sa représentation. N’y a-t-il pas une forme d’hypocrisie à flatter le goût du spectateur pour la violence alors même qu’on prétend la dénoncer ?
La mise en abyme de la représentation de la violence dans Les pistolets en plastique nous incite à nous interroger sur l’utilité du spectacle sanglant, grand-guignolesque, qu’il nous offre et que son outrance tourne à la dérision. On peut trouver ce portrait satirique de notre société bêtement provocateur et de très mauvais goût.
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