Au Moyen Âge, le recrutement militaire en Savoie, comme ailleurs, était un processus complexe influencé par des obligations féodales, des incitations financières et l'évolution des techniques de guerre. Bien que le servitium debitum soit une pratique qui disparaît en Savoie au début du XIVe siècle, il n’en demeure pas moins que l’aristocratie guerrière est encore disposée, par la suite, à prêter son service militaire en partie gratuitement.
Les vassaux savoyards étaient tenus à des obligations militaires envers leur seigneur. On pourrait également mentionner le service de garde que les nobles doivent accomplir pour quelques nuits dans un château du seigneur (service d’estage). Cette pratique est encore sporadiquement mentionnée en Savoie à la fin du XIIIe siècle.
Le service militaire dû au roi était une composante essentielle de l'organisation militaire. Il faut considérer qu’au milieu du XVe siècle, la famille de La Baume est tombée en disgrâce à cause du complot ourdi par plusieurs de ses représentants contre Jean de Compey, favori du duc. Nous sommes ainsi tentés d’interpréter la confiscation des fiefs aux frères de La Baume comme une mesure disciplinaire prise ad hoc.
Avec le temps, le système féodal a évolué vers un recrutement plus professionnalisé, où les hommes d'armes étaient rémunérés pour leur service. Toutefois, si nous considérons que les hommes d’armes ne perçoivent que rarement la totalité de leur solde, serait-il légitime d’entrevoir un recrutement encore entremêlé d’obligations féodales mais masqué sous forme salariale ?
En Savoie, les compagnies de gens d’armes sont généralement mentionnées dans les comptes en tant que comitive ou « sociétés ». En France, à partir du milieu du XVe siècle, nous retrouvons plus souvent le terme de « chambre », désignant un groupement militaire autonome, « une entité sociale indépendante dont le chef lui-même faisait partie ».
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La noblesse jouait un rôle crucial dans le recrutement et le commandement des troupes. Pour le principat d’Amédée VII, nous pouvons mentionner la carrière de Gérard de Ternier, noble du Genevois, qui côtoie le Comte Rouge pratiquement dans toutes ses expéditions. En 1378, dans la guerre contre les Beaujeu, il commande un contingent de 80 hommes d’armes, le plus conséquent de l’armée savoyarde. Sous les murs de Sion, en 1384, il est à la tête de 43 lances, alors qu’en 1387, lors des affrontements contre les Tuchins du Canavais, il en gouverne 66. Au moment de sa mort, Gérard de Ternier est détenteur de sept châteaux (Ternier, Gaillard, Bâtie-Meiller, Châtelard, Vuache, Pontverre et Troche).
À cette époque, le qualificatif d’écuyer n’indique pas forcément un rang nobiliaire. Par exemple, dans le royaume de France, l’adoubement est beaucoup plus répandu dans le Midi que dans le Nord, en particulier en Normandie.
Le recours à des mercenaires était fréquent, en particulier pour des compétences spécifiques ou des campagnes lointaines. En Savoie, les compagnies de gens d’armes sont généralement mentionnées dans les comptes en tant que comitive ou « sociétés ».
Cette règle est également valable pour les compagnies appartenant aux seigneurs alliés des Savoie. En 1378, l’essentiel de la cavalerie à disposition du jeune prince Amédée est fourni par Hugues II de Chalon-Arlay, se présentant avec 138 lances, dont deux de ses fils bâtards. Tous ces combattants perçoivent des gages supplémentaires pour six jours pour le déplacement à Bourg-en-Bresse. Pour cette expédition, le comte de Neuchâtel envoie son fils bâtard Gérard, entouré de 18 lances. Ici aussi, l’onomastique et les jours décomptés pour le déplacement confirment que ces gens d’armes proviennent tous plus au moins de la même région, désignée par les sources administratives savoyardes comme « ad partes Alamagnium ».
Certains individus ont marqué leur époque par leurs prouesses militaires et leur capacité à lever des troupes. Le chroniqueur Monstrelet définit Amédée de Viry comme Savoisien, « nobles homme et très expert en armes ». En 1431, il conclut un contrat avec le duc de Bourgogne, stipulant qu’il le servira pendant la campagne de Lorraine en échange d’une solde de 400 francs, pour lui et ses 100 lances. Au XVe siècle, les sources administratives bourguignonnes désignent d’ailleurs les capitaines savoyards en tant que capitanei gencium armorum, locution généralement employée pour identifier les mercenaires au service des ducs. Dans la documentation savoyarde, cette appellation est également réservée aux compagnies de mercenaires recrutées en Italie à partir de la fin du XIVe siècle.
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