Cette page retrace les grandes lignes de la vie du Maquis Jean-Pierre. Vous trouverez de très nombreux détails, témoignages, récits, photos et anecdotes dans le Livre du Maquis Jean-Pierre.
Au début de l’année 1940, Pierre Monteil change d’affectation. Désormais cantonné en Moselle, à proximité de Bitche, il participe à plusieurs coups de main menés par les avant-postes. Puis survient la terrible offensive allemande qui, de mai à juin 1940, va bousculer nos troupes.
Après avoir vaillamment combattu dans la Somme à la tête de son escadron motocycliste, il perd la moitié de ses effectifs à Veules-les-Roses, où il est acculé à la mer après une défense héroïque. Secourus par un cargo français, le Patrie, Pierre Monteil et ses hommes seront ensuite débarqués à Cherbourg d’où ils partiront pour Brest, puis Rennes.
Là, son peloton est encerclé par les troupes allemandes et fait prisonnier le 24 juin 1940, alors qu’il portait secours à plusieurs trains de civils, après un bombardement de train de munition auquel ils étaient accolés. Il est alors envoyé au camp de prisonniers de Monfort sur Meu. Le 2 novembre 1940, c’est le départ en train depuis la plaine de Baud (Rennes) avec 1360 autres prisonniers : wagon de marchandise, 40 hommes par wagon, direction la Tchecoslovaquie (actuellement Republique Tcheque].
Il n’a plus qu’une seule idée en tête : soutenir le mieux qu’il pourra les prisonniers de guerre français restés en captivité. Le commissariat général aux prisonniers de guerre lui confie alors la direction de la « Maison du Prisonnier » basée à Rodez. Mais si sa mission consiste à aider les familles de prisonniers, il n’hésite pas à fournir de faux papiers aux prisonniers évadés.
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La Gestapo finit par l’arrêter, et il est emprisonné à la caserne Burloup. Il s’en évade, change d’identité, et devient Jean Germain Chauchard, agriculteur. Il trouve refuge à Saint-Côme-d’Olt.
Bien qu’étant recherché par les Allemands, il commence par monter, avec des réfractaires au S.T.O., une équipe de bûcherons dans l’Aubrac, avec l ’arrière-pensée de faire de ces hommes des maquisards le moment venu. Il choisit la forêt des Palanges dont la proximité avec Rodez offre des avantages certains. Ils ont décidé d’incorporer un maquis et leur voyage les a conduits jusqu’en Aveyron.
À Bertholène, ils reçoivent comme instruction de se rendre à Espalion. Là, les attend Pierre Monteil, alias Jean Chauchard, aussi connu sous le nom de Jean-Pierre. Leur première mission : trouver l’endroit idéal où s’installer. Peu de temps après, ils sont rejoints par d’autres résistants, dont René Méjean (alias Anatole), un adjudant mécanicien de l’Armée de l’Air de Salon-de-Provence recherché par la Gestapo. Anatole devient le responsable du groupe du Moulinou avec le grade de sous-lieutenant.
Entre le 6 juillet et le 7 août 1944, 37 missions seront accomplies par le maquis Jean-Pierre : embuscades, sabotage, enlèvement de gradé allemand. Enfin, quand les Allemands quittent Rodez au matin du 18 août, les hommes du maquis Jean-Pierre sont les premiers résistants à entrer dans la ville.
Bien que l’Aveyron soit libéré de la présence de tout soldat allemand, les hommes du maquis Jean-Pierre sont décidés à poursuivre la lutte et à bouter l’ennemi hors de France.
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Fin septembre, les hommes de Jean-Pierre sont envoyés à Remilly-sur-Tille où les ont précédés les hommes du maquis Du Guesclin. Dès lors, commence une longue attente, une certaine inactivité pesant sur le moral de la troupe. L’instruction militaire, reprise très activement, sort bientôt les hommes de l’espèce de marasme dans lequel ils ont été plongés.
Le 22 octobre, les anciens maquisards sont passés en revue par les généraux de Gaulle, de Lattre de Tassigny, et Juin. À la vue de ces hommes déterminés à se battre jusqu’à la victoire finale, mais conscient de la pauvreté de leur équipement, de Gaulle fait la promesse de remédier très rapidement à ce problème. En effet, dès le lendemain, quelques hommes issus des différentes unités trouvent à Besançon d’énormes stocks de l’armée américaine à leur disposition.
Le 13 novembre 1944, le général de Gaulle vient une nouvelle fois les passer en revue, accompagné cette fois d’un autre irréductible adversaire du nazisme : Winston Churchill.
Le 29 novembre, la nouvelle tant attendue arrive enfin : c’est au tour du 1er escadron léger de reconnaissance de monter en première ligne afin de renforcer les unités engagées dans les Vosges. Le lendemain matin, les hommes de Jean-Pierre montent dans leurs camions, le moral gonflé à bloc. Leur destination : le bourg de Bushwiller, dans le Haut- Rhin.
Jean-Pierre annonce à ses hommes qu’ils doivent monter en ligne dès l’après-midi pour se rendre à Blotzheim, petite ville située à proximité du Rhin. Mission : remplacer la compagnie Olivier, laquelle a été durement éprouvée lors de l’attaque de Village-Neuf. Jean-Pierre envoie d’abord des hommes occuper les deux blockhaus situés près d’une écluse à défendre.
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Puis s’enchaînent des patrouilles sur les bords du Rhin, à Rosenau, un village situé à 5 km au nord de Village-Neuf, et le repérage d’un nid de mitrailleuse ennemi sur l’autre rive.
Le 6 décembre, Jean-Pierre reçoit un nouvel ordre l’enjoignant à se porter sur Village-Neuf où il doit prendre position avec l’escadron de Bir-Hakeim. Étant désormais engagés dans une guerre de position, les soldats de Jean-Pierre partagent leur temps entre la garde au blockhaus et les patrouilles de nuit.
Devant toujours tenir Village-Neuf, les hommes de Jean-Pierre subissent encore un bombardement en règle le 16 décembre, avant de quitter le village quelques jours plus tard. Il ne se passe pas un jour sans que les hommes de Jean- Pierre ne soient la cible des tirs allemands : balles crachées par les fusils et les armes automatiques ennemis, pluie de grenades et d’obus de mortiers.
Les conséquences de ces tirs sont dramatiques. Des hommes de Jean-Pierre tombent, tués ou blessés. Le froid se met de la partie, paralysant les armes automatiques et occasionnant des blessures. Cinq hommes doivent être évacués car leurs pieds ont gelé.
Le 19 janvier, à 21 heures, les Allemands passent à l’offensive. Les hommes de Jean-Pierre résistent et se protègent toute la nuit en faisant pleuvoir des grenades devant leur ligne de défense.
Dans la première quinzaine du mois de février 1945, une offensive générale des Alliés permet la libération définitive de toute la plaine alsacienne. Le 22 avril, les hommes de Jean-Pierre atteignent Breisach am Rhein, où ils feront prisonniers un S.S. et trois soldats de la Wehrmacht. Dans leur progression en territoire ennemi, les soldats de la 8e compagnie seront également amenés à inspecter le château de von Ribbentrop (le fameux ministre des affaires étrangères du Troisième Reich) où ils libéreront plusieurs prisonniers polonais.
Le 8 mai 1945, l’armistice est signé avec l’Allemagne. La guerre est donc enfin finie. Pour autant, les hommes de Jean-Pierre continuent de servir au sein de la 1re armée française.
Le 7 juin, alors que la 8e compagnie est toujours basée à Dillstein, Anatole part avec son peloton, à 4 heures du matin, pour une opération de ratissage autour de Pforzheim et Karlsruhe.
Les soldats de Jean-Pierre sont envoyés, le 9 juillet, en Autriche, plus précisément à Bregenz, ville située sur la rive droite du lac de Constance. De par leur bon comportement (qui contrastait avec celui des soldats américains, auteurs de nombreux viols), les anciens maquisards vont séduire la population bregenzoise. Mais si leur séjour ressemble, par moments, à des vacances, les soldats de la 8e compagnie n’en sont pas moins actifs. Ils arrêtent notamment 35 personnes, dont plusieurs officiers et sous-officiers S.S.
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