Si Skyfall donne l’impression en 2013 du succès inébranlable de la franchise, ce n’était pas vraiment l’impression des critiques en 1975 lors de la sortie de L’Homme au pistolet d’or. Quand la seconde interprétation de 007 par Roger Moore est sortie sur les écrans en 1974, un an seulement après le succès de Vivre et laisser mourir, les fans allaient enfin pouvoir profiter d’une aventure de l’agent secret sans changement d’acteur principal (une première depuis On ne vit que deux fois).
En Thaïlande, James Bond recherche le tueur à gages le plus efficace et le plus cruel qui soit, l'impitoyable Francisco Scaramanga, l'homme au pistolet d'or. Roger Moore est donc désormais le nouveau James Bond, adoubé par une immense popularité. La production de L’Homme au pistolet d’or est rapidement lancée, afin de profiter de l’engouement pour cette nouvelle orientation dans la saga.
Avec son budget arrêté à 13 millions de dollars, le tournage de L’Homme au pistolet d’or débute le 18 avril 1974 et se termine le 23 août de la même année. Un tournage luxueux, de Hong Kong à la Thaïlande, et qui se clôt comme à son habitude dans les studios de Pinewood, malgré quelques tensions, alors que Broccoli et Saltzman s’apprêtent à se séparer.
Si L'Homme au pistolet d'or a fait date dans la saga, c'est avant toute chose pour le relatif essoufflement de la formule bondienne que le film donne à ressentir. Reprenant une partie de ce qui avait fait le succès de Vivre et laisser mourir, cette nouvelle aventure tente le minimalisme à outrance, ce qui dessert malheureusement souvent son ensemble, surtout du point de vue rythmique.
En effet, la cuvée 74 concentre ses efforts sur le scénario, maximalisant les effets autour du face à face intime entre James Bond et le méchant, Francisco Scaramanga. Une bonne idée en soi, mais qui ne privilégie pas les habituels motifs concourant à la réussite d'un épisode de la série. Car encore aujourd'hui, L'Homme au pistolet d'or demeure sans conteste le plus calme et le plus mou des James Bond, bien que n'étant absolument pas son plus faible représentant. Le film sait distiller son lot de séquences originales, visuellement impressionnantes et procéder à de purs moments de mystère.
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Mystérieux est par ailleurs bien le mot qui convient à cette neuvième mission de 007 au cinéma, de par son allure favorisant de beaux paysages exotiques inattendus et une poignée de séquences installant un climax d'attente et de tension. Tout comme l'opus précédent, celui-ci reprend une gestion de l'action plutôt sèche, une pyrotechnie modérée mais efficace, et une structure narrative très proche du thriller.
Menacé de mort par un tueur professionnel ne travaillant que pour son propre compte, James Bond doit tout faire pour retrouver sa trace et remonter jusqu'à son repaire secret, situé dans la baie de Phang Nga, dans la mer d'Andaman (au sud de la Thaïlande). L'affrontement est relativement intimiste et laisse percevoir un fort potentiel dramatique.
Le scénario de Tom Mankiewicz est cependant jugé peu fiable et surtout pas assez bondien. Richard Maibaum ajoutera donc une teneur d'espionnage très prégnante, quoique futile dans un récit qui s'en serait fort bien passé. Il inscrit de fait une nouvelle fois James Bond dans l'actualité, le mettant à la poursuite de l'agitateur Sol-X, sorte de MacGuffin rappelant ceux utilisés par Alfred Hitchcock dans certains de ses films, et convoquant la crise pétrolière de 1973. En effet, la crise de l'énergie pousse certains pays développés à mettre au point de nouvelles technologies, pensant bien évidemment au potentiel solaire. James Bond est donc plus que jamais un héros de la pertinence au sein des évènements mondiaux, en dépit du caractère très personnel que va prendre sa confrontation avec Scaramanga.
Incarné par l'illustre Christopher Lee, Scaramanga est l'envers de Bond, une version diabolique et sadique du personnage. Partageant avec lui le goût du jeu et du hasard, de la confrontation et de l'adrénaline, il n'en reste pas moins un homme pervers et sexuellement détraqué, si l'on en croit la relation charnelle qu'il entretient avec Andrea Anders (la séduisante Maud Adams). Son pistolet en or, gadget d'un enfant qui est naturellement attiré par tout ce qui brille, est le prolongement phallique de ses obsessions dominatrices malsaines. Ce qui n'est absolument pas le cas pour Bond, dont le pistolet discret qu'il possède n'a jamais rien voulu traduire dans cette optique-là.
Face à lui, et sans doute pour l'une des rares fois sous l'ère Roger Moore, James Bond est assez énervé. Froid, méthodique, le 007 de Moore s'est endurci depuis son aventure précédente. Son humour léger et ses attitudes d'aristocrate éduqué sont bien présents, mais sa façon d'aborder cette mission d'un caractère personnel tranche avec ses habitudes. Bond est ici redevenu un peu plus sévère, n'hésitant pas à tordre le bras d'une femme pour lui extorquer des informations.
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L’Homme au pistolet d’or reste dans les mémoires comme un James Bond mémorable. Si les grands James Bond se reconnaissent à leurs grands méchants, alors cet épisode est clairement à garder dans les annales. C’est certainement une des premières fois que James est confronté à une sorte de double maléfique, tout aussi charismatique et séducteur, doublé d’un génie du mal comme on les aime.
Film qui reste au demeurant d’une bonne réalisation, respectant malgré tout les codes du genre : Les gadgets de Bond, la base secrète du méchant cachée en montagne ainsi que l’arme destructrice absolue, un laser fonctionnant à l’énergie solaire ! Et comme tout film de 007 qui se respecte, le film est aussi lié aux problèmes de son époque : Produit en 1974, la crise pétrolière fait rage.
L’explosion [de l’île de Scaramanga], on l’ont a faite à Pinewood et j’ai toujours pensé qu’elle était très bien. Lui lance Bond. L’explosion [de l’île de Scaramanga], on l’ont a faite à Pinewood et j’ai toujours pensé qu’elle était très bien.
Dans The Man With the Golden Gun de 1974 (L'homme au pistolet d'or), James Bond, accompagné du shérif Pepper, n'hésite pas à voler une puissante Hornet X Hatchback, mue par un 5,9 l V8, dans un showroom de Bangkok pour se lancer à la poursuite de Scaramanga. Et on assiste à une des plus belles cascades jamais conçues dans un James Bond.
Elle fut tournée en une seule fois par le cascadeur "Bumps" Willard : la voiture s'élance sur une rampe et fait un tour sur elle-même de 360 degrés avant de retomber sur ses roues. Pour cet exploit, il fallut redessiner et renforcer le châssis de la Hornet. Le volant fut placé au milieu sous le tableau de bord, et le levier de vitesses au plancher pour que Willard, habillé de noir, puisse conduire accroupi entre deux mannequins figurant Bond et le shérif.
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La cascade a été calculée par ordinateur, une première, avec l'aide du Cornell Aeronautical Laboratory : poids de la voiture et du pilote, angle et distance des rampes (15,86 m), vitesse du véhicule (64,36 km/h).
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