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Le fusil Gras, une arme emblématique de la fin du 19ème siècle, a connu une seconde vie grâce à des modifications ingénieuses pour l'adapter à la chasse. Ces transformations, réalisées par des armuriers et des entreprises spécialisées, ont permis aux chasseurs moins fortunés d'acquérir une arme robuste et efficace à moindre coût.

Transformation des Fusils Gras en Armes de Chasse

Après que l'Armée Française ait remplacé ses fusils Gras par des modèles plus modernes comme le Lebel et le Berthier, une partie des anciens fusils déclassés a été revendue aux enchères. Ces armes, simples et robustes, ont intéressé les chasseurs peu fortunés, à condition d'être transformées à canon lisse. En effet, en France métropolitaine, la chasse à la carabine rayée était alors presque marginale.

Achetés à bon compte par lots importants, beaucoup de fusils Gras furent ainsi modifiés pour ainsi dire en série, par des grosses entreprises (p. ex. Manufacture des Armes et Cycles de St Etienne) ou des petits armuriers ; assez peu semblent avoir conservé leurs caractéristiques militaires d'origine, à destination des sociétés de tir.

Ces fusils Gras modifiés Chasse étaient proposés à un tarif 3 fois plus bas qu'un fusil juxtaposé déjà démodé, presque 10 fois moins cher qu'un fusil du dernier cri.

Modifications Courantes

Les modifications "chasse" ne paraissent pas exactement standardisées ; un grand nombre de variantes fut proposé, durant les décennies où ils furent en vente. Peut-être pour suivre la demande, ou pour s'adapter à l'état des divers lots de surplus...

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La transformation en calibre 24 fut la plus fréquente, car elle nécessitait simplement :

  • d'aléser le canon,
  • de modifier la tête mobile,
  • de retoucher l'extracteur,
  • la vis-éjecteur est généralement supprimée.

Les calibres plus gros (20, 16 et 12) demandaient nettement plus de travail :

  • le canon d'origine (11 mm) n'étais pas assez épais pour le réaléser directement en gros calibre,
  • la boîte de culasse étant trop étroite pour le bourrelet de ces calibres, il fallait la réaléser et élargir la tête de culasse pour bien soutenir le fragile culot des cartouches de chasse,
  • ce qui changeait la procédure de démontage, imposant de modifier l'assemblage de la culasse.

Hausse, guidon et tenon de bayonnette militaires étaient généralement supprimés et remplacés par un grain d'orge en bout de canon et un cran de mire monté à queue d'aronde sur l'écrou de culasse.

Toutefois, certains n'ont pas reçu d'autre modification que le réalèsage à canon lisse et ont extérieurement conservé l'apparence exacte des fusils réglementaires.

La longueur des fusils militaires étant un peu excessive, il furent plus ou moins raccourcis.

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Le bois était souvent retouché : pour amincir la crosse (sans forcément réduire la plaque de couche), et éventuellement dégager le canon en coupant le fût juste devant la grenadière.

Le levier de culasse droit, propice au tir rapide de l'infanterie de ligne, était trop encombrant. Les culasses à levier coudé (carabines et mousquetons) n'étant certainement pas assez nombreuses, la plupart des leviers de fusil furent pliés et rognés pour leur donner approximativement l'apparence des leviers de carabine ou mousqueton (qui se reconnaissent par un striage en arcs de cercle sous le bouton, et par une forme généralement plus galbée).

Voici quelques extraits de catalogues des années 1910:

On pouvait avoir un canon choké pour un supplément de 6 frs, ou un nickelage de la culasse et des garnitures pour un supplément de 4 frs. Le total de ces 2 suppléments représentaient quand même entre la moitié et le tiers du prix du fusil de base!

Variantes et Identification

Il est fréquent que les marquages militaires soient effacés mais quelques différences originelles permettent parfois d'identifier le modèle initial des pièces, quand elles furent modifiées ou panachées.

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La boîte de culasse Mle 1866 et 66-74 se distingue du Mle 1874 par le pan coupé à l'arrière de la boîte de culasse ; la boîte Mle 66-74 se distingue du Mle 1866 par la trace du déplacement vers l'arrière de la vis de ressort-gâchette.

Le bois Mle 1866-74 porte aussi cette trace, et sur le fusil un trou fait communiquer le logement de baguette avec le pontet (au bout duquel un écrou avait été rajouté, juste devant la vis AV de pontet) ; cet écrou et son logement sont absents sur toutes les versions de Chassepot.

Ces Gras-chasse ont indifféremment reçu la modification M-80, ou pas. Leur numérotation n'est d'ailleurs pas toujours homogène, et l'on trouve aisément des panachages (en particulier entre pièces modifiées 80 ou non, cette modification concernant la boîte de culasse et la tête de culasse), sans savoir s'ils datent de la modification ou s'ils se sont produits durant leur longue carrière.

Aspects Légaux et Collection

Attention à la loi. Jusqu'à présent le Gras, une fois modifié chasse passait en 5ème catégorie: Licence, permis, déclaration officielle de détention pour le proprio ou déclaration de changement de proprio (déjà autorisé à posséder une arme de chasse ou de tir) ....Qu'en est-il aujourd'hui ???? Quid de la nouvelle réglementation.

En terme de législation, les différentes armes du système Gras (armes non "modifiées chasse") sont aujourd'hui classées en catégorie D§e ("Armes historiques et de collection dont le modèle date d'avant janvier 1900, sauf celles classées dans une autre catégorie en raison de leur dangerosité"), et peuvent donc être détenus par toute personne de plus de 18 ans.

Tableau Récapitulatif des Modifications

Modification Description Calibre
Alésage du canon Transformation du canon pour un calibre de chasse 24 (fréquent), 20, 16, 12
Modification de la tête mobile Adaptation pour les cartouches de chasse Tous calibres
Retouche de l'extracteur Adaptation pour les cartouches de chasse Tous calibres
Suppression des éléments militaires Retrait de la hausse, du guidon et du tenon de baïonnette Tous calibres
Raccourcissement du canon et du bois Réduction de la longueur totale de l'arme Tous calibres
Modification du levier de culasse Pliage et rognage pour une meilleure ergonomie Tous calibres

Les fusils Gras transformés chasse étaient particulièrement robustes. Si cet article conserve une valeur historique indéniable, la mise en place de la doctrine l’a rendu obsolète. Ces ambiguïtés de classement résultent de la complexité de l’histoire de l’armement individuel à la période de rapides progrès techniques qu’a représenté la charnière des 19 et 20e siècles. Cette période d’autant plus cruciale pour les collectionneurs, que la frontière de classement entre les catégories C et D2 se situe au 1er janvier 1900 !

tags: #histoire #fusil #gras #chasse

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