Si l'on vous demande qui, légalement, a le droit de manier des armes à feu à Grenoble et dans ses environs, que répondez-vous ? Est-ce tout ? Non. Il existe une catégorie discrète d'Isérois autorisés à acheter et utiliser des pistolets et des fusils. Un club de tir sportif, c'est une association dont les membres s'entraînent à tirer avec des pistolets ou des fusils sur des cibles. Les cibles sont le plus souvent à dix ou vingt mètres de distance.
Les clubs grenoblois rassemblent à eux deux plus de 600 adhérents. Au total en Isère, on doit être plusieurs milliers de tireurs sportifs.
Il suffit d'adhérer à un club de tir sportif, et on peut acheter des armes à feu ? Non, ce n'est pas automatique. Il y a tout un parcours avant de pouvoir acheter des armes à feu. Mais avant d'expliquer tout cela en détails, je voudrais préciser qu'une grande partie de l'activité des clubs, c'est le tir de plombs avec des pistolets ou des fusils à air comprimé, sur des cibles à dix mètres. Un peu comme à la fête forraine. C'est une véritable discipline sportive en soi, avec ses compétitions régionales et nationales. Avant d'avoir le droit d'utiliser des armes à feu, on doit d'abord s'entraîner longuement avec des pistolets ou des fusils à plomb. On doit faire preuve d'assiduité au club, venir au moins une fois par semaine pendant plusieurs mois. Le plus important, c'est de prouver qu'on est capable de manipuler une arme en toute sécurité.
La sécurité, c'est le maître mot des clubs. Il y a tout un ensemble de règles à respecter, de manière stricte. Pointer une arme déchargée sur quelqu'un, même pour rigoler, ou poser une arme sur une table avec le canon dirigé vers quelqu'un, c'est l'expulsion automatique du club.
On doit d'abord suivre quelques cours complémentaires sur le fonctionnement et la sécurité des armes à feu. Ensuite, il faut déposer une demande auprès de la Préfecture. C'est la Préfecture qui décide, avec l'accord de la gendarmerie. Autant dire que si vous avez un casier judiciaire, si vous êtes fiché par les services secrets, si la Préfecture vous soupçonne d'activités illégales ou subversives, vous avez peu de chance d'avoir le droit de posséder une arme... Il y a notamment une enquête de la gendarmerie qui vient à votre domicile pour vous rencontrer, vérifier que vous respectez la législation en matière de stockage des armes, avec un coffre-fort conforme.
Lire aussi: "Le Moine et le Fusil" : analyse
Les épreuves sont nombreuses et variées pour être ici toutes citées, d'autant qu'elles diffèrent pour peu que l'on tire avec un modèle d'origine ou une copie. La particularité de ce tir consiste à rechercher la précision maximale avec les armes d'épaules. De nombreuses aides matérielles sont autorisées. Le débutant garde tout son calme physique et intellectuel pour observer et analyser ce qui se passe. Soyez assurés que même dans les séries les plus rapides, chaque coup est visé et le lâché soigné. Ce n'est pas un tir d'instinct au jugé.
Aux Etats-Unis en 1979, à l'issue d'un concours d'IPSC, une poignée de tireurs évoquent l'idée d'organiser un match avec des revolvers à simple action, des Winchester et de vieux fusils de chasse. Le premier concours "cowboy" aura lieu en décembre 1979.
les 3 composantes de cette discipline : Diligentia Vis Celeritas = Précision Puissance Vitesse. La plupart des tirs interviennent à une distance rapprochée (10 à 20 mètres) et pour quelques rares situations jusqu'à 50 mètres. 9 mm sont autorisées, et maitriser une arme de ce calibre à pleine puissance n'est pas facile. Le temps joue également un rôle, le score est divisé par le temps pour obtenir le classement, ce qui ajoute à la complexité de chaque match. Les cibles sont variées : fixes, papier, metal, mobiles. Les situations de tir sont différentes d'un match à l'autre et chaque match impose des déplacements et le franchissement d'obstacles pour se trouver en situation de tir.
À partir de 2000 €, on peut avoir un bon pistolet ou un bon fusil. Mais ça peut être beaucoup plus. On peut aussi trouver des armes d'occasion peu chères, mais en général ce ne sont pas des armes très précises. Et puis il faut aussi penser à l'entretien. Une arme, c'est un outil comme un autre, faits de mécanismes très fins. Il faut donc faire régulièrement des réglages, changer parfois des pièces. Une arme mal entretenue, c'est l'accident assuré au moment du tir.
C'est ce qui coûte le plus cher en fait. Une balle coûte plusieurs dizaines de centimes, parfois davantage pour certaines armes particulières. Tirer 30 balles lors d'une séance, ce qui n'est pas beaucoup, ça coûte donc 10 à 20 euros.
Lire aussi: Passion tir sportif à Grenoble
Avoir un pistolet est une chose, mais savoir bien s'en servir est une toute autre histoire. Contrairement aux clichés véhiculés par les films d'action américains, une arme à feu est difficile à manier avec précision. Quand on tire, il y a du recul, l'arme et le bras bougent beaucoup, ça fait un boucan d'enfer. Toucher sa cible à dix mètres, ce n'est pas donné à tout le monde. Toucher sa cible à cinquante mètres, c'est une vraie question d'entraînement. Par ailleurs, manipuler une arme demande beaucoup de maîtrise et de sécurité. Il y a plein de causes d'accident possibles. Une arme mal réglée ou mal entretenue peut exploser dans les mains du tireur. Des accidents peuvent aussi survenir à cause de munitions défaillantes qui se déclenchent seulement une à deux secondes après avoir appuyé sur la gâchette. Des micro-particules de métal peuvent atteindre les yeux lors du tir.
Un bon tireur touche sa cible à 50 mètres avec un pistolet, à 300 mètres avec un fusil. Mais les balles peuvent aller beaucoup plus loin, parfois plusieurs kilomètres pour certains fusils. C'est l'une des causes des accidents de chasse d'ailleurs.
Lire aussi: Grenoble : Un tireur toujours recherché après le meurtre
tags: #grenoble #clubs #tir #par #balle