Chaque année en novembre, la 27e brigade d’infanterie de montagne (27e BIM) active le Grand Champ de Tir des Alpes pour un exercice de tir réel, dans le cadre majestueux du massif des Cerces dans les Alpes. Initialement, il s’agissait de profiter de ce grand champ de tir des Alpes en « terrain libre » pour un exercice d’artillerie de montagne.
Conduit depuis une vingtaine d’années, cet exercice est assez peu connu, bien qu'il engage des moyens considérables. Rapidement, le commandement a souhaité tirer parti de cette mobilisation pour y adjoindre des blindés, puis des fantassins. « L’idée était que le fantassin voie les canons tirer et les obus tomber », explique le général Benoît Houssay, commandant la 27e BIM.
L’édition 2023 de l’exercice Cerces a vu les troupes de montagne retrouver une arène aussi hostile que majestueuse. En ce mois « creux » de novembre, et alors que la neige n’est cette année pas encore tombée, les habitants de la vallée sont ravis. L’ensemble de ces unités - près de cinq cents soldats - étaient aux ordres de l’état-major tactique du 93e régiment d’artillerie de montagne.
C’est ici que se déroule l’exercice Cerces, auquel participent chaque année, les unités de la 27e brigade d’infanterie de montagne. Cet entraînement est l’un des plus complets effectués par ces troupes françaises aguerries au combat en montagne. Interarmes, interarmées et interallié, l'occasion de mieux comprendre leur savoir-faire, reconnu pour être le meilleur au monde.
Aussi l’exercice est-il devenu au fil des années interarmes, puis interarmées (huit avions de chasse y étaient engagés cette année), enfin interallié puisqu’une poignée d’Alpini italiens, de commandos anglais, de Néerlandais et de Roumains, tous spécialistes de l’appui aérien, y participaient.
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La manœuvre en montagne se conçoit en effet en interarmes, chaque régiment de la brigade ayant cette spécificité montagne, celle qui permet de s’affranchir des reliefs, de manœuvrer par les hauts, de les tenir pour contrôler les bas. La guerre en montagne se fait sur des objectifs qui ne sont presque jamais des sommets, mais plutôt des vallées, des axes, des villes dominées par du relief. Pour atteindre l’objectif militaire, « il faut agir sur ce relief », insiste‑t‑il.
Les routes et creux de vallées sont occupés çà et là par des blindés, des mortiers, des campements. Et des détonations sourdes résonnent tout au long de la journée.
Elle est précieuse, cette EMHM (École Militaire de Haute Montagne). Créée en 1932 à Chamonix, première école militaire de montagne au monde, à en croire le général, elle est la clé de voûte de la brigade. Car la « spécificité montagne » se traduit avant tout par de l’entraînement et de la formation technique et tactique, « pour que la montagne ne soit plus un obstacle, mais au contraire, une opportunité tactique ».
En dehors des équipements individuels (skis, chaussures de marche, baudriers, tenue, etc.), auxquels le commandement apporte une attention particulière en les modernisant régulièrement, la brigade dispose des fameux VBHM (Véhicule Blindé Haute Mobilité), destinés au transport de personnels et d’équipements à travers tous les types de terrains. La brigade dispose à ce jour de 27 VBHM. C’est peu, mais elle s’en accommode.
Le 93e Régiment d’Artillerie de Montagne (93e RAM) dispose de mortiers de 120 mm, de canons automoteurs CAESAR (155 mm) qui ont remplacé les canons tractés, forcément plus intéressants pour « passer » un col. En revanche, le tir en montagne, qu’il soit d’artillerie ou de courte portée, nécessite un savoir-faire bien précis. C’est là-dessus que toute l’attention est portée.
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Sur un autre piton, un groupe de commando montagne du 7e BCA s’entraîne au tir longue distance (1 100 m), profitant de ce champ de tir en montagne pour s’entraîner en altitude, laquelle influe sur le tir. En fonction du terrain, cela se fera soit en véhicule à roues ou à chaînes, soit à ski, soit à pied pour toujours « surprendre, être capable de faire plus que l’ennemi. Attendre, l’observer du meilleur angle, le laisser venir, tirer… », explique-t‑il. Une contrainte à prendre en compte, car c’est souvent l’acquisition des objectifs qui demande le plus d’effort.
Les soldats s’entraînent à affronter un adversaire dont les équipements égales ceux de l’armée française. Chacun doit se préparer à un engagement majeur.
La montagne impose ses propres règles, on le comprend vite. C’est un milieu dans lequel on ne triche pas et, du fait du confinement, les unités doivent travailler de manière fractionnée, les chefs sont habitués à l’autonomie de décision.
Afin de préserver ce bel environnement du massif des Cerces dans les Alpes, plusieurs actions sont menées par les Troupes de montagne de la 27e brigade d’infanterie de montagne au cours de l’exercice annuel de novembre ainsi qu’à la fonte des neiges sur le Grand Champ de tir des Alpes.
À la fonte des neiges, en juin, un détachement revient dans le massif des Cerces pour mener une vaste campagne de désobusage sur plusieurs jours. Toutes les munitions ont été triées pour un recyclage qui sera fait par l’armée. L’objectif est de laisser l’empreinte la plus faible possible, aucun marquage ou balisage permanent n’est fait sur le Grand Champ de tir des Alpes.
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Contrairement à plusieurs terrains militaires du territoire, le Grand Champ de Tir des Alpes n’est pas propriété de l’armée. Cette dernière l’investit ponctuellement pour des exercices avant de le remettre en état. Une « campagne de nettoyage des zones de stationnement et des réceptacles de tirs est planifiée au mois de juin 2024 ».
Ces zones marquées « champ de tir » sur les cartes sont inaccessibles lorsqu’elles sont utilisées par les militaires. Les militaires montent généralement la garde aux points d’accès. Le reste du temps, rien n’empêche les randonneurs de les traverser.
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