On en a tous eu en mains, de ces vieux fusils, celui du grand-oncle, qu'on ne savait trop sorti d'où, qui avait, parait-il, fait bouler des dizaines de lièvres, et encore plus de faisans, sinon, en regardant sous les canons qu'il était poinçonné « St-Etienne ». Ah, bonne nouvelle : au moins, on savait d'où il venait.
Ce qui veut à la fois tout dire et rien dire parce que cette « Hélice » ne fut jamais une marque à part entière, mais un système de fermeture formalisé par Verney-Carron en 1896, et breveté par cette célèbre enseigne en 1918 (Hélice-Grip et Hélicobloc, Hélistop), abondamment copié, ce qui valut quelques procès, et devint un grand classique de l'armurerie stéphanoise, quand le brevet tomba dans le domaine public, et ce, jusque dans les années 70 (1). Le principe de départ était une extrapolation, mais par le dessus cette fois, du système hélicoïdal Lefaucheux, modernisé ensuite par Webley, et dont l'atout (en plus de plusieurs autres verrouillages, disons plus classiques) était une fermeture à usage progressif qui compensait l'usure jusqu'à la réduire à néant.
Il faut se reporter à l'époque d'avant-guerre pour comprendre qu'il y avait à St-Etienne (comme à Liège d'ailleurs), nombre d'artisans spécialisés (canonniers, basculeurs, monteurs en bois) qui fabriquaient chacun une partie d'armes que d'autres, au final, montaient, soit pour des établissements renommés qui y ajoutaient leur « patte » (Maisonnial, Bergeron), soit pour de simples artisans, facteurs d'armes courantes ou fines (Philippon, Constant, Piat). Certains de ces fusils étaient même vendus sans marque distinctives, hors parfois de simples initiales frappées sur la table de bascule, car nombre d'armuriers ne jugeaient pas utile de disposer d'une marque déposée.
Enfin il arrivait aussi en ces temps bénis où il y avait un armurier dans chaque chef-lieu de canton (2) qu'un de ces commerçants motivés, fasse réaliser, sous son nom qui était frappé au final (souvent bien en vue sur les canons), des petites séries avec qualité « à la demande » pour sa clientèle la plus huppée.
Ce système fut beaucoup utilisé dans les années 50 avec une énorme diversité de niveaux techniques liés à l'habileté de certains artisans (3), mais aussi de finitions (gravés, jaspés) et de qualités (des bois et des crosses) très diverses. On allait du meilleur au courant, mais la qualité du verrouillage, elle, ne variait pas.
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Ayant souvent beaucoup servi, et menés « à la dure », malgré leurs indéniables qualités mécaniques, peu arrivent de nos jours dans un excellent état, et leur valeur en collection (de 100 à 400 euros) est souvent décevante pour les non-chasseurs qui en héritent.
Pour l'amateur d'armes que leur charme désuet et « rétro », peut tenter en « seconde monte » par exemple, (et si possible dans le même calibre que le fusil usuel pour éviter le mélange de cartouches !) il importe de vérifier, outre les considérations classiques d'usage (bon verrouillage, etc.) le chambrage, qui était souvent avant-guerre en 65, et non en 70 comme la plupart des fusils de nos jours (4).
(1): les Ets Savin en firent cependant jusque dans les années 80.
(2): l'auteur, quand il commença à chasser en 1968, se souvient qu'il y avait comme armuriers dans notre région : Fontaine à Granville, Piel et Lhoutellier à Avranches, Bourgeois à St-Hilaire...et bien d'autres tout autour ! Ils étaient armuriers mais aussi marchands d'articles de pêche, de coutellerie, de quincaillerie, de vélos.
(3): les Ets Marcel Philippon père et fils de 1933 à 1964 firent ainsi, tout comme Gaucher (connu pour ses petites carabines 22 ou de jardin) des modèles à triple et même quadruple verrouillage ! Zavattero sur son Cynea avait des canons Heurtier, de grande renommée.
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(4): même si se développent les « Magnum » (chambrés en 76), et les « Super-Magnum » (en 89), entre autres pour le gibier d'eau.
Voici quelques exemples de fabricants ayant utilisé le système de fermeture Hélice :
Il est important de noter que "Hélice" est un système de fermeture et non une marque de fusil à proprement parler. De nombreux artisans de St-Étienne ont utilisé ce système après que le brevet de Verney-Carron soit tombé dans le domaine public.
Voici un tableau résumant les informations clés sur le système Hélice :
Caractéristique | Description |
---|---|
Type | Système de fermeture pour fusils juxtaposés |
Origine | Formalisé par Verney-Carron en 1896 |
Brevet | Breveté par Verney-Carron en 1918 (Hélice-Grip et Hélicobloc, Hélistop) |
Fabrication | Utilisé par de nombreux artisans à Saint-Étienne après la tombée du brevet dans le domaine public |
Avantages | Fermeture à usage progressif, compensant l'usure |
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