Ma reprise en douceur du ball-trap après plus de quinze années d’abstinence plus ou moins forcée se déroule gentiment. Cela va faire trois semaines que la détente me chatouille à nouveau l’index et que l’odeur de la poudre brûlée me caresse les narines.
Le premier constat que je peux faire du ball-trap du XXIe siècle est que la France du tir a énormément souffert de l’extension irraisonnée de l’habitat, faisant naître un sacré paquet de casse-c…… qui ont tout fait pour que la construction et la survie d’un stand de tir deviennent quasiment impossible.
Je me souviens en particulier qu’un des stands les plus réputés de l’actuelle Nouvelle Aquitaine a dû se résoudre, malgré une municipalité reconnaissante et un maire enthousiaste et fidèle, à limiter ses activités, au grand dam de tous les tireurs amoureux de cette superbe région où les disciplines olympiques y étaient pratiquées et enseignées par des maîtres en la matière.
Le plus « beau », je veux dire le plus triste, est que la cohorte de riverains qui ont réussi à limiter au maximum la gêne causée par le bruit des coups de fusil, était menée par un ancien cadre d’une entreprise….. de produits chimiques (….) ne vivant même pas dans cette zone où les riverains avaient profité de l’achat d’un terrain bon marché pour cause de proximité du stand de tir….
Pendant ces 15 ou 20 ans d’absence, et sans les connaître tous, je constate avec beaucoup de tristesse et de nostalgie la disparition de stands de ball-trap que j’aie pu écumer jadis, au siècle dernier dans ce qui fut pour moi, une autre vie.
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Et j’ai enfin réussi à mettre le doigt sur les raisons multiples (quoique toujours les mêmes, semble-t-il) qui ont entraîné leur mort: l’environnement, la qualité de vie des riverains, la faculté des Français à se battre contre tout ce (et ceux) qu’ils n’aiment pas, et certainement et surtout, la recherche du retour sur investissement et l’appât du gain rapide et immédiat.
J’en ai parlé avec mon ami Pierre Boutin créateur de Shoot-Off, car nous y avons partagé de nombreux moments, sans oublier le buffet pantagruélique de la station-service-hôtel-restaurant qui se situe au bas de la montée vers Montesblancos le Mont Blanc ibérique.
Mon ami Yannick Vironneau n’a jamais oublié notre escapade lors que je l’avais inscrit aux Championnats d’Europe de Tir aux hélices pour la première fois de sa vie dans cette discipline.
Dans l’article évoquant ma petite histoire au ball-trap, je suis revenu sur ma passion du tir et mon désir d’apprendre et de savoir tirer dans toutes les disciplines de l’époque, la FU, le PC, la FO, le SO, le double-trap.
Le fait qu’il ne faille qu’une licence de l’ancienne FFT permettait au passionné que j’étais de ne pas rester de nombreux dimanches dans les mêmes galoches (j’aurais quand-même dû profiter davantage de ma famille, je me le reproche assez, même si mes femmes me suivaient parfois) poussait les tireurs à découvrir d’autres disciplines.
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Je ne supportais pas d’être le tireur d’une seule discipline, bon dans celle-ci et nul dans cette autre. Evidemment, c’était chaud au point de vue financier, déplacements et achat de fusil.
La bataille d’ego et d’ambition personnelle a entraîné les séparation de la FFT en deux fédérations que nombre de tireurs (mais je fus peut-être le seul, qui sait ?) ont pris comme la séparation entre la France d’en haut, olympique et mondiale, et … nous, les ploucs de la FFBT .
Après la séparation de l’Eglise et de l’Etat , nous avons nous aussi connu une fracture difficile à avaler, nous qui pensions pratiquer le même sport.
C’était sans compter sur la puissance du Tir à la cible et ses multiples disciplines possibles à un coût bien moindre.
Résultat des courses: les stands consacrés aux tirs olympiques, trop techniques, trop élitistes, trop onéreux et à faible rapport financier sont presque tous morts de leur « moche mort », laissant le champ libre aux Italiens, aux fabricants d’armes parfois regroupés dans de véritables capitales où chaque famille a un de ses membres dans cette industrie (Brescia, Gardone val Trompia, etc.) dont les stands (Lonato, Montecatini, Bologne) sont aussi parfaits que les parcours de golf écossais ou américains.
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La France a délibérément perdu la bataille de la FO, même si le SO s’accroche encore aux branches.
J’ai l’impression qu’à partir du moment où il existe un stand fédéral français et un stand de prestige (je ne le connais pas encore) pour pouvoir obtenir les JO, tout le monde (hummmmm) est content, sauf les tireurs.
Au skeet, les deux cabanes permettent de « tourner autour », ce qui constitue un premier signe d’ouverture, mais se contentent de deux lanceurs, au contraire de la FO, qui en nécessite 15 (…) mais qui permet peu d’ouverture vers autre chose, à cause d’un finalité unique et d’une espèce de repli sur soi des Olympiens qui n’aiment pas se mélanger au « vulgum pécus » , qui se traduit selon les différentes sources par Les ignorants, la masse, le commun des mortels » et même « le bétail humain » .
Je vais certainement faire hurler bon nombre de tireurs qui ont le sentiment de tout savoir et de tout gérer lorsqu’il s’agit de tirer en ayant épaulé son arme avant de commander son plateau, comme à la FU, la FO et le CS (on peut y partir épaulé, hélas …)
Il est fort dommage que ceux qui se prennent pour des vedettes, régionales ou nationales, et qui le sont parfois (dans ce cas, ils ont tout essayé, c’est certain) à la FU, n’aient jamais osé tirer une série entière, et surtout plusieurs pour confirmer son impuissance, au SO par peur du ridicule et recherche de la facilité.
Il y a longtemps, j’avais plus ou moins em….. la famille de Gérard Demay et Robert Diet pour que nous possédions une ou deux installations de Skeet Olympique dans le bois leur appartenant.
Yannick Vironneau et Pascal Ivres, entre autres, n’ont pas hésité, à l’époque, à venir tirer, désépaulés et contraints par le timer (prononcer taïmeur) (de zéro à 3 secondes avec obligation d’épauler seulement à la vue du plateau…pas un cadeau, croyez moi) et ils n’ont pas dû faire beaucoup de 25/25.
Mais apprendre de la bouche de Thierry Bazin (au palmarès incroyable depuis des lustres) que mes conseils (ne faisant que répéter ce que avais appris de Guy, mon père spirituel) étaient ancrés dans sa mémoire de manière indélébile, m’a offert une espèce d’électro-choc, je dirais même, si j’osais, un début d’érec…… C’est trop d’honneur, mais je l’accepte quand-même !
Le 15 mars 1967, l’Union des Sociétés de Tir fusionne avec la Fédération Française de Tir aux Armes de Chasse pour devenir la Fédération Française de Tir (FFTir). Juridiquement, la fédération est une association régie par la Loi de juillet 1901 qui regroupe l’ensemble des clubs de tir en France.
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