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Le Fusil Mle 1886, ou Fusil Lebel, a été adopté par l'Armée Française en Mai 1887. Il a été très largement utilisé comme fusil d'infanterie jusqu'aux lendemains de la Première Guerre mondiale puis, à un moindre degré, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Il fut officieusement baptisé du nom d'un des membres de la commission qui a contribué à sa création : le colonel Nicolas Lebel.

De calibre 8 mm, le fusil Mle 1886 peut contenir dix cartouches, dont huit qui se logent dans le fût situé sous le canon, plus une dans le transporteur et une dans la chambre. Ces progrès techniques vont permettre à l'armement portatif d'atteindre des vitesses initiales très élevées et donc une grande rasance du projectile et des portées extrêmes dépassant les 4 kilomètres (4 400 mètres avec la "Balle D" du fusil Lebel).

Conception de l'arme

La décision de mettre en commande le futur fusil Mle 1886 a été prise par le général Boulanger, ministre de la Guerre, en janvier 1886. En effet, il était devenu impératif de remplacer le Fusil Gras Mle 1874 à un coup, dépassé depuis l'apparition dans l’Empire Allemand du nouveau modèle de Mauser, le Mle 1871-84 à répétition. Par surcroît la Marine française avait déjà pris de l'avance sur l'armée en adoptant un fusil à répétition de 11 mm à magasin tubulaire, le fusil Mle 1878 dit fusil « Kropatschek », suivi par le fusil de marine Mle 1884 et enfin le fusil d'essai Mle 1885, toujours en 11mm Gras, qui est le prédécesseur du fusil Lebel .

L'invention de la poudre sans fumée ( poudre « B » ) par Paul Vieille, en 1884, avait été le facteur décisif expliquant la hâte avec laquelle le général Boulanger avait exigé la mise au point accélérée du nouveau fusil d'infanterie. L'adoption officielle du fusil Mle 1886 date du 1 mai 1887. Contrairement à la poudre noire, la poudre « B » à base de nitrocellulose était pratiquement sans fumée et sans résidus appréciables de combustion. Cette innovation permit de réduire le calibre de 11 mm à 8 mm et d'améliorer de façon spectaculaire les vitesses initiales et donc la rasance et la portée des projectiles.

La création de l’arme fut menée en un an et demi seulement par la Commission des Fusils à Répétition présidée par le général Tramond. L'étui de la nouvelle cartouche de 8 mm fut mis au point par le colonel Gras et le capitaine Desaleux. Le colonel Gras et surtout les contrôleurs d'armes Albert Close et Louis Verdin, à Châtellerault, furent responsables de l'architecture détaillée de l'arme et de son usinage. Le lieutenant-colonel Lebel insistait toujours de son vivant qu'il s'agissait d'une création collective qui devait surtout au colonel Gras.

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La mise en route des fabrications industrielles fut confiée aux trois grandes manufactures d'État : Châtellerault, Saint-Étienne et Tulle. Grâce à une fabrication accélérée, ces manufactures purent délivrer plus de deux millions de fusils Lebel avant la 1ere Guerre Mondiale. Quasiment toutes les pièces du fusil Lebel sont marquées au même numéro, y compris la crosse et le fût. Néanmoins elles sont parfaitement interchangeables. La finition était excellente, à l'intérieur comme a l'extérieur de l'arme.

La tête de la culasse mobile fut modifiée en 1893 d'où l'appellation réglementaire du fusil Lebel : « Fusil Mle 1886M93 ». Le fusil Mle 1886-93 était une arme robuste, au fonctionnement sûr, capable d'une très bonne précision aux longues distances grâce à la "Balle D" . Les faiblesses du fusil Lebel étaient, d'une part, le magasin tubulaire sous le canon qui ne permettait pas un rechargement rapide pour le tir à répétition. Et d'autre part une hausse relativement fragile et de faibles dimensions assortie d'un guidon trop fin, trop bas et non réglable.

Le nombre total de fusils Lebel fabriqués par les Manufactures d'État entre 1887 et 1920 dépasse les 3 500 000 unités .

Théâtres d'opération

Le fusil Lebel a été employé avant 1914 dans les colonies françaises d'Afrique, mais aussi pour la répression de quelques grèves ouvrières : le Lebel connut son baptême du feu lors de la fusillade de Fourmies le 1er mai 1891 (dix morts parmi les manifestants). Le Lebel servit aussi lors de la révolte des Boxers en Chine, en 1900-1901. Son utilisation fut décisive dans le combat de Tit contre les Touaregs dépourvus d'armes à répétition (1902).

Durant la première Guerre Mondiale, il équipa la quasi totalité de l'infanterie française mais fut progressivement remplacé par les fusils Berthier à chargeur de type Mannlicher qui connurent deux variantes (fusil Mle 1907-15 à chargeur de 3 cartouches fabriqué en grande série à partir de 1916, ainsi que fusil Mle 1916 à chargeur de 5 cartouches mis en fabrication assez tard en 1918). Le fusil Lebel continua à équiper le gros de l'infanterie française pendant la Grande Guerre alors que les fusils Mle 1907-15 étaient distribués de préférence aux troupes coloniales, à la légion étrangère et à certaines troupes alliées (Légion russe).

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De surcroît, les fusils Lebel continuèrent à être fabriqués neufs jusqu'en mai 1920 à la Manufacture d'Armes de Tulle. Cette dernière continua les remises en état et les recannonages de fusils Lebel jusqu'en 1937. Il est incontestable que le fusil Lebel est devenu et restera l'arme symbolique de l'infanterie française pendant la Grande Guerre (1914-18).

Bien qu'il ait déclenché une révolution dans l'armement d'infanterie et bien qu'il délivrât des performances balistiques comparables ou même supérieures à celles de ses concurrents, le fusil Lebel fut rapidement surclassé en ce qui concerne le tir à répétition. Le Mauser Gewehr 98 (1898) allemand à lame chargeur, le Mosin-Nagant (1891) russe et le Lee-Enfield Mark I (1902) anglais étaient déjà tous capables de cadences de tir plus élevées.

Il faudra attendre près de 20 ans pour que soit enfin adoptée une arme moderne pour l'infanterie française : le fusil MAS 1936 en calibre 7.5mm. En guise d'épilogue, les instances superieures de l'armée française ont toujours eu du mal à débarrasser le personnel militaire d'armes portatives ayant fait leur temps : le fusil Lebel sera donc encore utilisé pour équiper des territoriaux durant la Seconde Guerre mondiale. Il en fut également livré à la Grèce, puis aux Républicains espagnols pendant les années 1930. Le fusil Lebel finit sa carrière militaire aux mains des Harkis lors de la guerre d'Algérie. Des fusils Lebel qui servaient encore pendant ces dernières années dans les montagnes d'Afghanistan ont été récemment rapportés comme souvenirs par des militaires US.

Arme de collection?

Le fusil Lebel, arme historique plus que centenaire et dont la munition n'existe plus nulle part dans les dépôts et arsenaux en France, est toujours classé dans la 1e catégorie (armes de guerre), au même titre que le fusil FAMAS actuellement en service dans l'Armée française. Pour obvier à ce classement périmé qui ne facilite pas la conservation par les collectionneurs et les musées en France, un certain nombre de fusils Lebel ont été légalement rechambrés en calibre civil au cours des dernières années.

Ces Lebel dont la chambre est légèrement élargie acceptent une munition de 8 mm faite à partir de l'étui de 348 Winchester (la 8/348W "Barrellier ") et tombent donc légalement dans la 5e catégorie (chasse et tir sportif).

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Caractéristiques et Détails

Voici quelques détails et caractéristiques notables du fusil Lebel :

  • Le fusil est resté beau, le bronzage est un peu atténué au niveau du boîtier, mais bien conservé sur le canon.
  • La mécanique n'a pas pris une ride, vu que tout baignait dans une bonne graisse : auget, détente, interrupteur de répétition, culasse et tête mobile.
  • Tout est fonctionnel et opérationnel.
  • La plaque de couche, de forme standard, est retenue par deux grosses vis à bois. Normalement, elle reçoit le numéro du corps d'affectation de l'arme.
  • Les lettres index F et P sous le boîtier ne semblent pas reproduites sur les bois (H ?).
  • Vue de la culasse fermée, chien à l'abattu.
  • La culasse ouverte sur l'auget. On voit bien la vis assurant la tête mobile sur le corps de culasse.
  • Ils ont été frappés à partir de 1932 suite à l'adoption de la cartouche de 8 mm Modèle 1932 N. Elle est fixée au canon par brasure.
  • Vue de dessus, planchette abaissée, curseur à la position la plus en arrière : 4.
  • Il sera supprimé en 1916. La lame est une aiguille à quatre arêtes, longue de 52 cm. Telle que, elle ne pouvait servir qu'à planter. Une lame plate aurait au moins permis de couper le bois ou le saucisson.

Le Fusil Lebel en Afghanistan

La gendarmerie nationale a été projetée en Afghanistan en tant que force devant former et encadrer la police Afghane. Il se trouvait, dans les couloirs de l’état-major de la gendarmerie à Kaboul, un fusil Lebel modèle 1886. Au départ des forces de gendarmerie d’Afghanistan, l’arme est revenue en France parmi les caisses de matériels, les véhicules et les paquetages des militaires. Elle se trouve aujourd’hui dans un musée et est un morceau d’histoire de France et d’Afghanistan mêlé. Une nouvelle vie commence pour notre Lebel 1886.

Nicolas Lebel: L'homme derrière le fusil

Nicolas Lebel, né en 1838, simple soldat sorti du rang, s’est progressivement spécialisé dans le tir au fur et à mesure de sa longue carrière. Sa contribution essentielle sera d’organiser une expérimentation rigoureuse du fusil dans un contexte de pression politique à la précipitation et de ne pas y faire d’erreur. Il sera également un des auteurs de la nouvelle doctrine de tir adaptée à cette nouvelle arme révolutionnaire. Modeste, il réfutera toujours les commentaires et articles de presse lui assurant la paternité du Fusil Lebel. Néanmoins c’est son nom que l’Histoire retiendra.

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